L'ASTROLOGIE KABBALISTIQUE, par Abel HAATAN

La tradition nous enseigne l'existence de génies veillant sur l'homme pendant son passage sur cette terre. Pour la métempsycose, la forme nouvelle corresponde aux aspirations d'une existence passée. La pratique traditionnelle est présentée ici, pour arriver à la connaissance des hiéroglyphes sacrés dont le nom d'un génie est formé, à partir de la figure du ciel de la naissance.
 

 Article original paru dans la revue l'Initiation n°4 volume 22
Avec l'aimable autorisation de la revue "L'Initiation"

 
 
 
 
 
 
   
 
La tradition nous enseigne l'existence de génies veillant sur l'homme pendant son passage sur cette terre, mais cette conception se formule difficilement en l'esprit de quelques uns ; aussi les voit-on errer entre une irréalité complète et une existence anthropomorphique. Avant de fournir le moyen de les connaître, qu'on nous permette de présenter quelques explications tirées des vieux maîtres occultes.

Le Dogme formulé si magnifiquement par Éliphas Lévi, du Verbe créateur de l’homme, telle est la source des développements futurs et en même temps de l'existence de ces génies.

Ainsi qu'il fut enseigné en une admirable peinture de l'évolution de l’être posthume, par ses aspirations et par ses désirs l'homme s'entoure continuellement d'idées vivantes, constituant son idéal et formulant son exact état d’âme. Par là se forme cette puissance, résultat d’une existence humaine, qui devra se déployer en une autre vie et à l’exercice de laquelle présidera un génie.

Il dépend de notre âme que cette puissance nous rapproche de la vie instinctive ou nous élève au contraire dans les sphères de l’intellectualité pure, car l’idéal dirigera en une existence prochaine vers le plan convenant exactement à la réalisation des désirs dont il fut créé.

Cette toute-puissance se manifeste très lumineusement dans les anciennes mythologies, et lorsque, d'après la métempsycose, les anciens enseignaient que la forme nouvelle correspondait aux aspirations d'une existence passée, réincarnant par exemple dans le corps de bêtes féroces ceux qui s'abandonnaient à une colère aveugle, le sens de ce symbole était clair pour ceux qui savaient débarrasser du voile la vérité enclose en leurs fictions.

Nous pouvons donc apercevoir les actions réciproques de l’âme et de la puissance de l'idéal et en tirer la marche à suivre en cette vie ; cependant il est un arcane se rattachant davantage à la magie cérémonielle et dont nous allons exposer le mystère.

Notre génie est le principe immédiatement supérieur à celui dans lequel nous agissons, et, d’autre part, au dire des sages, nous pouvons par un ardent désir, à l'aide de certains rites et cérémonies, l'atteindre et fusionner avec lui. Telle est la base en effet de toutes les invocations et de toutes les pratiques en cette voie. Nous croyons avoir suffisamment parlé pour préparer la route aux développements personnels ; aussi allons-nous présenter la pratique traditionnelle pour arriver à la connaissance des hiéroglyphes sacrés, dont le nom d'un génie est formé.

Suivant Agrippa, les hommes et les œuvres possèdent des génies qui veillent à leur existence. En effet, on conçoit facilement qu'en toute œuvre entreprise il se trouve un instant où passant en réalisation, elle semble naître à la vie physique. Les méthodes suivantes seront donc applicables aux uns et aux autres, ce que faisaient les anciens à qui nous les devons et Agrippa qui les cite en ses IIIe et IVe livres.

Nous croyons devoir présenter tout d'abord l'explication de quelques termes et l’exposition de quelques opérations dont l'usage purement astrologique pourrait être ignoré.

Les Arabes nomment hylégiaques les cinq lieux suivants :
  •     Lieu du Soleil ;
  •     Lieu de la Lune ;
  •     Ascendant ;
  •     Partie de fortune ;
  •    Lieu de la conjonction ou de l'opposition des Luminaires ayant précédé immédiatement la naissance.
Les opinions varient un peu à ce sujet, mais nous avons cru devoir préférer celle-ci tant à cause de l'importance des lieux choisis que de la renommée de ceux qui la professent, parmi lesquels nous citerons Schonerus (1) et Alchabitius (2).

