DE QUELLES ÉTOILES LES CHOSES DÉPENDENT, par Henri CORNEILLE-AGRIPPA

Le philosophe occultiste et ésotériste allemand de la Renaissance synthétise les liens entre les choses terrestres et les sept astres du système solaire. Hermès dit qu’il y a sept trous dans la tête d’un animal, distribués aux sept Planètes, savoir, l’oreille droite à Saturne, la gauche à Jupiter, la narine droite à Mars, la gauche à Vénus, l’œil droit à Jupiter, le gauche à la Lune, et la bouche à Mercure...

Extrait de "La philosophie occulte" de Henri Corneille-Agrippa,
Bibliothèque Chacornac, Paris 1910 ; De Occulta Philosophia - 1510

Comment on peut connaître de quelles Étoiles les choses naturelles dépendent, et celles qui sont soumises au Soleil

 Il est fort difficile de connaître quelles choses, et sous quelles Étoiles ou Signes elles sont; cependant cela se connaît par l’imitation des rayons et du mouvement ou de la figure des supérieurs; d’autres par les couleurs et odeurs; et quelques-unes par les effets de leurs opérations qui répondent à certaines étoiles. Cela étant, voici ceux d’entre les Éléments qui sont Solaires, le Feu et la flamme luisante; dans les humeurs, le sang et le plus pur esprit de vie; dans les goûts, ceux qui sont aigus ou âcres et fort mêlés de douceur; entre les métaux, l’or à cause de sa couleur et de son éclat, et il tient du Soleil la vertu d’être confortatif; entre les pierres, celles qui imitent les rayons du Soleil en jetant des gouttes d’or, comme la pierre aétite qui répond au Soleil, ou l’imite en jetant de ces sortes de gouttes, et guérit du mal caduc et du poison; de même la pierre qu’on appelle l’œil du Soleil, parce qu’elle a sa figure comme la prunelle d’un œil, au milieu de laquelle il paraît un rayon; elle fortifie le cerveau et contribue à la vue. Il en est de même de l’escarboucle qui luit la nuit, et préserve des vapeurs et du poison qui vient de l’air. Ainsi la pierre chrysolite, qui a une petite couleur verte et luisante, dans laquelle, quand elle est exposée au Soleil, il paraît une étoile d’or qui fortifie les esprits, soulage les asthmatiques et en la perçant lorsqu’on met dans le trou du poil d’âne, et l’attachant au bras gauche, elle fait passer les songes, visions et fantômes, et la folie, et fait revenir le bon sens. La pierre d’iris pareillement, dont la couleur est semblable à celle du cristal, qui, comme elle, se trouve souvent hexagone, quand on en expose une partie sous un toit aux rayons du Soleil et que l’on en tient une autre partie à l’ombre, rassemble en elle les rayons du Soleil et les projetant par réflexion, fait paraître l’arc-en-ciel sur le mur opposé. De même la pierre héliotrope ou tournesol qui est verte, étoilée de gouttes rouges, manière de jaspe ou d’émeraude, rend constant, glorieux et de bonne réputation celui qui la porte, et elle a une vertu admirable sur les rayons du Soleil, que l’on dit qu’elle convertit en sang, c’est-à-dire qu’elle fait paraître le Soleil comme s’il s’éclipsait, étant frottée d’une herbe qui porte son même nom, et mise dans un vaisseau plein d’eau; et elle a encore une autre vertu bien plus merveilleuse sur les yeux des hommes, qui est de leur ôter tellement leur capacité, vivacité et pénétration, et de les aveugler de manière qu’ils ne sauraient voir ceux qui la portent, ce qu’elle ne fait point sans l’aide de l’herbe de son même nom qui s’appelle tournesol. Albert le Grand et Guillaume de Paris confirment ces vertus. L’hyacinthe tient aussi du Soleil une vertu contre le poison et les vapeurs de peste; elle rend celui qui la porte assuré, agréable, ou gracieux; elle contribue à faire avoir des richesses et de l’esprit; elle fortifie le cœur; quand on la tient dans la bouche, elle réjouit fort l’esprit. Et la pierre pyrophilos qui est d’un rouge mêlé, dont Esculape rapporte dans un livre de ses Épîtres à Octave Auguste, et suivant le témoignage d’Albert, que c’est un poison si froid, qu’il empêche le cœur d’un homme mort de se brûler, ou se consumer, de sorte qu’en le mettant dans le feu, et l’y tenant pendant quelque temps, il se convertit en pierre; et c’est pour cela qu’elle prend son nom du feu, pyrophilos. Elle a une vertu admirable contre toute sorte de poison, et elle rend ceux qui la portent glorieux et formidables à leurs ennemis. Entre toutes, il y a la pierre Solaire, que l’on dit qu’Apollonius a trouvée, qui s’appelle pantaura, qui attire à soi les autres pierres, comme l’aimant fait le fer; elle est fort efficace contre toutes sortes de poisons, et s’appelle aussi panthère, à cause de sa figure qui est mouchetée, et pantoerhas, parce qu’elle est de toutes sortes de couleurs; Aaron l’appelle evanthum. Il y a encore d’autres Solaires, qui sont la topaze, la chrysoprase, le rubis. Il y a aussi plusieurs choses qui sont Solaires, comme l’arsenic, et celles qui ont la couleur et l’éclat de l’or.

