En 1652 paraissait, posthume mais de rédaction antérieure, le traité "Théâtre des plans et jardinages" de Claude Mollet, jardinier de plusieurs rois, dessinateur de jardins et théoricien, qui intervint sur de nombreuses réalisations d'envergure, notamment Fontainebleau, Saint-Germain-en-Laye, les Tuileries ou Versailles. Ce traité, manuel d’agronomie et économie rurale, y fait une belle part à l'Astrologie ; pour Claude Mollet "Il est grand besoin que le Jardinier connaisse le naturel des Astres". En voici un extrait, dans lequel le jardinier du Roi explique comment cultiver en harmonie avec le Ciel.
CHAPITRE XLIV Pour montrer au
Jardinier ce qu'enseigne l’Astrologie Or je vous dirai donc ce que nous enseigne l'Astrologie : mais premier je vous prie de vous donner contentement en contemplant seulement la correspondance des mouvements des corps célestes que vous voyez. Contemplez aussi leur discordance et considérez cette musique céleste qui, comme disait Pythagore, substante tout l’univers en son poids, nombre et mesure ; et lors vous verrez des choses dignes de très grande admiration. Contemplez aussi ces Corps-Astres qui se meuvent de Levant à Ponant, au contraire du Ponant au Levant ; les uns d’un mouvement très léger, les autres d'un plus pesant et tardif ; voyez comme quelquefois ils se meuvent directement, et quelquefois rétrogradement ; autres fois ils se reposent en leurs courses après la direction, et après aussi la rétrogradation. Considérez comme ils vont et par divers chemins ou temps vers le Septentrion, Midi et Milieu du Zodiaque. Pour le Soleil, il ne se départ jamais de la ligne du Zodiaque, n’allant comme les autres Planètes vers le Midi et Septentrion. |
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Pour être bon Astrologue, il faut bien considérer le nombre des orbes célestes, lesquels sont nécessaires ; leurs divers mouvements, leurs mesures, leurs formes, leurs portions, leurs pôles, leurs épicycles, leurs centres et excentriques ; l’un ascendant, l’autre descendant ; l’un oriental du Soleil et l’autre occidental : bref mille autres choses que je ne puis pas dire. Mais voyez et contemplez comme il a plu à Dieu de créer toutes ces choses pour le service et plaisir de l’homme ; il n’y a pas un arbre tel qu’il soit, plantes, fleurs, ni herbes qui ne soient sujettes aux choses ci-dessus. Voyez et jugez s’il n’est pas grand besoin que le Jardinier connaisse le naturel des Astres, afin que par la prévoyance il conserve ses plants, herbes et fleurs des mauvaises influences.
CHAPITRE XLV Contenant comme il faut que le Jardinier connaisse la division de l’année, et du département des solstices d’icelle
Il est nécessaire que le Jardinier connaisse à peu près l’opportunité du temps, et le changement des solstices, par ce moyen il fera grandement profit,conduisant les ouvriers qu'il aura sous sa charge, leur faisant mettre la main à la besogne quand le temps et la saison le requiert.
Le Soleil entrant au signe d'Aries, le printemps commence incontinent, aussi quand il entre aux signes de Cancer, l’été commence incontinent, et l'automne commence incontinent que le Soleil entre au signe de Libra, et l'hiver commence lorsque le Soleil entre au signe de Capricorne, qui est environ le 23ème de Décembre.
Les Pléiades commencent à se montrer le 11ème jour du mois de Juin, et se perdent le second jour de Novembre, le plus court jour de l'année, c’est le 23ème jour de Novembre
Il est nécessaire que le Jardinier sache à peu près le temps qu'il doit faire, et pour le bien savoir, qu'il prenne garde si après 3ème au 4ème jour que la Lune sera renouvelée, si elle est déliée et nette, signifie beau temps ; aussi quand elle est à son 1er quartier si elle parait sans tache noire, c'est le message de beau temps ; aussi quand elle est pleine si on la voit claire sans taches noires, et sans cercle rouge tout à l'entour, c'est la signification de beau temps.
Si lors que le Soleil se veut lever, s'il se montre net est beau, signifie beau temps ; et quand il se couche, s'il l’on voit des petites nuées tout l'entour séparées l'une de l'autre, il ne faut pas craindre la pluie ni les vents le lendemain.
Or aussi est-il besoin que le Jardinier connaisse s'il fera mauvais temps, pour le savoir, qui prenne garde comme il verra la Lune les 2ème ou 3ème jour après qu'elle sera renouvelée : car s'il la voit ayant les cornes refoulée et obscures, signifie avoir bientôt de la pluie ; et si son cercle se montre rouge et de couleur de feu, c'est signe de grands vents et d’un mauvais temps.
Quand la Lune est pleine, si le Jardinier voit aussi quelque tache noires alentours, aussi qu'elle soit entourée de deux ou trois aires, signifie qu'elle tombera grandes quantités d'eau, et qu'il fera un très mauvais temps, mêmement quand icelles aires seront forts noires et épaisses.
Lorsque le Soleil se lève, s'il parait rouge et qu’il se noircissent incontinent après, donne signification de pluie. Si autour de ces raies il paraît une nuit obscure, signifie pareillement de la pluie. Lorsqu'il se couche, si le Jardinier lui voit la bouteille au col, c'est à dire une grosse nuée noire qui soit proche de lui du côté gauche, assurément que le lendemain il tombera de la pluie.
Il faut que le Jardinier prenne garde, comme j’ai dit, aux comportements de la nouvelle Lune, et du décours d'icelle ; car les deux quartiers changent quelquefois le mouvement du temps.
Lorsque le Jardinier saura et verra que les chênes seront chargés de glands en abondance, qu'il s’assure que l'hiver sera rude, ou durera longtemps. S'il veut connaître un peu près le temps qu'il fera en hiver, qui prennent gare lorsqu'il verra que les chats se tiffent et se peignent, passant leur pattes par-dessus l'oreille par trois fois, assurément qu’il tombera bientôt après de la neige, verglas et frimas.-et s'ils voit qu'il tourne son cul au feu, sans doute qu'il gèlera bientôt après. Il faut encore que le Jardinier se connaisse si l’année doit être avancée, ou tardive. Pour le savoir il faut qu'il prenne garde si après vendanges il tombe de l'eau avant que les pléiades se cachent de nous : si cela est, il est assuré que l’année sera avancée et à hâtive ; aussi s’il tombe de l’eau lorsqu'elles se cachent, l’année ne sera tardive ni hâtive : mais s'il ne tombe point d'eau qu'après les Pléiades cachées, l’année sera tardive. Il faut bien prendre garde quel temps il fera le 24e jour de novembre, la plus grande partie du mois de décembre sera de même ; aussi quel temps il fera le 25e jour de décembre, la plus grande partie du mois de janvier sera de même ; et tel temps il fera le 26e jour de janvier, la plus grande partie du mois de février sera de même. J'ai expérimenté tout le Traité du présent Chapitre, lequel j'ai trouvé véritable, donc je m’en suis servi par plusieurs années, ce qui m'a grandement soulagé pour conserver mes plantes, fleurs, orangers, et autres arbres et arbustes qui craignent, et sont sujets aux injures de l'hiver.
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| Jardin du château de Versailles |
CHAPITRE XLVI Qui montre comme il est besoin que le Jardinier sache quand la Lune est dessus terre ou dessous, selon notre hémisphère
Afin que le Jardinier soit assuré qu'il ne travaille en vain, et que tous ce qu’il plantera et sèmera profite, il faut qu'il prenne bien garde, comme j’ai ci-devant dit, de planter et semer selon le comportement des Lunes ; c'est pourquoi il m'a semblé à propos de lui montrer comme chaque jour depuis le premier jour de la Lune nouvelle jusqu'au trentième jour d’icelle, depuis quelle heure du jour la Lune est dessus terre ou dessous, qui est une chose de grande conséquence pour les plants, plantes et fleurs ; d'autant que l’un veut être planté et semé en nouvelle Lune, et l’autre au premier quartier ; un autre en pleine Lune, un autre au dernier quartier ; un autre en décours, et pour greffer, aux jours Inlunes.
En nouvelle Lune donc la Lune commence à être dessous depuis demie heure de nuit jusqu'à demie heure de jour.
Le second jour depuis une heure et demie de nuit jusqu'à une heure et demie de jour.
Le troisième jour depuis deux heures et un quart de nuit jusqu'à deux heures un quart de jour.
Le quatrième jour depuis trois heures un tiers de nuit jusqu'à trois heures un tiers de jour.
Le cinquième jour depuis trois heures quatre minutes et demie de nuit jusqu'à telle heure de jour.
Le sixième jour depuis quatre heures et la neuvième partie d’une heure de nuit jusqu’à pareille heure de jour.
Le septième jour depuis cinq heures sept minutes et demie de nuit jusqu’à telle heure de jour.
Le huitième jour depuis six heures un quart de la nuit jusqu’à semblable heure de jour.
Le neuvième jour depuis sept heures et l’onzième partie de la moitié d’une partie d’une heure de nuit de nuit jusqu'à telle heure de jour.
Le dixième jour depuis sept heure et l’onzième partie d’une heure de nuit jusqu'à même heure du jour.
L'onzième jour depuis huit heures et demie de nuit jusqu’à telle heure du jour.
Le douzième jour depuis neuf heures et la neuvième partie d’une heure, et la moitié d'une des dites parties de la nuit jusqu'à semblable heure du jour.
Le treizième jour de la Lune depuis dix heures et quatre minutes et demie de nuit jusqu'à telle heure de jour.
Le quatorzième jour depuis onze heures et un tiers d’heure de nuit jusqu'à telle heure de jour.
Le quinzième jour depuis le Soleil levant jusqu'au couchant la Lune est en sa pleineur.
Le seizième jour la Lune commence à rétrograder depuis demie heure de jour jusqu'à telle heure de nuit.
Le dix-septième jour depuis une heure quatre minutes et demie de jour jusqu'à semblable heure de la nuit.
Le dix-huitième jour depuis deux heures un quart et demi de jour jusqu'à telle heure de nuit.
Le dix-neuvième jour depuis trois heures un tiers de jour jusqu’à pareille heure de nuit.
Le vingtième jour de la Lune depuis trois heures trente-quatre minutes et demie de jour jusqu'à telle heure de nuit.
Le vingt-et-unième jour depuis quatre heures et la neuvième partie d'une heure du jour jusqu’à telle heure de nuit.
Le vingt-deuxième jour depuis cinq heures sept minutes et demie de jour jusqu’à même heure de la nuit.
Le vingt-troisième jour depuis six heures un quart d'heure de jour jusqu’à telle heure de nuit.
Le vingt-quatrième jour depuis sept heures et l’onzième partie d’une heure de jour jusqu’à telle heure de la nuit.
Le vingt-cinquième jour depuis sept heures et demie est la douzième partie d’une heure de jour jusqu'à telle heure de nuit.
Le vingt-sixième jour depuis huit heures et demie de jour jusqu'à telle heure de nuit.
Le vingt-septième jour depuis neuf heures et demie de jour jusqu'à telle heure de nuit.
Le vingt-huitième jour depuis dix heures et demie du jour jusqu'à semblable heure de nuit.
Le vingt-neuvième jour depuis onze heures et demie de jour jusqu'à pareille heure de la nuit.
Le trentième jour depuis le Soleil couchant jusqu'au Soleil levant, la Lune est dessous terre, laquelle ne parait en notre hémisphère, ne laissant néanmoins d'avoir du pouvoir sur tous les plants, plantes, fleurs et semences. C'est pourquoi je suis contraint de le répéter plusieurs fois, afin que le Jardinier s'en souvienne, et en fasse profit, et que les braves hommes qui verront mon Traité ne m'accuse de négligence.
CHAPITRE XLVII Où il est montré au Jardinier qu'il lui est besoin de connaître la naissance de l’Étoile Canicule
D’autant que l’Étoile Canicule a un très grand pouvoir non seulement sur les hommes et animaux qui sont sur la terre, mais encore sur les Corps-Astres qui gouvernent les saisons bonnes ou mauvaises, hâtives ou tardives, ainsi comme elle se rendra aux maisons des douze signes. C'est pourquoi il faut que le Jardinier soit bien soigneux de prendre garde à sa naissance, laquelle commence à se montrer le vingtième jour de juillet du matin, et faut soigneusement regarder en quelle maison sera la Lune lorsqu'elle commencera à paraître : car si la Canicule montre la Lune étant au signe de Leo, assurément qu'il fera grande quantité de toutes sortes de fruits, et le temps fera fort doux et amiable.
Si la Lune est au signe de Virgo lorsque la canicule commencera à paraître, il tombera grande quantité de pluie cette année-la, les fruits souffriront beaucoup. Et si la Lune est au signe de Libra lorsque la Canicule paraîtra, les fruits auront la pelure et coquille fort dure, et en fera peu ; et si la Lune est en Scorpius lorsque la Canicule commencera de paraître, il sera perdition de mouches à miel cette année-là, et peu de fruits. Mais si la Lune est en Sagittarius lorsque l'étoile Canicule commencera de paraître, l'année sera abondante en toutes sortes de fruits, et tombera quantité de pluie, laquelle ne fera pas de mal, à cause quelle sera douce.
Aussi, si l’étoile Canicule commence à paraître, la Lune étant en Capricornus, il fera fort peu de fruits ; et si la Lune est en Aquarius, l'année sera fort sèche, il tombera fort peu de pluie, les fruits auront bien à souffrir, il faudra que le Jardinier soit bien soigneux d’arroser tous ses arbres, tant grands que petits, durant la sécheresse, ou autrement ils seront en danger de mourir.
Mais s'il étoile Canicule commence à paraître la Lune étant en signe de Pisces, il y aura de la pluie en abondance cette année-là, les fruits seront pareillement en abondance ; et si la Lune est au signe d'Aries, il tombera grande quantité de pluie, qui fera grand tort aux fruits, à cause qu’elle sera froide ; et si la Lune est en Taurus lorsque l'étoile Canicule commencera de paraître, les fruits seront en grand danger d'être gâtés et grêlés, il tombera de la neige qui les endommagera grandement.
Aussi si la Lune est un Gemini lorsque l’étoile Canicule commencera de se montrer, assurément qu’il fera un beau temps cette année-là, et sera abondante de toutes sortes de fruits. Finalement si la Lune est au signe de Cancer lorsque l’étoile Canicule commencera de se faire voir, il fera grande sécheresse cette année-là, les pauvres arbre auront grand besoin que le Jardinier soit soigneux de les faire bien arroser, comme j'ai dit ci-devant, autrement il n'aura ni arbre ni fruit, parce que les arbres mourront et les fruits tomberont.
CHAPITRE XLVIII Qui montre au Jardinier la naissance et perdition des Étoiles apparentes
Pour ce qu'il est nécessaire que le Jardinier connaisse la naissance et perditions des Étoiles apparentes, j'en ai fait un traité qui s’ensuit.
C’est que le premier jour et demie heure du jour du mois de janvier, Delphinus se cache de nous :
Le vingt-sixième jour de février Arcturus Vespertinus se lève :
Le premier jour de mars les Pléiades se cachent de nous, étant un quart d’heure de nuit :
Le vingt-troisième avril icelles Pléiades se lèvent avec le Soleil :
Le vingt-neuvième avril Orion Vespertinus se cache de nous :
Le trentième de mai les Pléiades se montrent du matin :
Le dix-neuvième jour de mai Suculæe se montre du matin :
Le septième jour de juin Arcturus Matutinus se cache de nous :
Le vingt-troisième jour de juin Orion commence à se montrer :
Le dixième jour de juillet Orion se lève du matin :
Le troisième jour de juillet Procyon se cache de nous du matin :
Le vingt-quatrième jour du dit mois de juillet la Canicule se cache de nous du matin :
Le vingt-sixième juillet Étésie commence à souffler, et le troisième du mois de juillet l’étoile reluisante étant au pied du signe de Leo vient à se montrer :
Le vingt-cinquième jour d'août Sagitta se cache de nous :
Le vingt-cinquième de septembre Arcturus se montre :
Le quatrième jour d'octobre Corona se lève du matin :
Le même jour du même mois les Pléiades se cachent comme le Soleil se lève :
Le premier jour de novembre les Pléiades se cachent au matin, et Orion commence à sortir :
Le vingt-deuxième novembre Canis se cache de nous du matin.
Je me ferai entendre plus amplement au chapitre cinquantième, où je traiterai de la Sphère ; Pourquoi les Signes ont figures d'animaux, ou autres choses semblables.
CHAPITRE XLIX Qui montre au Jardinier qu'il est nécessaire qu’ils connaissent ce que peut faire les l’Étoile de Jupiter faisant son tournant tout à l'entour des douze maisons du zodiaque
Le Cercle du Zodiaque est parti en douze Maisons, c'est à savoir trois du printemps, qui sont Aries, Taurus et Gemini ; trois d’été qui sont Cancer, Leo et Virgo ; aussi trois d’automne, qui sont Libra, Scorpius, Sagittarius ; et aussi trois d’hiver, qui sont Capricornus, Aquarius et Pisces. Mais l’Étoile de Jupiter étant en chacune maison, fait ce qui sera dit ici après.
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| L'hiver, château de Versailles |
Quand
l’Étoile de Jupiter est en Aries, qui est la maison de Mars, le
vent de Bise tirera la plus grande partie de l'année, participant
aussi avec le vent Eurus, l'hiver sera froid, et neigera en grande
quantité; les rivières deviendront fort enflées, et déborderont,
et après l'équinoxe du printemps le temps se convertira en pluies
douces, et l'été sera tempéré, l'automne sera chaud, le Jardinier
peut travailler en affleurance ; le printemps lui sera fort
favorable à planter.
Aussi Jupiter étant en Taureau, qui est la maison de Vénus, le commencement du printemps sera tempéré et pluvieux, le milieu sera abondant en neige, la fin sera froide, l’été sera chaud, l'automne sera froid sur la fin, il fera abondance de fruits cette année-là, mais il tombera grande quantité de grêle, qui fera grand tort aux arbres. Lorsque Jupiter entrera en Gemini, qui est la maison de Mercure, tout au long de l'année, au moins la plupart, souffleront les vents de Ponant et de Midi, et sera le commencement de l'hiver plein de vent, et sur le milieu tempéré, la fin froide et gélative. Le printemps sera tempéré étant accompagné de petites pluies ; l’été sera aussi tempéré, pour ce que les vents Étésiens souffleront doucement, et longuement, il fera grande quantité de fruits. L'automne sera chaud tellement, que plusieurs fontaines seront stériles; il sera bon que le Jardinier use d'artifice pour conserver les fruits, à cause de la grande stérilité qui sera l'année d’après, la grêle fera grand dommage en beaucoup de contrées.
Et lorsque l’Étoile de Jupiter sera en concert, qui est la maison de la Lune, l'hiver sera fort froid, et plein d'obscurité, et les rivières déborderont après l'Équinoxe du printemps, il grêlera en abondance cette année-là ; les jardins où la terre sera sableuse et aride, emporteront le prix, parce qu'ils produiront grande quantité de fruits. Aussi quand Jupiter entrera en la maison de Leo, qui est celle du Soleil, le commencement de l'hiver sera froid et pluvieux, avec grands vents impétueux, tellement que plusieurs grands arbres seront arrachés de terre, et entraînés par iceux ; le milieu sera tempéré, et la fin froide. Le printemps sera pluvieux, l'été aussi semblable. L'automne sera chaud, il fera fort bon planter toutes sortes d'arbres tant fruitiers que sauvages, et enter aussi cette année-là en la saison que je dirai ci-après.
Quand Jupiter entrera en Virgo, qui est la maison de mercure, l'hiver en son commencement sera froid, le milieu tempéré, sur la fin il gèlera fort, et en après force pluie qui tombera en abondance. Le printemps sera aussi pluvieux, accompagné de gelées blanches le matin, si bien que les bourgeons des arbres et vignes auront fort à souffrir, sur la fin il tombera grande quantité de grêle ; l’été sera fort pluvieux aussi, et plein d'obscurité : il faut que le Jardinier soit bien soigneux de cueillir les fruits de bonne heure cette année-là si peu qu'il y en aura, parce que l'automne sera accompagné de grands vents fort impétueux.
De même qu'en Jupiter sera en Libra, maison de Vénus, l'hiver sera au commencement pluvieux, le milieu tempéré, et la fin gelée humide ; le printemps et l’été seront tempérés Le printemps et l'été sur tempéré, l'automne sera pluvieux, et fera de grandes quantités de toutes sortes de fruits de points mérités lorsque les étoiles de Jupiter entre en score plus, maison de mars, l'hiver en son combat commencement sera froid, avec grésil et verglas,son milieu sera modéré jusqu’à la fin ; le printemps sera froid, et l’été fort sec : plusieurs fontaines tariront ; il fera grande quantité de toutes sortes de fruits, l'automne sera fort beau, le Jardinier pourra recueillir les fruits tour à son aise.
Quand Jupiter entre en Sagittarius, qui est sa propre maison, l'hiver sera tempéré, un peu pluvieux, et ne sera ni froid ni chaud, sinon sur la fin qui sera un peu froid, lequel ne durera pas longtemps : le printemps sera sujet aux vents de Midi, et sera pluvieux ; l'été sera fort tempéré, l'automne sera fort beau et bon, les arbres apporteront en abondance de toutes sortes de fruits, et sera fort bon planter et greffer cette année-là.
Lorsque Jupiter entrera en Capricornus, qui est la maison de Saturne, l'hiver fort nébuleux, plein de frimas et verglas fort froid ; le printemps mélancolique et plein de bruines ; l’été chaud et nébuleux, les vents seront grands, et fera force fruits, mais en grand danger d'être gâtés de la grêle ; il de faut donner de garde que la gelée viendra en automne ne perde les fruits, c'est pourquoi le Jardinier prévoyant les sauvera.
Et finalement l’Étoile de Jupiter entrant en Pisces, sa propre maison, l'hiver commencera par pluies, est au milieu sera plein de vents ; la fin sera sujette à grésil, verglas et neiges, le printemps sera médiocre et beau, l’été sera fort chaud et sec, et l'automne aussi : les fruits seront en grand danger d'être brûlés par la grande ardeur du Soleil et par la sécheresse.
CHAPITRE L Qui montre comme il est nécessaire que le Jardinier sache ce que montre la Sphère tant céleste que terrestre, afin qu'ils puissent connaître les Astres, les Planètes, Étoiles fixes, et Pléiades
La Sphère est un corps compris d'une seule superficie, dans lequel est un point duquel toutes les lignes droites menées à la petite superficie sont égales entre elles, et ce point-là est appelé Centre de la Sphère. Ce mot de Sphère, que plus proprement on appelle Orbe, n'est autre chose qu’une Sphère creuse : car Orbe est un corps rond compris de deux superficies, l’une desquelles est convexe, et supérieure à l'autre qui est concave. Tellement que quelques Philosophes parlant des Cieux et orbes célestes, soit du Soleil ou de la Lune, disent la Sphère, et proprement, ils devraient dire l’orbe du Soleil. On appelle encore Sphère l’universelle machine du monde, lequel comprend le Ciel et la terre, et toutes les autres choses qui sont en iceux. La Sphère Géométrique est un certain instrument inventé, artificiellement fait et composé de quelque matière solide.
L'axe de la Sphère est une ligne droite tirée par le centre, et terminée de part et d'autre à la dite Sphère, les pôles de la Sphère sont les deux points de l'axe d’icelle, ainsi les extrémités de l'axe du monde sont appelées les pôles du monde, l'un desquels est nommé pôle arctique, et l'autre pôle antarctique ; cercle majeur de la Sphère est celui qui a son centre commun avec celui de la dite Sphère, et cercle mineur est celui duquel centre est autre que celui de la Sphère ; en la Sphère il y a deux fortes de cercles, savoir est les cercles majeurs, et les cercles mineurs : tous les cercles majeurs décrits en une même Sphère font égaux entre eux, et coupent chacun la Sphère en deux également : mais les mineurs la coupent inégalement, et ne sont tous égaux entre eux, ainsi seulement ceux qui ont leurs centres inégalement distants de celui de la Sphère : et ce cercle-là qui a son centre plus proche de lui, est plus grand que celui duquel le centre est plus éloigné.
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| Les Poissons et le Bélier au château de Versailles |
Or la Sphère artificielle est composée de dix cercles, dont il y a six majeurs et quatre mineurs, chacun desquels il faut concevoir être divisé en trois cent soixante parties égales qu'on appelle degrés : et puis chaque degré en soixante particules qu'on appelle minutes, et derechef chaque minute en soixante autres petites qu'on nomme secondes, et si consécutivement de soixante en soixante parties. Les noms d'iceux cercles sont, Équateur ou Équinoxiales, Zodiaque, Méridien, Horizon, Collure des équinoxes, Collure des solstices, Tropique de Cancer, Tropicorne, Cercle Arctique, et Cercle Antarctique, chacun desquels cercle nous expliquerons ici sommairement.
L'équateur est un grand cercle, duquel les pôles sont les mêmes que ceux du monde universel, le Zodiaque est un grand cercle qui coupe l’Équateur à angles obliques, et duquel les pôles sont éloignés de ceux du monde d'environ vingt-trois degrés trente-et-une minute et demie : tellement qu'une moitié d’icelui cercle tend de l'Équateur vers le Septentrion, et l'autre moitié vers le Midi.
Le Méridien est un grand cercle qui passe par le Zénith et par les Pôles du monde. L'Horizon et un cercle décrit du Zénith comme Pôle, et lequel sépare le Zénith que nous voyons d’avec celle qui nous a cachée. Le Collure des Équinoxes est un grand cercle qui passe par les Pôles du monde, et par les points équinoxiaux. Le Collure des Solstices est un grand cercle qui passe par les Pôles du monde, par ceux du zodiaque, et par les points Solsticiaux. Le Tropique de Cancer est un petit Cercle qui est parallèle à l’Équateur, et passe par le premier point de Cancer.
Le Tropique de Capricorne est un petit cercle, qui passant par le premier point du Capricorne est parallèle à l’Équateur. Le Cercle arctique est un Cercle mineur parallèle à ‘Équinoxial, lequel est décrit par le Pôle du Zodiaque qui est proche du Pôle arctique ; le Cercle antarctique est un petit cercle aussi parallèle à l’Équateur, et décrit par le Pôle du Zodiaque qui est vers le Pôle antarctique. Or voilà les définitions que j’ai estimé devoir être mises ici, pour en donner l’intelligence aux Jardiniers. Et autant que j’ai dit qu’il est besoin qu’ils sachent quelque chose en l’Astrologie, il faut aussi qu’ils aient quelque connaissance de la Sphère : car autrement il serait comme impossible qu’ils eussent la connaissance des Astres et Planètes, et de leurs influences, vu que par icelles toutes les choses de l’univers sont conduites et gouvernées, et principalement celles qui sont animées végétativement, comme les arbres, arbustes, herbes et fleurs, lesquelles étant exposées à la rigueur du temps,y prennent leur naissance, accroissement et terminaison de vie, s'il faut ainsi parler, parce que tant qu'elles subsistent, produisant fleurs et fruits, elles vivent. Il est donc nécessaire que le Jardinier connaisse les choses célestes, voire des Mathématiques, et plusieurs autres secrets de nature. Il doit aussi savoir les tempéraments de l'air, pour élever,conserver et guérir (à proprement parler) les arbres et plantes quand elles sont malades, comme étant leur médecin. C'est pourquoi j’ai cru qu'il était à propos de l'instruire en la science de la Sphère, ou du moins lui faire entendre les principaux points, qui sont la connaissance des cercles majeurs, comme nous les avons décrits à l'entrée de ce chapitre, qui font l’Horizon, le Méridional, l’Équateur et le Zodiaque : parce que par iceux nous avons connaissance des choses qui sont nécessaires tous les jours, car par l’Horizon nous savons les Signes et Planètes qui font dessus ou bien dessous notre Hémisphère, pour ce que c'est lui lequel divise le Globe céleste en deux Hémisphères, l'une nous étant supérieure et l'autre inférieure, et par le Méridional nous connaissons lorsque le Soleil et la Lune sont au plus haut qu'ils peuvent sur notre hémisphère chacun jour, et par conséquent leur force et vertu. Par le Zodiaque nous avons connaissance particulière des effets du Soleil et de la Lune selon qu'ils changent de maison : lequel Zodiaque étant coupé ou coupant obliquement l’Équinoxial, cause les divers tempéraments de l'air. Or afin que le Jardinier le puisse comprendre aisément, ils est besoin que je lui fasse entendre ce que c’est du monde, et comment il est composé.
Le monde est l’université des choses : il contient le Ciel, Étoiles, Terre et Mer, avec tous autres Éléments, qui tous ensemble sont appelés Monde : il est toujours en mouvement sans intermission ni repos. Davantage, le monde est composé et ordonné en deux régions séparées ; à savoir la région céleste et élémentaire ; la région céleste est très luisante, séparée et libre de toute variation, altération et corruption, et se divise en neuf Cieux, c’est à savoir sept des Planètes ; le huitième, qui est le firmament, où sont les Étoiles fixes, et le neuvième, qui est le premier Mobile. Il y a un autre Ciel, qui est le dixième sur les neuf Sphères qui est le premier Mobile unique. Il y a donc dix Cieux mobiles en la Sphère,ou plusieurs Astrologues ont vu des Étoiles fixes aux Cieux, qui ont trois mouvements qui se trouvent en la huitième, et sont ceux qui ensuivent. L'un est du premier Mobile, c'est à savoir de la dixième Sphère, qui est le mouvement diurnel qui fait une révolution depuis Orient en Occident en vingt-quatre heures sur les deux Pôles du monde, c’est à savoir l'arctique et l'antarctique : l'autre mouvement tient de la neuvième Sphère, qui est le second Mobile, qui va toujours selon la succession des signes depuis Occident en Orient, contre le mouvement du premier Mobile; lequel mouvement se fait sur le pole du Zodiaque, et est appelé, Langue des Étoiles fixes. Le tiers mouvement est mouvement propre, et s'appelle mouvement de trépidation, et est dit mouvement accessoire et nécessaire de la huitième Sphère, et est fait sur deux petits cercles décrits en la concavité de la neuvième Sphère aux commencements d'Aries et Libra également. De sorte que comme on ne doit donner à chacun Ciel qu’un mouvement propre, et que le huitième Ciel a trois mouvements, il s'ensuit que les deux sont impropres, et sont causes de deux autres Cieux supérieurs, à savoir du neuvième et dixième.
Il se trouve par dessus des dix Cieux ou Sphères mobiles, l’onzième Sphère, laquelle, selon les Théologiens, est appelé le Ciel empirée, pour raison de sa grande splendeur, qui dure toujours en une même force sans aucuns mouvements. J’ai deux raisons à déduire pour vous persuader, qui sont telles : la première, que toute chose qui se meut localement, chacun lieu selon tout, ou selon ses parties. Par quoi se qui se meut, se meut en aucun lieu : car autrement il ne se changerait de lieu. Or chacun des Cieux mobiles change de lieu du tout en soi, ou en ses parties, donc il est en quelque lieu. Aussi il n’est en Sphère inférieure, pour ce que le lieu doit contenir et environner ce qui se met en son lieu : s’ensuit qu’il est en Sphère supérieure. Pourtant il faut qu’il y ait aucun Ciel stable, et plus grand, dedans lequel il faut qu'il fasse son mouvement.
La seconde raison est, qu'on met différence au Ciel, c'est à savoir devant, derrière, à dextre et à senestre ; non pas seulement pour le respect de nous, mais pour la nature de la chose, au second du Ciel, et du monde, cela ne se peut sauver par les Sphères mobiles : car la partie qui est maintenant dextre, sera après senestre ; et la partie qui est maintenant en haut, fera puis après en bas, comme l'on voit par expérience. S'ensuit donc qu'il y a un Ciel ferme, auquel de la partie de la chose se fait la même différence qui est mise: celui-ci est appelé le Ciel Empirée, comme dit est, qui est le plus haut de tous les Cieux, et a grande dignité pour sa resplendeur, sa netteté, pour son assiette, et pour sa pureté: En icelui est la Cour célestielle, où habitent les bienheureux jouissants de Dieu ; et comme dit l’Apôtre, œil n'a vu, ni oreille ouï, et ne peut entrer en cœur d'homme, ce que Dieu a apprêté à ceux qui l’aiment.
Des trois mouvements que fait la huitième Sphère, et comment on les peut connaître
J’ai dit ci-dessus qu'il se trouve trois mouvements différents à la huitième Sphère, et quant à ce que j’ai dit que les Astrologues ont estimé qu’il n’y a qu’un mouvement diurnel en la huitième Sphère, les Philosophes s’accordent au passage dessus-dit, et tiennent que les Étoiles fixes sont au premier Mobile, et que pour cette raison il y en a tant, et qu’en chacune Sphère des inférieures il n’y en a qu’une : parce qu’ils sont reconnus que le huitième Ciel a deux mouvements contraires, l’un est l’Orient en Occident, et l’autre opposite, c’est à savoir l’Occident en Orient ; et se fait tant à loisir, que si quelqu’un y voulait prendre garde, à peine s’en apercevrait-il en cent ans.
Ainsi, considérant ces dits deux mouvements contraires, ou différents, on connaître que le huitième Ciel n’est le premier Mobile : car le premier Mobile n’a qu’un seul et simple mouvement. Les Astrologues ont trouvé par longue spéculation aucunes Étoiles fixes, qui se meuvent aucunes fois d'Occident en Septentrion, au Midi, et à l'Orient plus hâtivement qu'à l'Occident, et autrefois plutôt vers Septentrion que vers Midi. Et pour ce qu'ils ne pouvaient sauver cette apparence par les deux mouvements susdits, ont ajouté un troisième mouvement qui est de soi-même, lequel se fait en deux petits cercles aux têtes d'Aries et Libra : Tellement que comme la huitième Sphère a trois mouvements, il n'est pas seulement nécessaire de mettre la neuvième Sphère, mais aussi la dixième : Car un corps simple ne doit avoir qu'un seul mouvement., comme les Philosophes disent, parce que s'il y a plusieurs mouvements, iceux sont impropres.
Et puisque le huitième Ciel est corps simple, comme les Philosophes tiennent, il convient que l’un des trois mouvements lui soit propre et naturel à un autre ; et puisque ce n’est de Sphère inférieure, convient concéder qu’il y a deux Cieux mobiles par dessus le huitième Ciel qui cause les deux susdits mouvements.
Comment le Ciel a figure ronde, avec cinq raisons pourquoi il convient qu’il soit ainsi
La Sapience du Père Éternel par laquelle il créa et disposa toutes choses, ordonna que le Ciel fut rond, pour les raisons qui s’ensuivent. Première, pour la ressemblance, la seconde, pour la raison du profit ; et la troisième par nécessité. Quant à la première, qui est la semblance, pour ce que le monde sensible est fait à comparaison d’un monde archétype, auquel n’y a commencement ni fin : par ainsi le monde sensible a forme ou figure sphérique, en laquelle on ne peut assigner ou marquer commencement ni fin. Secondement, pour l’utilité ou profit : car entre tous corps isopérimètres, qui sont quatre principaux, Ovale, Pyramidal, Colomnaire, et Circulaire, La Sphère est le plus grand corps de toutes les figures, et entre toutes les figures la ronde est la plus capable. Et puis que le corps rond est le plus grand, s’ensuit qu’il est le plus capable, et telle forme fut utile et profitable.
La troisième est pour nécessité : Car si le monde eut été d'autre forme que ronde, à savoir triangulaire, quadrangulaire, ou autre forme, s’ensuivrait qu'il y aurait quelque place vide, ou aucun corps sans place, combien qu'on ne peut mettre aucun lieu vide selon nature : car la nature en a horreur tellement, qu'elle consentirait plutôt monter chose pesante, ou descendre chose légère, que permettre aucune chofe vide. Aristote allègue deux autres raisons pour prouver que le Ciel est rond : La première est, qu'au premier et le plus noble corps doit être donnée la première et plus noble figure : Or le plus noble,et le premier corps est le Ciel, et la figure ronde est la plus parfaite; Par quoi on doit au Ciel la figure sphérique. La seconde raison est, que la Nature a donné à chacun corps figure proportionnée selon ses œuvres, comme il appert es animaux, arbres, plants, plantes et fleurs. Et pour ce que la propre œuvre du Ciel est de se mouvoir continuellement en rondeur, il était convenable qu'il eut figure appropriée à tel mouvement, comme est la ronde qui n'a coin ni angle qui empêche son mouvement.
De la noblesse du Ciel, de sa couleur
Aristote dit que la noblesse du Ciel est entendue et considérée par la clarté de sa transparence, par la rondeur de sa forme, par l’unité de son égalité, par la vertu de son mouvement, et par la hauteur de sa situation, qui est fort éloignée du centre de la terre : Car elle outrepasse en la dimension de sa quantité toutes imaginations et mesures de raison, et n’y a chose en nature qui lui ressemble ; aussi ne se peut aucune comparer à lui quant à vertu. Le Ciel n’est d’aucun Élément, ni ne tient ses qualités, et n’est composé d’iceux : car il serait corruptible, pour ce que toutes choses composées des Éléments seront dissoutes et corrompues. Le Ciel est ingérable, et ne se peut augmenter, nu recevoir autres impressions ; il n’est léger ni pesant, chaud ni froid, sec ni humide. Formellement ou réellement il est plein de vertu ; car sa vertu et influence échauffe. On pourrait dire que le Ciel est infrangible, impénétrable, et ainsi improprement épais ou rare. Il a couleur improprement, et toutefois il luit ;et quant à la couleur qu'il nous semble qu'il a, il faut savoir que notre sens se trompe souvent : car la vue peut être abusée plutôt que nul autre sens de Nature, parce que nos yeux sont de si tendre composition, que nous sentons comme une passion de chacune espèce qui nous est renvoyée de toute chose visible, comme il se voit aux Perspectives. Donc je dis que nul ne peut voir par dessus la Lune autre chose que le Soleil et les Étoiles, lesquelles nous voyons moyennant la lumière qu'elles reçoivent du Soleil: Mais quant à la couleur du Ciel, est à noter qu'elle se prend en une de deux manières ; l'une est propre, et par ainsi c'est qualité seconde cause des premières qualités, comme est le blanc, le noir, et autres couleurs ; en cette manière les corps célestes n'ont point de couleurs, et se prend en autre manière, c'est à savoir communément pour tout ce qui termine la vue, et s’étend au lucide et diaphane : ainsi le Ciel a couleur, c'est à savoir luisante.
Du dixième Ciel appelé premier Mobile, et de son mouvement
Puisque j'ai déclaré au Jardinier le nombre des Cieux, leur figure et qualité, il est besoin que je lui fasse entendre de chacun d’eux en particulier selon notre propos, à savoir qu’il est tout notoire que le Ciel se tourne à notre vue, dont faut noter que mouvement est un passage d’un terme à l’autre, tellement que toute chose qui se meut, passe d’un lieu à un autre lieu, et se peut faire tel mouvement en une des trois manières, circulairement, ou directement, ou de haut en bas ; et par le contraire la première de ces trois, qui est mouvement circulaire, ne change son lieu selon sa quantité entière, mais selon ses parties, comme on peut connaître en une roue, laquelle sans se mouvoir du tout d’un lieu en autre, se meut de toutes ses parties quand on la retourne ; et tel est le mouvement du Ciel, de sorte que ce qui est à cette heure en Orient, sera puis après en Occident : ainsi combien que le Ciel ne change de lieu selon son tour, toutefois ce qui se meut en lui change de lieu. On voulait faire doute autrefois si le premier mouvement des Cieux est fait par un seul moteur, ou par plusieurs, et s'il y en a plus d'un ; savoir combien ils sont, en quelle manière ils se meuvent, à quoi faut que les Jardiniers notent que les Cieux en leur premier mouvement sont tournés d'un seul moteur, et non de plusieurs: car va seul suffit, et plusieurs seraient d'abondance,comme les Philosophes tiennent, qu'il vaut mieux mettre un commencement que plusieurs, et plutôt finis qu'infinis. Ils sont tous de diverses opinions, d'où procède ou qui fait ce premier mouvement : Les uns disent que c'est Dieu tout-puissant, alléguant que le premier moteur doit être de vigueur en force infinie, et tout ce qui est créé a vigueur déterminée : donc puisque Dieu est de vigueur infinie, et tout ce qui est créé est de vigueur terminée, semble que ce soit Dieu seul qui fait ce premier mouvement. D'autres Philosophes veulent dire que le premier moteur est une Intelligence, par cette manière si Dieu était le premier moteur, s’ensuivrait que le mouvement du Ciel fut un instant ; ou que la façon de faire de Dieu se compassait par par temps: Or on ne peut dire que le Ciel se meut en un instant; aussi les Astrologues estiment, et le voit-on clairement, qu'il fait sa révolution en vingt-quatre heures. Aussi la seconde raison ne se peut dire, pour ce les mêmes Philosophes tiennent que ce qui est éternel n'est à temps, ni sa manière de faire n'est compassée par temps. Par quoi la commune opinion est qu'un Ange fait ce premier mouvement, et que tous les autres Cieux ont aussi Intelligence, qui les tourne en leur propre mouvement, dont procède que voyons par quel ordre et adresse les Cieux se tournent dés que Dieu les créa, jusqu’à ce que tel mouvement cessera, qui sera quand il plaira à sa divine volonté. Je dis derechef que le premier Mobile ou premier mouvement, qui est du dixième Ciel, selon qu'avons dit ci-dessus, et lequel tourne un tour autour du Monde depuis Orient par Occident en vingt-quatre heures, qui est tant impétueux : Il tire avec soi tous les autres Cieux inférieurs, et leur fait faire un tour autour du Monde dedans le temps qu'il fait lui-même, encor que leurs propres mouvements soient à ce contraires, qui se démontre par ce que voyons les Étoiles, le Soleil, la Lune, et les autres Planètes naître en Orient, et se montrer peu à peu, jusqu’à ce qu'ils viennent au mi-ciel, et descendent uniformément pour aller à l'Occident, faisant ce mouvement és mêmes vingt-quatre heures, comme le dixième Ciel, auquel ils obéissent, et suivent son mouvement.
Il faut et convient que les Jardiniers notent touchant ce mouvement qu'on appelle forcé que le premier Mobile fait aux autres,cieux inférieurs, qu'entre les corps célestes n'y a aucun mouvement de force ni violence, résistance, ou contradiction, mais suivent tous, comme j’ai dit, uniformément le premier mouvement. Par quoi quand on dit le premier Mobile emmène, ou efforce les autres Cieux inférieurs, qu'on le doit entendre sainement,comme de dire les Cieux inférieurs sont mus de celui d'en haut par accident : comme le Marinier se meut dans la navire qui flotte; ou comme l'eau se bat à un vase qu'on remue, dont faut-il entendre le mouvement des Cieux inférieurs au respect du premier Mobile. Il faut que les Jardiniers prennent un exemple. Si une petite mouche ou fourmi était assise sur la roue d'un moulin, encore que la roue tournait bien vite, et à grand presse, la mouche ou la fourmi peut toutefois aller à loisir contre le mouvement que fait la roue : Et posé le cas que la roue l'emporte en bref espace en derrière, et lui fasse faire le tour, toutefois elle peut achever son mouvement contraire petit à petit : Donc en cette manière combien que les Cieux n’embas soient mus par le mouvement que le dixième Ciel fait en vingt-quatre heures : ils font leurs propres mouvements au contraire, lesquels chacun d'eux achève pour soi en diversité de temps.
Du neuvième Ciel appelé Cristallin, avec déclaration aux Jardiniers qu'il y a Ciel d'Eau, et quelle qualité elle estiment
Le neuvième Ciel appelé second Mobile, a le mouvement d’Occident en Orient comme sien propre : car celui-ci est le premier des dix Cieux mobiles lequel fait son mouvement plus à loisir depuis l'Occident contre l'Orient, il s'appelle Ciel Cristallin d'Eau, duquel est écrit au premier livre de Genèse : Dieu dit, Le Firmament se fasse au milieu des Eaux ; tellement que les Eaux furent séparées une partie par dessus le Firmament, qui est le huitième Ciel, et autre par embas : de sorte que ce neuvième Ciel est des Eaux qui demeurent par dessus, dont il semble toutefois que les Jardiniers pourraient faire doute, disant, Comment peut-il être vrai qu'il y ait des Eaux par dessus le Ciel, puisque naturellement l'Eau est pesante, et tout corps pesant tend contre bas ? Aussi ne doit-on dire que Dieu les y tienne pour quelque miracle, mais par voie naturelle ;car il n'y a raison de dire qu'elles y soient miraculeusement. Plusieurs Philosophes tiennent ainsi que les Eaux sont ainsi prises par équivoque. Car icelles Eaux qui sont sur le Firmament, sont de nature céleste, c'est à savoir de la même qualité et nature des Cieux ; et celles qui sont dessous le Firmament, sont de nature élémentaire, desquelles le Prophète Royal chante, Eaux qui êtes par dessus les Cieux, bénissez le Seigneur. Ce Ciel s'appelle d'Eau, ou Ciel Cristallin, comme j’ai dit, pour raison qu'il est apparaissant à semblance d'eau claire et luisante comme cristal. Nous n'avons aucun autre enseignement desdits neuvième et dixième Ciel, aussi notre vue ne passe point le huitième Ciel, où sont les Étoiles fixes.
Il faut que je fasse entendre aux Jardiniers du huitième Ciel, qui est le Firmament ou Ciel des Étoiles, et des lumières d’icelles, et de leur grandeur
Le huitième Ciel qui est des Étoiles, s’appelle Firmament, pour raison que les Étoiles sont fixes et fermes en lui, de sorte que nulle ne se peut mouvoir à part elle, mais toutes ensemble. Dont faut savoir que bien que les voyons reluire, nulle d’elles n’a lumière en soi-même : mais le Soleil les illumine toutes, car lui seul a lumière, et nul autre corps. Dieu créa cette lumière au premier jour, comme il est écrit au premier Chapitre de Genèse, où le texte dit, Dieu vit la lumière qu'elle était bonne. Saint Augustin parle de la lumière, et dit que c'est une substance corporelle,souveraine, et simple, fort multipliée en vertu, et fort transparente, sans résistance : elle est fort communicable, bien plaisante, Par quoi il n'y a nul corps tant profitable, tant paisible, et tant vertueux comme est la lumière. La lumière s'épard dés le Ciel jusqu’à la terre, c'est la beauté de toute créature visible, et est cause de quoi les autres corps du monde sont loués. Pourtant je dis que les Étoiles n'ont autre lumière d'elles que celle qu’elles reçoivent du Soleil, aussi bien que la Lune. Mais il y a différence à recevoir la lumière, comme leur différence est en noblesse du naturel ; de sorte qu’aucunes sont très pures, et très nobles. Par quoi recevant la lumière, elle les pénètre en un instant, depuis la superficie qui est vis-à-vis du Soleil, jusqu’à l’autre côté. Ainsi, comme toute une Étoile demeure nette, et pleine de lumière ; les autres sont aussi pénétrées du Soleil, combien qu’elles déclinent à quelque couleur par leur nature : mais quoi qu'il en soit, le Soleil les pénètre toutes en un instant, et les remplit de lumière, comme la chandelle qui est allumée du feu ; et faut ici noter que le Zodiaque est en ce huitième Ciel, auquel sont marqués les douze Signes ou Maisons du Soleil. Ces Signes sont composez chacun de certain nombre d'Étoiles ; et outre les Signes il y a trente-six autres Images aussi composées d'Étoiles : tellement qu’il y a quarante-huit Images en tout ; et le nombre des Étoiles qui compose ces Signes et Images, sont mille et vingt-deux. La plus petite Étoile fixe notable à la vue, est plus grande que toute la terre : Si tout le corps de la terre était mis au lieu où sont les Étoiles fixes, (combien qu'elle eut lumière) on ne la pourrait voir pour la grande distance et sa petitesse : Mais cette autorité ne doit être entendue des Planètes, car ils ne sont tous plus grands que la terre, le même le doit-on entendre de toutes Étoiles fixes : car il y a quelques Étoiles fixes si petites que ne les pouvons apercevoir, aussi y en a-t-il d'autres que bien que les voyons, elles ne sont toutefois comptées des Astrologues pour être si petites, mais seulement les grandes qui ne sont aussi toutes d’une même grandeur ou quantité, mais de grandeur différentes. Et pour cette cause elles sont divisées en six différences.
Il faut que je fasse entendre aux Jardiniers, comment on entend que le Soleil entre aux Signes, et pourquoi les Signes ont noms d’animaux.
Aux
précédents Articles de ce Chapitre a été dit que le Zodiaque est
en ce huitième Ciel, où est l’assiette des Signes et Maisons, de
quoi semble que les Jardiniers pourraient douter deux choses. La
première est, puisque ces Signes et Étoiles sont au huitième Ciel,
et que le Soleil n’est qu’au quatrième, comme peut le Soleil
entrer aux Signes, vu qu’il y a tant de distance d’eux au Soleil.
Doute deuxième. La seconde est, si chacun Signe est composé
d’Étoiles, pourquoi disons-nous qu’un Signe s’appelle Aries,
qui signifie un Bélier : un autre s’appelle Taurus, qui est à
dire un Taureau, et ainsi des autres, puisqu’il n’y a point de
bêtes au Ciel.
