Un document historique d'astrologie mondiale, rédigé à la fin de XIXe siècle, qui met en œuvre la sagesse secrète de la Kabbale ainsi que le pratique des cycles planétaires. Krishna Shastri Godbole y met en valeur l'année 1881, théâtre d'une conjonction Jupiter-Saturne sur laquelle Vénus fait une boucle. Pour lui, cette année fatidique serait marquée de "grands maux sur la tète courbée de l’humanité malheureuse", notamment des épidémies. Ce qu'il ignore, c'est que, très proche de cette conjonction, se prépare celle de Neptune et Pluton, respectivement peu connue et méconnue des astrologues de l'époque. En avril 1881, le Soleil, la Lune, Vénus, Jupiter, Saturne, Neptune et Pluton sont ensemble dans le signe du Taureau. La cinquième épidémie de choléra fait des ravages.
Article original paru dans la revue l'Initiation n°9 volume 35
Avec l'aimable autorisation de la revue "L'Initiation"
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L’antique
civilisation ne voyait rien d’absurde dans les prétentions de
l’astrologie, pas plus qu’aujourd’hui nombre d’hommes instruits et
véritablement savants n’y voient quelque chose d'absurde. L’astrologie
judiciaire, par laquelle on peut prévoir la destinée et les actes des
hommes et des nations, ne semblait pas, ni ne semble même à présent,
être plus antiphilosophique ou antiscientifique que l’astrologie
naturelle ou astronomie, par laquelle on peut prédire les événements de
la nature soi-disant brute et inanimée (changements de temps, etc). Car
il n’était même pas nécessaire que les aspirants à cette abstruse et
vraiment noble science fussent doués de la vue prophétique, mais
simplement d’un grand talent dans cette méthode qui permet à
l’astrologue de prévoir certains événements dans la vie d’un homme par
la position des planètes au moment de la naissance.
Une fois admise la probabilité ou même la simple possibilité d’une influence occulte exercée par les astres sur la destinée de l’homme - et pourquoi ce fait semblerait-il plus improbable dans le cas des astres et de l’homme que dans le cas des taches solaires et des pommes de terre? - l’astrologie devient une science non moins exacte que l’astronomie. La terre, nous dit le professeur Balfour Stewart F. R. S., "est très sérieusement influencée par ce qui se passe dans le soleil"... "on soupçonne fortement qu’il y a connexion entre les épidémies et l’apparence de la surface du soleil (1)."
Et si, comme nous le dit l’homme de science, "une relation mystérieuse entre le soleil et la terre est plus que soupçonnée"... et le problème est des plus importants à résoudre, combien plus importante encore la solution de cet autre mystère - l’affinité indubitable de l’homme et des astres - affinité admises par des générations innombrables et par les plus savants parmi les hommes! Assurément la destinée de l’homme mérite autant de considération que celle d’un navet ou d’une pomme de terre... Et si, toutes les fois qu’un légume sort de terre pendant une période de taches solaires, on peut lui prédire scientifiquement une maladie, pourquoi une vie maladive ou saine, terminée par une mort naturelle ou violente, ne serait-elle pas aussi scientifiquement pronostiquée d’après la position et l’apparence de la constellation avec laquelle l’homme est aussi directement en rapport que le soleil avec la terre ?
Jadis, l’astrologie était en grande faveur, car, lorsqu’elle était en des mains capables, souvent il fut prouvé qu’elle était aussi précise et aussi véridique dans ses prédictions que le sont à notre époque les prédictions astronomiques. Toute la Rome impériale étudiait les présages, autant, sinon plus qu’aujourd’hui l’Inde. Tibère pratiquait cette science ; et les Sarrasins d’Espagne avaient pour la divination par les astres la plus grande considération ; l’astrologie fut transmise à l’Europe occidentale par ces mêmes Sarrasins, nos premiers civilisateurs. Alphonse, le sage roi de Castille et de Léon, se rendit célèbre au XIIIe siècle par ses Tables astrologiques (appelées Alphonsines) et son code de la Siata Purtidas ; et le grand astronome Kepler au XVIIe siècle, qui découvrit les trois grandes lois des mouvements planétaires (connues sous le nom de lois de Kepler) avait foi en l’astrologie et la proclamait une vraie science. Kepler, le mathématicien de l’empereur Rodolphe, celui auquel Newton est redevable de ses découvertes, est l’auteur des Principes d’Astrologie dans lesquels il démontre le pouvoir qu’ont certaines configurations harmonieuses de planètes de régir les impulsions de l’homme. Dans sa fonction d’astronome impérial, on sait historiquement qu’il prédit à Wallenstein, d’après la position des astres, l’issue de la guerre dans laquelle cet infortuné général était alors engagé. Non moins que lui-même, son ami, protecteur et maître, le grand astronome Tycho-Brahé croyait au système astrologique et le répandait. Il fut forcé, en outre, à admettre l’influence des constellations sur la vie et les actions terrestres tout à fait contre son gré, et simplement par suite de la constante vérification des faits.
La Kabbale et son système des nombres a un rapport étroit avec l’astrologie. La sagesse secrète des anciens Chaldéens laissée par eux en héritage aux Juifs relate originairement la science mythologique des cieux et contient les doctrines de la sagesse secrète ou occulte concernant les périodes cycliques du temps. Dans la philosophie ancienne, les nombres sacrés commençaient par le grand Premier, l’Un, et se terminaient par le néant ou Zéro, symbole du cercle infini et sans limite qui représente l’univers. Tous les chiffres intermédiaires, dans quelque combinaison, ou quelque multipliés qu’ils soient, représentent des idées philosophiques se rapportant à un fait moral ou à un fait physique dans la nature. Ils sont la clef des vues archaïques sur la cosmogonie, dans son acception la plus large, renfermant l’homme et les êtres, et ils se rapportent à la race humaine ou aux individus, spirituellement aussi bien que physiquement. "Les Nombres de Pythagore, dit Porphyre, étaient des symboles hiéroglyphiques, par lesquels il exprimait toutes les idées concernant la nature de toutes choses" (De Vita Pythagorica). Dans la Kabbale symbolique - le système le plus ancien que nous aient légué les Chaldéens, - les manières d’examiner les lettres, les mots et les phrases étaient numériques. La gémantrie (un des trois modes) est purement arithmétique et mathématique, et consiste à appliquer aux lettres d’un mot la valeur qu’elles ont comme nombres - on se servait alors de lettres pour la numération chez les Hébreux comme chez les Grecs. La gémantrie figurative déduit les interprétations mystérieuses des formes de lettres usitées dans les manuscrits occultes et dans la Bible.
Ainsi, comme le démontre Corneille Agrippa dans les Nombres (X, 35), la lettre Beth signifie anéantissement d’ennemis. Les anagrammes secrets connus sous le nom de Ziruphe donnent leur sens mystérieux au moyen de la seconde manière nommée Themura, qui consiste à déplacer les lettres, à les substituer les unes aux autres et puis à les mettre en rang suivant leur valeur numérique. Si, de toutes les opérations de la science occulte, il n’y en a pas qui ait pris racine dans l’astrologie, l’arithmétique et la géométrie font partie des premiers principes de la magie. Les mystères et les puissances les plus abstruses de la nature cèdent au pouvoir des nombres. Et que l’on ne considère point ceci comme un mensonge. Celui qui connaît les nombres relatifs et respectifs ou la soi disant correspondance entre les causes et les effets, sera seul capable d’obtenir avec certitude le résultat désiré. Une petite erreur, une différence insignifiante dans un calcul astronomique, et toute prédiction exacte d’un phénomène céleste devient impossible. Comme le fait entendre Severinus Boethius, c’est par la proportion de certains nombres que toutes choses ont été formées. "Dieu fait de la géométrie", dit Platon, en voulant parler de la nature créatrice. S’il y a tant de vertus occultes dans les choses naturelles, "quoi d’étonnant si dans les nombres, qui sont purs et qui n’ont de relation qu’avec les idées, on trouve des vertus plus grandes et plus occultes?" demande Agrippa. Le Temps même doit contenir le nombre mystère ; de même aussi le mouvement, ou l’action, et de même, par conséquent, toutes choses qui se meuvent, agissent ou sont soumises au temps. Mais "le mystère réside dans la puissance abstraite du nombre, dans son état rationnel et formel, et non dans son expression vocale, comme parmi les gens qui achètent et qui vendent" (De occulta philosophia, c. III, p. CII.) Les Pythagoriciens prétendaient discerner beaucoup de choses dans les nombres des noms. Et, si ceux qui avaient compris étaient invités à "compter le nombre et le nom de la bête" par l’auteur de l’Apocalypse de saint Jean, c’est parce que cet auteur était un kabbaliste.
Les prétendus sages de notre génération crient journellement que la science et la métaphysique sont irréconciliables ; et les faits prouvent journellement aussi que ce n’est qu’un mensonge de plus parmi tous ceux qu’on profère. Le règne de la science exacte est proclamé sur tous les toits, et l'on se moque de Platon qu’on dit s’être livré aux rêves de son imagination, tandis que la méthode d’Aristote, échafaudée sur la raison pure, est la seule acceptée par la science. Pourquoi? Parce que la méthode philosophique de Platon est l’inverse de celle d’Aristote. Son point de départ, ce sont les universaux, dont l’existence est "une matière de foi", dit le Dr Draper, et de ceux-ci elle descend aux particuliers ou détails. Aristote, au contraire, "s’élève des particuliers aux universaux, s’y acheminant par inductions" (Conflit entre la religion et la Science). À ceux-ci nous répondrons humblement que les mathématiques, la seule science exacte et infaillible dans le monde des sciences, procède des Universaux.
C’est surtout cette année 1881 qui semble défier la froide science matérielle et, par les événements extraordinaires d’en haut et d’en bas, inviter à examiner ses étranges "coïncidences". Ses caprices dans le domaine de la météorologie et de la géologie sont pronostiqués par les astronomes, et chacun est obligé de le reconnaître. Il y a un certain triangle en cette année sur l’horizon et formé de trois très brillantes étoiles qui fut prédit par eux et expliqué. C’est une simple combinaison des corps célestes, disent-ils. Quant à ce que ce triangle formé des trois grandes planètes, - Vénus, Jupiter et Saturne, - ait affaire avec les destinées des hommes ou des nations, c’est pure superstition. "Le manteau des astrologues est brûlé, et les prédictions de quelques-uns d’entre eux, si elles se vérifient, doivent être attribuées simplement à l’aveugle hasard."
Nous ne sommes pas sûrs de cela ; et, si on le permet, nous dirons pourquoi. Entre temps, nous devons rappeler au lecteur le fait que Vénus, la plus brillante des trois planètes susnommées, comme on le remarque en Europe et, d’après nos renseignements, dans l’Inde aussi, soudain quitta ses deux compagnons et lentement s’avançant, s’arrêta au-dessus d'eux, d’où elle va éblouissant les habitants de la terre d’un éclat presque surnaturel.
La conjonction de deux planètes n’arrive que rarement ; celle de trois planètes est plus rare encore ; tandis que la conjonction de quatre et cinq planètes devient un événement. Ce dernier phénomène n’eut lieu qu’une fois dans les temps historiques (2449 ans avant J.-C.). Il fut observé par les astronomes chinois et ne s’est pas reproduit depuis. Cette extraordinaire rencontre de cinq grandes planètes présagea toutes sortes de maux au Céleste-Empire et à ses populations, et la panique alors causée par les prédictions des astrologues chinois ne fut pas vaine. Durant les 500 années qui suivirent, une série de troubles intérieurs, de révolutions, de guerres et de changements de dynastie marqua la fin de l’âge d’or du bonheur nationale dans l’Empire fondé par le grand Fo-hi.
Une autre conjonction eut lieu juste avant le commencement de l’Ère chrétienne. Cette année-là, trois grandes planètes s’approchèrent à tel point les unes des autres qu’elle furent prises par beaucoup pour un astre unique d’une grandeur énorme. Plus d’une fois des scholiastes de la Bible inclinèrent à identifier ces "trois en un" avec la Trinité, et aussi avec "l’astre des sages de l’Orient". Mais ils se virent contrariés dans leurs pieux désirs par leurs ennemis héréditaires, les irrévérencieux savants qui prouvèrent que la conjonction astronomique eut lieu une année avant la période à laquelle on prétend que Jésus est né. Si le phénomène présageait du bien ou du mal, l’histoire et le développement du Christianisme est là pour répondre qu’aucune religion n’a coûté autant de victimes humaines, n’a fait verser autant de sang, ni amené la plus grande partie de l’humanité à souffrir de ce qu’on appelle maintenant "les bienfaits du Christianisme et de la civilisation".
Une troisième conjonction eut lieu en 1563 de l’ère chrétienne. Elle apparut près de la grande Nébuleuse, dans la constellation du Cancer. Il y avait trois grandes planètes, et, selon les astronomes de l’époque, les plus néfastes : Mars, Jupiter et Saturne. La constellation du Cancer a toujours en mauvaise réputation; cette année-là le simple fait d’avoir dans son voisinage une triple conjonction de planètes vénéfiques amena les astrologues à prédire de grands et prochains désastres. Cela ne manqua pas d’arriver. Une terrible peste se déclara et exerça ses ravages dans toute l’Europe, faisant des milliers et des milliers de victimes.
Et maintenant, en 1881, nous avons encore la visite de trois autres astres "errants". Que présagent ils ? Rien de bon ; et il semblerait, comme s’ils étaient là pour répandre de grands maux sur la tète courbée de l’humanité malheureuse, que le fatal prélude déjà se joue. Énumérons, et voyons si nous sommes éloignés de la vérité. Les morts presque simultanées, et certainement dans quelques cas inattendues, de plusieurs hommes très remarquables de notre époque. Dans les régions de la politique, nous trouvons l’empereur de Russie, Lord Beaconsfield et Aga Khan (2) ; dans la littérature, Carlyle et George Eliot ; dans le monde de l’art, Nikolaï Rubinstein, le plus grand génie musical. Dans le domaine de la géologie, des tremblements de terre qui ont presque détruit la ville de Casamicciola dans l’île d’Ischia, un village en Californie et l’île de Chios qui fut entièrement dévastée par la terrible catastrophe, celle-ci, en outre, prédite pour ce jour même par l’astrologue Raphaël. Dans le domaine de la guerre, la Grande Bretagne, jusqu’alors invincible, fut défaite au Cap par une poignée de Boers ; l’Irlande s’agite et menace; une peste ravage la Mésopotamie ; une nouvelle guerre se prépare entre la Turquie et la Grèce ; des armées de Socialistes et de Nihilistes obscurcissent le soleil de l’horizon politique en Europe ; et cette dernière dans le trouble s’attend anxieusement aux événements les plus inopinés, l’avenir défiant la perspicacité de ses plus subtils hommes politiques. Dans les sphères religieuses, le triangle céleste a montré sa double corne aux congrégations monastiques et s’ensuivit en France un exode général de moines et de nonnes, conduits par les enfants de Loyola. Il est là un réveil d’infidélité et de rébellion intellectuelle, et en même temps un accroissement proportionné de missionnaires, qui aiment à voir les hordes d’Attila détruire beaucoup et construire peu. Ajouterons-nous à la liste de signes de ces jours néfastes la fondation de la nouvelle Loi New Dispensation à Calcutta ? Cette dernière, bien que d’une importance minime et tout à fait locale, a cependant un rapport direct avec le sujet qui nous occupe, le sens astrologique de cette conjonction planétaire. Comme le Christianisme avec Jésus et ses Apôtres, la Nouvelle Loi peut aussi se vanter d’avoir eu comme présage dans les cieux la triple conjonction actuelle de planètes. Elle prouve, en outre, notre théorie kabbalistique du retour périodique des événements. Comme le monde romain sceptique d'il y a 1881 ans, nous sommes menacés d’un nouveau réveil de mendiants ébionites, excitant les Esséniens et les Apôtres sur lesquels descendent "des langues de feu" et dont nous ne pouvons même pas dire comme des douze de Jérusalem, "que ces hommes sont pleins de vin nouveau", puisque, nous a-t-on dit, leur inspiration est entièrement due à l’eau.
Ainsi, l’année 1881, dont nous n’avons vu qu’un tiers, promet, comme l’ont prédit astrologues et astronomes, une longue et sombre suite de désastres sur terre comme sur mer. Nous avons montré ailleurs (Bombay-Gazette, 30 mars 1881) combien étrange sous maint rapport le groupement des chiffres de cette présente année 1881, outre qu’une autre combinaison semblable n’aura pas lieu avant l’an 11811 de l'ère chrétienne, dans juste 9930 ans, lorsque, nous le craignons, il n’y aura plus de chronologie chrétienne, mais quelque chose d’autre. Nous disions : "Cette année 1881 présente ce fait étrange que, de quelque côté que vous regardiez ces chiffres, de droite ou de gauche, d'en haut ou d’en bas, vous aurez toujours devant vous le même nombre mystérieux et kabbalistique de 1881." C’est le nombre exact des trois chiffres qui ont le plus intrigué les mystiques pendant plus de dix-huit siècles. En résumé, l’année 1881 est le nombre de la grande bête de l’Apocalypse, le nombre 666 de l’Apocalypse de saint Jean, ce livre kabbalistique par excellence. Voyez vous-mêmes : 1 + 8 + 8 + 1 font 18; 18 divisé par 3 donne 3 fois 6 ou sur un rang 666, "le nombre de l’homme".
Ce nombre a été pendant des siècles le problème à résoudre de la Chrétienté ; on l’a interprété de mille manières. Newton lui-même, pendant des années, a travaillé ce problème, mais, non initié à la kabbale secrète, il se trompa. Avant la Réforme, on supposait généralement dans l’Église que ce nombre se rapportait à la venue de l’Antéchrist. Depuis lors, les protestants commencèrent à l’appliquer dans cet esprit de charité chrétienne qui caractérise le Christianisme envers l’Église romaine, qu’ils appellent "l’Arlequin", la "grande Bête", la "Femme écarlate", compliments que ces derniers leur retournent avec le même esprit de fraternité et d’amour. La supposition que ce nombre se rapporte au peuple romain, parce que les lettres grecques du mot Latinus considérées comme nombres font comme total 666 exactement, est absurde.
Telles sont les croyances et les traditions qui ont cours parmi le peuple, sortant on ne sait d’où et transmises d’une génération à l’autre comme une prophétie orale et comme un fait futur inévitable. Un correspondant de la Gazette de Moscou a eu la fortune en 1874 de recevoir des montagnards des Alpes Tyroliennes, et par conséquent des vieux Bohémiens, une de ces traditions : "À partir du premier jour de l’année 1876, dit cette tradition, s’ouvrira pour le monde une triste et pénible période qui durera au moins sept années consécutives. L’année la plus malheureuse et fatale de toutes sera 1881. Celui qui survivra aura une tête de fer."
On trouvera une nouvelle combinaison intéressante de l’année 1881 dans les dates suivantes de la vie du tsar assassiné. Chacune de ces dates marque une époque plus ou moins importante dans sa vie. Elle prouve en tous cas la part importante et mystérieuse que les chiffres 1 et 8 ont joué dans sa vie. 1 et 8 font 18, et l’empereur est né le 17 (1 + 7 = 8) avril en 1818. Il est mort en 1881. Les chiffres de l’année de sa naissance et de celle de sa mort étant identiques et coïncidant, en outre, avec la date de sa naissance 17 = 1 + 7 = 8. Les chiffres des années de sa naissance et de sa mort étant ainsi les mêmes, puisqu’on peut en tirer 4 fois 18, et que la somme totale des chiffres de chaque année est 18. L’arrivée à Saint-Pétersbourg de la défunte impératrice, la fiancée du tsar, eut lieu le 8 septembre ; son mariage le 16 avril (8 + 8 = 16) ; leur fille aînée, la grande duchesse Alexandra, naquit le 18 août ; le feu tsarévitch, Nicolas Alexandrovitch, le 8 septembre 1843 (1 + 8 + 4 + 3 = 16, c’est-à-dire 2 fois 8). Le tsar Alexandre III naquit le 26 février (2 + 6 = 8) ; la proclamation de l’ascension au trône du défunt empereur fut signée le 18 février ; la proclamation publique annonçant la date du couronnement fut faite le 17 avril (1 + 7 = 8) ; son entrée à Moscou eut lieu le 17 août (1 + 7 = 8); le couronnement eut lieu le 26 août (2 + 6 = 8) ; l’année de la libération des serfs fut 1861 dont le total = 16, c’est-à-dire 2 fois 8.
Pour conclure, nous pouvons mentionner ici une découverte bien plus curieuse, relative aux calculs ci-dessus, et pour ainsi dire les complétant, faite par un rabbin juif de Russie, un kabbaliste évidemment, d’après l’usage qu’il fait de la Gémantrie. Elle vient de paraître dans un journal de Saint-Pétersbourg. Les lettres hébraïques, comme on l’a établi, ont leur valeur numérique ou correspondance en chiffres arithmétiques. Le nombre 18 dans l’alphabet hébraïque est représenté par les lettres "Heth" = 8 et "Iod" = 10, c’est-à-dire 18. Réunies Heth et Iod forment le mot "Khaï" ou "Haï", qui, traduit littéralement, signifie l’impérative "vis" et "vivant." Tout Juif orthodoxe durant ses jours de jeûne et de fête doit donner pour quelque pieux emploi une somme d’argent consistant en 18 pièces de monnaie. Ainsi, par exemple, il donnera 18 kopecks, ou 18 pièces de 10 kopecks, ou 18 roubles, ou 18 fois 18 kopecks, suivant ses moyens et le degré de sa ferveur religieuse. Ce qui fait que l’année 1818, année de la naissance du défunt empereur, signifie si on le lit en hébreu "Khaï, khaï" ou "vis, vis", prononcé deux fois avec emphase ; tandis que l’année 1881, celle de sa mort, lue de la même manière, donne ces paroles fatales "Khaï-tze" dont la traduction est "tu es vivant au départ", ou, en d’autres termes, "ta vie est terminée"…
Évidemment, les sceptiques remarqueront que tout ceci est dû au hasard, "coïncidence". Nous n’insisterions pas pour persuader le contraire, si cette observation ne venait que de matérialistes et d’athées qui, niant ce qui précède, sont logiques dans leur incrédulité et ont autant de droits à avoir cette opinion que nous la nôtre. Mais nous ne pouvons pas avoir la même indulgence quand nous sommes attaqués par les religions orthodoxes. Car, cette classe d’individus, en même temps qu’elle méprise la métaphysique spéculative et même l’astrologie, système basé sur des calculs strictement mathématiques, dépendant de la science exacte autant que la biologie ou la physiologie, et ouverte à l’expérimentation et à la vérification, croit fermement que la maladie de la pomme de terre, le choléra, les accidents de chemin de fer, les tremblements de terre, etc., sont toutes d’origine divine et venant directement de Dieu, ont une signification et un contrecoup dans les plans supérieurs de la vie humaine. C’est à cette dernière classe de théistes que nous disons : Prouvez-nous l’existence d’un Dieu personnel, soit extérieur, soit intérieur à la nature physique ; montrez-le-nous comme étant l’agent externe, le Régulateur de l’Univers ; montrez-le s’occupant des affaires et de la destinée des hommes et exerçant sur elle une influence aussi importante et raisonnable au moins que celle exercée par les taches solaires sur la destinée des légumes, et puis, riez de nous. Jusque-là, et tant que personne n’aura présenté cette preuve et cette solution, agissons comme le dit Tyndall : "Baissons la tête, et reconnaissons notre ignorance, prêtre et philosophe, chacun et tous."
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Notes
- Une des épidémies potagères les mieux connues est celle de la maladie de la pomme de terre. Les années de 1846, 1860 et 1872 furent très mauvaises pour la maladie de la pomme de terre, et ces années n’étaient pas éloignées du maximum des taches solaires... Il y a une relation curieuse entre ces maladies qui affectent les plantes et l’état du soleil... Une épidémie périodique et très violente appelée "la suette" eut lieu il y a environ trois siècles... vers la fin du XVe siècle au commencement du XVIe... et ceci coïncide exactement avec la période des taches solaires... ("Le Soleil et la Terre", conférence par le professeur Balfour Stewart.)
- Aga Khan fut un des hommes les plus remarquables du siècle. De tous les Musulmans, Shahs ou Soonis, qui jouissent du vert turban, les prétentions d’Aga a une descendance directe de Mahomet par Ali s’appuyaient sur des preuves indéniables. Il représentait encore les historiques "Assassins" du Vieux de la Montagne. Il avait épousé une fille du défunt Shah de Perse : mais des démêlés politiques le forcèrent à quitter son pays natal et à chercher un refuge auprès du gouvernement anglais dans l'Inde. Il avait à Bombay un grand nombre de fervents. C’était un homme noble et généreux, et un héros. Le trait le plus remarquable de sa vie fut qu’il est né en 1800 et qu’il est mort en 1881. Dans ce cas aussi l'influence de l’année 1881 est indéniable.
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