Entre les plantes et les arbres, ceux et celles-là sont Solaires qui sont tournés au Soleil comme le tournesol, et qui renversent ou ferment leurs feuilles à l’éloignement ou au coucher du Soleil et les ouvrent petit à petit ou les étendent quand il se lève, comme le laurier; les feuilles et la figure de cet arbrisseau marquant qu’il est Solaire; de même la pivoine, la chélidoine, le citronnier, le gingembre, la gentiane, le dictame, la verveine qui fait deviner, prédire, et chasser les démons; le laurier consacré à Jupiter; le cèdre, le palmier, le frêne, le lierre, la vigne, et ceux qui préservent de la foudre, et ne craignent point les rigueurs de l’hiver. Ces drogues sont aussi Solaires, comme la menthe, ou lavande, le mastic, la zédoaire, le safran, le baume, l’ambre, le musc, le miel jaune, le bois d’aloès, le girofle, la vraie cannelle, le calamus aromaticus, le poivre, l’encens, la marjolaine et le romarin; ce qu’Orphée appelle solis thymiama. Entre les animaux, ceux-ci sont Solaires qui sont magnanimes, courageux, et qui aiment la victoire et la gloire, le lion le roi des animaux, le crocodile, le lynx, le bélier, la chèvre, le taureau chef des troupeaux, qui fut consacré, à Héliopolis, par les Égyptiens au Soleil, que l’on appelle vérité, comme le bœuf Apis, à Memphis, et le taureau nommé Pathis, à Herminthe. Le loup a été aussi consacré à Apollon et à Latone. Outre cela, le cynocéphale est Solaire, qui aboie pendant le jour douze fois selon les heures, et pisse douze fois à l’Équinoxe, et fait la même chose pendant la nuit; c’est pourquoi les Égyptiens le gravaient sur les hydrologes.

Entre les oiseaux, sont Solaires le phénix, oiseau qui est le seul dans son espèce et l’aigle, reine des oiseaux; le vautour, le cygne, et ceux qui comme par des hymnes ou chants applaudissent au lever du Soleil, et l’appellent ou l’éveillent, pour ainsi dire, comme le coq, et le corbeau, et l’épervier parce que les Théologiens égyptiens l’ont regardé comme le symbole et l’esprit de la lumière, et que Porphyre l’a mis au nombre des Solaires. Outre cela, tout ce qui a quelque ressemblance dans ses opérations aux opérations du Soleil, comme les vers luisants de nuit; le scarabée qu’on appelle aussi chat, d’une forme lumineuse, appelé aussi canthare, qui roule des pilules, ou petites boules, et couche dessus; et un autre comme l’interprète Appien, qui a en cela seulement du rapport avec les ouvrages du Soleil, que ses yeux changent suivant le cours du Soleil, et pour cela est sensé être Solaire, et de même tout ce qui en vient.

De tous les poissons, le veau marin, qui résiste à la foudre, surtout est Solaire; le dactyle et le poumon marin de même, qui luisent la nuit et aux étoiles, à cause de leur ardeur brûlante, et qu’ils portent des perles, parce que quand on les fait sécher, ils se réduisent en une pierre de couleur d’or.

Des choses qui dépendent de la Lune

Entre les Éléments, ceux qui dépendent de la Lune sont la Terre, l’Eau tant de la mer que des fleuves et rivières, et tout ce qui est humide, le suc et les humeurs des arbres et des animaux, surtout celles qui sont blanches, comme les blancs d’œufs, les graisses, les sueurs, les pituites et superfluités des corps. Entre les goûts, le salé et l’insipide.

Entre les métaux, l’argent; entre les pierres, le cristal, la marcassite argentée, et tout ce qu’il y a de blanc et de vert. De même la pierre sélénite, c'est-à-dire la pierre lunaire transparente, blanchâtre, et ayant un éclat ou couleur de miel imitant le mouvement de la Lune, ayant en soi sa figure et faisant paraître chaque jour son croissant ou son déclin. Et encore les perles qui viennent dans les coquilles, de gouttes aqueuses; le cristal et le béryl.

Entre les plantes, celles qui sont Lunaires sont le sélénotropion, qui se tourne vers la Lune, comme le tournesol vers le Soleil; et le palmier qui pousse un rameau à chaque lever de la Lune; l’hysope qui est une espèce de romarin, un très petit arbre et la plus grande de toutes les plantes, participant de l’un et de l’autre. L’olivier qui est l’agneau sans tache, ou l’arbre chaste et pur : l’herba chinostates qui croît et décroît comme la Lune, savoir, en substance et en nombre de feuilles, et non pas seulement en humeur et vertu ou force; ce que toutes les plantes ont de commun d’un certaine manière entre elles, à la réserve des oignons de Mars, qui seuls, lorsque la Lune croît ou décroît, diminuent ou augmentent leurs forces; comme entre les oiseaux ou bêtes volatiles, l’orige, oiseau de Saturne, est très ennemie de la Lune et du Soleil.

Les animaux Lunaires sont ceux qui vivent avec les hommes, et qui ont différentes natures d’amour et de haine, en quoi ils excellent, comme les chiens de tous genres. Le caméléon est aussi Lunaire, parce qu’il change suivant la variété de l’objet qui lui est présenté, comme la Lune change de nature, suivant le changement de signe où elle se trouve. Ces animaux sont aussi Lunaires, comme les truies, les biches, les chèvres, et toutes les sortes d’animaux qui observent et suivent le mouvement de la Lune, comme le cynocéphale, la panthère; on dit que celle-ci a sur l’épaule une tache semblable à celle de la Lune, qui croît en rond et fait ployer ses cornes de la même manière. Les chats dont les yeux deviennent plus ou moins grands, selon les changements de la Lune; et ce qu’il y a de semblable, comme le sang des menstrues dont les magiciens font plusieurs sortes de choses, et des prodiges, ou des choses monstrueuses. La hyène qui change son sexe, et qui est sujette aux poisons, et toutes les sortes d’animaux, que l’on appelle amphibies, parce qu’ils demeurent sur la terre comme sur l’eau, comme les castors et les loutres, et ceux qui mangent les poissons. Outre cela, les animaux monstrueux, et ceux qu’on ne sait de quelle semence ils sont produits, comme les rats du coït et de la pourriture de la terre. Entre les oiseaux, les oies sont Lunaires, les canards, les plongeons, tous les aquatiles, et ceux qui mangent les poissons; ceux qui s’engendrent d’une façon ambiguë, comme les moucherons et guêpes, qui se forment des cadavres des chevaux; les abeilles de la corruption ou pourriture des vaches; les musciliones, de vin gâté, et les escarbots de corps d’âne; surtout l’escarbot qui porte deux cornes, et que l’on appelle forme de taureau, est Lunaire; il enterre une petite boule et la laisse pendant vingt-huit jours que la Lune fait le tour du Zodiaque, et le vingt-neuvième qu’il croit que se fait la conjonction des luminaires, il la déterre et la jette dans l’eau, et il en vient des escarbots. Entre les poissons, le chat de mer, dont les yeux changent aux changements de la Lune, et tous ceux qui suivent les mouvements de la Lune, comme la torpille, l'echeneis, l’écrevisse, les huîtres, les coquillages et les grenouilles.

Des choses qui dépendent de Saturne

Entre les Éléments, ceux qui sont Saturnaux sont la Terre et l’Eau; entre les humeurs, la bile noire qui humecte, tant la naturelle que l’étrangère, à l’exception de celle qui est bien échauffée ou brûlée. De ce qui regarde les goûts, ce qu’il y a d’acide, et d’aigre, et pesant ou lourd.

Entre les métaux, le plomb, et l’or, à cause de son poids, et les marcassites d’or; entre les pierres, la cornaline, la zincite, le camoin, le saphir, le jaspe brun, la calcédoine, l’aimant et toutes les choses terrestres obscures, et de poids.

Entre les plantes et les arbres, l’asphodèle, la plante de serpent, la rué, le cumin, l’hellébore, le benjoin, la mandragore, le suc de pavot, et celles qui étourdissent, et qui ne sont point produites, et qui ne produisent aucuns fruits, ou celles qui produisent des racines, feuilles ou branches noires et des fruits noirs, comme le figuier noir, le pin et le cyprès, tout arbre pernicieux qui ne se reproduit point de fruits, qui est tortu, d'un goût amer, d’une odeur violente, d’une ombre noire, d’une poix fort aigre, qui ne porte point de fruits, de grande durée; funestes et consacrées à Pluton, comme le grand persil, ou ache dont se servaient les anciens pour entourer leurs tombeaux devant que d’y mettre les corps; c’est pourquoi ils mettaient de toutes sortes d’herbes et de fleurs aux festins à l’exception de cette herbe, parce qu’elle est triste, et qu’elle ne convient pas à la joie.

Les animaux reptiles retirés, solitaires, nocturnes, tristes, contemplatifs, ou tout à fait sauvages, vilains, ou avares, timides, mélancoliques, fort laborieux ou de grande fatigue, lents à se mouvoir, d’un cri horrible et qui dévorent leurs petits; de ceux-là sont donc la taupe, l’âne, le loup, le lièvre, le mulet, le chat, le chameau, l’ours, le porc ou cochon, le singe, le dragon, le basilic, le crapaud; tous les serpents et les reptiles, les scorpions, les fourmis, et tout ce qui s’engendre de pourriture, dans la terre, dans les eaux, dans les ruines de maisons, comme les rats et différentes sortes de vers. Et entre les oiseaux, ceux-là sont saturnaux qui ont le col long, et la voix grosse, comme les grues, les autruches et les paons, qui sont consacrés à Saturne et à Junon; et pareillement le hibou, la chauve-souris, la huppe, le corbeau et l’orige qui est très envieuse. Des poissons, l’anguille qui vit à part des autres poissons, le musipala et le lapin, qui mangent leurs petits. De même les tortues, les huîtres, les coquillages, les éponges de mer et ce qui en provient.

De ce qui dépend de Jupiter

Entre les Éléments, ceux qui dépendent de Jupiter, c’est l’Air; entre les humeurs, le sang, et l’esprit de vie, et tout ce qui regarde la prolongation, l’entretien, l’embonpoint et la végétation. Des goûts, ce qu’il y a de doux et d’agréable.

Des métaux, l’étain, l’argent et l’or, pour sa tempérance. Entre les pierres, l’hyacinthe, le béryl, le saphir, la tuthia, l’émeraude, le jaspe vert, et toutes les couleurs vertes et célestes.

Parmi les plantes et les arbres, la barbe de Jupiter, la dragée aux chevaux, la buglosse, le macis, l’épi de blé, la menthe, le mastic, l'inula campana, la violette, l’ivraie, la jusquiame, le peuplier et les arbres que l’on tient être heureux, comme le chêne, l'aesculus, l’yeuse, le hêtre, le coudrier, le peuplier, le cormier, le figuier blanc, le poirier, le pommier, la vigne, le prunier, le frêne, le cornouiller, l’olivier et l’huile; outre cela, le blé, le froment, l’orge, les passulae, les liquirizia, le sucre, et toutes les choses dont la douceur est manifeste et fine, participant en quelque chose du goût piquant et fort ou aigre, comme sont les noix, les amandes, les pommes de pin, les noisettes, les pistaches, les racines de pivoine, les myrobolans, la rhubarbe et la manne; Orphée lui attribue aussi le storax.

Entre les animaux, sont ceux qui marquent quelque dignité et sagesse, et ceux qui sont paisibles et dociles, comme le corbeau, le taureau, l’éléphant, et ceux qui sont doux, comme la brebis et l’agneau. Des oiseaux, ceux qui sont d’une complexion tempérée, comme les poules et poulets, la perdrix, le faisan, l’hirondelle et le pélican; de même, la cucupha et la cicogne qui sont fort sensibles et reconnaissantes. Et l’aigle lui est consacrée, dont les armes des Empereurs sont composées et qui sont le symbole de la justice et de la clémence. Entre les poissons, le dauphin, l'anchia, et une sorte de grand poisson du Nil, appelé filuras, à cause de leur tendresse.

De ce qui a du rapport avec Mars

Entre les Éléments, c’est le Feu, aussi bien que tout ce qui a du feu, et qui est ardent ou brûlant et aigu; entre les humeurs, la colère. Des goûts, sont ceux qui sont amers, âcres, et qui brûlent la langue, et ceux qu’on appelle larmoyants.

Entre les métaux, le fer, le cuivre, ou airain rouge, et tout ce qui a du feu et du soufre. Entre les pierres, le diamant, l’aimant et la pierre sanguinaire, toute sorte de jaspe et les améthystes.

Entre les plantes et les arbres, l’hellébore, l’ail, l’euphorbe, la cartabana, l’armoniac, le navet, les raves, le petit laurier, la scammonée, et tout ce qui est venimeux par une trop grande abondance de chaleur, et tout ce qui a des épines qui piquent ou font démanger la peau par leur attouchement, ou la font enfler, comme le chardon, l’ortie, la petite flamme, et tout ce qui fait pleurer en le mangeant, comme les oignons, les échalotes, le poireau, la moutarde, la semence de castor, et tous les arbres qui ont des épines, et le cornouiller qui est consacré à Mars.

Entre les animaux, ceux qui sont belliqueux, rapaces et hardis, et d’une imagination vive, comme le cheval, le mulet, le bouc, le loup, le léopard, l’âne sauvage, les serpents, et les dragons qui ont du poison, et tout ce qui est incommode à l’homme, comme les puces, les mouches, le cynocéphale, ou singe à tête de chien, à cause de sa colère; tous les oiseaux de proie qui mangent de la chair, et rongent des os, comme l’aigle, le faucon, l’épervier, le vautour; et les oiseaux qui sont cruels et sauvages, comme les hiboux, les chevêches, certains faucons, les milans, et ceux qui ont toujours grande faim et dévorent, et ceux qui avalent gloutonnement, ou qui ont une voix aigre, rude et étranglée, comme les corbeaux et les corneilles, et la pie qui est surtout consacrée à Mars. Des poissons, le brochet, le barbeau, le pastinaca, et autres sortes de poissons appelés le bélier, le bouc, le loup, le glaucus, qui sont dévorants, rapaces, et dépendent de Mars.

De ce qui dépend de Vénus

Entre les Éléments, l’Air et l’Eau dépendent de Vénus; des humeurs, la pituite, le sang, l’esprit et la semence génitale. Entre les goûts, le doux, l’onctueux et le délectable.

Entre les métaux, l’argent et le cuivre jaune et rouge. Entre les pierres, le béryl, la chrysolithe, l’émeraude, le saphir, le jaspe vert, la cornaline, la pierre aétite, celle de lazul, le corail et toutes celles qui ont une couleur belle, changeante, blanche ou verte.

Entre les plantes et les arbres, la verveine, la violette, le cheveu de Vénus, l’herbe lucie valériane, qui est nommée en arabe phu, et pareillement le thym, le ladanum, l’ambre, le musc, le santal, le coriandre, et toutes sortes de parfums et fruits délectables et doux, comme les poires douces, les figues et les oranges que les Poètes disent que Vénus a semées la première en Chypre; outre cela, les roses du matin lui sont consacrées, le myrte du soir.

Entre les animaux ceux qui sont luxurieux, aimant les délices, d’un amour ardent, comme les chats, les lapins, les boucs, les chèvres, particulièrement le bouc qui est plus prompt à engendrer que les autres animaux et que l’on dit qu’il commence à coïter dès le septième jour après qu’il est né; le taureau à cause de son faste, et le veau à cause de sa lascivité. Des oiseaux, le cygne, le branle, l’hirondelle, le pélican et la chenalopex, ou oie sauvage, qui aiment fort leurs petits; le corbeau et le pigeon, ou la colombe qui est consacrée à Vénus, la tourterelle, dont il était ordonné autrefois de sacrifier l’une des deux pour se purifier de l’enfantement; et le passereau aussi consacré à Vénus, que la loi ordonnait de donner pour se purger de la lèpre, qui est un mal soumis à Mars, et c’était le remède le plus salutaire. Les Égyptiens appellent aussi l’aigle Vénus, à cause qu’elle est fort chaude, et quand elle aurait été pressée trente fois en un jour par un mâle, si un mâle l’appelle encore, elle accourt derechef. Des poissons, Vénus a les grues, qui sont fort lubriques, les sargots fort lascifs, les mérules à cause de leur désir d’engendrer et produire, le cancharus qui se bat pour sa femelle, et le tithymale à cause de la douceur de son odeur.

Des choses qui suivent Mercure

Entre les Éléments, l’Eau dépend de Mercure, parce qu’elle entraîne confusément ou remue différentes choses; et pareillement les humeurs, particulièrement celles qui sont mêlées; mais il gouverne encore l’esprit animal et les différents goûts, et ceux qui sont étrangers et mêlés.

Des métaux, ceux qui lui appartiennent sont le vif-argent, l’étain, la marcassite d’argent. Entre les pierres l’émeraude, l’agate, le porphyre, la topaze, et celles qui sont de différentes couleurs, et celles qui ont naturellement différentes figures, ou qui sont fabriquées par l’art, comme le verre, et qui mêlent le vert avec le jaune.

Entre les plantes et les arbres, le coudrier, la quintefeuille, la mercuriale, la fumée de terre, la pimprenelle, la marjolaine, l’ache, et celles qui ont les feuilles plus courtes et plus petites, et qui sont composées de plusieurs natures et de différentes couleurs.

Les animaux qui sont fins, adroits, alertes, prompts à la course, et qui ont une fréquentation facile avec les hommes, comme les chiens, les singes, les renards, les belettes, le cerf et la mule; et les animaux hermaphroditiques et qui changent tour à tour de sexe, comme le lièvre, et l’hyène, et autres semblables. Des oiseaux, ceux qui sont naturellement ingénieux, qui ont la voix claire et musicale, et qui sont changeants, comme les chardonnerets, les becfigues, les merles, les grives, l’alouette, le rossignol, la calandre, le perroquet, la pie, l'ibis, le porphyrion et l’escarbot unicorne. Entre les poissons, le trochus, qui se féconde lui-même; ce qui le fait appeler mâle-femelle; le polybus frauduleux, et qui change de couleur; le poisson appelé pastinaca, à cause de son industrie; et le muge ou mulet, qui avec sa queue tire la nourriture de l’hameçon.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire