LES DORIPHORIES À L'HONNEUR EN CHINE, par André BARBAULT

La revue britannique New Scientist  a publié, sous la plume de John Gribbin, un article intitulé "Stand by for bad winters", dont le propos constitue un événement d’astrologie mondiale du plus haut intérêt. Ce texte nous apprend que d’importantes recherches ont été effectuées en Chine sur une corrélation entre de grandes fluctuations tendancielles de la météorologie et les variations des distances angulaires interplanétaires, objet du traitement de l’indice cyclique. 

 
Article paru dans "L’Astrologue" n° 61, 1er trimestre 1983

Voir également l'article "Stand by for bad winters"
(New Scientist volume 96 n° 1329, 28 octobre 1982)
dont la version française figure ci-dessous

Ces travaux ont été effectués en équipe par deux savants : Ren Zhenqiu, de l’Académie de science météorologique de Pékin, et Li Zhisen, de l’Observatoire astronomique de Pékin.

C’est la grande concentration planétaire de novembre dernier (1982) qui a fourni l’occasion de révéler leurs recherches parce que celles-ci ont abouti, sur la base d’une vérification portant sur une longue période historique, à la conclusion que les grands amas géocentriques des planètes sur le versant zodiacal du pôle sud céleste, compris entre 180 et 360 °, correspondent à des périodes de froid pour l’hémisphère Nord de la Terre.

Dans leurs recherches, ces chercheurs ont retenu la matière astronomique des ensembles synodaux (de là le terme de synode adopté) des doriphories géocentriques de toutes les planètes, à l’exception de la Lune et de Pluton.

Au rythme des révolutions des quatre planètes géantes (Jupiter-Saturne-Uranus-Neptune), le cycle des synodes rassemblant les huit astres (avec Soleil-Mercure-Vénus-Mars), en une concentration angulaire au-dedans d’un angle n’excédant pas 90°, est d’une durée moyenne de 178,7 années. La fluctuation de ce synode oscille pratiquement entre 178 et 182 ans, avec un retour de 140 ans une fois tous les cinq ou six cycles. Ayant désenroulé l’horloge du système solaire à reculons sur plusieurs millénaires, bon nombre de synodes ont ainsi été traités.

Pour ce qui est de la documentation climatologique, les archives déposées par la civilisation chinoise ont permis de remonter jusqu’à 1600 avant J.-C., mais, outre que cette chronique comporte quelques lacunes, elle ne permet pas de déterminer des températures exactes. Aussi ces chercheurs complétèrent-ils leurs contrôles en ayant recours aux résultats obtenus par l’enquête danoise du Professeur Willi Dansgaard avec son fameux thermomètre de glace – par analyse des pourcentages d’isotopes d’oxygène des échantillons carottés des noyaux de glace du Groenland – qui a permis de tester les températures du pôle de décennie en décennie sur plusieurs milliers d’années. Or, il se trouva que les sources chinoises et du glacier du Groenland concordaient tout à fait, constituant un tableau climatique de l’ensemble de l’hémisphère nord.

Plus intéressant encore, indépendamment de la recherche chinoise, Dansgaard et ses collègues ont eux-mêmes dégagé de leurs propres matériaux le schéma d’un rythme de 180 ans dans les fluctuations de la température de notre hémisphère. Ainsi, durant notre millénaire se détachent cinq périodes de froid survenues dans la moitié du XIIe siècle, au XIVe siècle, près de la fin du XVe siècle, dans la seconde moitié du XVIIe siècle, ainsi que vers le milieu du XIXe siècle.

Le mois de janvier, signe du Verseau, au temps de Louis XIV en France, période de grand froid,
les rivières gelées permettent de patiner sur la glace - Galerie d'Apollon, Musée du Louvre


Or, au cours de ce millénaire, cinq synodes se succèdent dans les zones zodiacales automnale et hivernale, précisément dans des temps qui concordent avec ces périodes froides. Le tableau ci-contre en présente les figures, les plus représentatives état celles du synode de 1665, concentration la plus serrée depuis trois millénaires (45°), coïncidant avec quelques décennies d’un petit âge glaciaire (foires sur la Tamise gelée …), avec le synode de 1126 ayant correspondu à une vague glaciaire qui fit périr les colonies des Vikings en Amérique du Nord et au Groenland. Il semblerait même exister une proportionnalité de l’intensité du froid en fonction du degré de concentration planétaire. Tels sont les résultats transmis par ces chercheurs chinois dans une traduction anglaise de leur article au journal Kexus Tonqbao (volume 25, mai 1980).

Cartes du ciel réalisées avec Astrothème

Ceux-ci ont même livré une explication de la corrélation observée qu’ils font tenir de l’effet gravitationnel remorqueur des masses planétaires dans la translation de la Terre sur son orbite. Quand les planètes sont dispersées autour de l’écliptique, leurs puissances attractives respectives s’annulent, alors que rassemblées, elles attirent ensemble dans une même direction (revoir figure page 305 de mon Astrologie mondiale). De là une décentration du système planétaire de l’astre solaire, qui a pour effet une inégalité des durées de la moitié estivale et de la moitié hivernale du cycle annuel. La Terre voyageant plus rapidement sur le circuit de la moitié de son orbite du côté du Soleil que sur l’autre moitié qui se trouve être du côté du synode, l’hiver est de ce fait plus allongé et l’été plus raccourci, le synode se situant du côté du pôle céleste Sud (0° Capricorne) ; alors que l’inverse se produit si celui-ci, par contre, tombe du côté du pôle céleste Nord (0° Cancer). Ainsi, le synode de 1665 s’est traduit par une réduction de la moitié estivale de presque deux jours et par un allongement d’autant de la moitié hivernale de l’année. L’explication reste hypothétique, bien qu’une variation de 1 à 2 % en la circonstance ne soit pas à négliger, outre que s’accompagnerait le phénomène d’une plus grande distance entre la Terre et le Soleil (+1 % de rayon, soit 1,5 millions de kilomètres) amoindrissant la chaleur reçue de l’astre central en saison froide. On estime qu’un changement de seulement 10 % dans son rayonnement suffirait à provoquer une pleine glaciation.

En attendant la consécration de cette théorie, l’état des corrélations observées conduit les auteurs à s’autoriser le passage à l’expérimentation prévisionnelle. De la venue, après la récente doriphorie de novembre 1982, voisine par sa concentration et sa localisation écliptique de celle de novembre 1483, de deux autres synodes hivernaux en 2163 (concentration forte de 50°) et 2344 (concentration seulement de 83°), l’équipe chinoise conclut à une tendance à un refroidissement continuel à long terme pour notre hémisphère. À propos de notre actuelle concentration, elle pronostique des hivers froids et un désastre de gel au cours des deux décennies de la fin du siècle, voire pour trente à cinquante années. Pronostic téméraire qui va à l’encontre de l’opinion admise que l’effet de serre du dioxyde de carbone contribue, au contraire, au réchauffement global de notre planète (ce que l’histoire confirmera en cette entrée du troisième millénaire).

Toujours est-il que cette thèse chinoise – pourtant de nature astrologique – est sérieusement prise en considération par de prudents climatologues. En ayant pris récemment connaissance, le plus réputé climatologue américain, Murray Mitchell, du National Oceanic and Atmospheric Administration, a déclaré : "Ils ont fait là un très bon travail historique ; je ne pense pas qu’il y ait doute à propos d’un changement rythmique de notre climat tous les 160 à 180 ans, la chose n’étant pas précise et nette ; mais les orbites des planètes pourraient y être pour quelque …".

LES FONDEMENTS DE L’ASTROLOGIE MÉTÉOROLOGIQUE ?

Cette nouvelle thèse révolutionnaire, je m’en serais voulu de ne pas être le premier publiciste français à en informer les lecteurs de "L’Astrologue", eux qui, également les premiers et cette fois universellement, ont assisté dans notre revue aux approches d’un traitement synthétique du système solaire par la mesure de son espace angulaire et l’analyse de ses états, en particulier celui des concentrations planétaires.

Nous sommes effectivement ici sur le terrain même de l’astrologie mondiale, à la fois son terrain général et son terrain traditionnel. Au point que cette thèse chinoise, qui en applique la phénoménologie à la climatologie, évoque le souvenir de la "Grande Année". Rappelons, en effet, que les Chaldéens condamnaient le monde à être périodiquement et alternativement inondé et brûlé aux retours de toutes les planètes à une commune conjonction aux points solsticiaux. Les Stoïciens, sans être les seuls, avaient repris à leur compte cette alternance d’un Grand Été avec son embrasement au grand synode du solstice du Cancer, et d’un Grand Hiver avec son déluge (par la fonte des neiges) au grand synode du solstice du Capricorne.

Certes, ici, la thématique illustrait le grand jeu du Feu et de l’Eau, au lieu de se contenter du rapport précis du chaud et du froid, mais on ne peut nier l’identité des schèmes de cette lointaine pensée des anciens et de cette moderne exploration d’esprit scientifique.

Les savants avaient déjà eu recours au jeu combiné des sixième, septième et huitième mouvements de la Terre (variation de l’obliquité de l’écliptique, variation de l’excentricité et variation séculaire du périhélie) pour rendre compte des phases paléoclimatiques et géologiques de notre globe. De nouveaux intègrent donc maintenant son autre mouvement qui est celui des perturbations gravifiques planétaires pour tenter d’expliquer notre climatologie générale. Or, dans la filiation même de la Grande Année, nous sommes ici directement impliqués puisque la configuration céleste que nous traitons est à base d’un jeu de distances interplanétaires situées sur l’écliptique.

Au-delà de cette constatation première d’opération traitée sur notre propre terrain, s’impose la pensée que l’application de ce matériau astrologique brut à ce schéma général de la climatologie constitue enfin le cadre d’approche des fondements de l’astrologie météorologique sinon d’une astro-météorologie. Il fallait au départ la vue d’ensemble ou la perception globale d’un rapport entre les astres et le temps climatique. Cette thèse nous la procure enfin et ouvre la piste sur laquelle nous allons nous engager.

Convenons que nous rompons avec le vain refrain d’une pratique traditionnelle qui s’en tient aux ingrès saisonniers assistés des mensuelles lunaisons. Voie qui me sembla naturelle à suivre dans l’innocence de mes vingt-deux printemps lorsque je me suis fourvoyé à écrire une Astrologie météorologique que je répudie. Mais l’innocence s’est défraîchie pour faire place ensuite à une auto-critique dégoûtée, jusqu’à l’abandon pur et simple du sujet – écœurant de complexité, surtout prévisionnelle – en dépit de l’encouragement répété à "remettre cela" de mon ami Jean Breton, chroniqueur météorologique de R.T.L.

L’occasion m’est ainsi donnée de ressortir un vieux dossier d’où j’extrais une enquête qui me paraît venir à propos.

