LA PHYSIOGNOMONIE, par François-Charles BARLET

L’observation la plus élémentaire montre que toute forme correspond à un caractère spécial, à quelque règne qu’appartienne l’être ou l’objet qui en est revêtu. Chaque minéral a sa cristallisation propre et ceux qui ont la même ont aussi les mêmes propriétés ; c’est ce qui constitue l’isomorphisme des chimistes. Toute classification du règne végétal est fondée sur la forme et les plantes rassemblées ainsi dans la même famille offrent à l’alimentation, à l’industrie ou à la médecine des ressources analogues. Quant aux animaux, il nous suffît de les voir pour nous retracer aussitôt le traitement que nous pouvons en attendre.
 
 
Article paru dans "La Science Astrale", numéro 1

L’homme ne pouvait échapper à cette loi. Sans doute il peut, dans une certaine mesure, maîtriser les forces qui ont imprimé sur lui leur cachet à sa naissance, de même qu’il arrive à dominer toutes celles qui tourbillonnent autour de lui pour les plier à son usage, mais il ne peut empêcher qu’elles se révèlent par la forme qu'elles lui ont imprimée. La plupart du temps aussi il s’abandonne à leurs fluctuations plutôt que de songer à les diriger, de sorte que sa forme les dénonce nettement jusque dans le moindre de ses mouvements, comme dans tous les détails de sa forme.


Celui donc qui saura lire ou cette forme individuelle de l'homme, ou les résultantes des forces cosmiques qui l’agitent et, le plus souvent le déterminent, celui-là saura lire aussi à l’intérieur du caractère, du tempérament qu'il voit fonctionner.

C’est ainsi que s’explique la science qui, sous le nom générique de physiognomonie, comprend toutes les révélations du caractère par la forme.

Si la science astrologique est vraie comme nous comptons le démontrer, si la formation de tout être individuel dépend intimement de l’état du milieu où il naît, si les influences de ce milieu peuvent se ramener à sept types principaux issus de quatre éléments primitifs, et soumis au cycle duodénaire de la vie, il doit en être de même des formes que ces influences ont engendrées ou dominées. C’est encore ce que nous nous proposons de démontrer par des observations et des explications appropriées. Nous essaierons donc de prouver la réalité de la science physiognomonique, ses concordances avec l’astrologie dont elle n’est qu’une branche spéciale (1), ses principes premiers et ceux de l’art pratique que l’on en doit tirer.

Pour traiter complètement ce sujet, il faudrait étudier la forme dans les quatre règnes de la Nature ; la science astrologique n’y a pas manqué ; cette étude constitue ce que l’on nomme la théorie des correspondances et nous la voyons remonter jusqu’à la plus haute antiquité. Nous comptons bien la faire connaître plus tard à nos lecteurs s’il nous est permis de les entretenir assez longtemps de ces sujets passionnants autant que riches en conséquences pratiques (2).

Mais celui-ci est trop vaste pour être abordé tout de suite dans son ensemble. Il sera plus apparent aussi si l’on commence à le traiter chez l’être qui est le plus à même d’exprimer ou de régir ces forces de la forme, c’est-à-dire chez l’homme. Nous nous bornerons donc pour le présent à la physiognomonie humaine, champ d’études déjà bien assez vaste pour nous occuper longtemps.

La physiognomonie comprend trois variétés principales selon que l’on considère le sujet dans son anatomie physique. en un moment de calme indifférent, ou dans l’expression que lui donne l’activité des passions ou, en dehors de lui-même, dans les productions de son esprit. Il y a donc une physiognomonie statique (qui indique la constitution naturelle), une dynamique (ou biologique) et une psychique.

Les modernes, en se spécialisant, ont créé dans ces divisions principales quelques subdivisions qui ont pris le nom de sciences spéciales et qui, insuffisamment rattachées brisent l’unité réelle de cet art ; en réalité elles n'en sont que des branches.

La physiognomonie pratique examine séparément la tête du sujet, siège de la pensée et de l’expression de ses passions, sa main, organe principal de son travail, et son corps, instrument de locomotion ou de nutrition. On a fait autant de sciences correspondantes :

La première, sous-spécialisée s’est encore partagée en Phrénologie ou en Physiognomonie proprement dite selon qu’elle se limite au crâne ou à la face (sans compter d’autres spécialités encore pour les diverses parties du visage (3).

L’étude de la main a reçu les noms de Chiromancie ou Chirographie selon d’autres distinctions encore de ses détails (4).

Celle de l’ensemble du corps, au contraire, n’a pas de dénomination particulière comme il eut été cependant logique de lui en donner aussi (5).

Quant à la physiognomonie dynamique elle comprend l’observation de la mimique, de la figure, de la voix, de la parole, du geste de la démarche, correspondant aux distinctions faites plus haut entre la tête, les mains et le corps. Cependant on ne lui a pas donné de nom spécial, pas plus qu’à ses subdivisions, et l’on s’y attache trop peu la plupart du temps, malgré les importants caractères qu’on en pourrait tirer (6).

En rassemblant les observations précédentes, nous trouvons le classement suivant. 
 
 
La physiologie psychique comprend d’abord l'écriture, qui est un geste d’une nature particulière, presque toujours naturel parce qu’il est accompli sous l'impulsion directe et exclusive de la pensée traversant le nerveux. Son étude spécialisée récemment constitue la graphologie.

Le langage est, par lui-même, et en dehors de l'écriture, un témoin fort expressif du caractère ; non seulement dans le choix des figures qui trahissent le fond de la pensée, mais dans la construction même des phrases, comme on peut s’en convaincre en songeant aux caractères si nets du langage et de sa construction chez les nations diverses .

En outre de ces deux expressions du tempérament, communes à tout le monde, on trouve plus particulièrement dans la production des artistes des caractères bien plus nets et plus clairs encore ; la raison en est simple : la production de l’artiste est l'expression même de sa pensée et de ses sentiments ; ils doivent donc se lire aisément en son œuvre pour peu qu'on ait reconnu les éléments auxquels se ramènent les caractères. Qui ne sait, avec quelque peu de goût ou d’exercice, reconnaître un auteur, à l’audition de sa musique, à la vue de quelqu’une de ses compositions plastiques, à la lecture de ses œuvres littéraires ? Passer de cette appréciation purement sentimentale à la connaissance précise de son tempérament n’est qu’une opération analytique de la psychologie ou du geste, une application de la science physiognomonique.

Mais est-il une science physiognomonique ? Tant de détails que nous venons d’énumérer, tant de complications que supposent encore leurs combinaisons, peuvent-ils permettre d’apprécier avec quelque précision un caractère spécial au milieu de l’infinie variété des caractères individuels?

C’est précisément la réponse affirmative à ce doute que la science astrale se propose d’établir, par l’explication de principes que nous soumettrons en suite au contrôle de l’expérience.

On est assez accoutumé jusqu’ici à considérer comme des arts distincts, la graphologie, la chiromancie, la phrénologie, la physiognomonie (dans son sens le plus restreint) ; nous nous proposons d’en montrer l’unité de faire voir comment elles ne sont que des variétés d’une seule et même manifestation psychique, et comment en même temps elles se rattachent à l'astrologie, leur cause ou tout au moins, la manifestation de leur source unique.

Il est impossible d’en exposer les règles dans un seul article, essayons du moins de donner une idée de la possibilité de cette démonstration.

Les chiromanciens sont accoutumés à rattacher les caractères de leur science aux sept planètes de l’astrologie, comme le fait constamment la science des correspondances naturelles ; quelques phrénologistes, et surtout les physiognomonistes l’ont tenté aussi, mais les graphologues n’établissent aucune référence de ce genre, et les autres sections de la physiognomonie sont si peu étudiées qu’il n ’y a pas même à en parler à ce point de vue. Ces tentatives isolées de rapprochement peuvent cependant suffire à indiquer le point central de toutes ces sciences séparées à tort. Les astrologues ont, en effet, depuis les temps anciens, fait dériver les sept types planétaires des quatre éléments fondamentaux de la Nature, tandis que, de leur côté les physiognomonistes se réfèrent souvent à quatre sortes de tempéraments essentiels. Or nous démontrerons par la suite qu’il y a identité entre ces deux sortes de principes ; cette démonstration demande de longs développements ; il est seulement possible pour le moment d’en donner une idée très élémentaire en l’éclairant de quelques exemples.

Le quaternaire des principes (Feu, Air, Eau, Terre, c’est-à-dire expansibilité, réactivité, plasticité, et condensation correspond dans l’organisme humain à 
  • la mentalité (nommée souvent esprit), 
  • la sensibilité nerveuse, 
  • la sentimentalité (nommée souvent âme), 
  • la force corporelle. 
Il représente aussi la série décroissante en subtilité des matières dont nous sommes constitués. Or, de même que ce qu’il y a de plus subtil dans les choses physiques de la terre est aussi le plus léger et, par conséquent, le plus élevé au-dessus du sol, tandis que ce qu’il y a de plus grossier est aussi ce qui est le plus lourd et le plus concentré ; de même dans l'ensemble de l’organisme humain aussi bien que dans chacun de ses détails, le plus subtil se trouve dans les parties les plus élevées du corps ou de l’organe (comme dans la tête), et le plus grossier se rassemble dans les parties basses (comme dans l’abdomen). Les manifestations extérieures elles-mêmes seront d’autant plus lourdes et plus épaisses qu’elles seront plus éloignées de l’idéal.

Ces caractères si simples vont se traduire immédiatement en quatre types physiognomoniques frappant, comme nous allons le montrer pour le visage seul.

Représentons la face par un triangle, équilatéral dont elle se rapproche assez en réalité (7) ; sa base exprimera la partie du crâne la plus développée, le sommet la moins largement représentée. Par cette seule figuration nous trouvons immédiatement deux types extrêmes dont les traits principaux sont déterminés par la position du triangle :

Figure 1 : Nature du feu ; le spirituel, à mentalité très développée ; les sourcils parallèles à la face sont étendus en ligne droite ; la bouche est resserrée et rabaissée par la pointe du triangle.

Figure IV : Nature de la Terre ; l'homme tout matériel, à corporéité très développée ; front étroit et bas, bouche s’étalant sur la base du triangle ; les yeux resserrés par le sommet et s’infléchissant en arcs élevés marquent la stupeur.

Entre les deux se placent les types intermédiaires caractérisés par la combinaison de deux triangles parce qu'ils sont à la fois du Feu et de la Terre, de l’esprit et de la matière, seulement l'un des deux triangles domine selon que le type est plus rapproché de l’une ou l'autre extrémité.

Figure II : Nature de l'Air ; l’intellectualité domine la matière ; les sourcils et la bouche sont disposés comme dans la figure 1, avec plus d’amplitude proportionnelle, mais le caractère principal est dans l’exagération des pommettes (arcades zygomatiques), à cause de la saillie du triangle supérieur sur l’inférieur.

Figure III : Nature de l’Eau ; sensation matérielle relevée au sentiment par l’intelligence ; la base du triangle supérieur domine, enflant les joues, et relevant la bouche jusqu’au sourire, tandis que les yeux se disposent comme en IV.

Des caractères analogues se retrouvent dans l'écriture. Le caractère spirituel aura une écriture minima pour ainsi dire ; déliée, fine, légère, petite ; au contraire le matériel formera des lettres grosses, écrasées, grandes et rondes. Tous deux donneront à leur écriture une direction verticale ou à peu près, comme s'ils étaient dirigés eux-mêmes l’un de haut en bas, l’autre de bas en haut ; les lettres des intermédiaires, au contraire seront inclinées, mais chez eux par des raisons trop longues à donner ici, les formes typiques se croisent pour ainsi dire ; le type d’air écrit plus droit, mais plus largement ; celui d’eau plus incliné, mais plus délié et plus petit. (L’Eau est l'esprit de la Terre, et l’Air le corps du Feu.)

Il est fort rare de trouver l’un de ces quatre types à l’état de pureté ; presque toutes les constitutions sont composées par la combinaison de ces éléments. Nous ne pouvons donc pas donner d’exemples de types intermédiaires, ce sont deux artistes dont nous donnons en même temps l’écriture et un dessin (8) : Nous n’avons rien dit du caractère du dessin, mais le lecteur fera du premier coup d’œil le rapprochement du trait fin, assuré, transparent, correspondant à l'écriture déliée, avec le trait large, vigoureux, inégal, signé d’une écriture bien plus forte, et ils retrouveront en même temps sans peine les caractères correspondant des visages. On voit ici deux artistes également habiles, mais la différence de leurs perceptions saute aux yeux comme celles de leurs portraits. Ils ont des signatures physiognomoniques différentes ; la science astrale apprendra à les déchiffrer. 
 
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Notes

  1. De l'horoscope on doit tirer la physiognomonie et réciproquement. C’est ce qui se fait bien que le second de ces problèmes pratiques soit plus difficile et bien plus rarement abordé que le premier.
  2. La théorie du Talisman est une de ces applications plus réelle qu'on ne le croit. La médecine, la thérapeutique y trouvent aussi une source abondante de remèdes
  3. Il serait mieux de dire Prosoponomie ou Prosopologie (lois ou traité de la face),
  4. II serait préférable de dire encore Chironomie ou Chirologie.
  5. On pourrait l’appeler Somatonomie ou Somatologie.
  6. On a fait une étude spéciale du caractère d’après l’inspection de la chaussure, c’est-à-dire, par conséquent, de la marche.
  7. Elle correspond plutôt, selon le canon académique, à un cercle inscrit dans un ovale, et c’est la forme qui nous servira plus tard.
  8. Figures empruntées à l'intéressant Album Marian.

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