LE ZODIAQUE DE LA CATHÉDRALE SAINT MAURICE DE VIENNE

À une trentaine de kilomètres au sud de Lyon, le long d’un coude du Rhône, l'une des plus anciennes ville de la région s’étire, Vienne. En son centre, au pied des collines et face à la passerelle Sainte Colombe, se dresse l’église Saint-Maurice, qui fut cathédrale du diocèse de Vienne jusqu’en 1790 et dont la construction de l’actuel bâtiment date de 1130. En direction de la place Saint-Paul, sous la balustrade, le transept est orné d’un bas-relief de pierre de cinq mètres de long qui figure un zodiaque moyenâgeux, original à plus d’un titre.
 
 
La cathédrale se situe sur un site où, au IVe siècle déjà, un lieu de culte chrétien existait. La construction du bâtiment actuel s’est étalée de 1130 à 1529, dans le style roman tout d’abord pour la majeure partie de la nef, dans le style gothique ensuite dès le XIIIe siècle. Les derniers éléments, la façade notamment, on été érigés au cours du XVIe siècle.
 
La façade de l'église Saint Maurice de Vienne
 
 
La frise du zodiaque, entre la voûte et la balustrade
 
 

Permettant de suivre le mouvement apparent du Soleil dans les différents signes du Zodiaque tout au long de l'année, la frise de marbre, véritable calendrier du Moyen-âge, se découvre de droite à gauche, commençant par le Verseau pour se terminer par le Capricorne. 

À gauche de la frise, le Capricorne, en chèvre à queue reptilienne,  et le Sagittaire, coiffé d'un bonnet phrygien

À droite du précédent, le Scorpion, la croix, la Balance et la Vierge

Un peu plus à droite, le Lion, le Cancer, ici en monstre chthonien  muni de dix pattes bifides et non en crabe ou écrevisse traditionnel, et les Gémeaux, armés de lances et prêts pour la bataille

Un peu plus à droite encore, le Taureau, efflanqué et aux attributs mâles manifestes, le Bélier et les Poissons

À l'extrémité droite de la frise, les Poissons et le Verseau

Les images ci-dessus illustrent plusieurs des originalités du Zodiaque de Vienne. 

On y voit tout d'abord à gauche le signe du Scorpion surmonté, gravé dans le marbre, de ce qui devrait être son nom latin mais qui correspond au Cancer : les désignations ont été interverties par erreur car le signe du Cancer est indûment nommé "Scorpius".

On y voit ensuite à droite la Balance à plateaux. Celle-ci est portée par un personnage féminin drapé qui représente vraisemblablement, bien que son nom "Virgo" ne soit pas gravé, contrairement à celui de ces voisins Libra et Leo, le signe de la Vierge. Il s'agit ici de deux signes mis en complicité par l'artiste, complicité que l'on retrouve également avec le Sagittaire qui décoche une flèche vers le flanc du Capricorne (traditionnellement, le Sagittaire pointe sa flèche dans l'autre direction et vers le ciel) ainsi qu'avec le Verseau dont l'eau s'écoulant du vase vient inonder les Poissons. 

On y voit encore l'alpha et l’oméga, la fin et le commencement de toute chose, entourant la croix du Christ, avec le Scorpion et la Balance, respectivement. Cette façon d'exprimer le point de départ du zodiaque est peu banale car, en général, il est plutôt tenu compte de l'axe équinoxial, et plus particulièrement du point vernal, au début du Bélier.

On y comprend enfin que le zodiaque a été déplacé et qu'il n'est plus aujourd'hui dans sa disposition d'origine, comme en témoignent des cassures mal cicatrisées entre le Scorpion et la Balance ou entre les Poissons et le Bélier. Dans les premiers temps, la frise commençait à droite par le Bélier pour finir à gauche par les Poissons, plaçant ainsi la croix, l'alpha et l'oméga au centre du bas-relief. Afin de respecter l'édit royal de Roussillon de 1564, qui fixa le premier jour de l'année au premier janvier (Capricorne) et non plus, comme il était d'usage, à la fin mars (Bélier), le bas-relief a été démonté, coupé et décalé de deux signes.

Le Scorpion, l'alpha, la croix, l'oméga et la Balance