Voulue par le roi de France Louis XIV, la Galerie d'Apollon, au Louvre est consacrée au Soleil. Elle met en valeur le pouvoir du Roi-Soleil de par son somptueux décor d'ors, de stucs, de diamants, ses multiples sculptures et ses peintures magistrales. Prototype du classicisme français, elle articule subtilement les références symboliques, mythologiques et astrologiques, la course du Soleil, celles du temps et l'espace. La voute, en particulier, révèle les bienfaits du Soleil en allégorie des vertus et de l'immortalité du Roi, à l'image de son propre thème astrologique.
Le 5 juin 1622, le jeune roi de France Louis XIV adoptait officiellement pour emblème le Soleil et devenait le Roi-Soleil.
La même année, il entreprenait de reconstruire la galerie de peintures du Palais du Louvre, dévastée par les flammes l'année précédente, pour en faire une galerie d'apparat magnifiant son pouvoir royal.
Le Soleil en est le thème, et la galerie porte le nom du dieu grec de la lumière et des
arts, Apollon. Les références symboliques à l'astre solaire y sont omniprésentes, tout comme les mythologies des autres astres et leurs
courses dans le temps : l'année, les quatre éléments, les mois, les signes du zodiaque, les jours, les heures.
La Galerie d'Apollon, Musée du Louvre - Source Wikipedia, par Tangopaso |
Située au Louvre, dans l'aile Denon, à l'extrémité Est de la Grande Galerie, la galerie Apollon était à l'origine, au règne d'Henri IV, une galerie de peintures. Cent vingt-six portraits de souverains et de personnages illustres y étaient exposés jusqu'à ce qu'un incendie, en 1661, ne la dévastât totalement, ainsi que la quasi totalité des tableaux.
Le programme de reconstruction fut alors confié à l’architecte Louis Le Vau, et la conception du décor à Charles Le Brun, Premier peintre du Roi. La Petite galerie devint progressivement la fastueuse Galerie d’Apollon, espace de réception et d'apparat contigu au cabinet du Roi. Le chantier a été marqué par de nombreuses innovations esthétiques et architecturales qui serviront de modèle pour la galerie des Glaces du château de Versailles. Les deux galeries sont ensemble les plus beaux exemples de l’art du XVIIe
siècle.
Vingt ans plus tard, le Roi et sa cour s'installant à Versailles, le somptueux chantier du Louvre fut délaissé et restera longtemps inachevé.
"Apollon vainqueur du serpent Python", par Nlfknr sur wikipedia |
Au centre de la voute, comme au zénith céleste, un vaste compartiment accueille une fastueuse peinture, œuvre de Eugène Delacroix réalisée en 1850-1851 à partir des modèles de Le Brun. Elle figure Apollon vainqueur du serpent Python, le dieu décochant ses flèches debout sur son char solaire.
Cette représentation, comme située au milieu du ciel, fait clairement écho au thème astrologique du Roi-Soleil, né le dimanche 5 septembre 1638 à 11h11 à Saint-Germain-en-Laye.
En son temps, le fameux astrologue Morin de Villefranche avait tracé et étudié le thème astrologique de Louis XIV dans son ouvrage "Astrologia Gallica" (Cf. liber secundus page 555).
À la naissance de Louis XIV, le Soleil, en Vierge, s'approchait du Milieu du Ciel situé à la dfin du signe du Lion, à 29°, en maison X avec Mercure son maître. La Lune se trouvait également dans le Lion, avec Vénus. Selon les principes de l'astrologie, le Lion est par essence le signe du Soleil, tout comme dimanche est le jour du Soleil.
L'analogie entre l'emblème solaire, le motif de la galerie et le thème astrologique de Louis XIV est forte au point qu'on peut se poser la question de l'influence de la naissance du Roi sur les choix esthétiques et symboliques qui ont prévalu dans la conception du décor.
Le thème astrologique de Louis XIV tel qu'il figure dans l'ouvrage "Astrologia Gallica" de Morin de Villefranche. |
La configuration de la Galerie d'Apollon
Elle se situe au premier étage d'un bâtiment perpendiculaire à la Seine, point de départ de la grande Galerie, qui reliait le Louvre aux Tuileries en suivant le bord de l’eau. Longue de 60 mètres pour 9 mètres de largeur et de hauteur, la Galerie d'Apollon est percée de douze ouvertures sur son coté Est, qui font écho, côté Ouest, à un long mur sans fenêtres. On peut y voir une représentation, par ces murs, de l'alternance du jour et de la nuit, l'un éclairé de douze fenêtres symbolisant les heures ou les maisons astrologiques, l'autre dans l'obscurité.