Enfin, par Almuten on entend la planète qui possède le plus de dignités, en l'un de ces endroits et dans le lieu qu'il occupe dans la figure et dans le jour et l'heure de la nativité.

Voici comment se comptent ces dignités :
  •     Au maître de la maison : 5 dignités
  •     Au maître de l'exaltation : 4 dignités
  •     Au maître de la triplicité : 3 dignités
  •     Au maître du terme : 2 dignités
  •     Au maître de la face : 1 dignité
  •     À la planète en maison I : 12 dignités
  •     À la planète en maison X : 11 dignités
  •     À la planète en maison VII : 10 dignités
  •     À la planète en maison IV : 9 dignités
  •     À la planète en maison XI : 8 dignités
  •     À la planète en maison V : 7 dignités
  •     À la planète en maison II : 6 dignités
  •     À la planète en maison IX : 5 dignités
  •     À la planète en maison VIII : 4 dignités
  •     À la planète en maison III : 3 dignités
  •     À la planète en maison XII : 2 dignités
  •     À la planète en maison VI : 1 dignité
  •     Enfin 7 dignités à la planète qui gouverne le jour ou la nuit de la nativité et 6 à celle qui gouverne l'heure.
Connaissant ce qui précède, la première opération consiste à dresser la figure du ciel pour l’heure de la naissance, ou pour celle du début d'une entreprise. Après quoi on projette depuis l'ascendant, par tous les degrés et selon l'ordre des signes, les lettres hébraïques. On examine alors quelles sont celles de ces lettres tombées au-dessus des planètes considérées comme Almuten, c’est-à-dire possédant le plus de dignités en les lieux hylégiaques, et, les coordonnant suivant l’importance des places qu'elles occupent, on en forme le nom du génie.

Cette méthode étant renversée, c'est-à-dire le point de départ de la projection étant fixé à l’occident et le mouvement ayant lien contre l'ordre des signes, fournit le nom du mauvais démon.

Certains portent leur attention sur les quatre points du ciel et réunissent les lettres tombées au-dessus des planètes, qu'un examen antérieur a indiquées comme possédant le plus de dignités en ces lieux. Là aussi le nom se forme d'après un ordre indiqué par le plus ou moins de mérite des planètes envisagées.

Cependant ces opérations s’adressent plutôt à celui qui, ayant obéi à la fatalité, cherche cependant à connaître les conséquences d'un acte aveuglement produit. Le sage connaît les influences des cieux sur notre monde sublunaire et sait en prévoir les qualités dans l'avenir, quelque éloigné soit-il. La science lui fait connaître l'instant propice où régnera l'accord le plus parfait entre l'influx des mondes supérieurs et les besoins de l'œuvre à réaliser. Aussi choisit-il son heure longtemps à l'avance et lorsqu'il permet à son idée de revêtir une forme, il est tranquille, car il n’ignore pas que les planètes les plus favorables viennent saluer sa naissance. Pour lui il n'y a donc qu'à réunir les lettres correspondant aux planètes qu'il a su choisir et à les grouper suivant l’importance qu'il voulut bien accorder à ces dernières.

Avant de terminer, je citerai encore une méthode, basée sur les lieux hylégiaques. Ces lieux étant déterminés, on projette depuis le Bélier, par tous les degrés du Zodiaque et selon l'ordre des signes, les lettres hébraïques. On forme alors le nom du génie en recueillant les lettres qui viennent tomber aux degrés des dites places dont le plus ou moins de dignité sert à les classer.

Cette opération, faite depuis la Chèvre et contre l'ordre des signes, fournit, en coordonnant les lettres tombées au-dessus des points opposés aux lieux hylégiaques, le nom du mauvais génie.

Pour conclure, nous ferons observer que les traités laissés par les anciens sur ce sujet sont innombrables ; aussi notre but ne pouvait être que d'en présenter une faible partie en l’accompagnant des enseignements astrologiques nécessaires ; puisse-t-elle éveiller en quelques-uns le désir d'en apprendre davantage et les engager à profiter de ce point d'appui tout-puissant accordé par Dieu à la foi et à la volonté du juste pour lui permettre de s'élever dans les régions lumineuses où brille, dépouillée du voile des subjectivités, la lumière une de la vérité éternelle.

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(1) Schonerus J., De Judiciis nativitatum.
(2) Alchabitius, Opus ad scrutanda, etc.

 

 
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