LA CARACTÉROLOGIE DEVANT LES STRUCTURES DU THÈME NATAL, par Werner HIRSIG

Les règles inhérentes à la méthode astrologique dite "naturelle" ont commencé à s'élaborer avec Paul Choisnard et ce n'est qu'un peu plus tard, avec le baron Herbert von Klöckler, héritier spirituel de Choisnard, qu'elle s'est véritablement structurée. Dans cette technique naturelle, l'une des règles essentielles se fonde sur l'appréciation des structures de la carte du ciel. Mon propos est précisément de rappeler cet aspect particulier de l'interprétation astrologique.


Article paru dans le numéro 49 de la revue "L'astrologue"

Dès ma première approche de l'astrologie, en 1933, j'ai éprouvé le caractère exaltant de cette période préliminaire, convaincu comme je l'étais alors de découvrir la panacée.

Mais il fallu vite déchanter! Livres, traités et manuels de cette époque débouchaient sur un magma de notions aussi disparates que contradictoires; de plus, l'affrontement des tenants de la Tradition avec les partisans d'une astrologie renaissante, naturelle et épurée, n'arrangeait rien. Bref, l'étudiant, à moins qu'il ne fut profondément motivé par l'astrophilie, avait toutes les bonnes raisons de se décourager devant l'anarchisme des procédés proposés en vue de l'interprétation d'un thème natal.

Cette situation, considérée ici avec un recul de l'ordre de quarante-six ans, débouchait sur un monde d'improvisations: l'astrologie attendait encore son Diderot, le cerveau qui la codifierait en une méthode, en un système cohérents.

Cependant, l'œuvre du polytechnicien Paul Choisnard contribuait à déblayer le terrain et ouvrait la voie à une nouvelle discipline de recherches et de concepts (il commença à s'intéresser à l'astrologie vers 1890 et fit paraître plusieurs articles avant 1900).

Avec ce pionnier, commencent à s'élaborer les règles inhérentes à la méthode dite Naturelle.

Mais ce n'est qu'un peu plus tard, avec le baron Herbert von Klöckler, héritier spirituel de Choisnard, que se structurera véritablement la méthode naturelle. Il nous faut ici rendre hommage à la mémoire de ces deux grands précurseurs.
Dans cette technique naturelle magistralement développée par von Klöckler, l'une des règles essentielles se fonde sur l'appréciation des structures de la carte du ciel.

Mon propos est précisément de rappeler cet aspect particulier de l'interprétation astrologique; n'est-il pas singulier de constater, en effet, que beaucoup d'astrologues ne portent encore qu'un intérêt distrait à l'appréciation des structures, quand ils ne feignent pas de les ignorer résolument. Certains ouvrages astrologiques confirment cette remarque; l'auteur se contente le plus souvent de définir les termes des divers éléments considérés isolément, sans plus, c'est-à-dire sans pousser plus avant les explications qu'appelle pourtant l'évaluation (synthèse) de chacun (analyse) de ces éléments par rapport à tous les autres, en regard du tout par conséquent (synthèse).

Dans son approche d'une carte du ciel, l'astrologue dispose aujourd'hui, grâce aux travaux du Maître von Klöckler, d'une technique que je n'hésite pas à qualifier d'essentielle : au chapitre de l'interprétation, elle constitue probablement l'un des plus importants acquis depuis le début du siècle.

La confirmation de cette observation s'impose d'autorité, c'est-à-dire dès que l'interprète s'avise que l'appréciation du seul contenu d'une carte du ciel ne conduit pas loin - ni dans la bonne direction - tant que l'on n'en a pas pris, préalablement, les exactes "mesures, dimensions et poids" si l'on me permet cette figure de style que me suggère l'évaluation des structures, considérées ici comme le contenant.

Une telle approche de la carte du ciel, prenant appui sur une méthode, impose un mode de penser, de juger et d'apprécier s'opposant aux improvisations gratuites au niveau de l'interprétation.

En d'autres termes, l'application de cette technique des structures achemine notre démarche en regard d'une carte du ciel non plus comme à travers une sorte de no man's land, mais bien sur un terrain dont nous connaissons mieux désormais les limites, pour en avoir préalablement relevé soigneusement les diverses coordonnées.

Plus précisément, une fois parfaitement évaluées et établies, les structures (avec les dominantes planétaires et zodiacales, cela va de soi) tiennent lieu de critère déterminant de toute l'interprétation de la carte du ciel. Elles sont en quelque sorte le facteur d'appréciation, sans appel si j'ose dire, du tableau astrologique : à travers elles, chaque élément de la carte du ciel, de l'aspect planétaire mineur à l'amas astral, prend sa véritable signification ainsi que le sens de son exacte portée.

Sans une parfaite connaissance de cette technique des structures, comment déterminerions-nous le degré d'apparentement d'un individu avec l'extraversion ou avec l'introversion ? À la primarité ou à la secondarité, pour ne citer que ces grandes catégories de "types fondamentaux" selon Jung et Le Senne? Comment déterminerions-nous les ambivalents? Car, ne nous y méprenons pas, pour importante que puisse être une composante angulaire, comme celle incluant l'Ascendant par exemple (astre + Ascendant + signe), la notion de ce terme "importante" demeure toute relative encore au regard des structures.

Par exemple, considérée isolément, la composante Jupiter-Ascendant annoncerait, si l'on en croit la plupart des manuels, un caractère extraverti, un esprit ouvert sur le monde et motivé par le désir de réaliser un climat de syntonie avec le milieu (dans le cas d'une composante jupitérienne harmonique), avec un "boursoufflement" de la personnalité, une tendance à l'expression pléthorique du "moi" (dans le cas d'une composante jupitérienne dissonée) ...

Or, l'observation démontre que le diagnostic peut être démenti : où l'on s'attendait à trouver un expansif, disponible à l'échange des idées, à communiquer ses sentiments, on rencontre un sujet retenu, réservé sinon inhibé, alors même qu'aucune configuration astrale spécifique (composante Saturnienne notamment) dans le thème de notre exemple n'introduisit un doute quelconque quant au caractère extraverti de notre sujet.

Les astrologues avertis de la technique des structures de von Klöckler auront pressenti tout de suite, je présume, ce qui se passe dans ce cas particulier, où les faits s'inscrivent en faux contre une interprétation formulée sur la seule base de la technique "classique" :
  • L'interprète s'est en quelque sorte laissé "fasciner" d'abord par l'image de cette composante Jupiter-Ascendant;
  • Il a jugé, avec raison, que la position privilégiée de l'astre ainsi que les aspects sur lesquels il s'alignait relevait à la dignité d'une dominante;
  • Il a vérifié, en quoi il a eu encore raison, si rien n'introduisait ici une ambivalence notable comme, par exemple, une importante composante saturnienne (avec l'Ascendant ou les luminaires);
  • Finalement, il en a déduit qu'il se trouvait en présence d'un jupitérien à l'attitude bien épanouie et démonstrative au verbe haut et au geste large. En quoi, cette fois, il s'est mis dans son tort. Pourquoi? Parce qu'il a omis l'opération essentielle et préalable consistant à considérer le tout par rapport au particulier (ou inversement). Dans mon exemple, les structures de la carte du ciel se présentaient ainsi:
    • Prédominance des signes Automne-Hiver,
    • Prédominance de la partie Nocturne,
    • Prédominance des signes d'Eau et Négatifs,
    • Faiblesse des angulaires (à part notre composante Jupiter-Ascendant);
  • Les dominantes Automne/Hiver-Nocturne auraient dû attirer l'attention de l'astrologue sur l'apparentement (profond autant que "voulu") du sujet au type introverti;
  • La composante Eau-Négatif, notamment au détriment Feu-Air, et la carence de l'angularité ajoutent à l'intériorisation, à la retenue;
  • Dans cet exemple, la symbolique de la composante Jupiter Ascendant - extraversion, syntonie envers le milieu, ouverture sur le monde, eût sans doute caractérisé profondément le comportement du sujet si elle s'était insérée dans des structures à prépondérance Printemps-Été et/ou Diurne, et à prépondérance Feu et/ou Air, et/ou avec de fortes angularités hormis celle du Nadir.
En ne soulevant encore ici qu'un des multiples aspects les mieux connus de la technique des structures, je n'ai en vue que de souligner le rôle capital de ces dernières en regard de l'appréciation du contenu d'un thème astrologique.

Au cours d'une longue pratique quotidienne de l'astrologie, j'ai pu apprécier à sa juste valeur tout l'apport dont nous sommes redevables à von Klöckler.

J'ai pu observer aussi un nombre de cas hautement significatifs de thèmes nettement "tranchés" au niveau structures/contenu, où tout se passait comme si le sujet aspirait - ou "s'efforçait" parfois - à "ressembler" davantage au tableau des structures de son ciel de naissance qu'au reflet qu'aurait laissé supposer une Dominante (considérée isolément) de celui-ci.

Je citerai ici, en manière de conclusion, un cas relativement récent et particulièrement "spectaculaire".

J'observais depuis plus de deux ans déjà un de mes élèves, bien doué pour l'astrologie, sérieux et attentif. Il me semblait cependant se plier absolument à la plus rigide des règles du silence et du retrait sur soi. Profondément introverti, il ne parlait, et si peu encore, qu'à l'occasion de répondre à telle ou telle question.

Le thème de cet élève comporte une conjonction Jupiter-Ascendant s'alignant sur une opposition de Saturne, recteur du Milieu du Ciel (conjoint à la pointe de VII). Il était évident que son comportement, dans ses rapports avec les "autres", "obéissait" à la dialectique saturnienne : retenue, retrait sur soi, apparence de détachement envers le milieu, etc. Cependant, cette configuration s'inscrit dans des structures à nette dominance Printemps-Été (Bélier-Taureau-Gémeaux notamment), Feu, Orientale et à fortes angularités.

Je m'interrogeais donc sur ce cas où la technique des structures semblait en défaut, lorsque, plus récemment, impromptu, mon élève me rendit visite. Méconnaissable! Dynamique, sûr de lui, ouvert et souriant, il prit l'initiative de la conversation avec un entrain qui me déconcerta sur le moment tellement cet homme ne ressemblait plus à celui que j'avais connu sur les bancs de la classe.

Que s'était-il passé? Comme je lui posais la question, il m'expliqua avec brio, ce détail est à souligner, qu'il aspirait depuis longtemps déjà à "sortir de sa tour d'ivoire", à rompre les liens paralysants qui le tenaient replié sur lui-même. Il m'expliqua encore qu'il s’entraînait au niveau d'un programme de culture humaine intensive.

Ainsi, j'avais connu d'abord l'homme infléchi à la dialectique de l'opposition Jupiter-Saturne (dont tout le "poids", rappelons-le, était porté sur l'axe I - VII), et maintenant j'avais devant moi l'être tel que le reflétaient les structures de son thème. 

Une fois de plus, les faits donnaient raison à la méthode d'Herbert von Klöckler.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire