Et si nous, astrologues, allions au-devant
de la reconnaissance de l’astrologie, sans attendre que s’ouvre le chemin
devant nous ? Pourquoi ne pas, déjà, tenter d’ébranler le scepticisme naturel
du profane et même le refus de l’adversaire ? Nous en avons dorénavant les
moyens. Ainsi se doit-on d’apporter maintenant une
pièce tenant lieu de preuve scientifique de sa véracité. Jusqu’ici,
l’astrologue voguait ou planait, en quelque sorte, sur les ondes célestes dans
l’aller de soi d’une foi raisonnée se dispensant d’autre confirmation que le
seul témoignage de ses propres résultats. Or, le « passage obligé » de ce fil
conducteur rattachant son art à la scientificité introduit cette fois une
lumière nouvelle qui éclaire les arcanes du savoir astrologique, sorti de sa
nuit. Pour cette démonstration inaugurale, adressons-nous d’emblée à
l’astrologie mondiale dont le grand écran débite le cours de l’histoire du
monde face au déroulement des phénomènes célestes.
Article paru dans "l'astrologue" n°163
"La condamnation officielle de l’astrologie apparaîtra
un jour à nos descendants comme la crédulité négative la plus fameuse que la
science humaine ait enregistrée jusqu’ici." Paul Choisnard
Sphère zodiacale devant la mairie de Paris |
Le noyau du système solaire à l’œuvre
J’ai déjà tenu à spécifier – correction de jugement d’un
titre convenu, pourtant erroné par omission du principal, les astres
s’adjugeant l’exclusivité – que l’astrologie reposait essentiellement sur
l’uranographie de notre globe : notre condition existentielle procède d’abord
et avant tout des mouvements de la
Terre , astre tributaire de son environnement céleste, de ses
liens avec les autres astres de sa famille sidérale : le système solaire. «
C’est dans ses propres mouvements qu’est son destin et le nôtre, reflétés
précisément par ses rapports au sein de ce système », relève judicieusement
Camille Flammarion dans sa merveilleuse « Astronomie populaire ».
Parmi ceux-ci – rotation, translation, inégalité mensuelle,
précession, nutation, variations… - son dixième mouvement, dit des «
perturbations », fait référence à la répartition des planètes géantes autour du
Soleil. Quand celles-ci s’y étalent, éloignées les unes des autres, le centre
de gravité du système solaire, foyer commun des orbites planétaires, est plus
ou moins voisin du noyau du Soleil, tandis que lorsque, ensemble, elles se
rapprochent sur un arc de cercle limité, cette concentration distancie ces deux
points centraux, celui des orbites planétaires s’écartant même au-delà de la
masse solaire. Et ce phénomène d’oscillation en double spirale convergente et
divergente devient le jalon, maintenant révélé, d’une rencontre entre
astrophysique et astrologie.
Extraite de « L’Astronomie populaire » de Flammarion, la
reproduction ci-contre trace l’arabesque du ballet qu’effectue le centre
planétaire par rapport au corps du Soleil entre 1911 et 1958. Ce qui s’observe
essentiellement, en rapprochant ses sinuosités de l’histoire du monde de cette
période, c’est que les deux extrêmes divergences – écartements assimilables à
une décentration déséquilibrante pouvant justifier un Soleil en crise – qu’on y
rencontre tombent sur les années des deux guerres mondiales. De prime abord,
rien de concevable ne justifie ce rapprochement entre l’un et l’autre, et
pourtant, il y a là un vrai sujet d’interrogation, et c’est ici, sans que nous
le sachions encore, que se croisent astrophysique et astrologie.
Entrons d’abord sur le terrain des astrophysiciens. Ceux-ci
traitent ce phénomène en raison du lien qu’il présente avec l’activité solaire,
le magnétisme terrestre et même, dit-on, la vitesse de rotation du globe. Sujet
qui est devenu de première importance, les astreignant à descendre ici-bas en
raison des perturbations que nous en ressentons à notre tour, au point que se
tiennent depuis plusieurs décennies maints symposiums sur les problèmes que
pose la physique du globe.
En point d’orgue s’est présentée la communication de
l’astrophysicien Alexandre Dauvillier, professeur au Collège de France, faite à
l’Académie des Sciences le 27 avril 1970, ainsi intitulée : « Sur les marées
exercées par les planètes sur le Soleil et la prévision de l’activité solaire »
et aboutissant à cette conclusion : « L’auteur montre que l’amplitude du cycle
de l’activité solaire entre 1910 et 1968 est proportionnelle à l’écart existant
entre le centre du Soleil et le centre de gravité du système solaire ». Au lieu
d’attribuer le phénomène – intrus s’incorporant à la propre périodicité du
Soleil – à une simple action gravitationnelle des planètes, il proposera un
mécanisme magnétohydrodynamique où l’effet des planètes terrestres – elles
comptent elles aussi – diffère de celui des géantes en les rejoignant. Bien que
le sujet ait été longuement débattu, l’ensemble du milieu adhère à cette
conclusion que l’agitation du Soleil s’accroît effectivement quand il est
décentré du champ planétaire.
À sa suite, l’astrophysicien « anti-astrologue engagé »,
Jean-Claude Pecker, dira dans son livre « Sous le Soleil » (Fayard, 1984),
s’adressant, péremptoire, au lecteur à propos de Jupiter et de l’activité
solaire : « Il s’apercevra sans doute avec stupeur qu’il n’est pas exclu que
les planètes influencent, par un juste retour des choses, l’activité solaire,
mais il ne devra pas pour autant en conclure que l’astrophysique jovienne et
solaire donne des armes à l’astrologie dont il n’est pas difficile de montrer
l’inanité. » Et si cette démoniaque stupeur n’était pas déjà un sombre
pressentiment minant sa croyance anti-astrologique, comme on le verra par la
suite?
"Geometry wars 2 : waves" par Bizarre creations sur FlickR |
Vérité en deçà, erreur au-delà ?
Dans cette antichambre du palais d’Uranie, charnière à
laquelle ils se jouxtent, l’astrophysicien aurait-il uniquement raison et
l’astrologue entièrement tort ? Nul doute qu’un abîme les sépare. Le premier
s’en tient à relever les « perturbations » effectives que nous subissons, au
gré d’un système solaire oscillant entre centration et décentration, dont doit
rendre compte l’explication physique. Alors que le second se trouve sur la
piste des fluctuations d’un ordre cosmologique souverain : il s’agit de la fresque
du devenir mondial de la « Grande Année » des anciens philosophes. Sa naissance
se concevait à la configuration-mère d’une conjonction de tous les astres du
système solaire, alignement d’un primordial départ commun de tous les cycles
planétaires, lancés dans une ronde circumsolaire sur une périodicité étendue
jusqu’au retour du même état initial. L’élément de base du système est le cycle
planétaire – révolution synodique à l’exemple de la lunaison mensuelle – avec
la conjonction qui a valeur d’engendrement,
le monde d’ici-bas se renouvelant et étant sujet à la génération (positif) au
cours de sa phase ascendante (de la conjonction à l’opposition), puis à la
corruption (négatif) dans sa phase descendante (retour de l’opposition à la
conjonction nouvelle).
Derrière ces cycles planétaires, c’est à travers les «
perturbations » de ce mouvement de la
Terre que se déroule le cours de cette marche rythmée de la Grande Année ,
celle-ci en épousant ainsi la trame géophysique. Si bien qu’en 1974, comme
outil de prévision, j’en ai modélisé les fluctuations avec un indice cyclique
livrant l’addition des distances interplanétaires (chaque cycle compté de 0° à
180° et de 180° à 0°) pour suivre principalement le flux et le reflux de
l’ensemble des dix cycles des planètes lentes : Jupiter, Saturne, Uranus,
Neptune et Pluton (il existe quand même, avec son important satellite),
comptabilisées ici en position géocentrique pour un impact terrien, mais les
positions héliocentriques n’en diffèrent que de quelques degrés. Nous verrons
plus loin le diagramme de cet indice au cours du XXe siècle. Rien de plus
simple que sa lecture avec la symbolique de son graphisme : la ligne monte
quand dominent les phases ascendantes des cycles et baisse quand prévalent
leurs phases descendantes, le bas situant les temps de rétraction (autour des
conjonctions) et le haut ceux des dilatations planétaires (autour des
oppositions). Ici, l’astronomique est le terrain commun d’un consubstantiel
astrophysico-astrologique.
Cyclicités millénaires, séculaires et annuelles
Avant de nous concentrer sur nos temps présents,
livrons-nous d’abord à une exploration au sommet. La conjonction étant dans le
cycle la configuration maîtresse, rien n’est donc plus important qu’une
conjonction de conjonctions, se rapprochant plus ou moins de l’état de la
configuration-mère, la priorité revenant naturellement aux cycles des astres
les plus lents. Dès lors, il convient en premier lieu de vérifier si l’histoire
de l’humanité à ses plus hauts moments se présente réellement au rendez-vous des
suprêmes configurations de cette Grande Année.
À cette échelle, la plus considérable concentration
planétaire à laquelle on peut remonter depuis quelques millénaires est la
triple conjonction Uranus-Neptune-Pluton apparue autour de 574 avant
Jésus-Christ (il faudra attendre l’an 3370 pour en retrouver une), et à
laquelle s’est joint Jupiter l’année suivante. Epoque, selon les historiens,
qui tombe sur la génération des prophètes et philosophes (Deutéro-Isaïe,
Zarathoustra, Bouddha, Confucius, Pythagore, Héraclite, Thalès) desquels émane
l’avènement même de notre civilisation, avec, à la fois, l’apparition des
religions, dont certaines d’entre elles sont depuis lors toujours vivantes
parmi nous, et la naissance de la rationalité en une élucidation logique de
l’esprit, source du savoir scientifique moderne.
Depuis cette borne première, c’est ensuite tous les cinq
siècles que les cinq planètes lentes se retrouvent le plus rapprochées les unes
des autres, comme le montre ce modèle prospectif de « micro-grande année ». Or,
il se trouve que la succession de leur rythme scande les grandes tranches de
découpage du passé retenues par les historiens : engendrement du christianisme,
disparition de l’Empire romain d’occident, le moyen âge s’étalant sur un
millénaire. Puis, ici, à la
Renaissance , dans un triangle allant de la venue de Gutenberg
à la découverte de l’Amérique, s’engage une européanisation du monde où se
développe la « civilisation de la chrétienté occidentale ». Micro-grande-année
arrivée à son terme.
Sans doute n’est-ce là que l’approximation d’une vision
globale, le lointain aperçu d’un parcours de vaste étendue. Mais, maintenant,
c’est avec toute la précision désirée que nous allons nous plonger dans le
zigzag de l’indice cyclique de tout le siècle écoulé que nous venons de vivre.
"Light colours 6", par Rajkumar1220 sur FlickR |
Ce bilan nous fait ainsi considérer le processus cyclique
dialectisé par une cohabitation des contraires/complémentaires de la
conjonction qui est à la fois fin de cycle : évacuation d’un passé, et
renouveau de cycle : accouchement historique, ambivalence de deuil et de
naissance, la tendance penchant, suivant la conjoncture, plutôt dans un sens
que dans l’autre. De même que l’opposition y fait figure à la fois de plénitude
atteinte et d’amorce de repli.
Allons plus loin. Si l’indice cyclique lui-même est un
potentiel donné qui a son flux et son reflux, il a comme dérivée l’ampleur de
son débit, la charge de son transport. Ainsi, alors qu’il lui arrive de stagner
en véhiculant un même volume comme de grossir en phase ascendante, le voit-on
s’amplifier dans une chute accélérée de 90° en 1914 (recul massif de 1001° à
911°), et le record séculaire d’un effondrement annuel de 143° tombe sur 1940 !
Double résultat percutant. Ce seront ensuite les pointes négatives de 1952
(bombe thermonucléaire américaine et bombe H soviétique) ; de 1966-1967
(intervention chinoise dans la guerre du Vietnam avec révolution culturelle
contagieuse) ; de 1978-1980 (nouveaux chocs pétroliers précipitant la crise
économique, armée rouge en Afghanistan, Pologne en ébullition) ; de 1997 (crise
asiatique). Un contraste à remarquer : le maximum de croissance de l’indice
dans son accélération positive tombe sur 1959-1962, années championnes de la
prospérité économique en climat général de paix.
