LES IDÉAUX DES SIGNES, par Charles CARTER

Astrologue anglais influent et respecté tout au long du 20e siècle, président de l'Astrological Lodge pendant plus de trente ans et rédacteur en chef de la revue "The astrological magazine", Charles E. O. Carter a composé de nombreux ouvrages indispensables. Dans ce qui suit, il livre sa vision des caractéristiques idéales de chaque signe.


 
 
Article paru dans "The Astrologer’s Quarterly", revue trimestrielle de la Loge Astrologique de Londres (Astrological Lodge of London), premier numéro, décembre 1926. 
 
Cet article est la transcription d'une conférence donnée devant la "Astrologival Lodge of London" en mars 1925.
 
 
 
 
 
 
 
LES IDÉAUX DES SIGNES, par Charles CARTER
Le Bélier sur une façade de l'Innrain, à Innsbruck, en Autriche
Lorsque l’on passe de l’un des signes les plus négatifs au Bélier, on ressent presque la ruée de la vie arriver sur soi. Le nom même suggère la liberté, le plein air, et peut-être l’affrontement des armes, se croisant en combat loyal, tout comme au nom du douzième signe on semble entendre quelque chose de mélancolique et lointain, et le gémissement de grandes eaux.
Le Bélier est-il vraiment le premier signe du zodiaque ? On est tenté de penser que la distinction devrait bénéficier au Lion, signe du Soleil et de la Naissance, et on soupçonne qu’à cet égard, comme si souvent dans la vie réelle, le Bélier a poussé vers l’avant. En tout cas, beaucoup d’entre nous acceptent son désir de mener et sont heureux qu’il y ait au moins un douzième de l’humanité qui aime les coups durs et les positions les plus exposées dans les lignes de bataille. Cependant, que le premier soit le Bélier ou le Lion, il ne faut pas nier que ce sont vraiment les signes fixes qui forment l’épine dorsale du zodiaque ; ils sont les grands magasins ou réservoirs de la force émotionnelle, et nous pouvons comparer les signes cardinaux à des fleuves d’action, dans lesquels ces réservoirs débordent. Et des quatre fleuves, il n’y en a sûrement pas de plus turbulent que le Bélier, dans lequel le cœur incandescent du Lion se déverse dans la manifestation.

L’expression de soi est la note clé du Bélier, et non pas expression de soi en mots ou en pensées, mais en faisant les choses. Il passe peu de temps en pensées ou en préparation, mais aime prendre les armes et sauter dans la mêlée. Il n’a aucun pouvoir de coopération : si vous aimez suivre sa bannière, vous pouvez, mais le Bélier ne prend jamais la peine de regarder en arrière pour voir si vous êtes là ou pas, bien que son indignation ne connaisse pas de limites s’il découvre à la fin de la bataille que vous avez osé vous en tenir à l’écart ou même favoriser ses opposants. Différer du Bélier, c’est devenir à la fois, à ses yeux, un scélérat, un hérétique et un traître sans vergogne. Si le Bélier courtise une dame, par exemple, elle ferait bien de se décider rapidement ; lui le fait, car si, après lui avoir accordé le moindre encouragement ou sympathie, elle décide d’en préférer un autre, il la proclamera comme l’exemple le plus épouvantable de la trahison libidineuse qui ait jamais marché sur terre depuis l’époque de Cressida.

Un autre trait que personnellement je trouve très marqué chez les Bélier est leur incapacité à admettre qu’ils ont été équitablement battus. C’est une caractéristique très notable chez les Anglais, dont on dit traditionnellement qu’ils sont sous ce signe, sauf qu’ils poussent l’idée un cran au dessus et refusent généralement d’admettre qu’ils ont été complètement battus. Ceci est très habilement présenté par George Bernard Shaw dans le personnage du prêtre anglais Stogumber dans "Sainte Jeanne", ainsi que d’autres particularités du Bélier. Lorsque l’évêque français explique qu’il est de son devoir d’essayer de sauver l’âme de Jeanne si elle le lui permet, et qu’il déclare qu’il ne sera pas un simple outil politique entre les mains du comte de Warwick, le pauvre Stogumber perd complètement le contrôle de lui-même et traite l’évêque de traître, une épithète dont ce dernier s’indigne, naturellement. Warwick jette de l’huile sur le feu en expliquant que le mot traître "n'a pas la même signification en Angleterre qu'en France. Dans votre langue, traître signifie, qui est perfide, infidèle, déloyal. Dans notre pays, ce mot signifie tout bonnement qui n'est pas pleinement dévoué à nos intérêts d'Anglais." Quand l’évêque fait remarquer que tous les Anglais sont des hérétiques, Stogumber est encore indigné : "Sa seigneurie est hors de lui. Comment ce qu'un Anglais croit peut-il être une hérésie ? C’est une contradiction dans les termes." Stogumber est l’ennemi implacable de la Pucelle jusqu’au bout, jusqu’à ce que, après s’être précipité pour la voir brûlée, il trébuche en arrière sous un remords violent qui déplace partiellement sa raison. Cela est fidèle à la nature ; le Bélier est loin d’être un signe cruel ou insensible, bien qu’il ait souvent une manière rude et agisse fréquemment sans anticiper le résultat de sa conduite.
Un portrait plus idéal du Bélier nous est montré dans "L’heureux guerrier" de Wordsworth ; en effet, c’est le portrait du Bélier et de la Balance réunis. Certaines des lignes sonnent très fidèlement au Bélier (traduction libre) :

Mais qui, appelé à faire face
À quelque terrible moment auquel le Ciel a joint
De grandes questions, bonnes ou mauvaises pour le genre humain,
Est heureux comme un amant  ; et paré
Avec un éclat soudain, comme un homme inspiré ;
.../...
Ou quand un appel inattendu survient,
Arrive quand il doit, équivaut à la nécessité :
Lui qui, bien qu’il soit ainsi doté d’un sens
et d’une faculté pour la tempête et la turbulence,
Est pourtant une âme dont le parti pris majeur tend
Aux plaisirs domestiques et aux moments simples.