Pourquoi ne pas adopter le principe unificateur assimilant, pour notre continent, le froid à la position écliptique du solstice d’hiver et le chaud à celle opposée du solstice d’été, en généralisant ces valeurs saisonnières du cycle solaire à l’ensemble du système solaire, conformément au schème de la Grande Année, l’hiver ou l’été tendant à être d’autant plus accusé que grossit la masse planétaire autour du Soleil ?

Que vaut cette hypothèse ?

C’est précisément au début de sa vérification que conduit mon enquête. Celle-ci porte sur le pointage des positions planétaires de 82 ingrès du Capricorne, ainsi que de 150 ingrès du Cancer, afin de comparer un rapport de symétrie. Il s’agit, en l’occurrence, des 82 plus grands hivers français enregistrés entre celui de 763-764 et celui de 1962-1963, ainsi que des 150 plus remarquables étés français retenus entre 1135 et 1964. Cette documentation de base est celle du mémorial de notre météorologie nationale, fourni par l’Office national de météorologie (O.N.M.).

Les figures présentes montrent les résultats obtenus : c’est un bilan non concluant que l’on obtient pour l’instant, car ce contrôle partiel limité à notre territoire géographique n’autorise encore aucun verdict. 

Certes, d’emblée, la répartition de Mars fait impression : pour les étés chauds, 115 positions au lieu solsticial d’été contre 35 en face, avec 27 en Cancer, 21 en Gémeaux et 19 en Lion. Même rapport de 1 à 3 pour les hivers froids avec 60 positions autour du point solsticial capricornien, dont 18 dans le signe, contre 22 seulement en face. Mais il ne faut pas pavoiser car ces résultats s’alignent sur le rythme de la révolution synodique de Mars qui, au cours de ses 2 ans 49 jours, met 18 mois à passer de sa quadrature occidentale à sa quadrature orientale et 6 mois à revenir de celle-ci à celle-là. Nous ne sortons pas de la norme. Avec Jupiter, qui traverse l’axe de ses carrés en 7 mois du côté de la conjonction et en 6 mois du côté de l’opposition, les résultats laissent interrogatifs, puisque les étés chauds obtiennent 93 positions contre 57 en face, alors que, inversement, pour les hivers froids, il se présente 49 positions contre 33. Il est bien trop prématuré pour se permettre la moindre interprétation du phénomène. Déception pure et simple avec Saturne qui s’offre un résultat égalitaire : 74/76 et 41/41. Pour ce qui en est enfin d’Uranus et de Neptune, deux résultats sur quatre pourraient susciter l’intérêt : les 86 positions contre 64 d’Uranus avec les étés chauds, et les 45 positions contre 37 de Neptune avec les hivers froids.

Un verre à moitié vide ou à moitié plein ? C’est, en l’occurrence, parce qu’il n’est ni vide ni plein que la question reste en suspens. Fallait-il en attendre plus ? La surface totale de notre globe est de 510 millions de kilomètres carrés, alors que celle de notre pays n’est que de 550.000 kilomètres carrés, la proportion disant éloquemment combien dangereusement régional reste notre contrôle : vérité ici, erreur au-delà … C’est naturellement à l’espace entier de l’hémisphère Nord que s’adresse la configuration générale traitée. Certes, il y eut bien, parmi les 82 hivers froids vécus par la France, certains d’entre eux qui furent aussi de grands hivers européens : celui de 821-822 au cours duquel tous les fleuves d’Europe, de la Seine au Danube, furent pris par la glace pendant plus d’un mois ; celui de 1315-1316 qui provoqua une famine générale en Allemagne, en Angleterre et en France ; celui de 1407-1408 tenu pour le plus rude du Moyen Age en Europe occidentale ; celui de 1607-1608, longtemps appelé le grand hiver pour toute l’Europe septentrionale et occidentale, ainsi que ceux du grand synode, entre celui de 1655-1656 et celui de 1683-1684 où la mer fut gelée entre les côtes d’Angleterre, de Hollande et de France …Mais, pour l’ensemble, ces hivers étudiés ne sont-ils pas que français et qu’en est-il pour les autres continents ?

En l’état actuel des choses, bien des questions se posent qui ne peuvent recevoir encore de réponse satisfaisante. Gardons-nous de nous lancer dans des interprétations prématurées. On connaît ma revendication d’une astrologie qui, ne se laissant pas seulement porter par le charme ou le pouvoir de son idée-force, se veut les pieds sur terre. Jusqu’à tenir comme moteur le choix de la prévision expérimentale, objectif le plus noble de notre art. De là, pour dissiper les songes creux, la justification de s’engager à le réaliser, jusqu’à même se condamner à réussir. Tant que nous ne pouvons pas nous permettre réellement de prévoir, en touchant un but même partiel, nous n’avons aucune certitude de détenir une quelconque vérité, seule l’efficacité d’une prévision à répétition nous la fournissant. Les Chinois ne pensent pas autrement qui formulent leurs propres prévisions. Or, pour l’instant, sans procédé opérationnel ni corrélations authentiques, c’est à une distance galactique que nous sommes d’un tel but. A supposer même qu’il puisse être atteint.