Du séculaire, nous passons à l’annualité. Le même phénomène
d’effet de concentration s’observe au rythme annuel avec l’intervention des
planètes rapides. Ainsi, la
Seconde Guerre mondiale ayant eu comme configuration centrale
une triple conjonction Jupiter-Saturne-Uranus en Taureau (suivie d’une conjonction
Jupiter-Pluton début Lion), il se révèle que les temps forts de cette tragédie
ont eu lieu surtout au printemps, alors que le trio Soleil-Mercure-Vénus venait
se joindre aux planètes lentes : offensives allemandes à l’Ouest du 9 avril et
du 10 mai 1940 ; en Yougoslavie et en Grèce du 6 avril 1941, puis en Russie du
22 juin suivant ; bataille de Midway du 5 juin 1942 ; chute de Mussolini du 24
juillet 1943 ; débarquement en Normandie du 6 juin 1944, capitulation de
l’Allemagne du 8 mai 1945 suivie de la conférence de San Francisco
(Organisation des Nations Unies) du 26 juin 1945. Outre, avec le dépôt à l’ONU,
le 16 juin 1946, du plan Baruch sur la mondialisation de l’énergie atomique, le
plan Marshall lancé le 6 juin 1947. De même, aux années 90 de la triple
conjonction Saturne-Uranus-Neptune en Capricorne, c’est autour de décembre et
janvier qu’eurent lieu les grands événements de cette époque : 1er Sommet
Reagan-Gorbatchev les 19/21 novembre 1985, 1er traité de désarmement de l’ère
nucléaire le 8 décembre 1987 et annonce du retrait des troupes soviétiques de
l’Afghanistan le 8 février 1988 ; chute du mur de Berlin le 9 novembre 1989 (8
astres rassemblés sur 66°), guerre du Golfe le 16 janvier 1991, disparition de
l’URSS le 21 décembre 1991, accords de Maastricht le 7 février 1992 (7 astres
sur une trentaine de degrés), traité de l’ALENA (réunion économique
Etats-Unis-Canada-Mexique) le 17 décembre 1992 ; le 3 janvier 1993, signature
américano-russe du traité START sur la réduction des armements stratégiques qui
symbolise la fin de la « guerre froide » et entrées en vigueur de l’Acte unique
de l’Union européenne le 1er janvier 1993, de l’ALENA le 1er janvier 1994, de
l’accord de Schengen entre 9 des 12 pays de l’Union européenne le 2 février
1994, de l’OMC (Organisation mondiale du commerce) le 1er janvier 1995…
Il faut encore ajouter à cet ensemble d’observations le bilan d’une enquête statistique effectuée par Robert D. Doolaard, parue dans « L’Astrologue n°153 » (1er trimestre 2006) : « Ondes de guerre 1500-2000 ». Son résultat, obtenu sur l’ensemble des guerres qui se sont déroulées sur ce demi-millénaire, met effectivement en valeur, de façon significative, la phase descendante des cycles, de Jupiter en particulier, dans leur apparition. Nous en avons un cas flagrant au XXe siècle où, en 1914, 8 des 10 grands cycles planétaires étaient ensemble descendants, et ils allaient même être 9 à s’y présenter en 1940 ! Voilà d’ailleurs ce qui explique l’avalanche qui fait s’effondrer l’indice cyclique de ces deux années ultra-critiques du siècle. Tout cela ne fait-il pas clairement parler, en lui donnant son plein sens, la géophysique de la figure de Camille Flammarion où les lignes de l’extrême éloignement du centre planétaire au Soleil se croisent aux années 1919/1944 – le creux des guerres mondiales finissantes – l’une et l’autre entamant alors un retour vers l’astre central ?
Pour étoffer la compréhension de ce transfert direct de
l’astrophysique à l’astrologique, encore convient-il de passer par l’interprétation
de configurations qui se succèdent à l’intérieur du cycle planétaire.
Le langage de quelques configurations
"Life pulse" par Lucas Burgos, sur FlickR |
Ce sont là figures élémentaires d’un rapport de distance
angulaire entre deux planètes. À partir de la conjonction (0°), le cycle évolue
par phases successives. Au plus simplifié, deux principales d’entre elles sont
harmoniques, de tendance associative et créatrice : le sextile (60°) et le
trigone (120°) et deux autres sont dissonantes, conflictuelles, destructives :
le carré (90°) et l’opposition (180°).
En outre, chaque planète a son propre registre
d’affectations. Sommairement, dans la dialectique Uranus-Neptune que nous
traitons ici, s’établit un rapport d’unité à ensemble, d’individu à groupe, de
force unique centralisée à pouvoir de masse, de puissance novatrice de
modernisation (industrie, technologie) à aspiration collective, revendication
idéologique, le premier concernant les valeurs de la droite politique :
capitalisme, impérialisme, fascisme, comme le second les valeurs de gauche :
syndicalisme, socialisme, communisme. Et dans la dialectique Jupiter-Saturne,
le premier, de tendance souple et tempérée, incline à la modération, au
libéralisme, à l’essor humain, mais peut dériver par excès à l’ambition
expansionniste dévastatrice ; tandis que le second, profond et concentré,
enclin à la rigidité et au durcissement, radicalise, totalitarise. Cette brève
présentation suffit à rendre compte de la lecture des figures qui suivent.
Avec cette première, nous voyons évoluer un fragment du
cycle Uranus-Neptune dans sa phase descendante, le premier s’approchant
progressivement du second, effectuant avec lui successivement un trigone, un
carré, un sextile et même un semi-carré (aspect mineur de 45°).
De s’être déplacé des signes du Taureau et de
Quant au semi-carré de 1973, on le voit accompagner le bref
épisode d’une crise aiguë à la guerre du Kippour d’octobre 1973 où une menace
d’intervention soviétique provoque une riposte de Washington avec une mise en
état d’alerte des forces américaines. Ce coup de froid provoque un déclin de la
coexistence pacifique qui conduira, à l’entrée des années 80, à l’extrême
tension de l’affrontement des euromissiles, jusqu’à frôler en 1983 une
troisième guerre mondiale.
Ce graphique représente le même parcours du cycle
Uranus-Neptune, prolongé cette fois jusqu’à son terme qui est la conjonction de
ces deux astres en 1993. On sait ce qu’il advînt des relations
américano-soviétiques à ce terminus cyclique : une coupure historique radicale
avec la disparition de l’un des deux protagonistes.
Pour l’astrologue, il fallait bien qu’il y eût une
conjoncture exceptionnelle qui accompagnât en 1989 le bouleversement général de
la société mondiale, inauguré par la chute du mur de Berlin. Le compte y était
largement car, cette année-là, alors qu’Uranus et Neptune entrent en orbe de
conjonction, Saturne les rejoint en une triple conjonction, qu’au, plus Jupiter
bombarde de son opposition (voir la dernière figure) ! Ce choc berlinois du 9
novembre, entraînait déjà avec lui une cascade de disparitions des «
démocraties populaires », et allait être le point de déport de l’effondrement
du vaste empire soviétique le 21 décembre 1991. Et rien ne pouvait mieux
convenir, symboliquement, avec ce passage d’un ordre mondial bipolaire au monde
unipolaire d’un unilatéralisme américain, que la fusion planétaire de ce retour
cyclique à l’unité.
Alignons maintenant un tronçon de la Grande Année qui
pose, cette fois, les rapports de trois cycles planétaires (ci-dessus).
Centralement le cycle Uranus-Neptune depuis sa conjonction antérieure de 1821,
et, de part et d’autre, les cycles accompagnateurs Saturne-Uranus (au-dessus)
et Saturne-Neptune (au-dessous).
C’est autour de la grande conjonction Uranus-Neptune de 1821
que s’est opérée la révolution industrielle du XIXe siècle qui a radicalement
métamorphosé la société mondiale, entrée dans les temps modernes sous le signe
de la machine à vapeur, du chemin de fer, de l’éclairage au gaz, des progrès
techniques de la mécanisation industrielle. Quand Jupiter rencontre cette
conjonction en 1830, la faisant ainsi éclater, la société se renouvelle aussi
avec la venue de la bourgeoisie au pouvoir, de la libre entreprise, des
réformes électorales, du libéralisme, d’un début de démocratisation
(États-Unis, Angleterre, France). Et, plus encore, en 1831-1832, alors que Sadi
Carnot vient d’engendrer la thermodynamique, avec Faraday, Ampère et Pixii, la
génératrice électrique fait son apparition : c’est la naissance de la « fée
électricité » qui va devenir la reine du monde, métamorphosant toute la société
occidentale, notre aujourd’hui vivant intégralement sous le signe d’Electra !
Parallèlement au déroulement de ce grand cycle 1821-1993 se
succèdent trois cycles Saturne-Uranus et trois cycles Saturne-Neptune.
"Electrical" par Alexis Lê-Quôc, sur FlickR |
Quant aux conjonctions Saturne-Neptune, antérieurement à
l’œuvre en 1773 (la Boston
Tea Party), alors que les colonies britanniques de l’Amérique
du Nord font leur révolution pour conquérir leur indépendance, puis en 1809 où
c’est au tour de l’Amérique latine de se libérer de ses chaînes coloniales,
elles jalonnent les grandes étapes de l’autre pôle de la société. À la
conjonction de fin 1846, on est au temps où est créée la « Ligue des
communistes » et est lancé le « Manifeste des communistes » de Marx et Engels,
et elle sera encore en orbe finissant quand déferle la révolution européenne de
février 1848, la France
détrônant son roi et s’offrant une république prolétarienne. Quand vient la
suivante conjonction de 1882 naissent les partis socialistes d’inspiration
marxiste, entrant sur la scène politique de leurs vies nationales. Notamment en
Russie en 1883 où « Libération du travail » est fondé par Plekhanov. Et c’est à
la suivante conjonction de 1917, le 7 novembre, que le parti bolchevik s’empare
du pouvoir en Russie, tandis qu’à celle de 1953 prendra fin le règne de
Staline.
Quand on regarde le diagramme et que l’on voit converger les
lignes périphériques aux derniers points de 1942 et 1953 pour se joindre à la
ligne centrale en une triple conjonction Saturne-Uranus-Neptune, on ne peut
s’empêcher de penser que cette grande réunion planétaire constitue un
gigantesque carrefour astronomique, tombant surtout sur l’année 1989, mais
élargi à la conjonction centrale de 1993. Or, nul doute que se présenta alors
un tournant crucial de l’histoire mondiale : non seulement la disparition de
l’Union soviétique devait être à elle seule un événement monumental, mais
encore, c’est en ces mêmes années que la société elle-même se renouvela
considérablement avec l’apparition d’Internet : son réseau, expérimenté depuis
1984, allait être ouvert au grand public en 1991, ses hôtes ayant depuis lors
dépassé le milliard d’internautes, cette révolution de l’Internet couronnant la
mondialisation en cours et faisant entrer l’humanité dans un nouvel âge.
La prévision
Que conclure pour l’instant de ce substrat astrophysique de
configurations qui se prêtent à une lecture astrologique ? D’une somme
d’observations se dégage la répétition significative de similitudes en état de
justification corrélationnelle, ce qui implique nécessairement l’essai
prévisionnel pour en juger empiriquement la valeur. Une démarche du même ordre
s’est présentée dans l’histoire de l’astronomie avec la découverte de Halley.
En 1682, Edmund Halley observe une brillante comète dans le
ciel. L’idée lui vient de comparer son observation à celles de ses
prédécesseurs. Il relève que la comète de 1607 observée par Kepler avait
traversé la même région céleste que celle qu’il a sous les yeux. Il découvre
ensuite qu’il en était de même pour la comète de 1531 traitée par Apianus ;
puis encore pour celle de 1456 étudiée par Régiomontanus. Il note l’écart de
75-76 ans de l’une à l’autre et en conclut logiquement que les quatre comètes
en question ne sont qu’un unique corps céleste dont l’ellipse ne le rend visible
qu’au bout des mêmes années de retour autour du Soleil. Aussi, calcul de
trajectoire tracée, annonce-t-il en 1705 que la comète de 1682 réapparaîtra en
l’an 1758, et l’on devait la revoir en 1759, 1835, 1910 et 1986.