De l'autre côté, au nord, au dessus de l'entrée de la Galerie, une toile tout aussi imposante figure le triomphe de la Terre, ou Cybèle. Elle a été peinte en 1850 par Joseph Guichard à partir du "Réveil de la Terre" de Charles Le Brun. Elle montre la déesse Cybèle sur un char tiré par des lions au dessus desquels un coq s'est posé ; le char transporte des corbeilles de fruits et évolue au milieu de festivités bacchanales consacrées aux plaisirs terrestres.
Sur les côtés Est et Ouest, chaque mois et signe sont répartis de part de d'autre sous la forme d'un médaillon doré et de putti en stuc, selon une ligne de séparation centrale débutant avec les signes du Cancer et de Lion au Sud, jusqu'au Capricorne et au Verseau au Nord.
Au plafond du salon de Mercure à Versailles, les Gémeaux et la Vierge, les deux signes que la planète Mercure maitrise |
Cet ordonnancement sera d'ailleurs repris quelques années plus tard lors de la construction à Versailles des salons dédiés aux astres et aux divinités du système solaire en lien avec les signes qu'elles maitrisent. Chacun de ces astres sera ainsi intégré selon le programme iconographique des décors peints dans chaque pièce : la Lune (Diane), Mars, Mercure, le Soleil (Apollon), Jupiter, Saturne, et Vénus.
Le plan ci-contre schématise la voute de la Galerie d'Apollon et ses multiples compartiments occupés par des peintures, des statues, des bas-reliefs et des médaillons aux motifs inspirés de la course du temps.
Les saisons, les éléments et les parties du jour
Les éléments
Les peintures sont figurées en bleu et vert sur le schéma ci-contre. Elles représentent au Nord la terre avec le Triomphe de Cybèle, l'Eau au Sud avec le Triomphe de Neptune, les cinq parties du jour avec, du Sud au Nord, l'Aurore, l'Étoile du matin, le Triomphe d'Apollon au Milieu du jour, le Soir et Morphée, puis la Nuit avec Diane. On y voir également, encadrant le Triomphe d'Apollon, les quatre saisons, associées au quatre éléments.
Le Printemps est ici personnifié par "Zéphyr et Flore couronnant de fleurs Cybèle", Zéphyr étant le doux vent d'ouest et le messager du printemps dans la mythologie grecques, ailes de papillons dans le dos, aux côtés de son épouse Flore, déesse des fleurs. Ils apportent des fleurs à Cybèle, déjà vue sur le "Triomphe de la Terre", personnifiant la nature sauvage, présentée comme la "Magna Mater", la Grande Déesse qui dispose des clés de la terre qui donnent accès à toutes les richesses. Le printemps est ici présenté en signe de Terre.
L'Hiver est ici saison d'Eau, "Éole déchaînant les vents qui couvrent les montagnes de neige". La toile montre,sur fond de tempête, de montagnes et d'arbres dénudés, le maitre des vents les libérant, cinq personnages ailés, le principal, Borée vent de l'hiver, étant étendu sur le sol au premier plan, et dont la fille, Chioné, personnifie la neige. Au centre, une homme maintient une jarre de laquelle une eau se verse à gros débit, déjà vu sur le 'Triomphe de Neptune", et qui évoque le Verseau, signe du milieu de l'hiver.
L'Automne est ici saison d'Air et prend la forme du "Triomphe de Bacchus et d'Ariane". La représentation est principalement consacrée à la vigne, aux vendanges, au foulage du grain, à l'ivresse, le couple festoyant sur un char tiré par deux guépards, pampre à la main, au milieu de danseurs et de musiciens, probablement une procession de ménades et de satyres.
L'été est la saison de Feu, avec "Cérès et ses compagnes implorant le soleil". On y voit à gauche Notos, personnification du vent du Sud, réputé violent, qui projette la chaleur vers une petite chienne, Canicula, autre nom de l'étoile Sirius à son lever héliaque lors de la deuxième quinzaine de juillet, période la plus chaude de l'année. L'Apollon solaire est central sur cette toile, associé au Lion, signe de feu et du milieu de l'été, reconnaissable à son carquois et ses quatre chevaux blancs. À droite, Cérès, symbole à la faucille de la moisson agricole et de la fertilité, est ici associée à Apollon par sa participation à une groupe de musiciennes.
On peut se poser la question de la cohérence des emplacements des quatre tableaux dans la Galerie, et tout particulièrement ceux du Printemps et de l'Automne. Ce dernier est situé entre Avril et Mai, soit entre le Taureau et les Gémeaux, espace qui correspond au Printemps. Cela vaut également pour le Printemps, situé entre Octobre et Novembre, soit entre le Scorpion et le Sagittaire.
En outre dans la tradition astrologique, le Printemps, présenté ici en saison de Terre, est une saison Chaude et Humide, soit une saison d'Air, contrairement à l'Automne, Sec et Froid, saison de Terre.
En outre dans la tradition astrologique, le Printemps, présenté ici en saison de Terre, est une saison Chaude et Humide, soit une saison d'Air, contrairement à l'Automne, Sec et Froid, saison de Terre.
Autre particularité surprenante, le tableau de l'Automne ne fait aucunement référence à Euros, le vent de l'Automne, contrairement aux trois autres saisons avec Zéphyr, Borée et Notos. De plus, éludant les signes de la Balance et du Sagittaire, l'Automne est essentiellement symbolisé par Bacchus, le vin et l'ivresse, que l'on peut associer au signe du Scorpion. On verra d'ailleurs un peu plus loin que l'atlante associé à la composition sculptée du Scorpion est clairement Bacchus, avec ses grappes de raisin et sa coupe de vin, thématique qu'affectionnait le Roi Louis XIV (bassin de Bacchus à Versailles, ballet aux fêtes de Bacchus, etc.).
Ils sont diversement représentés dans la Galerie d'Apollon, d'une part par les Triomphes de Neptune et Cybèle ainsi que par les saisons, comme nous venons de le voir, mais aussi par d'autres motifs. Ainsi les lustres, qui étaient prévus, comme à la Galerie des Glaces de Versailles, avaient vocation à symboliser le Feu. Les joyaux de la couronne royale, qui sont encore exposés de nos jours, renvoient à la Terre, tout comme les tapis, absents aujourd'hui mais qui avaient été commandés pour refléter le ciel sur terre. Enfin l'Air, outre les quatre vents des tableaux des saisons, est personnifié par dix visages d'hommes comme soufflant les vents, barbus ou pas, agrémentés d'ailes d'oiseaux, de libellules ou de chauves-souris, positionnés en bordure des grotesques centraux.
Diane ou La Nuit : croissant de Lune, le voile, le char tiré par des biches, des oiseaux de nuit, des esprits |
Les mois et les signes du zodiaque
La voute de la Galerie d'Apollon est rythmée par six arcs à la base desquelles des médaillons se font face deux à deux en illustrant les mois de l'année. Composés en camaïeu d'ocre marron rehaussé de dorures, ils se prolongent vers le centre par un compartiment contenant des grotesques dédiés aux jours de la semaine et les divinités planétaires qui leur correspondent.
Proches de chaque médaillon, des compositions en stuc mettent en scène des nourrissons joufflus conjugués aux représentations symboliques du zodiaque. Ces putti sont installés sur la corniche, au pied de couples d'atlantes drapés soutenant le cartouche du signe ou les compartiments des peintures centrales.
Les douze signes sont présentés par des putti qui les mettent en valeur. Certains sont de forme classique (Gémeaux, Cancer, Vierge), d'autres sont ailés (Taureau, Lion), proches des faunes (Bélier, Balance, Scorpion, Sagittaire, Capricorne) ou des tritons (Verseau, Poissons).
Les douze mois sont représentés par des scènes de la vie quotidienne de l'époque selon un séquencement traditionnel. Ces scènes sont figurées sur des médaillons circulaires entourés de guirlandes dorées qui respectent aussi un séquencement particulier : des cabochons pour le dernier mois de chaque saison, des acanthes pour les premier et deuxième mois de l'été et de l'hiver, des entrelacs fleuris pour les premier et deuxième mois du printemps et de l'automne.