La vraie démarche de caractère impératif consiste aujourd’hui à élargir l’enquête. C’est la raison pour laquelle j’ai l’intention de m’adresser à mes confrères des principaux pays d’Europe, d’Amérique, voire d’Asie, en vue de rassembler la plus vaste documentation susceptible de s’approcher d’une connaissance hémisphérique de notre histoire météorologique, particulièrement en matière d’hivers froids et chauds ainsi que d’étés chauds et froids. Le résultat d’une telle exploration générale devrait-il nous décevoir ? Même si cela devait être, je n’estimerais pas avoir perdu mon temps d’avoir dans ce cas démasqué une illusion. Nous en aurions eu au moins le cœur net et il fallait l’avoir fait. Mais, sous cette calotte des cieux, qui peut jurer à l’avance du résultat ?

Ma tentative a tourné cours faute d’intérêt suscité par le sujet dans le milieu astrologique international de l’époque. Il est plus facile de faire un discours sur l’astrologie à un congrès que de travailler celle-ci pour cueillir à l’arbre de la connaissance un fruit d’Uranie.

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SE PRÉPARER AUX MAUVAIS HIVERS, par John GRIBBIN

En mars de cette année, un regroupement inhabituel de planètes dans le ciel a suscité une vague d’inquiétude collective. Aucune catastrophe ne s’est produite cette fois, mais une étude chinoise suggère que nous devrions être beaucoup plus préoccupés par un autre alignement, qui aura lieu la semaine prochaine

Pourquoi les colonies vikings d’Amérique du Nord et du Groenland sont-elles mortes lors d’une vague de froid qui a balayé la région il y a mille ans? Qu’est-ce qui a causé le sévère Petit Âge Glaciaire du XVIIe siècle, quand "le lait arrivait à la maison gelé dans le seau", les fêtes du gel qui se sont tenues sur la Tamise gelée, et toute une série de mauvaises récoltes liées au climat qui ont forcé les Écossais à entrer dans l’Union avec l’Angleterre afin d’obtenir de l’aide alimentaire? Selon deux chercheurs chinois, tout cela était dû à une série de regroupements inhabituels des planètes - et le même schéma se répète la semaine prochaine, le 2 novembre. Si l’étude chinoise est correcte, cela implique que nous allons vers un retour du petit âge glaciaire au cours des prochaines décennies, et la récente série d’hivers rigoureux dans l’hémisphère nord, 1981-1982 inclus, pourrait être un avant-goût des choses à venir.

Les deux chercheurs chinois ont pu faire le lien entre les alignements planétaires et le climat parce qu’en Chine existent des données historiques acceptables qui peuvent être interprétées de façon à nous parler des conditions climatiques passées, pas seulement pour un millier d’années, mais pour trois mille ans. Lorsque ces données sont comparées aux positions changeantes des planètes - qui sont facilement calculées à partir des équations de la dynamique orbitale - il apparaît que toutes les périodes de froid significativement inférieur à la moyenne de cette très longue série historique sont liées aux alignements planétaires, et que l’alignement clé est lorsque la Terre est d’un côté du Soleil et toutes les autres planètes regroupées dans un arc étroit de l’autre côté. Un tel alignement, connu sous le nom de synode, est attendu pour le 2 novembre 1982.

L’étude chinoise ne s’arrête pas là. Elle précise le mécanisme probable par lequel cet effet se produit. Inévitablement, ces idées, encore nouvelles, seront améliorées et remplacées par des idées encore meilleures. L’accord permettant de savoir ce qui constitue une "meilleure" idée, comme c’est le cas maintenant, sera en voie de succès quand il s’agira de prédire les événements futurs. Dans un pur esprit scientifique, l’équipe chinoise fait des prévisions détaillées et claires sur le climat auquel nous pouvons nous attendre dans les cinquante prochaines années.

L’étude a été décrite en 1980 par Ren Zhenqiu, de l’Académie des sciences météorologiques de Pékin, et Li Zhisen, de l’Observatoire astronomique de Pékin, et elle est particulièrement intéressante pour moi car son point de départ est un document que j’ai écrit pour Nature en 1973. Dans cet article, j’avais proposé, pour des raisons qu’il vaut mieux oublier, que quand toutes les planètes du Système Solaire, y compris la Terre, sont regroupées du même côté que le Soleil, nous pourrions voir des modifications de l’activité solaire qui pourraient expliquer la coïncidence approximative entre les dates de ces alignements et les périodes de climat froid sur la Terre au cours du dernier millénaire. Bien que l’équipe chinoise cite ce document paru dans Nature comme point de départ pour sa propre enquête, il s’avère que la mécanique que j’ai proposée est erronée - il n’y a aucun effet significatif de tels alignements sur l’activité du Soleil, comme nous l’avons vu lorsqu’un tel regroupement planétaire s’est produit en mars de cette année, et la configuration n’est pas avec toutes les planètes du même côté du Soleil, mais avec la Terre dans un splendide isolement d’un côté et toutes les autres planètes regroupées en face. Parce que la Terre met un an à orbiter autour du Soleil, et que les autres planètes se déplacent sur leurs propres orbites au fil de l’année, ce genre d’alignement est susceptible de se produire très approximativement une demie année avant ou après le regroupement de toutes les planètes ensemble, ce qui est assez rapproché en termes de calendrier pour rendre la différence impossible à distinguer dans une comparaison rapide des données historiques de climats froids avec les positions planétaires, ce qui explique pourquoi nous avons eu un regroupement de chaque type durant cette année.

Ce mois-ci, toutes les planètes tombent dans la même section du ciel, avec la Terre du côté opposé à celui du Soleil.
Ce genre de configuration, un synode, se produit seulement une fois toutes les 180 années.
Et quand cela se produit, une période de froid s’ensuit, selon les anciens registres chinois.

Mais Ren et Li ont observé toutes les occasions où toutes les planètes, vues de la Terre, se sont trouvées dans un angle de 90° dans le ciel au cours des 4500 dernières années . Le modèle répétitif des synodes est de 179 ans (plus précisément, 178,7 ans en moyenne), mais en raison du mouvement de chaque planète à son propre rythme sur sa propre orbite, l’intervalle entre les synodes varie légèrement, généralement sur une étendue de 178 à 182 ans, et seulement occasionnellement - une fois tous les cinq ou six cycles – d’une courte durée de 140 ans. Les regroupements ne sont pas identiques selon les différents synodes ; dans un cas, l’ordre des planètes dans le ciel serait Vénus-Jupiter-Uranus-Saturne-Mars-Mercure-Pluton-Neptune, alors que dans un autre ce serait Jupiter-Saturne-Vénus-Neptune-Mars-Pluton-Uranus-Mercure, et ainsi de suite. Il existe de nombreuses combinaisons possible. De même, la valeur de l’angle du regroupement varie d’un synode à l’autre. Certains sont resserrés jusqu’à 40 ou 45° dans le ciel ; d’autres répondent à peine au critère arbitraire des 90°.

Il n’y a eu que vingt-cinq synodes répondant au critère des 90° depuis l’année 2 500 avant J.-C., plus un cas marginal le 12 décembre 449 avant J.-C., dont l’angle sous-tendu par le groupe planétaire était de 100°. Le groupement du 2 novembre 1982 est relativement serré, moins de 65° dans le ciel vu de la Terre. Et c’est particulièrement alarmant en termes de climat tel que celui auquel nous pouvons nous attendre à l’échelle de notre vie.

Il est aisé de calculer les positions des planètes telles qu’elles étaient il y a des milliers d’années, simplement en utilisant un ordinateur pour remonter la "mécanique" du Système solaire. Mais nous n’avons pas d’archives détaillées antérieures à 2500 avant J.-C., et les études des climats anciens sont basées sur des données indirectes telles que les cernes des arbres, et des documents historiques d’événements tels que les sécheresses ou les hivers rigoureux. De tels documents historiques sont disponibles en Chine pour une longue durée continue qui ne se trouve nulle part ailleurs, car la Chine est la plus ancienne civilisation à avoir conservé de façon continue ce type de données. C’est pourquoi les Chinois sont particulièrement bien équipés pour étudier la relation entre les synodes et le climat, et on n’est pas surpris de trouver ces nouvelles découvertes clés à partir de recherches menées à Pékin. Même les registres chinois ne nous ramènent pas plus loin qu’aux environs de 1600 avant J.-C., mais cela procure tout de même à Ren et Li plus de 3000 ans de données à comparer avec les positions planétaires, ainsi que dix-neuf synodes qui ont eu lieu au cours de cette période, si on inclut le cas douteux de l’alignement à 100° en 449 av. J.-C. La lecture des résultats de cette comparaison est impressionnante.

Auparavant, la précédente survenue d’un synode d’hiver, très étroit de 40 degrés, correspondait au 30 janvier 1953 avant J.-C., il y a presque 4000 ans et à une ère de records climatiques incertains. À en juger par le Petit Âge Glaciaire et les événements autour de 900 avant J.-C., cela a dû être également une période de froid intense selon les normes actuelles. Contrairement aux données historiques, les données de substitution permettent de le confirmer - des carottes de sédiments du fond marin, forées à partir de l’océan et analysées par des techniques isotopiques similaires à celles utilisées pour sonder les carottes de glace et les cernes des arbres, montrent la même histoire - une vague de froid s’est installée il y a un peu moins de 4000 ans, au moment de cet étroit synode d’hiver.

Nous ne parlons que de synodes tels que celui du 2 novembre 1982, lorsque la Terre est isolée d’un côté du Soleil et que toutes les autres planètes sont regroupées de l’autre côté. Et nous allons ignorer Pluton, qui est généralement considérée comme une lune qui se serait échappée, pas une vraie planète, et qui suit sa propre orbite particulière. Le rythme fondamental des synodes est la période des alignements répétés des quatre planètes géantes - Jupiter, Saturne, Uranus et Neptune - tandis que les mouvements des planètes intérieures - Mercure, Vénus, Terre et Mars - décident des dates précises auxquelles les regroupements les plus resserrés se produisent. Sur les dix-neuf synodes de ce type depuis 1600 avant J.-C., huit ont eu lieu au cours de la moitié été de l’année (c’est l’été chinois, bien sûr, ce qui signifie été de l’hémisphère nord). À chacune de ces survenues, le synode a été suivi par une série de décennies chaudes suffisamment significatives pour être mentionnées dans les archives historiques. Mais cela ne nous intéresse pas plus que cela car le synode de 1982 se déroule non pas en été, mais dans la moitié hiver de l’année ; neuf autres synodes parmi dix-neuf ont eu lieu pendant la moitié hiver de l’année, et tous, deux exceptés, se sont produits alors que les planètes, telles qu’elles étaient vues de la Terre, étaient regroupées à 70° dans le ciel. L’un de ces synodes s’est produit en 631, et malheureusement c’est juste en ce moment-là qu’il y a une lacune dans les dossiers historiques, et nous ne savons pas quel était le climat en Chine alors. Cela laisse huit autres synodes à petit angle, chacun très comparable au modèle de novembre 1982, et chacun d’eux a été suivi par plusieurs décennies de climat exceptionnellement froid et violent en Chine.

Regroupements arbitraires

Il reste deux synodes à prendre en compte. L’un est l’alignement de 449 avant J.-C., qui a eu lieu le 12 décembre mais le regroupement n’a jamais été plus resserré que 100°. L’autre, également un synode d’hiver, a eu lieu le 11 janvier 269 avant J.-C. et a atteint 84°, sensiblement plus étendu que les neuf autres synodes d’hiver. Ces deux cas marginaux ont été suivis par des décennies de climat mixte, avec quelques années chaudes et quelques périodes de froid. Le critère d’un regroupement de 90° comme synode important est, bien sûr, entièrement arbitraire, et à en juger par cette évidence, il semble qu’un meilleur indicateur de climat violent soit un groupement de 70°. Cela n’invalide en rien l’argument, et concorde plutôt bien avec la théorie que Ren et Li ont développée pour expliquer leur découverte, comme nous le verrons. 

Pluton est exclue de cette figure : "planète" la plus éloignée dans notre Système Solaire, Pluton est très petite et suit une orbite particulière, la rapprochant parfois plus du Soleil que sa voisine Neptune : c’est probablement une lune échappée de l’une des planètes géantes, et non une vraie planète à part entière.

Ces découvertes sont assez impressionnantes, mais il n’y a aucun moyen de déterminer les températures exactes des périodes chaudes et froides à partir des documents historiques qui nous sont parvenus. Pour ce faire, nous devons nous rapprocher de chez nous, à la fois dans le temps et dans l’espace. Il y a quelques années, une équipe danoise dirigée par le professeur Willi Dansgaard a mis au point un indicateur "thermomètre" qui fournit un guide direct des fluctuations de température de décennie en décennie dans l’hémisphère Nord au cours des derniers milliers d’années. La technique tient à l’analyse des rapports isotopiques d’oxygène dans les échantillons extraits du glacier du Groenland, et ce fameux thermomètre de glace est d’une double importance dans l’histoire que l’équipe chinoise a à nous raconter. Premièrement, il nous donne une mesure directe des fluctuations de température sur plus de mille ans. Deuxièmement, en prime, il vient de l’autre côté du monde par rapport aux archives chinoises. Si les enregistrements de la Chine et du Groenland peuvent être mis en parallèle – ce qu’ils sont très certainement – alors cela prouve que nous sommes face à des changements climatiques qui ont effectivement affecté l’ensemble de l’hémisphère nord, pas seulement un effet local sur le climat de la Chine seule, mais aussi autour de l’Atlantique Nord. Depuis mille ans, les décennies de froid sévère mentionnées dans l’histoire chinoise correspondent à des décennies de froid sévère que l’on peut déduire de l’analyse des isotopes d’oxygène dans les carottes de glace du Groenland.

Depuis l’an 1000, il y a eu cinq synodes. Il se trouve qu’ils se sont tous produits durant la moitié de l’hiver, et que tous sauf un n’étaient pas plus large que 65° dans le ciel, d’un point de vue terrestre. Les dates et la valeur des angles sont fournis dans la figure ci-contre ; la caractéristique la plus frappante est celle du synode de l’année 1665, l’alignement d’hiver le plus resserré au cours des 3000 dernières années, et qui s’est produit juste au début du pire demi-siècle du Petit Âge glaciaire. Il est tentant de considérer cette série de synodes d’hiver comme la cause profonde des conditions froides sur Terre au cours du dernier millénaire. L’autre caractéristique immédiatement évidente de la figure, et peut-être pertinente, est que, bien que tous ces synodes d’hiver peuvent être associés à des décennies plus froides que la moyenne au cours du dernier millénaire, et beaucoup plus froides que ce à quoi nous avons été habitués au cours des cinquante dernières années, l’alignement de 1844, qui n’est qu’à l’intérieur du critère des 90°, a été rapidement suivi par le réchauffement qui a fait du XXe siècle un siècle différent de tout autre siècle du dernier millénaire. Il semble bien que les synodes de 70° sont nécessaires pour produire des hivers froids sur la terre, et plusieurs indications montrent ici que plus le synode est resserré, plus le climat de la terre devient froid au cours des décennies suivantes.

Le dossier des carottes de glace

Tout ceci est étayé par une analyse détaillée des relevés de température du centre groenlandais. Dansgaard et ses collègues ont d’ores et déjà trouvé le modèle d’un rythme d’environ 180 ans dans ces données de température ; maintenant nous savons pourquoi. Les cinq périodes froides distinctes du dernier millénaire se sont produites dans la première moitié du XIIe siècle, au XIVe siècle, vers la fin du XVe siècle, dans la deuxième moitié du XVIIe siècle et au XIXe siècle. Les décennies les plus froides du XIXe siècle ont commencé il y a environ 180 ans, mais il semble désormais que cela ait pu être une fausse piste. En raison de l’un des contretemps qui apparaissent occasionnellement dans le cycle synodique, le synode précédent à celui de Novembre 1982 se situait 138 ans plus tôt, le 24 janvier 1844. Le milieu du XIXe siècle a en effet été froid, mais pas aussi froid qu’au cours des décennies qui ont suivi les quatre autres synodes mentionnés ci-dessus, peut-être lié au fait qu’il s’agissait d’un regroupement relativement lâche. Alors pourquoi les deux premières décennies du XIXe siècle ont-elles été encore plus froides? Il semble que les éruptions volcaniques (voir New Scientist, volume 93, page 150) doivent assumer la majeure partie du blâme - personne ne prétend que l’influence planétaire explique toutes les fluctuations climatiques, et il semble bien que cette période de froid particulier qui s’est produite il y a 180 ans soit une coïncidence.

De l'an 1000 jusqu’au XVIIe siècle, il y a eu un refroidissement progressif, avec chaque synode successif plus resserré encore que le précédent. Cela a culminé dans les pires décennies du Petit Âge glaciaire, les fêtes du gel sur la Tamise, et ainsi de suite. Mais la spirale climatique s’est ensuite détendue ; avec le synode du XIXe siècle, un regroupement beaucoup plus lâche a été suivie par moins de froid extrême, puis par un retour vers la chaleur au cours du XXe siècle. Sous-jacente à ces fluctuations, les carottes de glace du Groenland montrent également un long et lent déclin des températures, qui peut être un signe avant-coureur de l’ère glaciaire totale à venir. Une fois que tout cela a été extrait du dossier, l’équipe de Pékin a été en mesure de déduire une équation très simple reliant l’angle du synode à la baisse de la température en dessous de la moyenne à long terme au cours des décennies suivantes, et l’équipe a montré que la courbe du graphique illustrant les fluctuations de l’angle synodal pour quelques milliers d’années s’accorde exactement avec la courbe des fluctuations de la température au cours de la même période temporelle. Les détails de ce travail figurent dans la traduction anglaise de leur article dans la revue Kexue Tonqbao (volume 25, page 5, mai 1980).

Mais c’est par sa puissance prédictive qu’une théorie scientifique peut être testée, et nous sommes prêts pour le test ultime, la prévision du climat futur. Cela dépend à la fois de la relation simple entre l’angle synodal et la température établie à partir des dossiers les plus détaillés des 1000 dernières années et d’une compréhension de la façon dont le mécanisme fonctionne. Le résultat est une prévision froide.

Le mécanisme que Ren et Li esquissent pour expliquer le phénomène est aussi simple que leur "évidente" étape - à laquelle personne d’autre n’a pensé - de considérer les alignements entre la Terre d’un côté du Soleil et toutes les autres planètes (sauf Pluton) de l’autre. Dans l’ensemble, chaque planète tourne autour du Soleil, mais à plus petite échelle, chaque planète est aussi tirée par l’influence gravitationnelle de chacun des autres remorqueurs planétaires. La plupart du temps, les autres planètes sont dispersées autour de leurs orbites et ces petits effets s’annulent plus ou moins. Mais lorsque les planètes sont regroupées dans un synode, elles se rassemblent non seulement par rapport au Soleil, mais par rapport à toute planète isolée qui ne fait pas partie de l’alignement. La planète qui nous importe le plus est celle sur laquelle nous vivons, la Terre, et l’effet d’un synode sur l’orbite de la Terre est d’"étirer" le rayon de un pour cent, soit environ 1,5 millions de kilomètres. La valeur exacte dépend de la mesure dans laquelle les planètes sont regroupées dans le ciel, et ce n’est certainement pas négligeable. Déplacer la Terre de 1 % de son orbite par rapport au Soleil affecterait la quantité de chaleur que nous recevons et causerait des changements du climat mesurables, mais ce n’est pas assez grand pour rendre compte des effets observés, et ce n’est pas le processus que Li et Ren invoquent pour expliquer leurs constatations. Ils suggèrent plutôt que le processus qui produit l’effet observé d’un synode sur le climat opère en changeant la vitesse avec laquelle la Terre se déplace dans son orbite - ou plutôt, la vitesse avec laquelle elle se déplace autour de chacune des deux moitiés de son orbite, la moitié été et la moitié hiver.

Sur toute une année, l’orbite est de 365,25 jours, c’est bien connu. Mais l’influence de chacune des planètes géantes, Jupiter, Saturne, Uranus et Neptune, amène à accélérer et ralentir un peu la Terre à différents stades de son orbite. En se déplaçant vers l’alignement à chaque planète, elle est accélérée par la poussée de la gravité de cette planète ; en s’éloignant d’une telle conjonction, elle est retenue, légèrement, par la même attraction gravitationnelle. Lorsque les quatre géants sont regroupés, comme lors d’un synode, l’effet est amplifié et peut littéralement changer la durée des saisons.

Imaginons la Terre d’un côté du Soleil et toutes les autres planètes à l’opposé. Notre planète sentira l’attraction gravitationnelle de ces planètes, et se hâtera autour de son orbite pour les rencontrer. Quand elle passera par un regroupement resserré, elle se déplacera de la façon la plus rapide sur son orbite (en ce qui concerne ce effet), et pour la moitié d’orbite suivante, elle sera ralentie en se déplaçant loin du synode. Le temps qu’elle revienne du côté opposé au Soleil, elle se déplacera à sa vitesse la plus lente, en ce qui concerne cet effet. Le résultat en est que la Terre voyage plus rapidement à la moitié de son orbite durant laquelle elle est du même côté du synode par rapport au Soleil, et plus lentement à la moitié de son orbite du côté opposé par rapport au Soleil. Si le synode se produit en hiver, l’hiver est prolongé et l’été raccourci ; si le synode se produit en été, l’hiver est raccourci autant que l’été est prolongé.

Quelle est l’ampleur de l’effet? Cela dépend du degré de resserrement du synode, et Ren et Li ont calculé que le synode de 1665, par exemple, a causé un raccourcissement de la "moitié" de l’année d’été de près de deux jours, et un allongement correspondant de la moitié d’hiver. La différence globale, par rapport à une année moyenne, est de plus d’une demi-semaine ; la différence entre les conditions d’un synode d’été et d’un synode d’hiver correspond à plus d’une semaine de changement dans les saisons. Cela semble peu, mais il n’y a que 52 semaines dans l’année, aussi, quand on parle de changements de 1 ou 2 %, ce n’est pas négligeable. Il serait négligeable si l’effet ne fonctionnait que pour la seule année dans laquelle le synode est à son niveau le plus resserré, mais il faut des années aux quatre planètes géantes pour arriver à l’alignement le plus resserré, et des années pour en ressortir, de sorte qu’un modèle de quasi-synodes se reproduit pendant une vingtaine d’années avant, et quelques décennies après l’année du regroupement le plus étroit. Des changements de l’ordre de 1 ou 2 % des conditions climatiques sur Terre selon cette sorte d’échelle de temps représentent tout ce qui n’a jamais été requis pour expliquer les fluctuations du Petit Âge Glaciaire, et c’est une mesure de la façon dont le climat s’équilibre aujourd’hui. Un changement de 10 % dans la puissance du Soleil, ou dans l’orbite de la Terre, serait suffisant pour commencer toute une ère glaciaire , de sorte que ces découvertes ne sont pas aussi surprenantes qu’elles pourraient paraître. Mais elles sont certainement inquiétantes, car le modèle des siècles froids semble loin d’être fini.

La bonne nouvelle est que le synode d’hiver de novembre 1982 n’est pas si fortement aligné que le regroupement de 1665, qui a annoncé les pires décennies du Petit Âge Glaciaire. Le synode en question atteint "seulement" 64°, mais il est quand même plus resserré de 5° que le synode de 1126 qui a marqué le début de la première vague de froid du Petit Âge Glaciaire, et a mis fin à ces colonies vikings. En regardant plus loin, même cette série des six synodes d’hiver ne complète pas le tableau, car deux autres se profilent en 2163 et 2344. Bien que le second soit marginal, l’angle de l’alignement n’étant jamais inférieur à 83°, le synode de 2163 atteindra une étroitesse de 50°. Avec la tendance continue du refroidissement à long terme de la Terre, qui font baisser les températures moyennes tout le temps, chaque creux produit par l’effet synodal nous plongera dans un état plus froid qu’avant. Il ne serait pas surprenant que le Petit Âge Glaciaire, loin d’être terminé, ne revienne en force, pas seulement au cours des cinquante prochaines années, pour glisser ensuite imperceptiblement mais inexorablement vers une Ère Glaciaire totale en quelques siècles. Nous pouvons être reconnaissants de ne pas vivre assez pour voir cela ; mais ce que nous vivrons peut être prédit très précisément, en utilisant l’équation exacte reliant l’angle synodal à la chute de température de l’hémisphère nord, une équation basée sur l’expérience directe du dernier millénaire.

Il semble approprié de citer les paroles de Ren Zhenqiu et de Li Zhisen. "Le prochain synode planétaire immédiat, ont-ils écrit en 1980, aura lieu en 1982. Selon les archives anciennes, la période de froid peut continuer pendant trente à cinquante ans... à notre avis, il y aura un hiver froid et une catastrophe due au gel dans les deux prochaines décennies."

L’hiver 1981-1982 correspond exactement ce qu’a prévu l’équipe chinoise "On constatera que les valeurs de la température future par rapport aux années 1950 seront de -1°468 C (pour la période froide actuelle) et -2°120 C (pour la période suivant le synode en 2163). À partir de là, deux périodes de basse température en Chine sont à attendre dans l’hémisphère Nord."

Dans quelle mesure devrions-nous prendre ces prévisions au sérieux? Elles doivent encore résister à l’épreuve du temps, et jusqu’à ce que le climat ne se refroidisse, nous ne pouvons pas dire que la théorie est prouvée. Pour l’instant, tout dépend du recul. On peut s’attendre à ce que les climatologues restent prudents lorsqu’ils recevront les preuves, et ils le sont ; mais ils ne les rejetteront certainement pas d’un revers de main. Murray Mitchell est l’un des climatologues les plus éminents et les plus respectés aux États-Unis. Il est chercheur à la National Oceanic and Atmospheric Administration. Lorsque ce travail a été porté à sa connaissance un peu plus tôt cette année, il a fait des commentaires favorables. "Ils ont fait un très bon travail historique", a-t-il dit. "Je ne pense pas qu’il y ait le moindre doute qu’il y a un changement rythmique dans notre climat de 160 à 180 ans. Ce n’est pas une chose nette et précise, mais... les orbites des planètes pourraient y être pour quelque chose."

Nous ne savons pas comment les synodes affectent l’hémisphère sud, car il n’y a pas d’archives à long terme pour le sud. Mais presque tout le monde dans le monde vit dans l’hémisphère nord, et presque tous les aliments du monde sont cultivés dans l’hémisphère nord. Ren et Li prédisent, sur la base de preuves solides et scientifiques, jusqu’à cinquante ans de froid sévère comparable aux pires ravages du Petit Âge Glaciaire dans la seconde moitié du XVIIe siècle. À l’heure où la plupart de la communication sur le changement climatique se concentre sur la perspective d’un réchauffement climatique, grâce à l’effet de serre du dioxyde de carbone, cette prévision chinoise est d’une lecture intéressante. Nous pourrions être reconnaissants à l’effet de serre.

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