Or, la prévision astrologique est de la même espèce que
cette prévision linéaire et finalisée de cométologie, reposant elle aussi sur
la rythmique d’un phénomène répétitif, à la différence qu’au lieu d’un rapport
de chronologie à uranographie, le synchronisme concerne un état céleste et un
état terrestre, un signifiant astral et un signifié mondial : d’un côté, le
calendrier planifié d’une configuration donnée, et de l’autre, un
accompagnement historique censé lui correspondre. Dans la comparaison entre les
deux opérations, on fait toutefois le saut tranquille d’un circuit fermé où se
répète le même phénomène, au résultat incontestable, à celui, risqué, d’un
rapport ouvert sur l’éventail de la diversité. Raison suffisante de ne pouvoir
se contenter de similitudes recueillies du passé, produit spéculatif à
discrétion du doux rêveur : le seul crédit qui puisse être concédé à la
corrélation considérée est de la soumettre à l’épreuve de l’acte prévisionnel
pour en obtenir un résultat concordant en série, obligatoire devenant la
sanction de vérité de son aboutissement. C’est même au prix fort d’une
confirmation énorme qu’il faut juger le phénomène, car si la configuration a
derrière elle une puissance physique jusqu’alors insoupçonnée, encore faut-il
que la prédiction de son effet atteigne son but, terminus de l’opération.
"A night by the lake", par Eirasinn sur FlickR |
Ainsi, un demi siècle à l’avance, j’allais prendre position
sur la capitale configuration de la fin du siècle dans un article paru dans la
revue « Destins » numéro 16 de mai 1947, texte intitulé : « Le cycle
Uranus-Neptune 1821-1992 : la société capitaliste ». J’y exposais le
déroulement de notre société moderne à travers ses phases, en situant quatre
temps assimilés aux saisons, « l’hiver du capitalisme » allant du carré de 1953
à la conjonction de 1992. Ce texte finissait sur ces lignes : « Nous arrivons
enfin au terme du grand cycle Uranus-Neptune, à la conjonction de 1992 qui fait
prévoir une révolution profonde de la société entre 1981 et 1997, mais surtout
en 1988-1989-1990, en raison des passages de Jupiter et de Saturne sur cette
grande conjonction. Sera-ce la fin du régime capitaliste, une réforme
capitaliste ou un nouveau régime ? Ce qui est certain, c’est que nous entrerons
dans un monde nouveau. »
Quelques années plus tard, à la faveur d’une demande de
prévisions du journal régional « L’Yonne républicaine » pour le nouvel an 1953,
j’allais saisir l’occasion pour évoquer la clôture d’un grand cycle planétaire
cette année-là, celui de Saturne avec Neptune, lié au communisme et à l’Union
soviétique en particulier, en y signalant qu’à la conjonction précédente des
mêmes astres en 1917 le parti bolchevik avait pris le pouvoir en Russie, un
parti révolutionnaire venu lui-même du temps de la conjonction antérieure des
mêmes astres de 1882. L’achèvement de son parcours devait être entendu comme
signifiant une fin et un renouveau les concernant, annonçant ainsi « une relève
du pouvoir au Kremlin ». À la surprise générale, Staline disparaissait le 5
mars 1953.
"Sternhimmel", par mo0onwalker sur FlickR |
Parallèlement à cette formulation finale, j’en avais suivi
les phases successives. Attente d’une détente et d’une construction au sextil
Saturne-Neptune de 1959 : le XXIe congrès, l’amorce de la coexistence
pacifique, Camp David, l’essor économique et la course prestigieuse à l’espace.
D’une tension et d’une rupture au carré de 1963 : crise des fusées de Cuba et
scission Moscou-Pékin (au carré du cycle précédent, c’était la rupture
Staline-Trotsky). D’une prospérité générale au trigone de 1965-1966 :
coexistence pacifique, de Gaulle à Moscou et Kossyguine à Paris, rencontre de
Glassboro, essor économique et technologique. Au sesqui-carré (carré plus
semi-carré) de 1968 allait se présenter l’intervention des chars soviétiques en
Tchécoslovaquie. À l’opposition de 1970-1971, l’expansion soviétique – du Caire
à Hanoï en passant par Delhi – est à son apogée, mais le régime entre dans sa
phase de déclin, sur le champ symbolisé par le Nobel du dissident Soljenitsyne,
ravage intérieur accompagné du passage du flambeau de la révolution de Moscou à
Pékin, nouvelle idole du communisme, etc.
Je devais être plus explicite dans « Le Pronostic
expérimental en astrologie » (Payot, 1973), un quart de siècle avant les
événements : « À peu d’années de là, nous découvrons un trio planétaire tout à
fait exceptionnel : Saturne, Uranus et Neptune se rencontrent au début du
Capricorne au cours des années 1988 et 1989, plus significative étant l’année
1989 avec la triple opposition de Jupiter à cette conjonction. C’est ici que
pourrait se fixer le sort de l’humanité pour tout le XXIe siècle. Nous avons vu
notre société moderne capitaliste évoluer tout au long du grand cycle
Uranus-Neptune depuis le début du siècle dernier. Nous avons vu également
démarrer la dernière conjonction Saturne-Uranus de 1942 et la dernière
conjonction Saturne-Neptune de 1953, les USA d’un côté et l’URSS de l’autre
étant lancés dans une compétition à la suprématie mondiale ou à une formule de
société universelle. Or, ces deux partants arrivent ici en fin de course, au
même point et au même moment, comme pour se fondre en un unique courant. Cette
destination commune et unique de 1989, c’est l’échéance à laquelle le monde
tend à se renouveler pour enfanter une société nouvelle. De sorte que le grand
rendez-vous de notre histoire tend à se présenter, après le profond
bouleversement de 1982-1983, à ce triple croisement astral. » Le «profond
bouleversement de 1982-1983 » en question, ce devait être, chargé de mort,
surtout la venue du sida ; et porteur de naissance, l’avènement mondial de
l’ordinateur personnel.
J’avais même déjà livré une formulation semblable de la même
conjoncture quelques années plus tôt, dans « Les Astres et l’Histoire »
(Jean-Jacques Pauvert, 1967) : « Cette triple rencontre planétaire, la plus
importante réunion astrale de tout le XXe siècle (…), deux relances historiques
(…), l’Américain et le Russe sous les espèces du principe capitaliste et du
principe communiste (…). Ces deux partants sont en fin de course, l’un et
l’autre, pour la dernière destination de 1988-1989, à l’échéance de laquelle le
monde tend à se renouveler pour enfanter une société nouvelle. Indubitablement,
le grand rendez-vous de notre histoire tend donc à se présenter à ce triple
croisement linéaire qui va de 1988 à 1993. »
D’autres textes allaient marteler cette même conclusion et
le dernier en date, paru dans « L’Astrologue » n° 85 du premier trimestre 1989
: « Orages sur 1989-1990 », devait toucher du doigt ce qui allait arriver, en
faisant parler un nouveau cycle : « Ainsi, la seule opposition Jupiter-Saturne
en elle-même (septembre 1989 à juillet 1990) est informatrice d’un tournant
critique pour la Communauté
européenne, directement mêlée à la crise nouvelle, condamnée à traverser une
épreuve majeure avant de se présenter à son échéance historique de 1992. Mais
surtout, il faut retenir que Jupiter passera à l’opposition de la conjonction
Saturne-Neptune dans cette même période de septembre 1989 à juillet 1990.(…)
Cela peut signifier un temps d’extraversion de courants révolutionnaires
jusqu’à l’éclatement, ce qui promettrait des débordements populaires, massives
descentes de rues avec risque de renversements de pouvoir. On songe à la
possibilité de coups d’éclat de ce genre pour des pays qui étouffent comme la Roumanie , des pays de
l’Europe de l’Est maintenus sous le carcan comme la Tchécoslovaquie … »
.
La chute absolument inattendue du mur de Berlin le 9
novembre 1989, avec la cascade de disparitions des « démocraties populaires » -
résultat d’une avalanche de descentes de rues dans tous les pays de l’Europe de
l’Est, même sous le froid et la neige en Roumanie – allait conduire en juillet
1990 à la réunification des deux Allemagnes, puis à la fin de l’Union
Soviétique en 1991, ce qu’allait suivre encore l’étape Maastricht de l’Union
européenne de 1992 !
"NYC snow globe", par Miles Davis Smiley sur Flickr |
Conclusion
Désormais est donc identifiée la souche géophysique de
l’exploration astrologique, quel que soit le contenu de ses propriétés ou la
nature de l’accord vibratoire de son point de suture, la phase ascendante des
cycles planétaires (temps de génération) rapprochant les centres solaire et
planétaire l’un de l’autre, et sa phase descendante (temps de corruption) les
en éloignant, synchronisation des oscillations convergentes et divergentes
soli-planétaires, ce substrat astrophysique se prêtant ainsi idéalement à une
lecture astrologique. L’établissement de ce pont peut, dans l’état présent,
s’énoncer ainsi : passant du dixième mouvement des « perturbations » de la Terre à l’indice cyclique
qui en expose un déroulement chronologique, de la même manière qu’il y a d’autant
plus d’activité solaire que le Soleil est décentré par rapport au système
planétaire, avec ses répercutions terrestres, il y a, parallèlement, d’autant
plus d’agitation dans le monde (en crise ou renouveau) que les planètes
s’approchent de l’état de conjonction, temps des plus grandes turbulences de
l’histoire (les 14 années des deux guerres mondiales totalisent 11 grandes
conjonctions, sur un champ où 13 autres se disséminent, sur une cinquantaine
d’années ; 2 tombent en 1914 suivies d’une 3e en 1917, 3 en 1940-1942, suivies
d’une 4e en 1943, puis 2 en 1968-1969…) Telle est la pierre angulaire d’un
débat décisif sur l’astrologie qui s’impose, partie émergée d’un iceberg. Un
problème est maintenant posé à l’historien des sciences : avec la lecture de la
reproduction de Flammarion, l’astrologue se fraye le passage par un champ
sémantique du devenir – le langage astral - là où l’astronome demeure muet face
aux phénomènes célestes qu’il observe.
Et faut-il encore renouveler le défi prévisionnel en annonçant
maintenant un cap historique particulièrement critique pour la planète avec la
conjonction Jupiter-Saturne-Uranus à l’opposition de Neptune de 2080 ? Outre
l’indice cyclique actuel qui pique du nez vers sa première chute séculaire de
2010 …
Mais rien n’est plus difficile que de renverser le préjugé
établi d’une communauté d’hommes de science dont la spécialité expose à une
inadéquation de jugement sur sa voisine astrale tellement à ses antipodes,
comme il en est de l’état d’esprit dominant des astronomes et astrophysiciens
vis-à-vis de l’astrologie, naturellement aussi – et on les comprend sur ce
point - en répugnance compréhensible du spectacle d’une pratique confinée dans
son ghetto et livrée au populaire. Cette corporation en reste de la sorte au bord
du chemin, croyant savoir la vérité sur son compte et ignorant qu’elle s’en
tient à un véritable préjugé collectif.
