Novateur et précurseur, Paul Choisnard a propulsé un mouvement d’astrologie d’astrologie et créé un état d'esprit de modernisation, notamment en automatisant l'astrologie et en la coupant de ses liens avec l'ésotérisme. Il a impulsé tout un courant moderne qui a centré son interprétation sur l’essentiel
: dix planètes, douze signes et douze maisons. C'est à lui qu'on doit le mode de représentation du thème astrologique actuel.
Autant Choisnard est connu de ceux qui s’intéressent à l’astrologie scientifique, autant il est quasiment inconnu des astrologues contemporains. Pourtant son influence sur l’astrologie de notre temps est déterminante. Voilà un paradoxe que je voudrai approfondir avec vous. En un premier temps je vous citerai quelques morceaux choisis tiré de l’œuvre de Choisnard, les critiques qu’il formulait vis à vis de l’astrologie de son temps, les innovations qu’il a proposé. En un second temps je détaillerai les innovations de Choisnard qui ont eu le plus grand impact sur les astrologues. En un troisième temps je vous parlerai des astrologues qui ont été marqués par Choisnard, astrologues grâce à qui les innovations de Choisnard ont pu se diffuser. Nous serons alors en mesure d’évaluer un peu plus précisément l’influence de Choisnard sur nous et de mieux comprendre pourquoi elle est déterminante.
Choisnard n’est pas cité dans le livre de Geoffrey Dean et de Arthur Mather qui recense et critique les travaux des astrologues. Seuls l’étaient, en matière d’astrologie statistique, Krafft et Gauquelin. J’ai effectué une enquête auprès d’une bonne dizaine d’astrologues – et non des moindres - et je me suis rendu compte qu’eux aussi ne connaissaient pas Choisnard.
En revanche, un tout récent ouvrage "A history of horoscopic astrology", de James Herschel Holden, cite Choisnard. Cet astrologue américain, reprenant des informations communiquées par l’astrologue belge Jany Bessière, indique que “ ce diplômé de Polytechnique s’intéressa jeune à l’astrologie et fut le pionnier des statistiques astrologiques. Il fut sévèrement critiqué par Michel Gauquelin mais, que la critique soit justifiée ou non, on lui doit d’avoir été le premier astrologue à utiliser l’analyse statistique pour améliorer la connaissance astrologique." Sont alors mentionnés quatre de ses ouvrages :
- L’influence astrale (Paris, Chacornac, 1901)
- Le langage astral (Paris, Chacornac, 1903)
- Étude nouvelle sur l’hérédité (Paris, Chacornac, 1903)
- Calcul des probabilités appliqué à l’astrologie (Paris, Chacornac, 1914).
L’approche de Choisnard
"Alors que l’école scientifique tient l’astrologie pour une science édifiée par l’homme avec ses moyens actuels, et donc réédifiable par lui grâce à un effort analogue, l’école occultiste estime au contraire qu’elle a été léguée à l’homme par des êtres plus puissants que lui, produits d’une évolution antérieure et supérieure, capables en un mot de clairvoyance et d’explorer jusqu’à ses limites le système solaire invisible et visible." (" L’astrologie et la logique", p. 40).
"Il ne saurait donc y avoir deux astrologies pas plus que deux astronomies, deux biologies, deux physiologies ou deux physiques. Il n’y en a qu’une, mais qui ne doit mépriser a priori aucune donnée ancienne ou nouvelle, et dont les procédés d’investigation ne peuvent être étrangers à la raison scientifique indispensable à toutes connaissances…" ("L’astrologie et la logique", p. 45).
"Il est vrai qu’elle peut suivre plusieurs voies et prendre des positions diverses suivant les aptitudes personnelles des savants : les uns peuvent préférer la découverte de données modernes et les autres la justification de certaines données anciennes, c’est selon les goûts." ("L’astrologie et la logique", p. 46).
Les innovations de Choisnard
Pour développer une astrologie scientifique, Choisnard n’a pas hésité à innover. En 1924, dans "L’influence astrale et les probabilités", il fait en quelque sorte le bilan de 25 ans de recherches et montre qu’il a innové sur sept points. Voici le passage où il résume toutes ses innovations. C’est à la page 194 :
"Voici un récapitulatif des points essentiels auxquels j’ai abouti successivement et qui ont jalonné mes recherches personnelles :
1° Adoption comme base graphique du cadran zodiacal (représentant l’état du ciel) à la place de la figure ancienne (ronde ou carrée) fondée sur les "maisons astrologiques". Toutes les planètes, ainsi que l’horizon et le méridien, sont inscrites sur ce cadran par leurs longitudes respectives.
Cette base graphique est devenue courante. Le "tampon zodiacal" en caoutchouc ou en métal, à utiliser pour cela, est même devenu un article commercial qu’on trouve en certains milieux, même à l’étranger. Bien qu’aucune mention n’ait été faite avant 1900 de cette base graphique. Elle s’impose à toute la recherche scientifique dans cette voie. Et, comme je l’ai montré, elle est inévitable, du moins mentalement.
2° Choix limité, et tout au moins provisoire, des facteurs simples, en astrologie, comprenant trois classes distinctes : les 11 positions zodiacales, les 9 positions en maisons et les 54 distances angulaires.
Ces 74 facteurs constituent une première base d’étude offrant déjà un champ très étendu de recherches, et portent sur les éléments astronomiques les plus nets et les plus accessibles aux statistiques. La méthode d’investigation proposée pourrait d’ailleurs s’appliquer à toute autre catégorie d’éléments dont on cherche la correspondance. (voir le calcul des probabilités appliqués à l’A.S.)
- les 11 positions zodiacales correspondent aux positions en signes de l’Ascendant, du Milieu du Ciel et des 9 planètes en signes (Note : Pluton n’était pas encore connu à l'époque.)
- les 54 distances angulaires correspond aux 36 aspects entre planètes et aux 18 aspects que forment les neuf planètes avec l’Ascendant et le Milieu du Ciel.
3° Adoption pour toutes les planètes d’un orbe uniforme et moyen pour représenter la limite angulaire de leur influence réciproque.
4° Application méthodique du calcul des probabilités reposant sur le principe des fréquences comparées, basées elles-mêmes sur des statistiques dont la validité se fonde sur le grand nombre et le choix impartial des cas retenus. Cet emploi des "fréquences comparées" n'avait jamais été appliqué à l’astrologie jusqu’en 1900.
5° Définition de la correspondance astrale et du fait astrologique envisagé comme l’écart entre deux fréquences d’un même facteur, dans deux catégories de cas ; la preuve qui en résulte est vérifiable par l’expérience et reproductible à volonté.
6° Loi d’hérédité astrale prouvant que la nature tend à faire naître l’enfant sous un ciel d’une certaine analogie avec celui des parents, puisque certaines similitudes d’éléments astronomiques sont plus fréquentes entre parents qu’entre gens sans parenté
7° Établissement de lois astrologiques nouvelles et vérifications des lois anciennes ne pouvant se fonder et se contrôler que d’après le principe des probabilités sous la forme de comparaison de fréquences expérimentales, clef de toute l’astrologie scientifique.
Telle est l’indication générale des principes, des procédés et des faits fondamentaux que j’ai voulu tirer au clair, et sur lesquels je me suis appuyé. J’estime qu’ils suffisent déjà pour jeter les premières bases d’une astrologie scientifique sans avoir à faire appel à la tradition, tout en ayant par là le moyen de vérifier en partie celle-ci et d’étendre aussi l’étude à tous les facteurs qu’on voudra."
Nous commenterons tout particulièrement le premier point qui a révolutionné la pratique astrologique. Il a permis, comme nous allons le voir par la suite, l’apparition d’une nouvelle règle dans l’interprétation du thème.
Choisnard lance en 1913 la revue "Influence astrale" et il précise dans son premier numéro que c’est une revue d’astrologie scientifique, consacrée aux recherches positives et critiques de correspondances entre les astres et l’homme, à leur portée pratique et philosophique et à l’histoire de l’Astrologie. Tout un programme auquel il a voué sa vie.
La revue porte en fait le titre d’un ouvrage que Choisnard a publié en 1901 sous le pseudonyme de Paul Flambart "Influence astrale, essai d’astrologie expérimentale". Cette revue reprend des textes parus de 1898 à 1900. Dans l’un d’eux il est dit que l’aurore du vingtième siècle correspond à "l’époque où furent faites les premières tentatives pour dégager l’astrologie de l’empirisme et la placer sur le terrain de la science positive".
Choisnard se caractérise par sa rigueur. Il considère l’astrologie comme une science naturelle des correspondances des astres. Il veut avant tout montrer le côté logique de l’astrologie. Il est le premier à dire que l’astrologie doit être envisagée comme les autres sciences d’observation : "L’astrologie est une science naturelle de correspondances psychologiques ; elle ne diffère pas essentiellement des autres sciences d’observation en tant que preuves, bases, méthodes, applications, progrès et discussions diverses qui la concernent" ( "L’astrologie et la logique", p. 23)
À son avis la science n’est pas obligée de se cantonner à la dimension physico-chimique ou biologique :
"Aujourd’hui la science est assez mûre pour qu’on ne borne plus son application au côté matériel de la vie. Il faut chercher son rôle dans les choses de l’esprit par l’étude des correspondances et de la chaîne illimitée des vérités. Le nombre des savants qui s’en préoccupent s’accroît heureusement chaque jour" ("Langage astral", p. 8).
La revue porte en fait le titre d’un ouvrage que Choisnard a publié en 1901 sous le pseudonyme de Paul Flambart "Influence astrale, essai d’astrologie expérimentale". Cette revue reprend des textes parus de 1898 à 1900. Dans l’un d’eux il est dit que l’aurore du vingtième siècle correspond à "l’époque où furent faites les premières tentatives pour dégager l’astrologie de l’empirisme et la placer sur le terrain de la science positive".
Choisnard se caractérise par sa rigueur. Il considère l’astrologie comme une science naturelle des correspondances des astres. Il veut avant tout montrer le côté logique de l’astrologie. Il est le premier à dire que l’astrologie doit être envisagée comme les autres sciences d’observation : "L’astrologie est une science naturelle de correspondances psychologiques ; elle ne diffère pas essentiellement des autres sciences d’observation en tant que preuves, bases, méthodes, applications, progrès et discussions diverses qui la concernent" ( "L’astrologie et la logique", p. 23)
À son avis la science n’est pas obligée de se cantonner à la dimension physico-chimique ou biologique :
"Aujourd’hui la science est assez mûre pour qu’on ne borne plus son application au côté matériel de la vie. Il faut chercher son rôle dans les choses de l’esprit par l’étude des correspondances et de la chaîne illimitée des vérités. Le nombre des savants qui s’en préoccupent s’accroît heureusement chaque jour" ("Langage astral", p. 8).
Choisnard veut désocculter l’astrologie. Son souci de simplification et son souci de clarté sont évidents. Il veut dépouiller l’astrologie de tout ce qui l’encombre car "Comme n’importe quelle autre science on peut l’habiller sous les déguisements qu’on veut : on peut la bourrer d’équations et de formules aussi transcendantales qu’inutiles ; la voiler avec des symboles hermétiques, l’amalgamer au satanisme… bref l’obscurcir avec des complications vaines, un jargon technique ou un pompeux galimatias" ("L’astrologie et la logique" p. 24).
L’astrologie future devra s’efforcer de tout vérifier et de ne retenir que ce qui est confirmé par les probabilités : "Ainsi on dit et on observe que les gens célèbres ont dans leur ciel de naissance Jupiter au Milieu du ciel ou la conjonction Jupiter-Soleil plus fréquemment que les gens quelconques. Une fois que l’on a vérifié par le calcul des probabilités cette assertion on peut l’utiliser dans la pratique astrologique. Il convient, bien sûr, de multiplier le nombre d’assertions vérifiées."
L’astrologie future devra s’efforcer de tout vérifier et de ne retenir que ce qui est confirmé par les probabilités : "Ainsi on dit et on observe que les gens célèbres ont dans leur ciel de naissance Jupiter au Milieu du ciel ou la conjonction Jupiter-Soleil plus fréquemment que les gens quelconques. Une fois que l’on a vérifié par le calcul des probabilités cette assertion on peut l’utiliser dans la pratique astrologique. Il convient, bien sûr, de multiplier le nombre d’assertions vérifiées."
Mais comment situer cette astrologie nouvelle que Choisnard appelle de ses vœux par rapport à l’astrologie ancienne : "Il est contraire au bon sens de vouloir maintenir deux astrologies distinctes et qui seraient aussi respectables l’une que l’autre : puisque l’ancienne ne peut se justifier qu’en s’appuyant sur la nouvelle et que la nouvelle n’a pas le droit de rejeter ce que l’ancienne a de juste". ("L’astrologie et la logique", p. 37).
"Alors que l’école scientifique tient l’astrologie pour une science édifiée par l’homme avec ses moyens actuels, et donc réédifiable par lui grâce à un effort analogue, l’école occultiste estime au contraire qu’elle a été léguée à l’homme par des êtres plus puissants que lui, produits d’une évolution antérieure et supérieure, capables en un mot de clairvoyance et d’explorer jusqu’à ses limites le système solaire invisible et visible." (" L’astrologie et la logique", p. 40).
"Il ne saurait donc y avoir deux astrologies pas plus que deux astronomies, deux biologies, deux physiologies ou deux physiques. Il n’y en a qu’une, mais qui ne doit mépriser a priori aucune donnée ancienne ou nouvelle, et dont les procédés d’investigation ne peuvent être étrangers à la raison scientifique indispensable à toutes connaissances…" ("L’astrologie et la logique", p. 45).
"Il est vrai qu’elle peut suivre plusieurs voies et prendre des positions diverses suivant les aptitudes personnelles des savants : les uns peuvent préférer la découverte de données modernes et les autres la justification de certaines données anciennes, c’est selon les goûts." ("L’astrologie et la logique", p. 46).
Choisnard est exigeant vis à vis des astrologues. Il est indispensable que l’astrologue ait de solides connaissances scientifiques. "Le langage astral a malheureusement été faussé par la plupart des vulgarisateurs, ignorant presque totalement l’astronomie qui est la base, et la méthode scientifique qui en est la garantie." ("Langage astral", p. 13).
L’astrologue ne doit pas se départir de son esprit critique. Il ne doit garder dans sa pratique que ce qui est justifié : "Or les traités d’astrologie -invariablement composés de règles anciennes sans aucun souci de la critique scientifique- n’ont jamais apporté aucune preuve valable là-dessus…" ("Langage astral", p. 34). (…) "les observations sont des statistiques faites sur le sentiment" ("Langage astral", p. 36).
"Quand j’entends parler d’horoscope de nations, de villes, de maisons, de voitures, d’objets ou d’évènements quelconques… j’ignore le sens qu’on peut leur donner. Et, en tout cas, j’attends, pour l’admettre, qu’on expose une preuve valable de correspondance entre les astres et l’existence de semblables choses…" ( "L’astrologie et la logique", p. 71).
L’astrologue ne doit pas se départir de son esprit critique. Il ne doit garder dans sa pratique que ce qui est justifié : "Or les traités d’astrologie -invariablement composés de règles anciennes sans aucun souci de la critique scientifique- n’ont jamais apporté aucune preuve valable là-dessus…" ("Langage astral", p. 34). (…) "les observations sont des statistiques faites sur le sentiment" ("Langage astral", p. 36).
"Quand j’entends parler d’horoscope de nations, de villes, de maisons, de voitures, d’objets ou d’évènements quelconques… j’ignore le sens qu’on peut leur donner. Et, en tout cas, j’attends, pour l’admettre, qu’on expose une preuve valable de correspondance entre les astres et l’existence de semblables choses…" ( "L’astrologie et la logique", p. 71).
Ce souci de logique peut être excessif. Par exemple, quand il traite des directions, Choisnard supprime la Part de Fortune, un des cinq significateurs du thème, car il ne comprend pas le bien-fondé de ce point fictif.
Choisnard n’applique pas toujours la rigueur qu’il recommande. Lui qui a tout à fait bien fixé les objectifs de l’astrologie scientifique n’a pas toujours été à la hauteur de ces objectifs. Car il lui arrive de "projeter". C’est particulièrement net pour la corrélation qu’il pensait avoir trouvé entre l’intelligence et les signes d’air. On sait que les statistiques ultérieures n’ont jamais confirmé cette affirmation que les élites ont une dominante Gémeaux-Balance-Verseau. Il a dû inconsciemment choisir les cas qui allaient dans le sens de son hypothèse. Il est pour le moins curieux de constater que Choisnard a l’Ascendant Balance, la Lune en Gémeaux et le Soleil en Verseau.
Choisnard n’applique pas toujours la rigueur qu’il recommande. Lui qui a tout à fait bien fixé les objectifs de l’astrologie scientifique n’a pas toujours été à la hauteur de ces objectifs. Car il lui arrive de "projeter". C’est particulièrement net pour la corrélation qu’il pensait avoir trouvé entre l’intelligence et les signes d’air. On sait que les statistiques ultérieures n’ont jamais confirmé cette affirmation que les élites ont une dominante Gémeaux-Balance-Verseau. Il a dû inconsciemment choisir les cas qui allaient dans le sens de son hypothèse. Il est pour le moins curieux de constater que Choisnard a l’Ascendant Balance, la Lune en Gémeaux et le Soleil en Verseau.
Les innovations de Choisnard
Pour développer une astrologie scientifique, Choisnard n’a pas hésité à innover. En 1924, dans "L’influence astrale et les probabilités", il fait en quelque sorte le bilan de 25 ans de recherches et montre qu’il a innové sur sept points. Voici le passage où il résume toutes ses innovations. C’est à la page 194 :
"Voici un récapitulatif des points essentiels auxquels j’ai abouti successivement et qui ont jalonné mes recherches personnelles :
1° Adoption comme base graphique du cadran zodiacal (représentant l’état du ciel) à la place de la figure ancienne (ronde ou carrée) fondée sur les "maisons astrologiques". Toutes les planètes, ainsi que l’horizon et le méridien, sont inscrites sur ce cadran par leurs longitudes respectives.
Cette base graphique est devenue courante. Le "tampon zodiacal" en caoutchouc ou en métal, à utiliser pour cela, est même devenu un article commercial qu’on trouve en certains milieux, même à l’étranger. Bien qu’aucune mention n’ait été faite avant 1900 de cette base graphique. Elle s’impose à toute la recherche scientifique dans cette voie. Et, comme je l’ai montré, elle est inévitable, du moins mentalement.
2° Choix limité, et tout au moins provisoire, des facteurs simples, en astrologie, comprenant trois classes distinctes : les 11 positions zodiacales, les 9 positions en maisons et les 54 distances angulaires.
Ces 74 facteurs constituent une première base d’étude offrant déjà un champ très étendu de recherches, et portent sur les éléments astronomiques les plus nets et les plus accessibles aux statistiques. La méthode d’investigation proposée pourrait d’ailleurs s’appliquer à toute autre catégorie d’éléments dont on cherche la correspondance. (voir le calcul des probabilités appliqués à l’A.S.)
- les 11 positions zodiacales correspondent aux positions en signes de l’Ascendant, du Milieu du Ciel et des 9 planètes en signes (Note : Pluton n’était pas encore connu à l'époque.)
- les 54 distances angulaires correspond aux 36 aspects entre planètes et aux 18 aspects que forment les neuf planètes avec l’Ascendant et le Milieu du Ciel.
3° Adoption pour toutes les planètes d’un orbe uniforme et moyen pour représenter la limite angulaire de leur influence réciproque.
4° Application méthodique du calcul des probabilités reposant sur le principe des fréquences comparées, basées elles-mêmes sur des statistiques dont la validité se fonde sur le grand nombre et le choix impartial des cas retenus. Cet emploi des "fréquences comparées" n'avait jamais été appliqué à l’astrologie jusqu’en 1900.
5° Définition de la correspondance astrale et du fait astrologique envisagé comme l’écart entre deux fréquences d’un même facteur, dans deux catégories de cas ; la preuve qui en résulte est vérifiable par l’expérience et reproductible à volonté.
6° Loi d’hérédité astrale prouvant que la nature tend à faire naître l’enfant sous un ciel d’une certaine analogie avec celui des parents, puisque certaines similitudes d’éléments astronomiques sont plus fréquentes entre parents qu’entre gens sans parenté
7° Établissement de lois astrologiques nouvelles et vérifications des lois anciennes ne pouvant se fonder et se contrôler que d’après le principe des probabilités sous la forme de comparaison de fréquences expérimentales, clef de toute l’astrologie scientifique.
Telle est l’indication générale des principes, des procédés et des faits fondamentaux que j’ai voulu tirer au clair, et sur lesquels je me suis appuyé. J’estime qu’ils suffisent déjà pour jeter les premières bases d’une astrologie scientifique sans avoir à faire appel à la tradition, tout en ayant par là le moyen de vérifier en partie celle-ci et d’étendre aussi l’étude à tous les facteurs qu’on voudra."
Nous commenterons tout particulièrement le premier point qui a révolutionné la pratique astrologique. Il a permis, comme nous allons le voir par la suite, l’apparition d’une nouvelle règle dans l’interprétation du thème.
Une nouvelle représentation du thème
Ce texte, qui prend en compte l’aspect de conjonction et d’opposition à l’Ascendant et au MC, est tout à fait révolutionnaire. Les astrologues avaient interprété les thèmes pendant vingt siècles en se basant sur la position des planètes dans les signes et dans les maisons. Toute une série de règles permettait de savoir si la planète était en affinité avec le signe ou avec la maison, la planète maîtresse de l’Ascendant étant considérée comme la planète qui gouvernait la thème. Choisnard se situe dans la ligne de Kepler qui privilégie les aspects entre planètes au détriment des planètes en signes et en maisons. C’est pourquoi il insiste sur l’importance de la planète angulaire.
L’influence de Choisnard
• psychasthénie : Soleil dominant 13 fois sur 13;
• mélancolie : Saturne dominant 42 fois sur 55;
• délire de grandeur : Jupiter dominant 9 fois sur 9;
• manie : Mars dominant 34 fois sur 34;
• schizophrénie : Lune dominant 46 fois sur 47.
Ces résultats, trop beaux pour être vrais, sont en réalité basés sur des diagnostics par trop subjectifs. Ce genre de recherches gagnerait à être repris de manière beaucoup plus sérieuse.
Au début du XXe siècle, on employait souvent l’expression "astrologie scientifique". Il est tout à fait significatif que l’association créée par les astrologues après la seconde guerre mondiale s’appelait le CIAS (Centre International d’Astrologie scientifique). Mais à partir des années cinquante, le nombre des partisans de l’astrologie scientifique diminue. Aussi cette association change de nom. Le “ S ” final disparaissant, le CIAS devient le CIA (Centre International d’Astrologie).
Depuis cette période on ne parle plus de Choisnard. C’est pour cela que la génération actuelle ne connaît pas Choisnard.
Fort heureusement trois chercheurs, qui ont joué un rôle important, ont été marqués par Choisnard. C’est à travers eux que les idées du fondateur de l’astrologie scientifique ont fait leur chemin. Il s’agit des Gauquelin et d’André Barbault. Ils vont adopter cette règle de l’angularité. Les Gauquelin la confirme statistiquement et André Barbault la met en pratique quotidiennement dans l’interprétation des thèmes et en parle constamment dans ses livres.
S’agissant des Gauquelin, je mentionnerai simplement que leurs statistiques ont prouvé de manière magistrale l’importance des angles. Les résultats qu’ils ont trouvés permettent de préciser que l’influence de la planète est plus forte après l’angle qu’avant.
André Barbault a lui aussi été profondément influencé par Choisnard. Comme lui, il entend désocculter l’astrologie. Comme lui aussi, il prend la défense de l’astrologie et la défend avec les mêmes talents de polémiste. Et, bien sûr, il s’appuie sur le constat statistique des Gauquelin pour "prouver" l’astrologie. Comme lui encore il entend trouver des corrélations. C’est au niveau de l’astrologie mondiale qu’il effectue ses plus importantes découvertes.
Le "Traité Pratique d’Astrologie", pourtant écrit en 1961, reste le traité de base. Il a influencé et influence encore beaucoup d’astrologues. Tout en s’appuyant sur des données traditionnelles, ce traité reprend, quand on y regarde de près, bien des principes de Choisnard : importance de l’angularité, prise en compte de ce qui a un fondement astronomique, utilisation de l’essentiel (dix planètes, douze signes, douze maisons et les aspects majeurs). Il faut néanmoins signaler que Barbault ne suit pas Choisnard sur tous les points : il ne dispose pas le Bélier à gauche et il ne prend pas 10° d’orbe pour tous les aspects. Il diminue progressivement selon l’aspect, l’opposition valant 9, le trigone 8, le carré 6 et le sextile 4.
Il est intéressant de souligner que l’Ascendant Verseau d’André Barbault est en résonance avec la dominante Verseau de Choisnard comme la dominante Balance d’André Barbault est en résonance avec l’Ascendant Balance de Choisnard.
Choisnard a été en quelque sorte à la fois le père de l’astrologie scientifique et le père de l’astrologie moderne. L’astrologie scientifique se poursuit à travers les Gauquelin et les travaux du RAMS. L’astrologie moderne se poursuit à travers les travaux d’André Barbault.
Même s’ils n’en sont pas conscients la plupart des astrologues sont marqués par les innovations de Choisnard. Le changement dans le mode de représentation du thème est quand même une innovation de taille. Il est intéressant d’ailleurs de constater que cette innovation initiée en France par Choisnard a été reprise dans les autres pays européens, en Allemagne, en Italie, en Espagne et même en Grande Bretagne. Nous avons pu convaincre nos amis francophones du Québec, mais nous n’avons pas encore gagné les américains à notre cause.
Choisnard ne laisse pas indifférent. Certains l’ont admiré. D’autres l’ont détesté tant ils considèrent son influence comme néfaste. Voici par exemple ce que dit Volguine dans la préface du "Traité des révolutions solaires" de Junctin de Florence : "Si un Paul Choisnard qui, en voulant clarifier l’Astrologie, l’a décidément dirigée pour plusieurs décades sur une voie de garage, doute des profections, comme d’ailleurs des directions secondaires et de bien d’autres choses, un Eugène Caslant leur accorde une place de choix, place que justement elles ont occupé chez nos prédécesseurs, comme le montre cet exposé de l’auteur de Speculum astrologiae".
Quoiqu’il en soit, même ceux qui critiquent Choisnard ont repris certaines de ses innovations. Volguine a adopté par exemple le thème avec signes égaux.
Choisnard est un innovateur qui s’est donné les moyens d’atteindre ses buts. On sait que pendant vingt siècles les astrologues ont représenté le thème en positionnant les planètes dans des maisons égales. Choisnard trouve que ce mode de représentation nuit à la recherche. Aussi propose-t-il de monter désormais les thèmes avec des signes égaux, le signe du Bélier étant à gauche. Il est tout particulièrement intéressant de voir comment Choisnard justifie le changement dans son livre "La représentation du ciel en astrologie scientifique" (1921).
Le progrès de l’astrologie expérimentale dépend du mode de représentation du ciel. Si l’astrologie est restée une science momifiée depuis l’Antiquité cela tient en grande partie, je crois, à sa figure énigmatique, sorte de "miroir du diable", à l’allure cabalistique, que personne, semble-t-il, jusqu’à notre époque, n’avait songé à transposer en langage clair et scientifique, ayant un sens accessible à tous.
Les Anciens figuraient le thème par un carré et des triangles. Les planètes notées par leurs longitudes sont figurées à un emplacement quelconque dans leurs "maisons" respectives. En somme, au lieu d’un zodiaque, où tous les éléments variables sont dessus à leurs places respectives –ce qui donne tout de suite l’idée de leur ensemble et de leurs rapports- on a ici une représentation complètement arbitraire, où les éléments zodiacaux, notés toujours d’après leurs longitudes, sont figurés à des places qui ne répondent à rien de scientifique. La figure ancienne supposait le ciel projeté sur l’écliptique mais se gardait (on n’a jamais su pourquoi ?) d’exprimer cette projection dans son graphique.
Certains astrologues modernes remplacent la figure carrée des Anciens par une variante circulaire un peu moins obscure mais qu’il ne faut pas confondre avec notre représentation. Elle a bien, en effet, des compartiments circulaires mais toujours comme l’ancienne réservée aux maisons astrologiques et non aux signes du zodiaque.
En résumé, nous sommes en présence de deux procédés fondamentaux de représentation ayant pour base commune douze compartiments : mais ceux-ci correspondent pour l’un aux signes du zodiaque et pour l’autre aux maisons astrologiques. Dans l’ancienne figure on inscrivait, en somme, les éléments du zodiaque sur les maisons fixes, tandis que dans la nouvelle que j’ai admise, on inscrivait les maisons sur un zodiaque invariable.
Dès le début de mes travaux j’ai été amené pendant plusieurs années à joindre ma “ représentation ” à la figure ancienne aux 12 triangles jusqu’au jour où il m’a paru inutile de conserver cette dernière et où j’ai adopté définitivement un zodiaque fixe à l’exclusion de toute autre figure.
Voici décrit en peu de mots le récit d’une véritable révolution en astrologie. Ce n’est plus le référentiel des maisons qui est premier, permanent, c’est le référentiel des signes. On n’aura jamais fini de découvrir tout ce qui découle de ce changement de point de vue. Mais pourquoi le Bélier systématiquement à gauche ?
Le progrès de l’astrologie expérimentale dépend du mode de représentation du ciel. Si l’astrologie est restée une science momifiée depuis l’Antiquité cela tient en grande partie, je crois, à sa figure énigmatique, sorte de "miroir du diable", à l’allure cabalistique, que personne, semble-t-il, jusqu’à notre époque, n’avait songé à transposer en langage clair et scientifique, ayant un sens accessible à tous.
Les Anciens figuraient le thème par un carré et des triangles. Les planètes notées par leurs longitudes sont figurées à un emplacement quelconque dans leurs "maisons" respectives. En somme, au lieu d’un zodiaque, où tous les éléments variables sont dessus à leurs places respectives –ce qui donne tout de suite l’idée de leur ensemble et de leurs rapports- on a ici une représentation complètement arbitraire, où les éléments zodiacaux, notés toujours d’après leurs longitudes, sont figurés à des places qui ne répondent à rien de scientifique. La figure ancienne supposait le ciel projeté sur l’écliptique mais se gardait (on n’a jamais su pourquoi ?) d’exprimer cette projection dans son graphique.
Certains astrologues modernes remplacent la figure carrée des Anciens par une variante circulaire un peu moins obscure mais qu’il ne faut pas confondre avec notre représentation. Elle a bien, en effet, des compartiments circulaires mais toujours comme l’ancienne réservée aux maisons astrologiques et non aux signes du zodiaque.
En résumé, nous sommes en présence de deux procédés fondamentaux de représentation ayant pour base commune douze compartiments : mais ceux-ci correspondent pour l’un aux signes du zodiaque et pour l’autre aux maisons astrologiques. Dans l’ancienne figure on inscrivait, en somme, les éléments du zodiaque sur les maisons fixes, tandis que dans la nouvelle que j’ai admise, on inscrivait les maisons sur un zodiaque invariable.
Dès le début de mes travaux j’ai été amené pendant plusieurs années à joindre ma “ représentation ” à la figure ancienne aux 12 triangles jusqu’au jour où il m’a paru inutile de conserver cette dernière et où j’ai adopté définitivement un zodiaque fixe à l’exclusion de toute autre figure.
Voici décrit en peu de mots le récit d’une véritable révolution en astrologie. Ce n’est plus le référentiel des maisons qui est premier, permanent, c’est le référentiel des signes. On n’aura jamais fini de découvrir tout ce qui découle de ce changement de point de vue. Mais pourquoi le Bélier systématiquement à gauche ?
"…Enfin j’estime rationnel et d’une utilité pratique incontestable le fait d’orienter invariablement le zodiaque.
Il faut être logique : quel est le but de la figure céleste ? Il a toujours consisté essentiellement à représenter les signes zodiacaux, les planètes, le méridien, l’horizon, les pointes de maison astrologiques, et tous les autres éléments qu’on voudra, d’après leurs longitudes géocentriques. On ramène tout, en somme, à une projection sur l’écliptique. Or, la longitude géocentrique d’un élément du ciel étant l’arc de cercle qui le sépare du point équinoxial 0° du Bélier, il ne semble pas arbitraire du tout de rapporter graphiquement les mesures à un point fixe de la figure représentant précisément le 0° Bélier.
L’ancienne figure voulait poser comme base dogmatique la représentation à angle droit du méridien et de l’horizon, ce qui au fond semble être une contradiction puisque tout est projeté sur l’écliptique. Un graphique comportant le méridien perpendiculaire sur l’horizon n’eût été logique qui si l’on n’avait noté les éléments célestes d’après leurs Ascensions Droites et non d’après leurs longitudes."
La plupart des astrologues, même s’ils ne sont pas adeptes d’une astrologie scientifique, ont adopté le mode de représentation des signes égaux préconisé par Choisnard.
Cependant comme la plupart des astrologues restent attachés à la symbolique de l’espace, ils sont choqués par le fait que l’Ascendant n’est plus à l’horizontale. Aussi préfèrent-ils, tout en utilisant les signes égaux, orienter le thème avec le Milieu du Ciel en haut et l’Ascendant à gauche. Eudes Picard dans son "astrologie judiciaire" parue en 1930 met le Milieu du Ciel en haut dans un système de signes égaux.
Le mode de représentation des signes égaux permet de superposer des séries de thèmes et de réaliser des études statistiques. Mais il présente également un avantage de première importance. Il permet le tracé des aspects entre planètes. Parmi les astrologues qui mettent le Bélier à gauche, il en est comme Brahy qui ne trace pas les aspects, mais d’autres comme Volguine et Armand Barbault le font. De même, parmi ceux qui mettent l’Ascendant à gauche, Eudes Picard ne trace pas les aspects, alors qu’André Barbault, et beaucoup d’autres parmi les astrologues contemporains, tracent les aspects.
Il faut reconnaître que le compromis adopté depuis Eudes Picard est boiteux, le thème n’étant plus à angle droit. Le thème ancien met l’axe de l’horizon à l’horizontale tandis que l’axe du méridien est à la verticale. Les deux axes sont parfaitement perpendiculaires. Dans le thème préconisé par Choisnard, les équinoxes sont à l’horizontale et les solstices à la verticale. Là encore, les deux axes sont perpendiculaires. En revanche, dans le thème à la Eudes Picard (soit dit en passant cet astrologue polytechnicien est né exactement le même jour que Choisnard), le méridien et l’ascendant ne sont plus perpendiculaires et les équinoxes et les solstices sont rarement à l’horizontale et à la verticale. Il convient d’envisager un thème en plusieurs dimensions pour sortir de l’impasse. C'est ce qu'a fait récemment Pierre Etévenon en ayant recours à des concepts simples de topologie et de géométrie à plus de trois dimensions. Cela nous aidera peut-être à trouver la bonne solution, qui rendrait possible et la représentation du thème à l’ancienne et la représentation à la moderne.
Pourquoi, tout d’un coup, cet engouement pour les signes égaux (et les maisons inégales). Les raisons de Paul Choisnard sont simples. C’est pour pouvoir effectuer des recherches d’ordre statistique. Mais pourquoi les autres astrologues ont-ils suivi ? Pour d’autres raisons liées aux modifications de notre environnement et de notre mentalité.
Au XIXe siècle, on vit davantage au rythme de la nature : on se lève et on se couche avec le soleil, on vit au rythme des saisons. À partir du XXe siècle, le progrès technique et l’urbanisation se développent. C’est de plus en plus le règne de l’électricité, du machinisme. On vit de plus en plus la nuit. Les moyens de transport se développent. À partir de 1891, c’est l’adoption de l’heure de Paris puis, à partir de 1911, c’est l’adoption de l’heure GMT.
Au XIXe et avant, on accorde à la notion de jour une importance primordiale. Certains travailleurs s’appellent les journaliers. On vit au rythme du jour, de l’Angélus du matin, du midi et du soir. Peu à peu, nous avons changé de référentiel. Maintenant nous sommes dans un référentiel annuel. Maintenant, on ne vit plus au jour le jour, on prévoit, on mensualise. Cette modification s’est traduite au niveau astrologique : on passe du primat de l’Ascendant (une phase du cycle quotidien) au primat du signe solaire (une phase du cycle annuel). Parallèlement, l’astrologie devient de plus en plus solaire. Avec l’horoscope des journaux. Avec une interprétation du thème qui donne de plus en plus d’importance aux signes (avec l’aberration de l’élément dominant en fonction du signe). Quand Choisnard parle de la description d’un signe du zodiaque, il s’agit encore du signe Ascendant comme en témoigne ce passage : "La signification de cette règle est d’établir (à tort ou à raison) une relation ou correspondance entre le signe de la Balance et la tendance vers la justice chez ceux qui sont nés sous ce signe – c’est-à-dire qui sont nés avec la Balance pour Ascendant. L’Ascendant est le point de l’Écliptique qui se lève à l’Orient au lieu et au moment d’une naissance : il caractérise donc en partie l’aspect de la voûte céleste, dû au mouvement diurne pour une nativité" ("L’astrologie et la logique", p. 18).
Il faut être logique : quel est le but de la figure céleste ? Il a toujours consisté essentiellement à représenter les signes zodiacaux, les planètes, le méridien, l’horizon, les pointes de maison astrologiques, et tous les autres éléments qu’on voudra, d’après leurs longitudes géocentriques. On ramène tout, en somme, à une projection sur l’écliptique. Or, la longitude géocentrique d’un élément du ciel étant l’arc de cercle qui le sépare du point équinoxial 0° du Bélier, il ne semble pas arbitraire du tout de rapporter graphiquement les mesures à un point fixe de la figure représentant précisément le 0° Bélier.
L’ancienne figure voulait poser comme base dogmatique la représentation à angle droit du méridien et de l’horizon, ce qui au fond semble être une contradiction puisque tout est projeté sur l’écliptique. Un graphique comportant le méridien perpendiculaire sur l’horizon n’eût été logique qui si l’on n’avait noté les éléments célestes d’après leurs Ascensions Droites et non d’après leurs longitudes."
La plupart des astrologues, même s’ils ne sont pas adeptes d’une astrologie scientifique, ont adopté le mode de représentation des signes égaux préconisé par Choisnard.
Cependant comme la plupart des astrologues restent attachés à la symbolique de l’espace, ils sont choqués par le fait que l’Ascendant n’est plus à l’horizontale. Aussi préfèrent-ils, tout en utilisant les signes égaux, orienter le thème avec le Milieu du Ciel en haut et l’Ascendant à gauche. Eudes Picard dans son "astrologie judiciaire" parue en 1930 met le Milieu du Ciel en haut dans un système de signes égaux.
Le mode de représentation des signes égaux permet de superposer des séries de thèmes et de réaliser des études statistiques. Mais il présente également un avantage de première importance. Il permet le tracé des aspects entre planètes. Parmi les astrologues qui mettent le Bélier à gauche, il en est comme Brahy qui ne trace pas les aspects, mais d’autres comme Volguine et Armand Barbault le font. De même, parmi ceux qui mettent l’Ascendant à gauche, Eudes Picard ne trace pas les aspects, alors qu’André Barbault, et beaucoup d’autres parmi les astrologues contemporains, tracent les aspects.
Il faut reconnaître que le compromis adopté depuis Eudes Picard est boiteux, le thème n’étant plus à angle droit. Le thème ancien met l’axe de l’horizon à l’horizontale tandis que l’axe du méridien est à la verticale. Les deux axes sont parfaitement perpendiculaires. Dans le thème préconisé par Choisnard, les équinoxes sont à l’horizontale et les solstices à la verticale. Là encore, les deux axes sont perpendiculaires. En revanche, dans le thème à la Eudes Picard (soit dit en passant cet astrologue polytechnicien est né exactement le même jour que Choisnard), le méridien et l’ascendant ne sont plus perpendiculaires et les équinoxes et les solstices sont rarement à l’horizontale et à la verticale. Il convient d’envisager un thème en plusieurs dimensions pour sortir de l’impasse. C'est ce qu'a fait récemment Pierre Etévenon en ayant recours à des concepts simples de topologie et de géométrie à plus de trois dimensions. Cela nous aidera peut-être à trouver la bonne solution, qui rendrait possible et la représentation du thème à l’ancienne et la représentation à la moderne.
Pourquoi, tout d’un coup, cet engouement pour les signes égaux (et les maisons inégales). Les raisons de Paul Choisnard sont simples. C’est pour pouvoir effectuer des recherches d’ordre statistique. Mais pourquoi les autres astrologues ont-ils suivi ? Pour d’autres raisons liées aux modifications de notre environnement et de notre mentalité.
Au XIXe siècle, on vit davantage au rythme de la nature : on se lève et on se couche avec le soleil, on vit au rythme des saisons. À partir du XXe siècle, le progrès technique et l’urbanisation se développent. C’est de plus en plus le règne de l’électricité, du machinisme. On vit de plus en plus la nuit. Les moyens de transport se développent. À partir de 1891, c’est l’adoption de l’heure de Paris puis, à partir de 1911, c’est l’adoption de l’heure GMT.
Au XIXe et avant, on accorde à la notion de jour une importance primordiale. Certains travailleurs s’appellent les journaliers. On vit au rythme du jour, de l’Angélus du matin, du midi et du soir. Peu à peu, nous avons changé de référentiel. Maintenant nous sommes dans un référentiel annuel. Maintenant, on ne vit plus au jour le jour, on prévoit, on mensualise. Cette modification s’est traduite au niveau astrologique : on passe du primat de l’Ascendant (une phase du cycle quotidien) au primat du signe solaire (une phase du cycle annuel). Parallèlement, l’astrologie devient de plus en plus solaire. Avec l’horoscope des journaux. Avec une interprétation du thème qui donne de plus en plus d’importance aux signes (avec l’aberration de l’élément dominant en fonction du signe). Quand Choisnard parle de la description d’un signe du zodiaque, il s’agit encore du signe Ascendant comme en témoigne ce passage : "La signification de cette règle est d’établir (à tort ou à raison) une relation ou correspondance entre le signe de la Balance et la tendance vers la justice chez ceux qui sont nés sous ce signe – c’est-à-dire qui sont nés avec la Balance pour Ascendant. L’Ascendant est le point de l’Écliptique qui se lève à l’Orient au lieu et au moment d’une naissance : il caractérise donc en partie l’aspect de la voûte céleste, dû au mouvement diurne pour une nativité" ("L’astrologie et la logique", p. 18).
La règle de l’angularité
Avant d’aborder l’influence de Choisnard sur les astrologues de notre époque je voudrai signaler une autre innovation qui a eu un impact que Choisnard n’a pas lui-même soupçonné. Elle découle de ce nouveau mode de représentation du thème qui privilégie les signes et les aspects. Alors que, dans l’ancienne représentation, les aspects avec le Milieu du Ciel et l’Ascendant ne sont pas envisageables, ils deviennent possibles avec la nouvelle représentation.
À plusieurs reprises Choisnard souligne l’importance des planètes aux quatre angles. Voici comment il formule cette règle devenue la première règle de toute interprétation moderne :
Avant d’aborder l’influence de Choisnard sur les astrologues de notre époque je voudrai signaler une autre innovation qui a eu un impact que Choisnard n’a pas lui-même soupçonné. Elle découle de ce nouveau mode de représentation du thème qui privilégie les signes et les aspects. Alors que, dans l’ancienne représentation, les aspects avec le Milieu du Ciel et l’Ascendant ne sont pas envisageables, ils deviennent possibles avec la nouvelle représentation.
À plusieurs reprises Choisnard souligne l’importance des planètes aux quatre angles. Voici comment il formule cette règle devenue la première règle de toute interprétation moderne :
"Le maximum d’intensité correspond au voisinage du méridien ou de l’horizon à 10° près environ (en maisons cardinales ou bien cadentes), MC et AS offrant les places les plus importantes à cet égard. Mars et Saturne dans l’une quelconque de ces quatre positions dites angulaires, sont mauvais. Jupiter ou Vénus, en MC et AS, sont bons". ("Langage astral", p. 105).
Ce texte, qui prend en compte l’aspect de conjonction et d’opposition à l’Ascendant et au MC, est tout à fait révolutionnaire. Les astrologues avaient interprété les thèmes pendant vingt siècles en se basant sur la position des planètes dans les signes et dans les maisons. Toute une série de règles permettait de savoir si la planète était en affinité avec le signe ou avec la maison, la planète maîtresse de l’Ascendant étant considérée comme la planète qui gouvernait la thème. Choisnard se situe dans la ligne de Kepler qui privilégie les aspects entre planètes au détriment des planètes en signes et en maisons. C’est pourquoi il insiste sur l’importance de la planète angulaire.
L’influence de Choisnard
Vu que notre interprétation tient compte des planètes angulaires et utilise un thème avec des signes égaux, nous devons beaucoup, que nous le sachions ou non, à Choisnard.
En fait, Choisnard a influencé surtout les astrologues de la première moitié de ce siècle. Des chercheurs comme Lasson, Brétéché ont été marqués par lui. Lasson a établi les premières corrélations entre les planètes aux angles et les professions. Brétéché, quant à lui, a tenté d’établir des liens entre les planètes et les pathologies mentales. Analysant 137 observations de malades mentaux, il observe dans les angles la présence de planètes spécifiques selon les pathologies rencontrées. Dans le cas de
En fait, Choisnard a influencé surtout les astrologues de la première moitié de ce siècle. Des chercheurs comme Lasson, Brétéché ont été marqués par lui. Lasson a établi les premières corrélations entre les planètes aux angles et les professions. Brétéché, quant à lui, a tenté d’établir des liens entre les planètes et les pathologies mentales. Analysant 137 observations de malades mentaux, il observe dans les angles la présence de planètes spécifiques selon les pathologies rencontrées. Dans le cas de
• psychasthénie : Soleil dominant 13 fois sur 13;
• mélancolie : Saturne dominant 42 fois sur 55;
• délire de grandeur : Jupiter dominant 9 fois sur 9;
• manie : Mars dominant 34 fois sur 34;
• schizophrénie : Lune dominant 46 fois sur 47.
Ces résultats, trop beaux pour être vrais, sont en réalité basés sur des diagnostics par trop subjectifs. Ce genre de recherches gagnerait à être repris de manière beaucoup plus sérieuse.
Au début du XXe siècle, on employait souvent l’expression "astrologie scientifique". Il est tout à fait significatif que l’association créée par les astrologues après la seconde guerre mondiale s’appelait le CIAS (Centre International d’Astrologie scientifique). Mais à partir des années cinquante, le nombre des partisans de l’astrologie scientifique diminue. Aussi cette association change de nom. Le “ S ” final disparaissant, le CIAS devient le CIA (Centre International d’Astrologie).
Depuis cette période on ne parle plus de Choisnard. C’est pour cela que la génération actuelle ne connaît pas Choisnard.
Fort heureusement trois chercheurs, qui ont joué un rôle important, ont été marqués par Choisnard. C’est à travers eux que les idées du fondateur de l’astrologie scientifique ont fait leur chemin. Il s’agit des Gauquelin et d’André Barbault. Ils vont adopter cette règle de l’angularité. Les Gauquelin la confirme statistiquement et André Barbault la met en pratique quotidiennement dans l’interprétation des thèmes et en parle constamment dans ses livres.
S’agissant des Gauquelin, je mentionnerai simplement que leurs statistiques ont prouvé de manière magistrale l’importance des angles. Les résultats qu’ils ont trouvés permettent de préciser que l’influence de la planète est plus forte après l’angle qu’avant.
André Barbault a lui aussi été profondément influencé par Choisnard. Comme lui, il entend désocculter l’astrologie. Comme lui aussi, il prend la défense de l’astrologie et la défend avec les mêmes talents de polémiste. Et, bien sûr, il s’appuie sur le constat statistique des Gauquelin pour "prouver" l’astrologie. Comme lui encore il entend trouver des corrélations. C’est au niveau de l’astrologie mondiale qu’il effectue ses plus importantes découvertes.
Le "Traité Pratique d’Astrologie", pourtant écrit en 1961, reste le traité de base. Il a influencé et influence encore beaucoup d’astrologues. Tout en s’appuyant sur des données traditionnelles, ce traité reprend, quand on y regarde de près, bien des principes de Choisnard : importance de l’angularité, prise en compte de ce qui a un fondement astronomique, utilisation de l’essentiel (dix planètes, douze signes, douze maisons et les aspects majeurs). Il faut néanmoins signaler que Barbault ne suit pas Choisnard sur tous les points : il ne dispose pas le Bélier à gauche et il ne prend pas 10° d’orbe pour tous les aspects. Il diminue progressivement selon l’aspect, l’opposition valant 9, le trigone 8, le carré 6 et le sextile 4.
Il est intéressant de souligner que l’Ascendant Verseau d’André Barbault est en résonance avec la dominante Verseau de Choisnard comme la dominante Balance d’André Barbault est en résonance avec l’Ascendant Balance de Choisnard.
Choisnard a été en quelque sorte à la fois le père de l’astrologie scientifique et le père de l’astrologie moderne. L’astrologie scientifique se poursuit à travers les Gauquelin et les travaux du RAMS. L’astrologie moderne se poursuit à travers les travaux d’André Barbault.
Même s’ils n’en sont pas conscients la plupart des astrologues sont marqués par les innovations de Choisnard. Le changement dans le mode de représentation du thème est quand même une innovation de taille. Il est intéressant d’ailleurs de constater que cette innovation initiée en France par Choisnard a été reprise dans les autres pays européens, en Allemagne, en Italie, en Espagne et même en Grande Bretagne. Nous avons pu convaincre nos amis francophones du Québec, mais nous n’avons pas encore gagné les américains à notre cause.
Choisnard ne laisse pas indifférent. Certains l’ont admiré. D’autres l’ont détesté tant ils considèrent son influence comme néfaste. Voici par exemple ce que dit Volguine dans la préface du "Traité des révolutions solaires" de Junctin de Florence : "Si un Paul Choisnard qui, en voulant clarifier l’Astrologie, l’a décidément dirigée pour plusieurs décades sur une voie de garage, doute des profections, comme d’ailleurs des directions secondaires et de bien d’autres choses, un Eugène Caslant leur accorde une place de choix, place que justement elles ont occupé chez nos prédécesseurs, comme le montre cet exposé de l’auteur de Speculum astrologiae".
Quoiqu’il en soit, même ceux qui critiquent Choisnard ont repris certaines de ses innovations. Volguine a adopté par exemple le thème avec signes égaux.
L’astrologie actuelle est un curieux mélange d’aphorismes traditionnels, de corrélations confirmées par la statistique (travaux des Gauquelin) et d’innovations en tout genre (cycles en astrologie mondiale, lune noire, Chiron). Nous avons encore besoin de personnalités comme Choisnard pour nous inciter à vérifier les préceptes traditionnels, à nous appuyer sur l’astronomie et à tester sans cesse de nouvelles corrélations.
En guise de conclusion, je dirai que Choisnard a fait école : il a initié un mouvement d’astrologie scientifique et crée un état d’esprit de modernisation de l’astrologie. Non seulement il a créé l’astrologie scientifique mais il a autonomisé l’astrologie, l’a coupé de ses liens avec l’ésotérisme. Il a créé tout un courant d’astrologie moderne qui a centré son interprétation sur l’essentiel (dix planètes, douze signes et douze maisons). Pour ce faire il a été amené à modifier le mode de représentation du thème. Cette innovation a eu de nombreuses répercussions. Elle a permis de tracer les aspects. Elle a permis d’énoncer la règle que les planètes angulaires jouent un rôle fondamental. À la suite d’Herbais de Thun, on peut considérer Choisnard comme le "rénovateur de l’astrologie en France".
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Bibliographie
- Barbault André : Traité pratique d’astrologie, Le Seuil, 1961
- Barbault André : Les Astres et l’Histoire, Pauvert, 1967
- Bretéché Dr. : Astrologie psychologique et médicale. Martin et Ternet, Vienne, 1935
- Dean Geoffrey et Mather Arthur : Recent advances in astrology, Astrological Association, 1976
- Flambart Paul : La représentation du ciel en astrologie scientifique, Le Voile d’Isis, mai 1921
- Flambart Paul : L’influence astrale, Chacornac, 1900
- Flambart Paul : Preuves et Bases de l’Astrologie scientifique, Chacornac, 1921
- Flambart Paul : L’astrologie et la logique, Chacornac, 1922
- Flambart Paul : Le calcul des probabilités appliqué à l’astrologie, Chacornac, 1914
- Choisnard Paul : L’influence astrale et les probabilités, Félix Alcan, 1924
- Gauquelin Michel : L’influence des astres - Étude critique et expérimentale, Le Dauphin, 1955
- Herbais de Thun Charles : Synthèse de l’œuvre de Paul Choisnard, Éditions Demain, 1933-1934
- Holden J. : A history of horoscopic astrology, AFA, 1996
- Lasson Léon : Ceux qui nous guident, Debresse, 1946
- Picard Eudes : Astrologie judiciaire, Leymarie, 1936
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