Les décisions rapides viennent facilement au Bélier, et bien qu’elles conduisent à des erreurs, celles-ci sont parfois glorieuses.
Shaw, que j’ai cité, dont on pense qu’il est lui-même né sous le Bélier, semble aimer le type Bélier, bien qu’il ridiculise certaines de ses faiblesses. Jeanne elle-même, telle qu’il la dessine, est de type Bélier, avec son impétuosité et son amour du combat et sa décision d’affronter le feu plutôt que d’endurer la prison à vie. Bélier, aussi, est son manque de soin ou de retenue devant ses juges, et son insistance sur le terrain pour que les troupes attaquent.
Restant avec Shaw dans "Retour à Mathusalem", Cain illustre le côté inférieur de l’influence martienne ; en fait, il représente le Feu (au sens astrologique) comme Adam représente la Terre, Ève l’Eau, et le Serpent l’Air. L’acte 2 de Mathusalem attire l’attention de l’astrologue.
En termes simples, l’idéal du Bélier, alors, est d’avoir sa façon propre, et de préférence une façon plutôt rugueuse et épineuse. Un ascendant Bélier est un instrument puissant, et beaucoup dépend de la sagesse qui le guide.

LES IDÉAUX DES SIGNES, par Charles CARTER
Le Taureau en décor de fenêtre à
Garmisch-Partenkirchen, en Allemagne
Le
Taureau semblera à beaucoup différer du Bélier comme le lait et le sang. Pourtant, ils ont un point en commun : les deux aiment suivre leur propre chemin et ni l’un ni l’autre ne coopère facilement. Le Bélier, cependant, suit sa propre route ouvertement et avec challenge ; le Taureau ne dit rien, mais agit tranquillement comme si les volontés et les souhaits des autres devaient nécessairement s’aligner automatiquement sur les siens. Quand une brèche s’ouvre, le Taureau refuse de bouger, ce qui mène à une impasse complète, jusqu’à ce que quelqu’un perde patience et cède, et c’est rarement le Taureau. À cet égard, le Taureau est exactement l’inverse de la Balance, qui ne sait pas être obstinée, et dans un sens, c’est le côté négatif du Bélier. Mais la plupart d’entre nous préféreraient tenter de détourner le Bélier de son but plutôt que le Taureau, car au moins le Bélier est cardinal.


L’idéal du Taureau typique, pour autant que j’ai pu le constater, est un idéal tranquille, et consiste en grande partie à essayer de défier la loi du changement. "Tout coule", dit Héraclite, mais le Taureau s’efforce d’endiguer le flot du temps. On rapporte de la reine Victoria, qui avait son maître dans ce signe, qu’elle a porté cette caractéristique en obsession après la mort de son mari. Tout - les habitudes et les objets ménagers - était conservé dans le moule de fonte d’un système que personne ne pouvait briser. Un chalet à la campagne, des livres, et des chiens, représentaient le retour de l’âge d’or pour elle, où chaque jour serait comme l’autre, et le tout amical, accueillant, éprouvé et digne de confiance.
Peut-être est-ce l’amour de la stabilité qui donne au signe une de ses grandes vertus : une haute estimation de la probité personnelle. Il n’y a pas de signe que contrarie plus rapidement le moindre affront à son intégrité financière, ou qui s’attend à ce qu’on se fie davantage à sa parole. Une fois une décision prise, elle est pour eux inaltérable. La déesse romaine Fidès - Fiabilité - est très chère au Taureau, et si la jeune fille Taureau est souvent assez légère, alors la légèreté - le traitement des choses sérieuses par un esprit insignifiant - agace le signe. Ils n’aiment pas et se méfient des intellectuels, parce que ceux-ci sont susceptibles d’être changeants et mercuriens, tout comme les Romains n’aimaient pas les "levitas" des Grecs, personne ne sachant jamais de quoi il s'agissait.
L’idéal du Taureau, alors, est la Terre-Mère immuable et une vie de contenu inoffensif près de son giron et près de la vie des créatures qui sont sa progéniture. Le Taureau comprendrait aisément l’esprit exprimé par les lignes de Whitman (traduction Léon Bazalgette) :

Je crois que je pourrais aller vivre avec les animaux, ils sont tellement placides et contenus,
Je reste des heures et des heures à les regarder.
Ils ne s’échinent pas, ne geignent sur leur sort,
Ils ne restent pas éveillés dans les ténèbres à pleurer sur leurs péchés,
Ils ne m’écœurent pas à discuter leurs devoirs envers Dieu,
Pas un seul n’est malcontent, pas un seul n’est rendu fou par la manie de posséder,


Cependant, le Taureau aime posséder des choses, bien qu’il ne manifeste pas souvent de cupidité. Sans possessions d’une sorte ou d’une autre, la vie est incertaine et instable, et de telles conditions déplaisent à tous les signes fixes et surtout au Taureau.

LES IDÉAUX DES SIGNES, par Charles CARTER
Les Gémeaux sur l'horloge de l'hôtel
de ville d'Heilbronn, en Allemagne

Bien qu’il appartienne au triangle d’Air, le signe des
Gémeaux, comme le Bélier et le Taureau, est enclin à la perspective de la séparabilité. Cependant, il discute des différences d’opinion et, en règle générale, il possède le grand don de la douce modération. C’est un bon signe pour les affaires ; lucide et intéressé à recueillir et utiliser des faits. Il ne peut supporter une pensée ou un sentiment négligé, et méprise ceux qui permettent à de telles choses de détruire leur jugement. Ainsi, il fait également figure de champion du sens commun, et son action typique est celle du perpétuel tri des idées afin de séparer le réel de la contrefaçon. Son amour de la dialectique, de l’argumentation et de la discussion contrarie cruellement les signes de Feu, avec lesquels il s’entend assez mal ; son manque de concentration et de continuité irrite les signes de Terre, et son occasionnelle rudesse de perspective le rend parfois impopulaire à l’Eau, bien que, selon ma propre expérience, Gémeaux est souvent attiré par le natif de ce dernier élément.

 
L’intelligence est un autre idéal des Gémeaux. Les Américains sont avant tout un peuple intelligent, inventif et plein d’idées, et ils sont Gémeaux. Les Gémeaux réussissent généralement bien à l’école et brillent dans le débat et la conversation, ainsi que dans la correspondance. Il est peu probable que, par la suite, ils réussissent aussi bien qu’à l’école, du moins en Angleterre. L’intellect, par lui-même, ne mène personne très loin, car il y a peu de force dynamique derrière, ce qui aboutit au leader irrésolu et sans inspiration. En tant qu’organisateur, Gémeaux est en échec, car il néglige le côté cœur de la nature humaine, qui, que Mercure le veuille ou non, doit être pris en compte dans tous nos rapports avec les êtres humains. Il lui manque souvent le contact humain, et ne il "s’abaissera" pas à un appel émotionnel si son public est sourd à son raisonnement.
 
Browning semble bien composer avec le type Gémeaux, comme, par exemple, dans son poème bien connu, "Obsèques d'un grammairien" ; et pour moi, il y a quelque chose de très Gémeaux dans les dernières lignes de "Cléon", une épître métrique envoyée par un philosophe grec en réponse à une enquête sur le christianisme et saint Paul (traduction libre) :

Tu ne peux penser qu’un simple juif barbare,
Tel que Paul se révèle être, un circoncis,
Ait accès à un secret caché de nous?
Il écrit, n'est-ce-pas ? Eh bien, et il peut écrire :
Ô le Juif rencontre des savants! Certains esclaves
Qui ont accosté cette même île lui ont enseigné ainsi qu'au Christ,
et, comme je l’ai appris d’un spectateur,
Leurs doctrines ne pouvaient être tenues par aucun homme sain.


LES IDÉAUX DES SIGNES, par Charles CARTER
Le Cancer en motif de vitrail à la cathédrale
Notre Dame de Chartres, en France

Contrairement aux Gémeaux, qui ont généralement beaucoup à dire et sont généralement prompts à expliquer, le
Cancer est un signe réservé. Tout comme le premier représente la Pensée pure et simple, de même le second est le Sentiment, et de même que les pensées des Gémeaux scintillent et clignotent dans l’interaction changeante, de même les sentiments du Cancer ne sont jamais au repos. Les Gémeaux collectent les pensées des autres, les retournent dans leur esprit et les regardent sous un angle
d’abord puis sous un autre ; le Cancer accumule de la même manière l’émotion à partir de toutes situations qu’il rencontre, les examine et les teste selon ses propres sentiments, leur en ajoutant souvent par l’exercice de sa merveilleuse imagination. Les pensées sont généralement facilement exprimables en mots, tandis que le sentiment (comme nous le disons) est souvent trop profond pour être prononcé, et c’est ainsi que le Cancer est beaucoup moins articulé que les Gémeaux. Le fait même qu’il en va ainsi pousse les sentiments en eux-mêmes et là, ils vont et viennent, et s'expriment, assez souvent, sous forme d’écriture imaginative. Il est presque impossible, si ce n’est pas tout à fait, de trouver la nativité d’un écrivain imaginatif dans laquelle ni ce signe ni son maître ne joue un rôle important. Les Gémeaux ascendant et le Cancer dans la troisième bien occupé (comme, par exemple, dans le cas de Tennyson), est une excellente combinaison pour un écrivain. Le Cancer ascendant et la Lune en Gémeaux est une autre belle configuration.

Le Feu s’exprime dans l’action et est donc moins imaginatif que l’Eau, qui est souvent plutôt timide d’aventures réelles, et donc d’autant plus susceptible de chercher une compensation dans des mondes de fantaisie.
Néanmoins, le Cancer, avec tout son amour pour la maison et le pays, est souvent un vagabond, tout comme, avec toute sa sympathie, il peut se révéler un bon directeur de négoces et un homme d’affaires passionné.
Je n’ai pas été capable de me rappeler aucun poème qui illustrerait le caractère Cancer, mais peut-être les vers tirés de celui de Christina Rossetti, intitulé "Mirage", donnent-ils une idée de ce qu’on pourrait appeler l’atmosphère Cancer (traduction libre) :

L’espoir dont je rêvais était un rêve...
Ce n’était qu’un rêve, et maintenant je m’éveille,
Sans réconfort, usé et vieille,
    Pour l’amour d’un rêve.
Reste immobile, reste immobile, mon cœur fatigué,
Mon cœur silencieux, reste immobile et te brise,
La vie, le monde et moi-même sommes changés
    Pour l’amour d’un rêve.


LES IDÉAUX DES SIGNES, par Charles CARTER
Le Lion, au sol d'une des chapelles
de la cathédrale Notre Dame de Saint-Omer, en France

Il est toujours plus facile de comprendre et de décrire les natures des signes positifs que celles des signes négatifs, et nous constatons que le
Lion se distingue avec un éclat particulier. Fixité et Feu s’harmonisent bien, car les deux sont principalement émotionnels, et le Lion a des sentiments qui sont aussi actifs que ceux du Cancer, et exprimés beaucoup plus librement. Il n’a pas tendance à couver ou à plaindre ; il va de l’avant dans l’avenir inconnu avec une confiance et une foi qui sont plus rares et fragiles chez le Cancer. Et bien qu’il ait ses échecs, surtout en matière de cœur, il rassemble généralement son courage pour vivre pleinement sa vie, et souvent joyeusement. "J’ai eu un goût vif de l’univers" (en français dans le texte) disait Renan au seuil de la mort, et cela exprime une forme d’esprit Lion.


"Donner" est un idéal Lion, et sa générosité ne se limite pas aux questions pécuniaires. Les bons types prennent plaisir à aider les autres avec des conseils, de la sympathie et, surtout, de l’encouragement, et il est toujours le moins égoïste des signes, bien que, bien sûr, il y ait des Lions hypocrites, dont l’aide ne va pas plus loin que les mots.
Généralement, ils sont capables, non pas parce qu’ils sont spécialement intelligents, car l’inverse est parfois le cas et ils sont rarement les moins bons dans le détail, mais parce qu’ils apportent toute la force de leur âme à n’importe quelle tâche qu’ils décident d’entreprendre. Leur attitude s’exprime dans des énoncés tels que "mettre du cœur à l’ouvrage" ou "se conformer à l’esprit des choses". Ils le font facilement et naturellement, et on pourrait presque penser qu’ils ont le don magique de deviner quelle direction le Pouvoir Divin s’efforce de prendre, afin d'être toujours du côté de Dieu et d'avoir l’impulsion créatrice de l’Univers derrière eux. Ils peuvent en effet l’avoir, car leur impulsion est toujours créative.
Leur confiance en eux-mêmes inspire les autres d’une façon que le Bélier et le Sagittaire ne peuvent pas avoir, pour ne rien dire des autres signes. La fixité du Lion crée la foi ; c’est une source sûre et certaine de vie que Tennyson (Soleil en Lion) nous exprime (traduction libre) :

C’est la vie, dont nos nerfs sont faibles,
C’est la vie, pas la mort, pour laquelle nous haletons ;
Plus de vie et plus pleine que nous ne le voulons.

Et c’est l’appel du Lion - il pointe toujours le chemin de la Vie - et, quelle que soit la foi que nous puissions avoir, nous ne nous soucions pas de la voie de la peur, même si nous sommes prêts à la suivre par nécessaire. Notre nature humaine normale et saine se révolte de l’idéal ascétique, sauf comme expédient temporaire. Le moine de Chaucer était un Lion très typique : "Il ne se fatiguerait pas ou ne se rendrait pas fou, comme le dit St. Austin ; comment servir le monde ? Qu’Austin garde ses travaux pour lui!"
Il y a un autre passage très typique du Lion dans cette charmante histoire d’amour médiévale, "Aucassin et Nicolette". Elle est franchement païenne, mais j’imagine qu’elle éveillera une réponse pour beaucoup de cœurs de Lion. Aucassin s'est senti menacé par les conséquences malheureuses de l'après-vie de son amour pour Nicolette et répond (par Maurice Teissier):

Qu'ai-je à faire en paradis? Je n'y désire entrer, mais bien avoir Nicolette, ma très douce amie que tant j'aime. Car en paradis ne vont que telles gens que je vais vous dire : de vieux prêtres, de vieux éclopés et manchots qui nuit et jour, se traînent devant leurs autels.
.../...
Ceux-là vont en paradis ; je n’ai que faire avec eux : mais bien en enfer veux-je aller ; car en enfer vont les beaux clercs et les beaux chevaliers qui sont morts aux tournois et aux belles guerres, et les bons écuyers et les gentils hommes. Avec ceux-là veux-je bien aller. Là vont aussi les belles et honnêtes dames qui ont deux ou trois amis avec leurs barons. Là va l’or, l'argent, les fourrures de vair et de gris, et les joueurs de harpe, et les jongleurs, et les rois du monde.


L’adage moderne, "Je choisirai le paradis pour le climat mais l’enfer pour la compagnie", n’est évidemment que la banalité d’un sentiment qui a eu ses admirateurs il y a des siècles, et qu’il aura probablement toujours, alors qu’il y a la jeunesse, la force et les rayons du soleil, et les enfants du Lion pour se réjouir en eux.
Le Lion est un signe ensoleillé dans tous les sens du terme, et si nous comprenons ce que le Soleil physique est pour nous et pour toutes les créatures vivantes, nous verrons assez clairement ce qu’est le Lion idéal, une source même de vie et de lumière pour nos âmes et nos corps.

LES IDÉAUX DES SIGNES, par Charles CARTER
La Vierge au sol de la cathédrale basilique
de Saint-Denis, en France

Quand nous passons du Lion, et de notre conte d’Aucassin, à la
Vierge, il nous semble passer des jardins de roses de Provence aux usines animées du Nord, et le bourdonnement des insectes devient le bruissement des roues. De manière générale, la Vierge déteste le Lion et toutes ses manières, dans la mesure où chacun peut ne pas aimer ce qui est, ou doit être, l’image même de la vie. Le Lion est une dépense d’effort, de vie, d’argent et de tout le reste, car il semble savoir que c’est le plaisir du Père que de lui donner le Royaume, y compris la terre et sa plénitude. La Vierge gère sa santé, ses efforts, son temps et sa propriété comme si chaque grain était le dernier. Elle fait de l’exercice pour la santé, pas pour le plaisir, alors que le Lion laisse son corps se soigner et ne le remarque que lorsqu’il est en pleine rébellion. La Vierge travaille pour sa subsistance et même parce qu’elle aime ça, alors que le Lion travaille très rarement, dans le sens de la corvée. La Vierge planifie son temps de manière à rendre sa vie méthodique et ordonnée, tandis que le Lion fait du temps son serviteur. La plupart d’entre nous se tiennent dans une certaine crainte de Saturne, mais le Lion n’oublie pas que le Soleil est le centre du Système solaire, et il est moins conscient que la plupart des signes de l’influence restrictive de son tributaire. La Vierge est un mari ou une femme fidèle et dévoué, si ce n’est exigeant. Le Lion est enclin à laisser son cœur vagabonder.


Il est facile de ridiculiser la particularité Vierge et il est vrai que la plupart des signes négatifs sont moins profitables que les positifs, tout au moins sur le terrain de la société. La Vierge est un travailleur considérable et, surtout si elle est laissée seule avec sa tâche, travaille consciencieusement et avec contentement, satisfaite sans rémunération spectaculaire, vivant tranquillement et simplement, avec quelques passe-temps bon marché pour garder ses mains occupées tout comme son cerveau. Dans la société, la Vierge est souvent un causeur poli avec un humour fantaisiste et des manières courtoises, mais trop critique pour être le favori de tous, et n’est lui-même pas un grand amoureux dans son genre, satisfait avec peu d’amis, et souvent avec aucun.

LES IDÉAUX DES SIGNES, par Charles CARTER
La Balance, vestige de l'abbatiale
gothique Saint Bertin, à Saint-Omer, en France
La
Balance, comme la Vierge, n’est pas un grand inspirateur de chansons du genre le plus célèbre et le plus durable, bien que, bien sûr, presque toutes les chansons d’amour soient vraiment des hymnes à ce signe gracieux et à son maître amateur de rires. Toutefois, la Balance n’est pas amie de l’amour dans ses formes les plus tragiques, car, fidèle à son symbole de l’équilibre, elle déteste les pensées et sentiments extrêmes, de sorte que ses sentiments sont vite apaisés. Peut-être qu’une bonne larme ou, pour les hommes Balance, une pointe de dépression, est aussi proche de la tragédie que pour la plupart d’entre eux. Admettons que la Balance a ses amoureux fidèles et ses grands idéalistes, mais la plupart de ses enfants trouvent un grand réconfort dans des proverbes aussi simples que : "Un de perdu, dix de retrouvés" et "Si elle ne l’est pas pour moi, que m’importe qu’elle soit jolie ?" En tant qu’amants, le Lion et le Scorpion en sont de meilleures figures.


Peut-être que la plus grande vertu du signe est sa vive sympathie pour la douleur. Sa sensibilité à cet égard est grande et conduit certains des Balance à être presque incapables de regarder la souffrance physique. C’est pourquoi la majorité se ferme aussi loin qu’elle le peut à ce qui est sordide et triste et aime construire pour eux-mêmes des romances de pays où tous les hommes sont de beaux princes et toutes les dames charmantes et gracieuses ; quand la vie est une succession de joyeux apparats, et que chaque conte aboutit rapidement à un "Et ils vécurent heureux jusque la fin des temps." En ces jours de réalisme, la Balance ferait un pauvre romancier, car elle insiste résolument pour voir la vie telle qu’elle voudrait qu’elle soit, et non telle qu’elle est ; toujours elle "saute les parties malheureuses". Il est vrai qu’on pense que Thomas Hardy serait né sous la Balance, mais Saturne est dans la 3ème, carré à Uranus en Poissons.
De tous les signes, la Balance exige au plus fort que la vie soit façonnée en quelque chose de plus doux et de plus sympathique, car la vie sous toute autre forme est une misère pour elle. "Ses chemins sont ceux de l’agrément, et tous ses voies apportent la paix." Les conflits et les désaccords semblent dans la plupart des cas être une absurdité pour la Balance qui peut toujours voir les deux faces d’une question et n’a pas de sympathie pour les vues fanatiques. Mais cette impartialité, et encore plus la faiblesse morale qui la rend presque incapable de refuser toute demande, qu’elle puisse y répondre ou pas, fait apparaître le signe superficiel, peu sincère et peu fiable. On ne peut nier que beaucoup de Balance ont ces caractéristiques, mais il est rare de trouver l’une d’entre elles blessant consciemment et volontairement quiconque.

Cardinal-Air est l’intellect en marche et faisant les choses, et il est probable que, dans le sens d’une évolution avancée, la Balance aura un travail de plus en plus important à fournir, car le pouvoir créateur de l’esprit est un sujet sur lequel la grande majorité de l’humanité ne connaît rien du tout ; d’une autre côté, ceux qui ont eu recours à ce qu’on appelle parfois la magie mentale savent que des pouvoirs colossaux de cette nature résident en nous.
L’idéal du signe semble être de ramener sur terre une partie des forces unificatrices du monde spirituel. Sans ce pouvoir bienfaisant, la nature serait déchirée par les forces de répulsion et de perturbation, qui sont tenues en échec, comme nous le dit Herbert Spencer, par d’égales forces d’attraction et de cohésion.

La Balance a inspiré peu de grands poèmes, car en aucun sens elle n’est un signe spectaculaire ou n’est pas de ceux dont les actions et les sentiments saisissent l’imagination populaire, mais un poète, Coventry Patmore, a écrit beaucoup qui porte son empreinte.

Nous devons passer à un signe qui a inspiré la plus grandiose des poésies.
 
LES IDÉAUX DES SIGNES, par Charles CARTER
Le Scorpion en vitrail à l'église Sainte Élisabeth
à Cologne-Hohenlind, en Allemagne
Scorpion
peut être appelé le signe de l’auto-crucifixion. Il semble qu'il ait été donné à ses natifs la charge de soumettre une nature émotionnelle unique dans le zodiaque, et qui est aussi intense et concentrée que celle de la Balance est douce et diffuse. Les deux sont comparativement l’un à l’autre comme la tornade et la brise.

Le Scorpion semble se saisir de sa nature émotionnelle pour la forcer délibérément à subir toutes les expériences qu’il puisse trouver afin de l’endurcir jusqu’à la limite de l’endurance.
Il semble inspiré par le sentiment incarné par Browning dans "Rabbi ben Ezra" (traduction libre) :

Alors accueillez chaque rebuffade
Qui rend rugueuse la douceur de la terre,
Chaque aiguillon n’assoit pas, ni ne maintient debout, mais va ;
Que nos joies soient trois parts de douleur,
Luttez, et défiez la contrainte,
Apprenez, ni ne mesurez la douleur ; osez, ne portez jamais rancune à la foule.


Lorsque ce processus d’autodiscipline est terminé, le Scorpion est vraiment un facteur à prendre en compte, que ce soit pour le bien ou pour le mal, car il ne manque ni d’audace ni de patience, alors que ses désirs sont d’une nature si forte qu’il ne se dérobe à aucune tâche pour les satisfaire. Encore une fois, sa nature Eau lui permet de voir profondément dans les pensées des autres et de deviner instinctivement leurs sentiments et le cours probable de l’action. De plus, il est un travailleur extraordinaire, et se jette dans son travail avec un abandon que la Vierge ne peut pas égaler, et il a un pouvoir d’analyse extraordinaire (quand il est mentalement développé) qui l’amène à rechercher l’ultime de toutes choses. Par conséquent, il est souvent un chimiste, et quelques fois un alchimiste, cherchant à transmuter Saturne dans le Soleil. Quand, par un contrôle de soi rigide, il a obtenu la maîtrise des forces puissantes en lui, il y a très peu qu’il ne puisse accomplir, et c’est ainsi que beaucoup de Scorpion ont gravi l’échelle de la gloire, et beaucoup, sans être célèbres, ont réalisé de grandes choses. Mais il doit y avoir maîtrise de soi, et le pouvoir de dénier aux sens la satisfaction qu’ils recherchent : "Entbehren sollst Du", écrit Goethe, lui-même Scorpion, "Te priver, tu dois te priver".
Un autre écrivain frappant de la note Scorpion est Épictète, en son temps un humble esclave, mais depuis presque deux mille ans l’ami et le consolateur de beaucoup.
Chez les écrivains anglais modernes, nous trouvons l’idéal du Scorpion bien exprimé dans les lignes de Henley, commençant par "Hors de la nuit qui me recouvre."
Et où pouvons-nous trouver le Scorpion mieux représenté que dans le personnage du Satan de Milton ? On ne peut s’empêcher de penser que le grand poète connaissait non seulement les principes de l’astrologie, mais qu'il l’avait aussi étudié dans la vie. Pour illustrer la fière indépendance et la détermination inflexible du signe, nous pouvons citer (traduction Chateaubriand" :

"Qu’importe la perte du champ de bataille ! Tout n’est pas perdu. Une volonté insurmontable, l’étude de la vengeance, une haine immortelle, un courage qui ne cédera ni ne se soumettra jamais, qu’est-ce autre chose que n’être pas subjugué ? Cette gloire, jamais sa colère ou sa puissance ne me l’extorquera. Je ne me courberai point ; je ne demanderai point grâce d’un genou suppliant ; je ne déifierai point son pouvoir qui, par la terreur de ce bras, a si récemment douté de son empire. Cela serait bas en effet : cela serait une honte et une ignominie au-dessous même de notre chute !"

Également, nous pouvons lire le Scorpion dans des passages tels que :

"Chérubin tombé, être faible et misérable"

"L’esprit est à soi-même sa propre demeure, il peut faire en soi un ciel de l’enfer, un enfer du ciel."

LES IDÉAUX DES SIGNES, par Charles CARTER
Le Sagittaire sur la Tour de l'horloge,
sur la Plaça de la Vila de Gràcia, à Barcelone, Espagne


Le
Sagittaire se rencontre plus souvent dans les romans que dans la grande poésie, à moins d’inclure les limericks dans cette catégorie (Note De Sphaeris : un limerick est un poème humoristique, à l'origine en anglais, de cinq vers rimés). Il y a certainement quelque chose de la profusion jovienne dans :


Young man of Japan
Who wrote verses that never would scan
When they pointed it out
He replied : " Without doubt.
But I always try to get as many words into the last line as I possibly can


La profusion de la parole, de l’émotion et des idéaux caractérise le neuvième signe, et de tous les douze, il n’y en a aucun qui soit aussi débordant d’enthousiasme, d’abord pour une chose puis pour une autre. Un signe double à l’ascendant semble toujours disperser les intérêts du natif et produire parfois une personne toujours occupée et mais qui semble pourtant réaliser très peu.
Le Sagittaire, bien que favori général, est quelque peu irresponsable, aussi bien que diffus, et a le don de faire confiance à une chance qui lui manque parfois, bien qu’il faille admettre que très souvent elle ne lui manque pas. Lorsqu’un joyeux fils de Jupiter, qui avait été invité à donner une conférence à l'Astrological Lodge, me dit joyeusement, alors qu’il montait sur l’estrade, qu’il n’avait pas vraiment eu le temps de préparer quoi que ce soit, mais que sans doute il s’en sortirait bien, ayant l’impression d’être véritablement un homme très fin capable de parler de tout sans préparation, j’aurais souhaité, en tant que président, qu’il nous eût apporté quelque chose réunissant un peu de Mercure, de Vénus et de Saturne, et qui ne fut pas aussi caractéristique du rouge et encore chaud creuset d’un triangle de Feu ! Cependant, là où le choix se situe entre le Jupiter extrême, qui ne peut pas fixer de limites, et le Saturne extrême, qui ne voit rien d’autre, la plupart d’entre nous préfèrent le premier, et bien qu’une excès d’optimisme jupitérien puisse être un terrible danger pour les jeunes, il est extrêmement réconfortant pour les plus âgés.
Le Sagittaire, cependant, vieillit de façon rebelle. Le grand type de cet aventurier agité et avide est Ulysse, bien que, comme tous les Grecs, il a beaucoup de la subtilité des Gémeaux. Après son retour chez lui, Tennyson lui fait dire (traduction libre) :

Je ne puis me passer de voyages ; j'entends boire
La vie jusqu'à la lie : toujours, je goûtais
De grandes joies et de grandes souffrances, que ce fût avec ceux
Qui m'aimaient ou seul ; à terre et lorsque,
À travers le déferlement des rafales, les pluvieuses Hyades
Contrariaient la mer obscurcie : je connus la renommée
Sans cesse errant le cœur inassouvi,
Je vis beaucoup et beaucoup je connus, cités des hommes,
Mœurs, climats, conseils et gouvernements ;
Moi-même non le moindre, honoré de tous
Ainsi, je m'enivrais des délices du combat entre pairs,
Au loin, sur les plaines résonnantes de la venteuse Troie.
J'appartiens à tout ce que j'ai connu.
Toute expérience, cependant, s'ouvre comme une arche d'où
Luit le monde inexploré à la frontière
À jamais et toujours évanescente alors que j'avance.


Ces lignes font ressortir dans des teintes vigoureuses la soif d’une nouvelle expérience qui pousse toujours le Sagittaire vers l’avant et vers le haut, jusqu’à ce qu’il ne trouve aucune satisfaction finale dans les réjouissances terrestres - bien qu’il est loin de les mépriser - son esprit s’élève dans les domaines de la pensée et de la philosophie, et il devient le grand enseignant et philosophe, comme il est dépeint dans "Le sage Antique" par le même poète qui a forgé "Ulysse".

LES IDÉAUX DES SIGNES, par Charles CARTER
La Capricorne, motif de l'autel des douze dieux
Collection Borghèse, musée du Louvre, Paris, France
Nous passons maintenant au
Capricorne, qui possède des qualités très remarquables et puissantes, car il unit le soin et la précision de la Vierge avec une ambition et une autonomie que ce signe ne manifeste généralement pas, et qui portent le Capricorne assez souvent au sommet de l’échelle sociale et professionnelle. Contrairement au Sagittaire, qui est démocratique et qui prend les gens tels qu’il les trouve, le Capricorne est hiérarchique et aime un état de société où chaque membre a sa juste place, remplit les devoirs qui lui sont attribués et reçoit un salaire déterminé. La loi et l’ordre l’emportent. Le Sagittaire est certainement appelé le signe de la loi, mais qu’est-ce que la loi sans un gouvernement derrière elle pour veiller à ce qu’elle soit respectée? Et ce gouverneur est Capricorne, qui, dans toute la nature, veut que nous recevions ce que nous avons semé et que personne n’outrepasse la Loi. Ceux qui ont servi dans l’armée ou ont eu quelque chose à voir avec quelque forme de gouvernement, n’ont pas besoin de leçons sur la nature de ce signe ou la sorte d’idéaux qui représentent son action dans la société humaine ordinaire. Comme l’a fait remarquer un écrivain américain : "C’est une bonne chose que nous parlions de civilisation aux sauvages au lieu de la leur montrer !" Mais le sauvage est souvent tout autant sous le domaine de Saturne que l’homme civilisé, et alors que, je suppose, la plupart des conventions ont ou avaient une base rationnelle, ses tabous sont, bien sûr, souvent le résultat de l’ignorance et de la peur. Et quelle tâche importante a été celle de Saturne, pour nous mener aussi loin que nous sommes, en nous rachetant de la servitude à l’influence martienne primitive !

Cela doit être dit du Capricorne : il a des idéaux, et ils sont très précis, et il travaille sans cesse pour les atteindre. Il fonctionne généralement par le biais du gouvernement sous une forme ou une autre, et son idéal le plus élevé est celui du dirigeant qui est le serviteur de son peuple. Lorsque les idéaux dépassent le domaine matériel, il me semble que le Capricorne n’est plus lui-même, mais se fond dans le Verseau.

L’une des plus belles expressions poétiques du Capricorne est peut-être "l'Ode au devoir“ de Wordsworth, "Fille sévère du très saint Verbe". Et bien qu’une grande partie de son écriture soit Verseau, et il avait, je crois, le Soleil dans ce signe, Wordsworth était pourtant probablement né avec le Capricorne au lever, ou du moins bien placé. Lord Curzon, avec le Lion ascendant et le Soleil dans ce signe, était typiquement Capricorne. On a dit qu’il manquait du sens du contact humain, mais qu’il était un travailleur extraordinaire, qu’il avait un sens rigide de la justice et qu’on lui attribuait la "faculté d’être correct".
L’ambition du Capricorne le distingue de la Vierge. C’est aussi la source des pires défauts du Capricorne : sa tendance à utiliser les autres comme des tremplins, son snobisme et son amour de la chasse aux lions sociaux, et son incapacité à rester à l’arrière-plan et à supporter la négligence.

LES IDÉAUX DES SIGNES, par Charles CARTER
Le Verseau, au plafond de la
galerie Ravenstein à Bruxelles, en Belgique

Le
Verseau est un signe dont la vie est presque construite d’idéaux, mais ceux-ci sont généralement beaucoup plus éloignés et impersonnels que ceux du Capricorne. Aussi désintéressé qu’il puisse devenir, ce dernier traite toujours des questions au plan physique, tandis que le Verseau est souvent trop académique et perd complètement de vue le monde concret. Pas toujours : plus d’un soldat célèbre est, par exemple, né sous le Verseau, mais cela semble exceptionnel, et l’on peut supposer que leur succès est dû soit à une faculté spéciale du Verseau, comme l’intuition, soit à d’autres éléments de leur nativité. Wallenstein possédait certainement un magnétisme personnel et était idolâtré par ses hommes - des choses qui auraient pu facilement provenir du Verseau et qui auraient pu contribuer davantage à son succès qu’à son rôle de général. Wolseley avait le Verseau qui se levait, mais il avait la Lune dans le signe précédent.

Assez souvent, le Verseau se confond lui-même en causes, et vit et meurt en elles sans le moindre intérêt pour l’auto-promotion. Il est souvent un socialiste et acquiesce volontiers à la conception d’un État suprême pour le bien-être duquel chacun travaille gaiement et fraternellement, oubliant combien, même maintenant, la plupart d’entre nous sont éloignés de la pleine stature de la virilité Verseau. C’est aussi tout pour la liberté personnelle, et, pour autant que je l’ai observé, il résiste à toute sorte d’ingérence de l’État avec le courage le plus ferme. Le même homme qui interdirait à une vieille femme d’acheter une douzaine de pommes pour dix pence pour les vendre au détail à un penny chacun, est aussi un amer adversaire de la vaccination obligatoire comme tout Uranien parmi nous !

J’espère que je ne suis pas injuste envers un signe dans lequel j’ai trois astres importants, mais j’avoue que je préférerais être gouverné par le Capricorne et écouter les débats de son frère ! Je suis d’avis que le jour des signes d’Air est encore à venir, et qu’à l’heure actuelle peu d’entre nous peuvent répondre à leurs influences plus élevées. L’avenir verra la fleur qui n’est encore à peine qu’un bourgeon. Mais il ne faut pas oublier que c’est du sol de la Terre Mère que la plus belle fleur est formée, et l’homme, pour rester ferme, doit avoir ses pieds plantés au sol, quelqu’ardemment son visage puisse chercher le Soleil et l’Air du ciel.

En tant qu’écrivain typique du Verseau, je citerais Marc Aurèle, un stoïcien comme Épictète, mais plein d’un humanisme doux qui lui a procuré des milliers d’amis dans des pays et des temps très éloignés de lui. Il insiste sur l’idéal de l’Homme, y incluant une patiente charité envers toute l’humanité. Son erreur, s’il en est une, a consisté à prenser trop bien de ses collègues.

Les astrologues ont un intérêt particulier pour le Verseau car c’est un signe philosophique et scientifique, ainsi qu’artistique, et l’astrologie est une philosophie, une science, et un art, et la nature du Bien, du Vrai, et le Beau est l’objet de notre étude, dans laquelle nous trouvons ce qui est intellectuellement grand uniquement assemblé avec ce qui est humainement utile. L’astrologue a de merveilleux moyens d’auto-culture à sa disposition, et il devrait être dans une position d’un genre tout à fait spécial pour conseiller et guider son prochain. Il devrait viser à accomplir l’idéal du Verseau, pour être l’ami universel.

LES IDÉAUX DES SIGNES, par Charles CARTER
Les Poissons au sol de l'église
Saint Martin à Hallines, en France

Enfin, nous arrivons aux
Poissons, un signe qui a une affinité avec l’humanité dans son ensemble, comme le Verseau, mais qui est particulièrement attiré par le pauvre, le malade, le nécessiteux. Le mystère des Poissons est le mystère du chagrin et, en tant que dernier signe du zodiaque, il peut être celui qui contient le mystère ultime parmi tous. En règle générale, notre Poissons est un homme au cœur tendre, joyeux et déprimé selon son environnement, une sorte de Monsieur Micawber, disant à un moment donné qu’aucun homme qui a un rasoir n’est sans ami, et à un autre brassant gaiement un bol de punch! En bonne compagnie, il brille, excellent imitateur et amuseur. Sur le plan financier, il est encore plus enclin à faire confiance à la chance et à la générosité de ses amis que le Sagittaire, mais il est lui-même prêt à être dans le besoin, se souciant le moins possible de l’argent. Le type supérieur est gentil, réfléchi, et souvent un rêveur de beaux rêves, un poète ou un musicien, et un amoureux de la mer. Le christianisme est principalement une religion Poissons ; il a été appelé (par Nietzsche) une religion d’esclaves, mais ce n’est guère à son discrédit : les esclaves avaient besoin d’une religion autant que quiconque, et beaucoup plus que les nobles romains qui les possédaient.


Masefield, plus que tout autre poète que je connaisse, a traité de la vision de la vie des Poissons, et j’ose citer quelques lignes de son "King Cole" (traduction libre) :

Je sais que certains ont trouvé la profondeur qu’ils ont foulée
Dans la douleur la plus profonde est le cœur de Dieu.
Sur le fer amer règne la paix ;
Dans la nuit noire de la prison vient la libération ;
Dans la nuit noire encore le coq chantera
Il y a un espoir que les abandonnés connaissent
Profond dans le cœur, que les conquérants ne peuvent pas sentir :
Demeurez dans l’espoir du tournant de la roue.


Il me semble, pour conclure sur une note de mysticisme qui sied aux Poissons, que le mouvement circulaire ou, pour être plus précis, elliptique, est la vérité centrale de l’astrologie.

Si, dans la nature, nous découvrions que les corps célestes se déplacent en lignes droites jusqu’à ce qu’ils cessent d’exister, nous pourrions y voir de quoi encourager l’espoir. Mais un tel phénomène ne semble pas se produire et, dans le voyage journalier de la Terre tout autour du Soleil, duquel elle se rapproche toujours plus jusqu’à s’y unir, je vois un authentique message d’espoir ; l’espoir d’un retour là d’où nous venons et un repos constant en son sein.

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