Cette fermeture d’esprit n’empêche pas de devoir se poser
sérieusement la question à son sujet, comme le préconise l’historien des sciences
Pierre Thuillier quand il déclare légitime de savoir d’abord « ce que vaut
l’astrologie par comparaison avec les sciences proprement dites ». Car, aucune
preuve scientifique formelle ne l’ayant anéantie, n’étant que décriée en vain
par ses adversaires selon ce qu’ils croient savoir d’elle – témoin cette
ritournelle d’un zodiaque chamboulé par la précession des équinoxes, se
trompant de cible comme si l’on se savait pas que c’est la géophysique de
l’immuable cycle annuel du Soleil qui confère leurs attributs aux signes,
vocable étendu gratuitement à de vaines constellations accompagnatrices… - n’y
aurait-il pas, en fin de compte, au moins une part de vérité dans la
spéculation de la Grande
Année que, dans son magistral « Système du Monde », Pierre
Duhem qualifie de « dogme le plus éminent de l’astrologie » ? Est-ce si stupide
de concevoir ce compendium d’une périodicité de l’univers dont l’unité
rythmique commence et finit à un point zéro, à l’image d’un big-bang, qui
fonctionne de toute façon au niveau du cycle planétaire ? Ce thème cosmologique
est d’abord l’héritage culturel d’une haute tradition qui ne pouvait avoir dans
l’histoire de la pensée humaine plus noble lignage ni plus vaste consensus
universel, venu de Pythagore, Platon et Aristote et repris en chœur par tant de
grands esprits.
Et il n’est pas si simple de se débarrasser à bon compte
d’un tel « mythe » des anciens. Au cœur de la vie, l’être humain porte en soi
un Homme universel contenant le devenir de l’humanité, dont l’esprit reflète et
restitue la loi de son milieu naturel. Fondée dans les dimensions de l’espace
et du temps, l’âme humaine, en tant que principe de vie identifiée à la force
animatrice du monde, adhère au fondement ordonnateur de l’univers, habitée
qu’elle est donc par une telle « image primordiale » du devenir cosmique.
Il y a là, assurément, matière à un débat de fond. Au milieu
du siècle dernier où régnait la vision quasi-pascalienne d’un l’Homme seul dans
l’immensité indifférente des cieux d’où il avait émergé par hasard, un
rationalisme radical tenait à se désengager du milieu, stigmatisant «
l’ancienne alliance » d’un animisme unissant l’Homme à la Nature , niant ou annulant
ce lien dans un souci d’objectivité. Disposition qui se heurte, néanmoins, à
une vision universelle selon laquelle l’évolution de la biosphère jusqu’à
l’homme serait dans la continuité sans rupture de l’évolution cosmique
elle-même, étant admise la profonde et rigoureuse unité, à l’échelle
microscopique, du monde vivant tout entier, par quasi-identité de la chimie
cellulaire dans la biosphère entière. D’autant plus que la physique quantique
débouche sur un principe de non-séparabilité consacrant l’indivisibilité de
l’univers, en considération d’un principe anthropique selon lequel
l’observateur est en interrelation avec l’objet observé. N’y aurait-il pas là
la voie d’un retour au point de départ de l’intuition philosophique de
l’astrologie, laquelle avait prôné l’unité du monde dont l’interdépendance des
parties lie silencieusement l’Un au Tout, ne fût-ce que discrètement ?
Devant un tel débat, le principe d’un programme de Grande
Année inscrit dans la trame de l’univers ne peut être rejeté à priori et
demande une fois pour toutes à être pris enfin en considération. Il faut le
dire au grand jour : il n’est plus absurde d’interroger Gaïa, notre planète,
parmi le champ cosmique d’Ouranos, dans la perspective d’être éclairé sur notre
devenir grâce à cette élévation au-dessus de notre propre globe terrestre.
Malgré la résistance d’un surmoi autistique qui verrouille collectivement
maints savants tournés vers le céleste, comme s’ils devaient s’interdire
d’aller librement jusqu’au bout d’eux-mêmes.
On en est encore à André Danjon, prestigieux directeur de
l’Observatoire de Paris au milieu du siècle dernier, déclarant dans une
interview au « Petit Parisien » : « Je peux simplement vous dire que vous ne
trouverez pas un seul astronome croyant aux influences astrales. » Comme s’il
fallait « croire aux influences astrales » sans plus s’interroger là-dessus ! Faut-il
se heurter là à un préjugé schizoïde qui refuse de poser l’Homme, particule
d’univers, produit de la Terre
et du Cosmos et ultime jalon de l’évolution, au centre de la vie cosmique ?
Déjà, dans sa réputée « Astrologie grecque » (1899),
Bouché-Leclercq avançait : « On peut écrire l’histoire de l’astrologie
maintenant qu’elle est définitivement morte. ». Alors que le cadavre n’était
pas refroidi, allait se substituer à lui un fantôme hilare. Le fameux manifeste
de 1975 de la revue américaine « The Humanist », signé en pétition par 192 «
scientifiques éminents », dont 19 prix Nobel - combien d’entre eux avaient-ils
mis seulement le nez dans un bouquin astrologique ? – concluant que notre
connaissance « n’a aucune base scientifique et que les preuves de sa
non-existence sont bien établies » ne fait pas mieux, tout à la fois en matière
de compromission par ignorance véritable du sujet, de condamnation erronée
(pour ne pas dire mensongère) et d‘abus manifeste du principe d’autorité ! 114
autres parmi la même compagnie, tel le protestataire astrophysicien Carl Sagan,
refusèrent toutefois de jouer les moutons de Panurge.
Or, tant que l’on en restait au milieu du gué, à croire
seulement que le passé s’alignait sagement sur la configuration, on pouvait
s’autoriser à nier ou à douter , mais cela devient moins tolérable depuis que
l’on fait le saut sur l’autre rive, où la prévision réussie se présente comme
un aboutissement du savoir. Opération reconductible …
Il faudra bien considérer comme un fait établi que
l’expérimentation prévisionnelle des cycles planétaires livre au moins des
résultats, même si l’on n’a pas encore les moyens scientifiques d’en fournir
une pleine explication, la dynamique du fruit de la connaissance étant de toute
façon préférable au statique immobilisme du préjugé. Tôt ou tard, on sera tenu
de restituer à l’astrologie sa part de vérité.
Selon Pierre Thuillier lui-même, « le déclin de l’astrologie
au XVIIe siècle n’est pas le résultat d’une critique purement rationnelle,
d’une démonstration en bonne et due forme. En fait, cette prétendue science n’a
pas été réfutée ; elle est tombée en désuétude. » (« D’Archimède à Einstein »,
Fayard, 1988). Devenue obsolète, en quelque sorte, sous la caustique d’un
cartésianisme réducteur qui sape alors seulement son « idée-force », le rejet
mou qui l’évacue n’installe qu’une simple « idée reçue » sans fondement, son
fond de vérité devant pourtant déloger celle-ci en fonction d’une évolution de
l’être humain découvrant la subtilité de sa vie intérieure profonde, jusqu’à
aboutir à une résurrection en discipline renouvelée. S’il n’existe pas encore
au sein du paradigme scientifique de « modèle » constructible dans lequel
pourraient s’insérer les « faits » astrologiques, ceux-ci n’en sont pas moins
là et obligent le monde scientifique à combler cette lacune, sans nul doute à
son profit.
Et puis, il n’y a pas que l’expérience prévisionnelle
mondiale qui interpelle – livrée ici à deux seuls cas – car c’est le dossier
entier de l’astrologie qui se trouve ouvert à nouveau pour une révision de son
statut. Ce qui nous oblige à revenir sur le terrain de l’astrologie
individuelle avec les débats statistiques antérieurs sur lesquels ses
adversaires ont été mis à l’épreuve d’une façon inattendue.
Une première génération de statistiques s’est présentée avec
les affrontements de Michel Gauquelin (initialement adversaire finissant
défenseur partiel malgré lui) face à trois organismes rationalistes : le «
Comité para » belge, l’américain « Committee for the Scientific Investigation
of Claims of the Paranormal » et le « Comité français pour l’étude des
phénomènes paranormaux » sous l’égide de « Science et Vie ». Débats dont il a
fait part dans son ouvrage : « La vérité sur l’astrologie » (Le Rocher, 1985).
Lesquels finirent par se concentrer sur la question de savoir si une présence
particulière de Mars observée au lever et à la culmination supérieure de
champions sportifs pouvait valider la cause astrologique. Cas retenu d’une
façon exclusive, comme s’il devait s’agir d’un accident fortuit.
Position de Mars chez 3 142 militaires (maréchaux, généraux, amiraux, officiers) |
Position de Saturne chez 3 305 savants (académiciens des sciences et de médecine) |
Position de Mars chez 1 485 champions sportifs |
Position de Jupiter chez 1 270 acteurs (vedettes) |
Résultat d’ensemble sur 25 000 cas dépassant cinq fois l’écart probable |
Source : « Les hommes et les astres », Michel Gauquelin,
Éditions Pardès, 1992
Alors que le même phénomène se reproduit en série comme le
montre les graphiques ci-dessus à droite, extraits de son livre « Les hommes et
les astres » (Denoël, 1960). Non seulement pour Mars également avec les chefs
militaires et les médecins-chirurgiens, mais aussi avec Saturne et les hommes
de science, Jupiter et les politiques comme les acteurs, Vénus et les artistes,
la Lune et les
littéraires… Ce qui se répète ici en un faisceau unifié, c’est à la fois la
concordance symbolique du tempérament planétaire traditionnel avec sa catégorie
professionnelle correspondante et la position des astres aux mêmes deux lieux
privilégiés du mouvement diurne. Bref, c’est à chaque fois l’astre attendu qui
est venu se pointer et aux lieux où on
l’attendait. Refuser de considérer l’ensemble relève d’une affligeante myopie
intellectuelle, sinon d’une indécente mauvaise foi. D’autant que le phénomène
se renouvelle dans la comparaison parentale : l’enfant a tendance à naître au
lever ou à la culmination de la même planète qui s’était levée ou avait culminé
à la naissance de son père ou de sa mère, témoignage d’une transmission de
tempérament planétaire commun.
Admettons, à la rigueur, que les résultats, si évidents
qu’ils apparaissent visuellement, soient jugés trop faibles pour vraiment
s’imposer. Le constat de cette minceur fait comprendre l’éclipse de
l’astrologie au temps cartésien du doute, subtile par nature étant la «
détermination astrale », mais que nous ne pouvons plus tenir pour nulle
aujourd’hui que nous en savons plus sur la subtilité elle-même de l’être humain
en ses profondeurs psychiques. Ne serait-ce pas ainsi reculer pour mieux sauter
dans l’addition de nouveaux bilans ? Une nouvelle génération arrive qui, cette
fois et en force, met en scène tout une population nationale et introduit le
Soleil lui-même au cœur des trois primordiales manifestations de la vie humaine
: s’accoupler, procréer et décéder.
Telle nous arrive l’exploration effectuée par Didier
Castille, muni cette fois des ressources de l’INSEE, qui révèle ce triple
apport du phénomène solaire :
- Du lot des 6,5 millions de mariages français qui ont été conclus au cours des deux décennies 1976-1997, il apparaît que les unions s’accroissent progressivement à mesure que se rapprochent les anniversaires de naissance des époux, et le maximum d’unions survient – pointe centrale d’un accent circonflexe étendu sur l’année – lorsque les « conjoints » célèbrent ensemble leurs anniversaires le même jour du calendrier. Ce qui se prête à l’expression d’un attrait narcissique du semblable poussant à l’accouplement.
- Du lot des 16,7 millions d’enfants nés en France entre 1977 et 2000, un phénomène identique se reproduit lorsque le couple engendre : des mêmes unions sont venues d’autant plus de naissances que l’accouchement se rapproche de l’anniversaire natal de l’un des parents (Cf. figure ci-dessus : pères-enfants), pour tomber sur un maximum de parents-enfants nés le même jour de l’année. Ce qui exprime une composante de reproduction du semblable de la parenté, telle une souche commune.
- D’une totalité portant sur 9,9 millions de personnes, c’est à la date de leurs anniversaires que surviennent le plus de décès. Un simple petit indice de bouclage de cycle.
Il existe donc, enfin, un ensemble de bonnes raisons de se pencher, cette fois plus sérieusement, sur le dossier de l’astrologie ; quoi qu’il en soit, tôt ou tard, cette réhabilitation s’imposera. Mais, pourquoi ne pas céder déjà à la tentation de faire enfin la lumière sur ce qu’il y a d’authentique dans l’art d’Uranie, délivré de ses sortilèges ?