LE DEGRÉ ASCENDANT, LA GÉNITURE, L'HEURE PLANÉTAIRE ET LA NUTRITION, par Abel HAATAN

Les anciens astrologues accordaient la plus grande importance à la détermination exacte de l'ascendant, aussi nous ont-ils laissé plusieurs méthodes de vérification que nous rangerons en nous appuyant tant sur le nombre que sur l’autorité de leurs défenseurs. Abel Haatan rassemble également ici des indications pour déterminer le maître de la géniture, ou Almuten, ou maître de la nativité, de l'heure planétaire et des significateurs qui renseignent sur les quatre premières années de la vie.

Recherche du degré de l'ascendant

Chez tout enfant, on doit chercher à déterminer deux époques : celle de la conception et celle de la naissance, la première influant particulièrement sur toute la période de gestation, et la seconde depuis la naissance jusqu'à la mort. Sauf une erreur variable (1), on possède généralement l'heure de la naissance, aussi commence-t-on par dresser la figure céleste de la nativité. On recherche alors la place occupée par la Lune, car de là doit partir toute la correction. Voici ce que dit Junctin de Florence (2) à ce sujet : "Examine la distance de la Lune à partir de l'angle de l'occident si elle se trouve sur la terre dans le thème de nativité, ou à partir de l'ascendant si elle est dessous, et cherche cette distance dans la table des délais. Tu trouveras les jours de délai dans la première colonne des numérations si la Lune est supérieure et dans la seconde si elle est inférieure." Cependant ce résultat ne peut être qu'approximatif, aussi est-il nécessaire d'avoir recours à d'autres opérations si l'on désire quelque exactitude.

La règle suivante, attribuée à Hermès, repose sur l'observation de ce fait que le lieu de la Lune à l'heure de la conception est le degré ascendant à l’époque de la naissance, et réciproquement que le lieu de la lune à la naissance est le degré ascendant à l'heure de la conception.

Aussi, lorsque par la table des délais la durée du séjour de l'enfant dans l'utérus se trouve déterminée, la règle précédente sert de base à toute rectification. Les systèmes suivants peuvent offrir des divergences dans leur forme générale, mais tous reposent sur le même principe.

Junctin nous dit : "Reporte cette durée en arrière du temps de la nativité et compte la en partant de cette époque et tenant compte cependant des années bissextiles, et ou s’arrêtera le compte de tes jours, là sera le jour de la conception estimée ; si alors la Lune se trouve sous le signe de l'horoscope natal, avec un nombre de degrés moins élevé et plus voisin, tu peux être sûr d'avoir bien calculé : autrement, cherche la veille ou le lendemain le jour de la conception, qui sera le plus proche des degrés de l'horoscope natal."

En outre, Albubater fait disposer la Lune au moment de la naissance, puis, calculant le lieu qu'elle occupait un an auparavant et celui qu'elle occupera un an après, il examine l'aspect de ces trois lieux. S'ils se regardent en aspect trine, le séjour de l'enfant dans le ventre de sa mère a duré neuf mois, huit mois s'ils ne se regardent pas, et sept si deux seulement des lieux cités se regardent.

Abraham le Juif (3) indique le moyen suivant pour connaitre la durée de la gestation : "Nous allons expliquer maintenant comment il nous sera possible, connaissant la naissance, de savoir combien de jours la mère aura porté le fœtus dans son sein. Connaissant l'orient à la nativité, si la Lune se trouve dans l'hémisphère supérieur ou si elle est au début de la septième maison, ou même proche de ce début, les jours du séjour sont au nombre de 259. Si au contraire elle est plus éloignée du début de la septième maison, note combien de degrés l'en séparent et pour chaque degré prends une heure cinquante minutes ; réduis les heures et les minutes en jour et ajoute ce que tu trouves à la somme de jours trouvée précédemment. Si la Lune se trouve dans le degré oriental, le séjour aura été de 273 jours. Si la Lune se trouve dans l'hémisphère inférieur, sa distance en degrés au degré oriental te donnera, en opérant comme plus haut, la quantité de jours à ajouter à la somme précédente, la Lune étant dans l’hémisphère supérieur."

Cependant il convient d'observer que l'on doit tenir compte de l'action des autres planètes, car par leur position dans le ciel les uns peuvent accélérer la naissance et les autres la retarder. Il faut également savoir que chaque mois de la gestation est sous l'influence particulière d'un astre.

Ainsi Saturne préside à la conception. On trouve en lui deux puissances : l'une de préparer la matière en général, et l'autre de lui donner une certaine forme particulière. Mais parce que l'on dit que Saturne domine toujours dans la conception de l'embryon, cela s'entend qu'il communique une telle disposition, qu'une autre partie céleste ne peut pas lui communiquer. Ainsi, si Saturne ne règne pas à certaines heures du jour ou de la nuit, et que ses influences pendant ce temps-là cessent, c'est qu'une planète ou une étoile influent une forme qui lui est contraire, ou parce que les actifs n'agissent que sur un sujet bien préparé.
Jupiter le remplace au début du second mois, et c'est lui qui dispose la matière à prendre et à recevoir les membres qu'elle doit avoir. De plus il renforce par sa chaleur la matière du fœtus et humecte toutes les parties qui avaient été desséchées par Saturne dans le premier mois.
Mars fait ensuite la tête et distingue tous les membres les uns des autres ; il sépare le cou des bras, les bras des côtés et ainsi du reste.
Le Soleil dominant au quatrième mois imprime les différentes formes au fœtus, crée le cœur, et donne le mouvement à l'âme sensitive, si nous en croyons les médecins et quelques astronomes ; mais Aristote est d'un autre sentiment et soutient que le cœur est engendré avant toutes les autres parties, et que c'est de lui qu'elles sortent. D'autres voulant enchérir là-dessus, disent que c'est le Soleil qui est la source et l'origine de la vie.
Vénus, dans le cinquième, perfectionne par son influence quelques membres extérieurs, et elle en forme d'autres, comme les oreilles, le nez, les os, la verge ou le prépuce chez les mâles, la matrice ou la vulve et les mamelles dans les femelles. De plus, elle sépare et distingue les mains, les pieds et les doigts.
Pendant le sixième mois, sous la domination et les influences de Mercure, se forment les organes de la voix, les sourcils et les yeux; sous la même planète, les cheveux croissent, les ongles sortent au fœtus.
La Lune achève dans le septième mois ce qui était commencé par les autres planètes ; car elle remplit par son humidité tous les vides qui se rencontrent dans la chair. Venus et Mercure, humectant tout le corps, lui donnent la nourriture qui lui est nécessaire.
On attribue le huitième mois à Saturne, qui par son influence refroidit et sèche le fœtus et par conséquent le resserre ; c'est pour cela que les astronomes disent que le fœtus qui est engendré dans ce mois-là est moribond ou même mort, comme on le fera voir dans la suite. Mais Jupiter, qui règne au neuvième, réjouit le fœtus par sa chaleur et son humidité; et celui qui naît dans ce mois est fort sain et de longue vie, la chaleur lui donnant la force et l'humidité (4).   

Du maître de la géniture

Firmicus dit que le maître du signe qui suit immédiatement celui que la Lune occupe au moment de la naissance est maître de la géniture. Ainsi, si dans une nativité la Lune se trouve dans le Bélier, c'est Vénus qui sera pourvue de cette qualité, puisque le Taureau est sa maison. Si elle est dans le Taureau, ce sera Mercure maître des Gémeaux. Enfin la Lune et le Soleil ne peuvent être élevés à cette dignité. Telle n'était pas l'opinion de Ptolémée qu'ont suivie les Arabes. Il recherche les dignités essentielles des planètes dans cinq lieux nommes hylégiaques et considère comme maître de la géniture la planète qui s'y trouve la plus dignifiée. Ces cinq lieux sont l'ascendant, le lieu du Soleil, le lieu de la Lune, le milieu du ciel et la partie de fortune. Garcæus y joint le degré de l'opposition ou de la conjonction des luminaires ayant précédé immédiatement la naissance. Les luminaires ne peuvent être élevés à cette dignité à cause de leur importance et du jugement sur toutes choses qu'on en tire. Seule la moitié de la géniture leur est attribuée.

La table suivante permettra de calculer les dignités des planètes en donnant :

  • Au maître de la maison                   5 dignités
  • Au maître de l'exaltation                 4 dignités
  • Au maître de la triplicité                 3 dignités
  • Au maître du terme                         2 dignités
  • Au maître de la face                        1 dignité
  • À la planète en maison I               12 dignités
  • À la planète en maison X              11 dignités
  • À la planète en maison VII           10 dignités
  • À la planète en maison IV               9 dignités
  • À la planète en maison XI               8 dignités
  • À la planète en maison V                7 dignités
  • À la planète en maison II                 6 dignités
  • À la planète en maison IX               5 dignités
  • À la planète en maison VIII            4 dignités
  • À la planète en maison III               3 dignités
  • À la planète en maison XII              2 dignités
  • À la planète en maison VI               1 dignité
  • À la planète qui gouverne le jour    7 dignités
  • À la planète qui gouverne l'heure    6 dignités
Ce maître est de la plus grande importance dans le jugement de la géniture. Suivant sa nature, on présage en effet de toute la vie, des mœurs, de la complexion ou tempérament du corps. Pour cela, on doit examiner la qualité de ses rapports avec les autres étoiles et déterminer celles qui lui sont favorables ou défavorables. Il faut également observer la nature du signe qu'il occupe.

Du maître de l'heure planétaire

Après avoir déterminé si la nativité est diurne ou nocturne, on cherche pour le jour de la naissance l'heure du lever et du coucher du Soleil. Le temps compris entre le lever et le coucher fournit, lorsqu'il est divisé par douze, la valeur de chaque heure diurne ; réciproquement on obtient l'heure nocturne en divisant par douze le temps qui s’étend du coucher du Soleil à son lever. On voit de suite combien les heures planétaires sont susceptibles de varier.
Il nous reste maintenant à déterminer quel planète préside à chacune de ces heures. Nous adopterons pour cela la méthode des Arabes, qui attribue à la première heure du samedi le planète Saturne, donnant Jupiter à la seconde, Mars à la troisième, etc., en continuant ainsi à travers toutes les heures de la semaine. On remarquera qu'avec une telle numération, l'ordre des planètes étant conservé, la vingt-cinquième heure, qui est en même temps la première du jour qui succède, est gouvernée par le planète qui préside à ce jour.

 

De la nutrition

On appelle temps de nutrition les quatre premières années de la vie, et, comme on estime que pendant leur cours il peut se produire des maladies très graves, il convient d'interroger une figure généthliaque à ce sujet, avant de s'occuper de l'érudition, des facultés, des honneurs et de tous les accidents qui menacent l'existence.

La puissance ou l'infortune des significateurs va nous renseigner à ce sujet. En effet, s'ils sont débiles et infortunés, la nutrition est fortement menacée ; tandis qu'elle s'annonce dans de bonnes conditions s'ils sont pourvus de dignités puissantes.

Suivant Garcæus, l'horoscope influe sur le corps, la Lune sur la puissance naturelle et le Soleil sur la vitale ; on y joint le seigneur de la géniture en tant que significateur universel à l'égard de l'enfant. Par une position fortunée, ils influent en bien et présagent une bonne nutrition. Le contraire a lieu lorsqu'ils sont malheureux et débiles.

Si l'on veut savoir dans quelle période de sa nutrition l'enfant aura à souffrir, il faut diviser par trois les quatre années de la nutrition, ce qui fournit une durée de seize mois comme quotient. Le premier maître de la triplicité, par sa position et sa puissance, présage de la qualité de la première période. Le deuxième est pour la seconde. Le troisième pour la dernière.

Lorsque les deux luminaires sont en des points cardinaux et forment avec un planète maléfique un triangle à deux cotés égaux, on peut prédire une nutrition défectueuse, accompagnée de mort, surtout si aucune bénéfique planète n'intervient par son aspect.

Mais, si semblable triangle ne se forme pas et que les rayons de planètes maléfiques au nombre de deux succèdent aux luminaires, la nutrition sera empêchée, soit que les deux luminaires soient lésés par une succession ou par une opposition, soit que l'un souffre d'une opposition et l'autre d'une succession. Ainsi Mars succédant au Soleil l'incommode, et dans les mêmes conditions Saturne incommode la Lune. Au contraire, dans le cas d'opposition, Saturne incommode le Soleil, et Mars la Lune, principalement s'ils occupent le lieu des luminaires ou celui du maître de l'horoscope. Si par exemple il y a deux oppositions et que, les luminaires se trouvant dans des points cardinaux, les deux planètes maléfiques déterminent avec eux deux triangles à deux côtés égaux, l'enfant verra le jour étant mort ou à demi mort.

Lorsque les luminaires s'éloignent de quelque conjonction des bons planètes et qu'ils les regardent heureusement, l'enfant vivra une durée proportionnelle au nombre de degrés qui existe entre le prorogateur et la planète nuisible qui en est proche.

On doit observer qu'au moment de la conjonction ou de l'opposition du Soleil et de la Lune, c'est-a-dire à la nouvelle ou à la pleine Lune, les enfants qui naissent ont peu de chance de vivre, surtout si il y a action maléfique de Saturne ou de Mars sans intervention des bonnes planètes. 

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Notes

  1. Ces différentes méthodes ont pour but de déterminer l'heure exacte de la naissance quand on ne la possède pas. Malheureusement nous avons dû écarter peut-être la plus importante, celle qui s'appuie sur les directions. Nous y reviendrons dans un prochain article, car nous ne pouvions l'exposer qu'après avoir présenté une étude sur les directions elles-mêmes.

  2. Junctin de Florence, Speculum Astrologiæ. 1573.

  3. Abraham le Juif, De nativitatibus, 1537.

  4. Albert le Grand, De secretis mulierum, in-4, 1478.

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