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| Les Poissons et le Verseau au château de Versailles |
Je fais déclaration aux Jardiniers. Premièrement est à savoir que combien qu'il soit vrai que les Signes sont au huitième Ciel, (et le Soleil au quatrième) on doit estimer que le mouvement que le Soleil fait toute l’année, est, et se trouve par dessous les Étoiles des Signes ; ainsi quand nous disons, le Soleil est en tel Signe, se doit entendre qu’il se porte dessous les Étoiles dudit Signe : comme aussi chacun de nous peut être dessous chaque signe, ou dessous le Soleil, et toutefois la distance n’y empêche qui est de l’un à l’autre.
Déclaration seconde que je fais aux Jardiniers. Il est ainsi qu’il n’y a point d’animaux au Ciel, mais sont ainsi appelés pour raison que les effets que le Soleil opère étant en chacun des Signes correspondent ou imitent un de ses animaux par propriété, ou semblance ; et par ainsi la ligne se compare à la figure de tel animal pour la démonstration de son effet, ou autre chose par laquelle il est représenté, comme il sera déclaré ci-après, que le Soleil entrant en chaque signe cause divers effets, tant pour le corps qu’arbres, plants, plantes, et fleurs, comme j'ai dit ci-devant. Puis il faut que les Jardiniers notent que de ces douze signes les quatre sont mobiles, quatre fixes, et quatre communs ; et que les quatre mobiles sont Aries, Cancer, Libra, et Capricornus : ces signes s’appellent mobiles, pour ce que la disposition de l’air se change quand le Soleil entre en iceux, et ne persévère en un état : qu’entrant le Soleil en Aries, change d’hiver en printemps, et entrant en Cancer change de printemps en été, et entrant en Libra change d’été en automne, et entrant en Capricorne change d’automne en hiver.
Les signes fixes sont Taurus, Leo, Scorpius, et Aquarius : on les appelle fixes, pour ce que quand la Soleil y entre, le temps et la disposition de l’air persévère en son même état : ce qui apporte une grande commodité aux arbres, plants, plantes et fleurs, étant un grand soulagement aux Jardiniers. Les signes communs sont Gemini, Virgo, Sagittarius, et Pisces. Nous appelons signe commun celui qui participe du mobile et du fixe, de sorte qu’il est en partie mobile ou muable, et fixe ou stable.
Il faut que je fasse entendre aux Jardiniers quelle chose est le signe, et quelle apparence il a avec la chose à quoi il est comparé ; aussi en quel jour de l’an le Soleil entre en chaque Signe, afin qu’il puisse empêcher, et remédier aux mauvaises influences qui pourraient advenir.
J’ai dit que les Signes du Zodiaque ont noms d’animaux, à cause des effets que le Soleil opère entrant en chacun Signe, et que ainsi ils ont semblance ou propriété avec l’animal, ou avec la chose dont le signe porte le nom. Et pour ce qui m’a semblé le pouvoir déclarer plus à plein, je dirai aux Jardiniers quelle chose est signe, et en combien de manière il se prend, aussi la semblance de chacun signe avec la chose à quoi il est accomparé, et en que jour de l’an le Soleil est en chacun signe. Premièrement, le signe est une pyramide de quatre côtés, dont le bout ou l’assiette est la superficie que nous appelons Signe, et sa pointe est vers le centre où sont les Étoiles, dont les Astrologues voulaient contempler la lumière ou resplendeur, par laquelle ils connaissaient ce qui était à advenir, prévoyant par ce moyen les qualités de l'hiver, du printemps, de l'été, et de l'automne. Car les Étoiles principales montrent communément quel temps il doit faire quand elles naissent. Ce Signe se peut aussi prendre pour celle partie du Zodiaque que le Soleil passe ayant fait trente degrés de son mouvement ; et pour ce que le Soleil passe le Zodiaque en un an, qui font trois cents soixante degrés, pour autant y a douze signes ou habitations du Soleil, qui correspondent aux douze parties de la terre, le premier est Aries : mais il faut que je fasse entendre aux Jardiniers la raison pourquoi ce signe est nommé premier que les autres ; c'est que le Soleil fait son premier mouvement en son premier degré le premier jour qu’il fut créé, et fut Équinoxe, pour ce que quand le Soleil entre en ce signe, il produit avec lui chaleur et humidité : c'est le temps convenable. C'est pourquoi il est nécessaire que les Jardiniers prennent bien garde de ne pas laisser passer cette bonne saison, ce mouvement vital de génération et accroissement sans travailler soigneusement. Ce signe s'appelle Aries, pour la comparaison du mouton qui est débile en une partie du corps, en l'autre fort et ferme : ainsi que quand le Soleil entre en Aries, comme il fait infailliblement l’onzième de Mars, il échauffe au commencement petit à petit la terre.
Le second signe est appelé Taurus, pour faire entendre qu’ainsi que le taureau est animal robuste, aussi quand le Soleil entre ne ce signe le douzième Avril, il échauffe encore plus fort qu’auparavant la terre. Le troisième signe c’est Gemini, duquel s’entend que quand le Soleil entre en lui l’onzième de Mai, sa qualité est d’engendrer les plants, plantes, et fleurs. Le quatrième signe est appelé Cancer, auquel le Soleil entrant l’onzième de Juin, il a fait grand’ peur qu’il se recule comme une écrevisse. Le cinquième signe est figure d’un Lion, qui est animal fort colère et furieux, tellement que le Soleil entrant en ce signe le quatorzième de Juillet, il nous amène forte et insupportable chaleur. Le sixième signe est Virgo, par lequel se dénote que la vierge est stérile, et n’engendre point ; tout ainsi le Soleil quand il entre audit signe le quatorzième d’Août, fait et rend la terre stérile, afin que tous les fruits prennent maturité. Le septième signe est Libra, marqué comme un poids d'égales balances, pour entendre que quand le Soleil entre en ce signe, qui est le treizième Septembre, le jour est lors égal à la nuit, qui est le temps convenable aux Jardiniers pour semer plusieurs sortes de graines de Jardinages. Le huitième signe est figuré et marqué par forme d'un scorpion, qui est animal qui flatte et chatouille de la langue et des pieds, mais à la queue gît le venin ; aussi quand le Soleil entre en ce signe, qui est le quatorzième jour d'Octobre, le temps est tempéré du commencement, et se change en froideur sur la fin : c'est pourquoi il faut que les Jardiniers soient bien soigneux de faire cueillir et serrer leurs fruits en cette saison, qu'ils n'attendent pas la fin du mois d’Octobre, afin qu’ils ne soient surpris. Le neuvième signe est Sagittarius, qui est animal offensif ; aussi dès que le Soleil entre ce signe, qui est le treizième de Novembre, il tourmente les gens par froid et neiges : c’est pourquoi il ne faut pas que les Jardiniers se rendent négligents à couvrir leurs artichauts et autres arbres et fleurs qui sont sujets aux froidures. Le dixième signe est Capricorne, que quoi on doit entendre que comme la chèvre monte d’embas contre mont, aussi le Soleil quand il entre en ce signe le quatorzième de Décembre, il commence à monter du plus bas hémisphère pour venir sur le haut, et c’est alors que les grosses gelées commencent à venir:c’est pourquoi faut que les Jardiniers se rendent diligents de bien serrer tout ce qu’ils auront auparavant. L’onzième signe est Aquarius, figuré par un homme qui verse l’eau : pour nous montrer que le Soleil entre en ce signe l’onzième de Janvier, envoie l’eau et l’humidité en la terre. Le douzième signe est Pisces, figuré par deux poissons nageant en l’eau, pour démontrer que quand le Soleil entre en ce signe, qui est le douzième de février, le temps est froid et humide. Voilà comme les Jardiniers pourront connaître et savoir la diversité des effets que fait le Soleil en chacun signe : mais il faut qu’ils notent que cela advient à ceux qui demeurent au deçà de l’Équinoxial, à la partie de Septentrion sous le Pole Arctique: car à ceux qui habitent à la partie de l'Antarctique, le Soleil leur fait contraires opérations, de sorte que quand nous avons l'été, ils ont l'hiver. Car l'ordre des signes du zodiaque n'est conforme à tous ; que si Aries monte premier à nous, Libra sera premier montant à eux, et ainsi des autres signes,comme on peut facilement connaître par la Sphère matérielle.
Il est besoin que je fasse entendre aux Jardiniers des sept Cieux, des Planètes et de leurs mouvements, aussi comme ils ont influences, et causent génération et corruption
Puisque nous avons traité du huitième Ciel, des Étoiles, et des signes qui sont en icelui : aussi convient dire des Sphères d’embas, qu’on appelle Sphères des Planètes : le premier est le Ciel de Saturne, le second de Jupiter, le tiers de Mars, le quart du Soleil, le quint de Vénus, le sixième de Mercure, et le septième de la Lune qui nous est plus prochain que tous les autres, lesquelles sept Planètes sont appelées Erratiques, non pas pour ce qu'elles errent, mais pour raison que leurs mouvements ne sont uniformes au mouvement principal ; elles meuvent les Éléments, et corrompent les choses corruptibles, comme les arbres, plantes,et autres choses de Jardinages, amènent le beau temps, émeuvent les tempêtes, font naître et produire les fruits, herbes et fleurs. La sainte Écriture témoigne que les Cieux et Planètes ont naturelle vertu pour causer tels effets,comme il est écrit en Genèse chapitre premier, où Dieu dit, je veux qu'elles soient cause de faire diversité de temps, jours, mois, et années. Les œuvres des sept Planètes sont variables et diverses selon les variations des terres et régions : aussi impriment-ils leurs influences à toutes sortes de plants, plantes, et autres fleurs, animaux, oiseaux ; et quant aux hommes ils les inclinent plus à une chose qu'à l'autre. Mais quelque inclination ou émotion qu'ils fassent, ils ne contraignent ne obligent l'homme : car l'homme sage domine les Astres ; Et celui est sage qui ne suit la sensualité, mais la raison.
Chacune de ces Planètes a une Sphère ou Ciel propre auquel elle tourne circulairement, et celui d’enhaut est si très-joint à celui d’embas son voisin, et les uns aux autres si joignants, qu’il n’y a nul espace ou chose vide : tellement que ces Cieux approchent si près l’un à l’autre, et sont si serrés, que nulle chose pour délicate et subtile qu’elle soit ne se peut interposer entre une autre, comme appert aux Éléments, qui ne laissent aucun lieu vide entre eux. Par ainsi nous voyons qu’entre l’eau et la terre, ou entre la terre et l’eau, n’y entre le feu et l’air n’y a lieu, où aucune chose ne puisse entremettre ; et toutefois faut noter que combien que les Cieux sont ainsi conjoints et approchants les uns aux autres, que cet approchement ne les empêche en leur mouvement, ainsi se meuvent bien distinctement en tant différents les uns aux autres sans jamais délaisser leurs mouvements, ni s’arrêter un seul point ; de force que le dixième Ciel fait son tour en vingt-quatre heures, le neuvième grandement tardif et lent : pareillement le huitième Ciel et le septième qui est voisin. Ces choses nous démontrent le pouvoir et grandeur de celui qui a fait telles œuvres, et les mêmes œuvres le publient, et le louent, comme dit le Royal Prophète au dix-huitième Psaume, où il dit que les Cieux récitent et manifestent la puissance de Dieu aux humains. Et en autre lieu : Seigneur, les Cieux confesseront ta grande merveille, pour ce que tu as créé la terre au commencement,et les Cieux sont l’œuvre de ta main. Sur quoi faut entendre que chacun des Cieux a deux mouvements, l’un du premier Mobile qui se fait d'Orient en Occident, retournant en Orient comme est déclaré ; et l'autre qui est propre à un chacun se fait par cercle oblique contraire au premier, c'est à savoir d'Occident en Orient. Il a été nécessaire d’avoir autres deux mouvements contraires, l’un au premier Mobile, et l'autre aux Sphères inférieures, et ce pour deux raisons : La première, pour ce que le premier Mobile se meut si vitement, et a si grande impétuosité, qu'à peine peut-on considérer son mouvement, puisqu'il passe en vingt-quatre heures toute l'espace qu'il occupe, qui cause qu'il amène tous les Cieux inférieurs, et le feu, et la moyenne région de l'air, comme dit est.
Or si la neuvième et la dixième Sphère, et les Cieux des Planètes ne se mouvaient à la partie contraire avec mouvement contraire au premier mouvement, non seulement les Sphères, et celle du feu, mais aussi tout l’air, l’eau et la terre tourneraient en rondeur par son mouvement diurnel, par ainsi on ne trouverait nulle chose ferme ni fixe. La seconde raison est, pour ce que les Étoiles avec leur mouvement sont influence ci-embas selon qu’elles tournent : donc si elles se tournaient toutes par un seul mouvement, c’est à savoir d’Orient en Occident, le mouvement serait uniforme , et les effets sortiraient aussi égaux, qui serait inconvénient : car la génération n’est pas seulement suffisante, mais convient qu’il y ait corruption : par quoi convient aussi que toutes les Sphères se tournent par le mouvement diurnel à l’entour de la terre une fois le jour naturel, afin qu’elles ne se communiquent leurs influences les unes aux autres ; et aussi même que le second mouvement fait au Zodiaque approchant et s’éloignant de nous, afin que leurs effets aient différence. Le mouvement des Étoiles aux cercles obliques, c'est à savoir au Zodiaque, est cause de la diversité des effets qui se fait en la génération.
Il m'a pris envie de faire connaître aux Jardiniers comment les Éléments s’enveloppent les uns les autres, et pourquoi l’Eau ne couvre toute la Terre
J’ai assez amplement traité de la nature des Éléments, il reste à déclarer comme ils s’enveloppent les uns les autres en cette manière. La terre est au milieu de tous, comme le point au centre du monde ; et l’eau est tout joignant la terre, et par dessus l’eau est la terre ; l’air les enveloppe, et l’air est environné du feu ; nous voyons que tout feu se meut contre-amont, et s’élève par dessus l’air. Or puisque son mouvement n’est pas infini, il convient par succession en un lieu qui lui soit naturel où il se garde : par quoi on conclut que le feu est par dessus l’air, ou se prouve en cette manière. Posons la cas de quelque homme n'ait jamais vu la mer, mais il voit bien que toutes rivières se vont rendre en un lieu, et pour ce que leur mouvement a une fin, il faut conclure et donner lieu où toutes les eaux se vont assembler, que c'est la mer : par quoi faut confesser qu'il y a un autre lieu par dessus l'air sous le Ciel de la Lune où le feu se va assembler. Après je dis que ces Éléments et chacun d'eux environne la terre de toutes parts à l'entour également, sauf l'eau, en la partie de la terre qui est découverte pour servir à la vie et respiration tant des hommes, qu'animaux, plants, plantes et fleurs ; à quoi je note que nous voyons l'ordre des Éléments être posé en telle manière, que toujours la convexe voûte de l'un est jointe et serrée aux Cieux et concave de l'autre, et ce par tout ce qui environne sa rondeur ; et puis qu'il est ainsi, naturellement il l'ensuit que la terre a été quelque temps couverte d'eau.
Idem,
je dis que tout corps a naturellement un lieu propre lequel faut
qu’il remplisse : car autrement il y aurait chose superflue en
la Nature ; par quoi appert que la superficie de la terre est le
propre lieu des eaux, car elles se meuvent continuellement en ce
lieu. D'autre part, deux Éléments ne conviennent en aucune qualité,
qui s'appelle communément symbole : Il est nécessaire qu'ils
s'assemblent. Or puis que la terre et l'air n'ont aucune convenance,
s'ensuit qu'il faut qu'ils s'assemblent par un moyen qui est l'eau,
laquelle tient participation des deux. Par ainsi on montre que la
terre a été naturellement toute couverte d'eau, On pourrait
demander ici : Pourquoi la rondeur des Éléments vint plutôt à
faillir en l'eau qu'aux autres Éléments? Sur quoi on répond que
Dieu et Nature n'ont jamais rien fait en vain, mais toujours pour le
mieux. Or donc puisque Dieu a fait l'homme et toutes autres choses
par sa seule grâce et volonté, il laisse cette partie de la terre
découverte, afin que les hommes et les animaux se conservassent en
leur être. Dieu l'a fait par la puissance absolue, comme il est
écrit en Genèse au premier Chapitre, où il dit : Que toutes les
eaux sous le Ciel soient assemblées, et que la terre demeure sèche
et découverte. Je ne traiterai davantage des Éléments, parce que
j'en ai traité assez amplement, comme j’ai ci-devant dit.
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