Mars et le Bélier
Le médaillon représente, de façon traditionnelle, trois hommes taillant les arbres. Le pourtour du médaillon est suspendu au bec d'une chouette, animal de Minerve. Il décoré de couronnes de fleurs et de fruits printaniers, au dessus de deux moutons placides de part et d'autre, références au signe du Bélier. Celui-ci est représenté par un jeune faune jouant avec un bélier.
Le signe du Bélier, "Aries" en latin |
Le mois de Mars, "Martius" en latin |
Avril et le Taureau
Le mois d'Avril, "Aprilis" en latin |
Mai et les Gémeaux
Le mois de Mai, "Maius" en latin |
Juin et le Cancer
Le médaillon représente la scène traditionnelle de la tonte des moutons : trois personnages travaillent à rassembler le troupeau, à couper les toisons et à les transporter. Il est décoré d'une couronne de fleurs aux couleurs vives et de feuillages. Il est suspendu au cou d'un coq, animal de Mercure, auquel répondent deux spécimens dos à dos de part et d'autre du motif. Le signe du Cancer est figuré par un faune vêtu d'un voile léger, fuyant une écrevisse géante
Juillet et le Lion
Le médaillon représente la scène traditionnelle de la fenaison, deux hommes fauchant le foin et le ratissant, un troisième buvant à la gourde pour exprimer la chaleur de l'été. Comme pour le précédent, le médaillon est garni d'une couronne de fleurs aux couleurs vives et de feuillages. Il est suspendu au cou d'un aigle, animal de Jupiter, que l'on retrouve au sol ailes déployées de part et d'autre. Le signe du Lio est représenté par un putto ailé et légèrement drapé, placé de dos et flattant la gueule d'un lion débonnaire.
Août et la Vierge
Le médaillon reprend le thème traditionnel de la moisson de l'été. Quatre hommes récoltent le blé, le battent et en trient les grains au vent. Une couronne de fleurs estivales l'entoure, tournesols, liserons, églantines. Il est suspendu au cou d'un dragon et deux dragons menaçants sont placés à sa base. La thématique reprend une représentation plutôt fréquente de Cérès se déplaçant sur son char tiré par des dragons. C'est également Cérès que l'on perçoit à travers la faucille que tient le putto du signe de la Vierge, drapé et assis sur une gerbe de blé mais aussi de courges, melons, artichauts ou autres raisins.
Septembre et la Balance
Octobre et le Scorpion
Le mois d'Octobre |
Une attention particulière peut-être portée à l'atlante qui accompagne Octobre et le Scorpion. Il s'agit très clairement d'une figuration de Bacchus, dieu du vin et
l'ivresse, qui a déjà été mentionné lors de la figuration de l'Automne.
Ici, le dieu est représenté couronné de feuillage et de fruits,
soutenant des guirlandes de vigne et de raisin, ceint d'une peau de
fauve, accoudé sur une outre et tenant une coupe à la main droite. Cette
association entre Bacchus et le Scorpion n'est pas vraiment habituelle ,
elle trouve peut-être son origine dans le signe Ascendant du
Roi-Soleil, à qui de nombreuses créations artistiques inspirées par
Bacchus ont été dédiées (Bassin de Bacchus à Versailles, Opéra "Ariane
et Bacchus", ballets aux fêtes de Bacchus, etc.)
Novembre et le Sagittaire
Le médaillon représente la scène traditionnelle de l'abattage du porc à des fins alimentaires pour l'hiver. Deux hommes égorgent un porc et en recueillent le sang pendant que deux autres personnages coupent le bois, le rassemblent en fagots et préparent un feu.L'ensemble est décoré d'une couronne de fleurs, de feuillages, de fruits et de poivrons rouges. Le médaillon est suspendu à la gueule d'une chien de chasse et deux biches dos à dos l'encadrent, en référence à Diane la chasseresse. Le signe du Sagittaire est figuré par
un putto aux jambes de faune qui soutient un enfant centaure décochant une flèche vers le ciel.
un putto aux jambes de faune qui soutient un enfant centaure décochant une flèche vers le ciel.
Décembre et le Capricorne
Janvier et le Verseau
Février et les Poissons La thématique du médaillon est très inhabituelle dans les calendriers traditionnels. Il s'agit de trois personnages déguisés qui festoient et dansent en extérieurs en ces temps de carnaval. Ils sont entourés d'une couronne de fruits et de feuillages. Le médaillon est suspendu par la gueule d'un animal qui évoque le marsouin, entouré par deux silures. Le signe des Poissons est figuré par un putto sirène à queue bifide, de dos, tenant dans chaque bras un poisson qui cherche à s'échapper.
Les jours de la semaine
Au sommet de la voute, en prolongement vertical des médaillons des mois et des signes, sont disposés six grotesques richement décorées d'arabesques, de
personnages, d'animaux, de fruits, de fleurs et autres objets et
symboles sur fond d'or. Au centre de chacun d'eux, une rosace de
feuillages dorés marque le point d'attache des lustres de
cristal qui éclairaient jadis la galerie. La signification de ces grotesques est en lien avec les astres, les divinités qui s'y rattachent et le nom de chaque jour, Lundi pour le Lune, Mardi pour Mars, Mercredi pour Mercure, Jeudi pour Jupiter, Vendredi pour Vénus, Samedi pour Saturne et Dimanche pour le Soleil (Sunday en anglais, Sonntag en allemand).
Ce classement est d'origine astrologique et s'apparente à la tradition des heures planétaires selon laquelle la première heure du dimanche est placée sous l'influence du Soleil, la seconde sous celle de Vénus, la troisième sous celle de Mercure, et ainsi de suite selon la vitesse apparente des astres de façon décroissante. En prolongeant cette série, c'est la Lune qui influence la première heure du jour suivant, que l'on nomme en conséquence Lundi. Mars influence ensuite la première heure du jour d'après, nommé Mardi et ainsi de suite.
Les six grotesques sont dès lors ordonnés de Nord au Sud selon le nom de jour, Mercredi, puis Mardi, puis Lundi, puis Dimanche, jour central, du Soleil et du repos, représenté par le Triomphe d'Apollon, puis Samedi, Vendredi et Jeudi.
Le premier, en venant du Nord, montre des boucs et des coqs, des angelots lisant ou tenant une bourse, des casques ailés, des trompettes, des livres, des rouleaux de parchemins, des caducées. On retrouve ici les attributs de Mercure. C'est le Mercredi.
Esquisse préparatoire des grotesques de Jupiter |
Sur le deuxième se trouvent des femmes ailées et vêtues, des lions, ainsi que des heaumes emplumés multicolores, des armes, des lances, des épées, des couronnes de lauriers de victoire, des manteaux rouges, autant d'éléments qui évoquent les attributs de Mars. C'est le Mardi.
Le troisième met en scène des chiens, certains pourchassant des biches, d'autres les mordant à la cuisse. On y voit également des têtes de cerfs, des flèches, des lances, des arcs, des rets. Deux croissants finissent de faire référence à Diane et à la Lune. C'est le Lundi.
Le quatrième exprime le temps qui passe, le savoir et la patience : des escargots, des personnages âgés attentifs à des tablettes, des sabliers ailés, des livres, des pots, des cornues et des urnes qui évoquent l'alchimie, des faux croisées, des dais, des Ouroboros à trois boucles. Les symboles de Saturne y sont rassemblés. C'est le Samedi.
Le quatrième exprime le temps qui passe, le savoir et la patience : des escargots, des personnages âgés attentifs à des tablettes, des sabliers ailés, des livres, des pots, des cornues et des urnes qui évoquent l'alchimie, des faux croisées, des dais, des Ouroboros à trois boucles. Les symboles de Saturne y sont rassemblés. C'est le Samedi.
Le cinquième montre des éléments marins, marsouins ou dauphins, des coquilles, des angelots nus et ailés soutenant des guirlandes de fleurs, des couples de colombes, qui évoquent Vénus. C'est le Vendredi.
Le sixième révèle l'abondance, des paniers de fruits, des guirlandes de fleurs, des aigles aux ailes déployées, des couronnes, des sceptres croisés, des tiares, des éclairs et des foudres. Ce sont les attributs de Jupiter qu'on y retrouve. C'est le Jeudi.
Les âges planétaires
Les douze atlantes qui soutiennent sur la voute les peintures "L'aurore", "Apollon vainqueur" et "La nuit" suivent le fil du temps et des âges définis par les astres, Lune et Soleil au Sud, Mercure ensuite, puis Vénus, Mars, Jupiter et enfin Saturne au Nord. Selon la tradition des astrologues, la Lune est l'astre de la petite enfance, Mercure celui de l'enfance, Vénus de l’adolescence, Soleil de l'âge adulte, Mars et Jupiter de l'âge mûr, Saturne de la vieillesse. S'avançant du Sud au Nord, en passant par chaque arche de signes de même dignité, les atlantes passent progressivement de l'aspect juvénile à l'arche de Mercure (Gémeaux-Vierge) à l'âge avancé de Saturne (Capricorne-Verseau) en passant par Vénus (Taureau-Balance), Mars (Bélier-Scorpion) et Jupiter (Sagittaire-Poissons).
À l'extrémité Sud de la Galerie, l'atlante juvénile et mercurien des Gémeaux |
À l'extrémité Nord de la Galerie, le personnage âgé et saturnien du Verseau |
Les divinités romaines
Antoine Court de Gébelin explique dans son "Histoire du calendrier" : les douze mois de l'année furent naturellement consacrés à
la Lune et au Soleil. On en fit un partage entre ces deux astres ; la Lune
présida à six mois et le Soleil à six autres. On peignit donc dans le
calendrier six Lunes et six Soleils, ou six Femmes et six Hommes, représentés
chacun sous des emblèmes différents, relatifs aux travaux et à la nature des
mois auxquels ils présidaient. À la longue, on vit dans ces douze figures six
dieux et six déesses, ou douze divinités, qu'on appela les grands dieux, les
dieux consentes ou harmoniques, parce qu'ils contribuaient tous à la perfection
de l'année, au maintien des saisons, au bonheur des hommes.
La Galerie d'Apollon reprend cette représentation dans sa forme romaine. On y trouve en effet, en remontant vers le sommet de la voute, la figure d'un dieu ou d'une déesse au dessus de chaque cartouche de mois : les six déesses protectrices, Junon, Minerve, Vénus, Cérès, Diane et Vesta, alternent avec les six dieux, Apollon, Mercure, Jupiter, Vulcain , Mars et Neptune.
Pour chaque mois, entre le médaillon et la divinité, s'intercale un autre cartouche, contenant les attributs du dieu ou de la déesse.
Junon, reine des dieux, était la Lune, reine des cieux, et,
en particulier, la première Lune de l'année, celle de janvier. Son nom Jun,
qu'on prononça également Ion, Ioh, lo, était le nom même de la Lune, femme
d’Iou ou du Soleil, qui se renouvelait avec elle. Junon s'appelait en grec HRA,
la souveraine, la reine, et elle en portait les attributs.
Minerve était la Lune de mars, où les travaux recommencent,
aussi était-elle la protectrice de l'industrie et des arts, et toujours
accompagnée de leurs attributs. Elle était également la déesse de la sagesse et
des combats parce que les arts ont besoin et de sagesse pour les perfectionner
et d'habileté pour défendre les biens qui sont l'effet de l'industrie.
Vénus, ou la beauté, mère de l'amour et des grâces, était la
Lune d'avril, où la nature se renouvelle et où la terre se couvre de verdure et
de nouvelles générations qui réparent les pertes de l'automne et de l'hiver.
Cérès, ou la déesse des moissons, aux cheveux blonds, est la
Lune d'août, représentée avec une faucille et des gerbes pour désigner le temps
des moissons.
Diane, déesse de la chasse et de la virginité, était la Lune
de novembre où, la terre étant dévêtue, comme on dit dans les campagnes,
dépouillée de ses fruits, on s'occupe à faire la guerre aux animaux. C'est donc
avec raison que cette déesse était celle de la chasse et de la virginité, ou de
la stérilité, puisque, dès le mois où elle préside, la terre ne produit rien,
la nature est stérile. Le carquois, l'arc et la flèche succèdent avec raison à
la faucille et aux charrues.
Cérès, associée à Août et à la Vierge |
Apollon, ou le Soleil de mai, le Soleil par excellence, et
dont le nom grec n'est qu'une altération de l'oriental Pol, qui en chaldéen
répond au Bel des Phéniciens. Aussi Apollon est-il peint jeune et avec tous les
charmes de l'adolescence, vrais symboles du mois de mai.
Mercure, dieu des constellations, est le Soleil de juin qui,
chez les orientaux, ouvrait l'année. Aussi a-t-il l'équipage d'une personne
chargée d'ouvrir et de fermer les cieux.
lou, le père Jou, ou Jupiter, est le Soleil de juillet, le
Soleil dans toute sa force, la nature parvenue au plus haut point de
perfection, où elle n'a plus qu'à décroître. Aussi ce Soleil est-il surnommé
Hercule et est au signe du Lion.
Vulcain, le Soleil de septembre, est le dieu des forgerons.
Forgeron lui-même, il est le bras droit du laboureur dont il répare les
charrues et les instruments nécessaires pour ses labours et ses semailles, qui
sont à la porte. Il est donc aussi le dieu du feu, mais d'un feu de forge et
d'enfer, bien différent des feux domestiques de Vesta.
Mars, ou le Soleil d'octobre, Soleil enflammé et terrible
pour les plantes et pour les animaux, de même que pour les hommes. Aussi
était-il au signe du Scorpion.
Chaque divinité est présentée à proximité d'un cartouche rassemblant tous ses attributs : Neptune avec ses références maritimes, proue de navire, rames, ancre, Junon avec un diadème royal, des feuillages et des roses, une torche allumée une autre éteinte, des rubans, un arc double, Vesta avec un globe terrestre, une trompe, des livres, une équerre, un compas, un rapporteur, Diane avec un diadème en croissant lune, un cor de chasse, un arc, un carquois, des flèches, un pilum, une hallebarde, un drapeau, Mars avec un casque, un bouclier, un carquois, un pilum, un glaive, Vulcain avec un maillet, une enclume, des pinces, des chaines, des crochets, des pièces, une malle, une aiguière, des armes, Cérès avec une panière, une serpe, un fléau, un râteau, une bêche, une fourche, une botte de blé, de la paille qui s'enflamme, Jupiter avec la foudre, une flamme, une crosse, un sceptre, une massue, une hache, un carquois, des chaines, des feuilles de chêne, Mercure avec son pétase ailé, des livres, une trompe, une bourse, son caducée, des feuilles d'olivier, Apollon avec un carquois, une lyre, un arc, des flèches, un feuillage de laurier, Vénus avec un cœur ardent, des fleurs en couronne, un arc, des rubans, des flèches, deux torches allumées, Minerve avec un casque frontal avec plumes dont sort un génie, des feuilles d'olivier en couronne, un pilum, des livres, un pectoral, une dague, des flèches.
Diane, associée à Novembre et au Sagittaire, entre les Grotesques de Mars et le cartouche de ses attributs : croissant de lune, cor de chasse, arc, carquois et flèches, pilum, hallebarde |
Les attributs de Vulcain, dieu du feu, des volcans, de la forge et des forgerons : ses outils, pince marteau ou enclume, et ses réalisations, chaines, aiguière, piques, coffre et pièces de monnaie. |
Les paons de Junon sur le médaillon de Janvier |
Les heures du jour
Douze figures féminines vêtues de longues robes et munies d'ailes de papillon sont suspendues au sommet de la voute. Elles soutiennent des guirlandes de laurier dorées et représentes les heures du jour : deux à proximité du Triomphe de Neptune, deux autres à côté du Triomphe de Cybèle, quatre aux angles du compartiment qui accueille "Le matin", quatre autres aux angles du compartiment qui accueille "Le soir".
_____________
Pour en savoir plus
- Le musée du Louvre et la Galerie d'Apollon
- Les Grotesques de Jean Bérain au Louvre
Sur De Sphæris
:
- Astres et zodiaques au château de Versailles
- Les divinités protectrices des mois, par Antoine Court de Gébelin
- Vestiges astrologiques au Louvre
- Mémoire explicatif du zodiaque chronologique et mythologique, par Charles-François Dupuis
- L'Astrologie naturelle du Comte de Pagan
- Le maître de l'heure planétaire, par Julevno
- Les Heures planétaires de l'horloge de Louvain
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