LES ORS SOLAIRES DE L'OPÉRA GARNIER

Emblématique de l'architecture qui s'est développée à Paris durant la seconde moitié du XIXe siècle, l'opéra Garnier est un monument d'apparat, inspiré du style baroque, qui foisonne d'ors, de matériaux éclectiques, d'éléments de décoration multiples et fastueux. Les évocations mythologiques y sont très nombreuses, tout comme les références au ciel, au Soleil ou à la Lune. Apollon, le dieu du chant et de la musique, y est omniprésent sous sa forme solaire ou delphique. On le trouve également en Lion zodiacal.


L’Opéra Garnier est emblématique de l'architecture qui s'est développée à Paris durant la seconde moitié du XIXe siècle sous l'impulsion de Napoléon III et du baron Haussmann.

© De Sphæris – association Météores

Achevé en 1874, le palais est l'œuvre de Charles Garnier, qui a fait de ce théâtre lyrique un monument d'apparat, spectaculaire de l'extérieur comme de l'intérieur. Sa création, fortement inspirée du style baroque,  foisonne de matériaux divers et éclectiques, d'éléments de décoration multiples et fastueux : pierre blonde et marbre de couleur, dorures et parquets, peintures et sculptures, tentures et lustres, jeu de miroirs et larges baies...

Les évocations mythologiques y sont très nombreuses, tout comme les références au ciel, au Soleil ou à la Lune.
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Placé précisément sous la salle de spectacle pour recevoir, à l'origine, les abonnés arrivant en fiacre, un vaste vestibule circulaire (ci-dessus) accueille désormais les visiteurs dans une ambiance minérale et caverneuse. À l'approche de l'escalier qui mène aux étages, une figure mythologique de bronze se dresse de façon mystérieuse : c'est la "Pythonisse" du sculpteur Marcello, première référence dans ce lieu au dieu grec Apollon, dont la Pythie délivrait jadis les oracles à Delphes.

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La signature de Charles Garnier se trouve en cette rotonde, inscrite au plafond (ci-dessus) et dissimulée sur un disque de pierre, dans des entrelacs de lettres, de chiffres et d'arabesques, à la façon secrète des bâtisseurs antiques.

Autour de cette signature, seize bustes sculptés évoquent par leur coiffe les quatre saisons et les douze signes du zodiaque.

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Le Cancer

Ci-dessus, le signe du Cancer : des gerbes et une écrevisse dans les cheveux. Dans les représentations classiques, le signe du Cancer est tantôt signifié par un crabe, tantôt par l'écrevisse. Dans les imageries médiévales, le Cancer est le mois de la tonte des moutons, ou celui de la fenaison, ce qui explique les tresses de paille.
 
 
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Le Lion
 
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Les Poissons
 
Les Poissons, aux bouches reliées par un fil. Tout comme pour le Capricorne et le Verseau, les deux autres signes d'hiver, le personnage est encagoulé et en exprime ainsi la rigueur du climat.
 

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La Balance

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 Les ors, les lustres, le brillant et le luxe d'une époque puissante et glorieuse : comment ne pas penser au signe du Lion en se promenant dans le grand foyer de l'opéra Garnier? Il se trouve précisément que le Lion astrologique y est représenté, au plafond d'un des salons qui agrémentent le grand foyer. Il s'agit d'une peinture de Jules-Elie Delaunay qui s'intitule "le zodiaque". On y voit un être solaire enjamber la bande zodiacale au niveau du signe du Lion. Le signe du Cancer se laisse deviner derrière deux anges graciles.
 
Un peu plus loin, les références à Apollon se font plus précises. Dieu grec du chant, de la musique et de la poésie, il trouve tout naturellement sa place dans un opéra. Il est d'ailleurs souvent représenté, on le dit alors citharède, tenant à la main une lyre, instrument qui devient à l'opéra Garnier un élément de décoration prépondérant : chapiteaux, grilles de chauffage, poignées de porte et, bien entendu, statues, comme pour le groupe qui se trouve au sommet du toit. Également appelé musagète, celui qui conduit les muses, il est encore connu comme Phébus, le brillant, en référence au Soleil. On le voit ainsi sur une autre peinture en Phébus conduisant le char du Soleil au centre d'un groupe de personnages dont l'un d'eux est un lion. On ne peut pas s'empêcher de penser à un lien symbolique invisible dans cette succession de tableaux, puisque, dans la logique des astrologues, le Soleil trouve sa meilleure place, son domicile, dans le signe du Lion. On trouve encore deux bustes dorés d'Apollon à l'image de Charles Garnier dans l'édifice.
 
 
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Le plafond d'un des salons du grand foyer
 
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Apollon franchissant le zodiaque, au dessus du Lion
 

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Détail de la voûte du salon de la Lune

Encadrant l'avant-foyer par l'est et l'ouest, deux rotondes jumelles prolongent la symbolique céleste et temporelle de l'ornementation de l'opéra Garnier.

Similaires par la tonalité métallique de leur voûte et par le jeu d'immenses miroirs qui mettent l'espace et la lumière en abîme, elles se différencient par leur thématique.

L'une, consacrée à la Lune et à la nuit, est revêtue d'argent, le métal lunaire des astrologues, de teintes froides et d'animaux nocturnes (à gauche). L'autre, dédiée au Soleil et au jour, est décorée d'or, métal solaire, de tons chauds et de salamandres, symboles élémentaires du feu dans de nombreuses traditions.

Une discrète galerie s'étire le long de la rue Halévy entre le grand foyer et la rotonde du Glacier en passant par le salon du Soleil. Ici, la décoration tranche sensiblement avec celle des autres salons de l'opéra : peu de dorures, pas de sculptures, la lumière du jour abondante.
 

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La galerie Est, longeant la rue Halevy

Entre les cinq fenêtres et les cinq portes du parterre, deux séries de panneaux peints de style Art nouveau se font écho. Le temps a fait son œuvre, les teintes ont passé, on devine parfois avec difficulté ce qu'ils représentent...

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Une évocation florale du mois d'avril
 
Il s'agit en fait d'allégories des douze mois de l'année et des douze signes zodiacaux, évoquant une nature riche et bienfaisante, et mettant en scène des danseurs ou des muses. Les représentations sont néanmoins assez éloignées des symbolismes astrologiques classiques de chaque signe.

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Le signe du Taureau