Visiter l’Espagne, ce vaste pays situé entre Atlantique et Méditerranée, est prometteur de paysages impressionnants, de rencontres animées et de riches influences culturelles. Les références astrologiques y sont nombreuses, historiques et diverses selon les époques, qu’il s’agisse de styles Roman à León ou à Treviño , Hispano-flamand à Benavente, Renaissance à Salamanque, Art nouveau ou Moderniste à Barcelone.
Un très original astrolabe de bronze a été fort opportunément installé en 1987 sur la Plaza del Sol (Place du Soleil) dans le quartier de Gràcia à Barcelone. Œuvre du sculpteur Joaquim Camps, il a été commandité dans le cadre du projet de réhabilitation urbaine conçu par les architectes Jaume Bach et Gabriel Mora. L’heure peut être lue de six heures du matin à six heures de l’après-midi à l’intérieur d’une demie sphère sur laquelle se projette l’ombre de l’axe terrestre. Tout autour de le l’astrolabe, une représentation allégorique des signes du Zodiaque s’enroule en guirlande gracieuse, inventive et contemporaine.
|
Une représentation fort peu conventionnelle : une Vierge dénudée qui sympathise avec le Sagittaire À l’intérieur de la sphère, les méridiens qui permettent de lire l'heure.
|
|
Le Lion, qui joue avec les Gémeaux, au-dessus du crabe du Cancer
|
|
Les Poissons, et le dos du Bélier
|
La basilique collégiale royale de Saint Isidore est un temple chrétien, remarquable ensemble architectural, situé à León, dans la province de Castille-et-León. Elle abrite une nécropole royale connue comme la “Chapelle Sixtine de l’Art Roman” pour ses plafonds peints. Volonté du roi Ferdinand 1er et de son épouse Sancha, l’édifice a été construit et agrandi au cours des XIe et XIIe siècles. L’église originale avait été bâtie sur les ruines d’un temple romain dédié à Mercure, détruit au Xe siècle après la conquête par Al-Mansur.
|
La façade sud de la basilique San Isidoro de León |
Au dessus de l’une des deux portes de sa façade sud, la Puerta del Cordero (Porte de l’Agneau), le premier tympan roman connu du Royaume de León représente le sacrifice d’Isaac.
Au-dessus se trouve une frise interrompue qui montre le zodiaque. Déployée en deux séquences de six signes au sommet du portique, la frise zodiacale est séquencée dans l’ordre inverse des représentations traditionnelles, c’est-à-dire des Poissons jusqu’au Bélier.
|
La porte de l'agneau
|
Les incertitudes entourant l’origine et le sens du zodiaque de Saint-Isidore sont nombreuses et suscitent bien des conjectures. La pierre utilisée provient de la région et on sait que des pièces ont été recalées à partir du temple primitif de Ferdinand 1er et Sancha. Il est probable que les métopes ne proviennent pas toutes du même auteur ou de la même époque compte tenu de différences notables de matériaux et de styles. Certains historiens lui prêtent une origine romaine par le temple de Mercure, d’autres prétendent que l’actuel assemblage des signes remonte au XVIIe siècle, lors des aménagements de style baroque.
|
La frise des douze signes du zodiaque en haut du portique
|
Six signes parmi les douze sont d’une facture courante dans les édifices de style roman. Ainsi, la Vierge, la Balance et le Bélier sont figurés par un personnage féminin vêtu de voiles et tenant des fleurs et des feuillages, un autre féminin tenant une balance à plateaux, un bélier et son buisson. Le signe du Cancer, habituellement représenté par un crabe ou un écrevisse, prend ici la forme d’un monstre acarien à carapace couverte d’écailles, en conformité avec les représentations romanes du Cancer à Bordeaux, Cognac ou Chartres. Le Cancer surplombe ici un poisson qui semble plus être un élément de maintien du métope qu’une figure symbolique. Bien que représenté de façon traditionnelle, le signe des Poissons présente l’originalité de montrer en arrière-plan un homme manœuvrant son voilier. Le Verseau, quant à lui, se singularise par la présence en arrière-plan de deux poissons nageant à contresens et qui préfigurent le signe zodiacal suivant.
|
Les signes d'hiver et d'automne
|
Les six autres signes, par contre, présentent des particularités qui les rendent énigmatiques.
Ainsi, les Gémeaux et le Taureau dénotent autant par leur style et leur matière que par leur scénographie, qui ne correspond pas aux représentations habituelles. Ainsi les Gémeaux sont figurés par deux hommes, l’un d’eux auréolé, portant ensemble un objet pouvant être un livre ou un coffre, comme une arche d’alliance et son propitiatoire aux deux chérubins. De même, le Taureau montre deux personnages, évocation de ceux des Gémeaux, qui conduisent un bœuf en maintenant un joug ou un licol de façon processionnelle.
Le Lion, le Scorpion et le Sagittaire partagent une spécificité bien particulière : ils côtoient des serpents, crapauds et autres reptiles qui souvent les étreignent, à l’instar du Scorpion qui, sous sa forme de salamandre, est enlacé par un serpent à queue bifide.
Le Capricorne montre, de toute évidence, la figure la plus inattendue et mystérieuse de la frise. Il s’agit d’un personnage vêtu d’une cape, assis sur le dos d’un taureau à queue reptilienne, qui, le tenant par la tête, lui plonge un couteau dans le cou. On retrouve ici en partie un élément traditionnel du Capricorne, à savoir l’assemblage d’un corps de mammifère (généralement une chèvre) et d’une queue de poisson ou de reptile. Par contre, la référence au dieu Mithra est tout autant manifeste qu’énigmatique.
|
Les signes d'été et de printemps
|
Le culte de Mithra, né en Perse vers le IVe siècle avant J.-C., s’est répandu dans toute l’Asie Mineure pour être introduit, après de nombreuses adaptations, à Rome au premier siècle avant J.-C. Il symbolise la régénération physique et psychique de l’énergie du sang, du soleil et du divin. Sa représentation légendaire est une divinité solaire, coiffée d’un bonnet phrygien, qui tient un taureau sacré par le museau en serrant son genou sur le dos de l’animal, et qui lui enfonce un couteau dans le cou. Cette scène de tauroctonie, sacrifice de taureau, représente le renouveau de la nature par différents éléments.
C’est bien une scène mithriaque que l’on retrouve sur le zodiaque de San Isidoro, qui est associée au Capricorne, et non au Taureau. Le correspondance avec ce signe tient au culte de Sol Invictus, lié à celui de Mithra, qui était célébré le 25 décembre.
|
Les Poissons et le Verseau. On remarquera la répétition des Poissons dans le Verseau
|
|
La figure mithriaque du Capricorne et le Sagittaire assailli par un reptile |
|
Le Scorpion en salamandre enlacé par un serpent et la Balance
|
|
La Vierge et le Lion luttant contre des crapauds et des reptiles
|
|
Le Cancer en curieux monstre à carapace et une composition insolite des Gémeaux |
|
Le Taureau, qui semble être dirigé par les Gémeaux, et le Bélier
|
La tour de l’horloge, encore appelée le "Campanar de Gràcia", est située à Barcelone, au centre de la Plaça de la Vila de Gràcia, l’une des nombreuses places agréables du quartier de Gràcia.
Sa hauteur a été justifiée à l’époque de sa construction par la nécessité de voir l’heure depuis n’importe quel point de l’ancienne ville, qui ne faisait pas encore partie de Barcelone. Réalisée de pierres et de briques entre 1862 et 1864, sur les plans de l’architecte Rovira i Trias, elle mesure 33 mètres et se trouve à 90 mètres au-dessus du niveau de la mer.
Une plaque rend hommage aux Castells, les pyramides humaines dont l’une a été une fois aussi haute que la tour. Liée au soulèvement populaire de 1870 lors de la Revolta de les Quintes, c’est un symbole de résistance dans l’histoire de la ville.
Au tiers de sa hauteur, la tour est ceinte d’une bande rouge sur laquelle des bas-reliefs montrent les signes du zodiaque dans le style Art nouveau.
|
Les signes du Zodiaque encerclent la tour de l'horloge
|
|
Le signe de la Balance, portée par un Cupidon ailé qui tient à main gauche un arc et une flèche. Peut-être pour rappeler que la Balance est un signe lié à Vénus
|
|
Le signe du Scorpion
|
Santa Maria del Azogue, église de style roman bâtie au XIIe siècle, se situe au cœur de la ville de Benavente, dans la province de Zamora. Sa voûte est décorée de peintures somptueuses, qui peuvent être datées de 1506 à 1542 et dont l’auteur est inconnu. Elles sont considérées comme de style hispano-flamand, qui était le plus en vogue à l’époque.
Les peintures sont comparables à celles des voûtes de l’ancienne bibliothèque de l’Université de Salamanque. Elles représentent un ciel clouté d’étoiles dans lequel apparaissent les signes du Zodiaque et d’autres astres, ainsi que la représentation des vents soufflant des points cardinaux.
À Benavente, la "Dextera Domini", la main droite de Dieu, est représentée, soutenant une sphère armillaire dans laquelle s’exprime l’ordre du monde céleste tel qu’il a été créé et relaté dans la Genèse.
Les peintures ont été restaurées et consolidées il y a quelques années.
|
Le Ciel de Benavente
|
|
Le Capricorne, très proche du Bélier dans sa représentation
|
|
Les Gémeaux
|
|
La Vierge tenant un bouquet de lys
|
La Sagrada Família, nom familier du Temple Expiatori de la Sagrada Família en catalan (temple expiatoire de la Sainte Famille) est une basilique située à Barcelone. Sa construction a débuté et 1882 et se poursuit encore aujourd’hui. Monument emblématique de la ville et du modernisme catalan, elle est l’œuvre de l'architecte Antoni Gaudí.
|
Les mosaïques qui chapeautent les tours de la Sagrada Família
|
Les travaux de la façade nord-est, celle de la Nativité, ont commencé en 1891 et se sont prolongés pendant une trentaine d’années. C’est la seule façade qui ait été achevée du vivant de Gaudí.
Composées d’une foule d’éléments de pierre sculptée assemblés, elle fourmille de symboles et de représentations de la bible et de la nature, des oiseaux, une végétation luxuriante, le ciel, des statues. Dans la partie inférieure, au-dessus des jardins et des vergers, la statuaire est consacrée à la naissance du Christ dans l’étable, entourée de l’adoration des mages et de l’adoration des bergers. Au dessus, c’est l’étage des anges et des musiciens, à partir duquel s’élève une colonne spiralée dont l’extrémité est une étoile. Celle-ci est surmontée d’une sobre scène de l’annonciation cerclée d'un chapelet fait de perles et de médailles de pierre. Au niveau supérieur se superposent le couronnement de la vierge et un arbre de vie en céramiques colorées, d’où s’envolent des colombes.
|
La façade de la Nativité
|
C’est avec un œil exercé qu’il faut observer la scène de l’annonciation,
afin d’y discerner tout autour des éléments astrologiques. La scène
s’inscrit en effet dans une ogive sculptée qui représente la voûte
céleste. Il en surgit une myriade d’étoiles. Des détails de six signes
du zodiaque affleurent de la pierre et s’y fondent. Certains signes sont
explicites, comme le Taureau, dont les cornes et le la tête sont
visibles, ou comme les Gémeaux représentés par deux poupons qui se
regardent. Le Bélier et la Vierge se devinent, alors que les traits du
Cancer ou du Lion ne sont qu’esquissés.
|
Les trois signes du Printemps : le Bélier en bas (la tête se devine à l'arrière de la colombe), le Taureau et les Gémeaux
|
|
Une corne du Taureau et les Gémeaux, repérables par les oreilles
|
Le Ciel de Salamanque (El Cielo de Salamanca) est une peinture murale attribuée à Fernando Gallego. C'est le troisième tiers de la décoration de la voûte de l’ancienne Biblioteca de las Escuelas Mayores (bibliothèque des écoles majeures), les deux autres s'étant effondrés lors de la construction de l'actuelle chapelle Saint-Jérôme. La voûte a été peinte dans les années 1480. Dans les années 1950, les peintures ont été ôtées de la voûte d’origine et transférées sur toile vers leur emplacement actuel, le Museo Universitario en las Escuelas Menores (musée universitaire dans les écoles mineures).
|
La cathédrale et les remparts de Salamanque
|
Il s’agit d’une représentation astrologique destinée à l’enseignement,
probablement inspirée par la chaire d’astrologie qui avait été instituée
vers 1460 à l’Université de Salamanque. À partir de 1960, on a considéré ce
chef-d’œuvre comme la représentation du ciel d’une nuit d’août 1475,
mais la vision actuelle penche pour un ciel astrologique basé sur le
Tétrabible de Ptolémée.
Outre les signes du Lion, de la Vierge, de
la Balance, du Scorpion et du Sagittaire, on y distingue également le
Soleil sur un char tiré par des chevaux (référence à Apollon) et
Mercure, muni du caducée, sur un char tiré par des oiseaux (le coq est
l'attribut de Mercure). Le Soleil est face au signe du Lion et l'effigie
de son char est un lion, signe avec lequel le Soleil est en affinité
symbolique étroite. Mercure est face à la Vierge et les effigies de son
char sont les Gémeaux et la Vierge, signes avec lesquels Mercure est en
affinité symbolique étroite.
|
El Cielo de Salamanca, par Universidad de Salamanca, sur Flickr En haut La Vierge, La Balance et le Scorpion qui surmontent les chars du Soleil et de Mercure |
L’église San Pedro Apóstol (Saint Pierre Apôtre) de Treviño, dans la province de Burgos, est un monument gothique du XIIIe siècle dont la tour baroque caractérise tout le hameau. L’édifice a subi diverses transformations mais conserve son aspect médiéval primitif, par son portail notamment.
Celui-ci, de style roman tardif, est d’un grand intérêt par l’ornementation et l’iconographie des archivoltes et des chapiteaux. Il nous permet par exemple de connaître les vêtements des différentes classes sociales de l’époque et les coutumes de la vie quotidienne paysanne. Sur la sixième archivolte, les signes du zodiaque alternent avec des scènes représentatives des travaux de l’année.
|
Le portail roman de San Pedro Apóstol, à Treviño
|
|
Le fauconnier à cheval et les signe des Poissons. Traditionnellement, le fauconnier est plutôt associé au Taureau ou aux Gémeaux
|
|
Le signe du Bélier
|
|
Le signe du Sagittaire et la mise en fût du vin
|
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire