LA POLARITÉ POSITIF-NÉGATIF, par Charles E. O. CARTER

La division des signes en positif et négatif, en alternance, est bien sûr connue. Elle répète, en termes de signes, la division planétaire symbolisée avant tout par le Soleil masculin et la Lune féminine. C’est d’une importance capitale. C’est un lieu commun, et c’est un fait facilement confirmé par la pensée et l’observation, que le principe unitaire de l’Être, qui dans sa manifestation est la Vie, s’exprime immédiatement par un double caractère. Ce principe de polarité domine tout le champ du Manifesté.

Traditionnellement, il existe trois divisions principales du zodiaque : selon les signes masculins et féminins, selon les quadruplicités cardinales, fixes et mutables, et selon les quatre triplicités. 

Ces dernières années, d’autres regroupements ont été proposés. On trouve, par exemple, la précieuse division des signes selon trois groupes consécutifs de quatre signes chacun, que W. H. Sampson (1) nomme respectivement Primitif ou Élémental (Bélier-Taureau-Gémeaux-Cancer), Individuel (Lion-Vierge-Balance-Scorpion) et Universel (Sagittaire-Capricorne-Verseau-Poissons).

On peut encore comparer les six premiers avec les six derniers, ou, plus catégoriquement, les deux premiers avec les deux derniers. On peut démontrer statistiquement que les criminels violents tendent, dans leur géniture, à avoir des positions planétaires en Bélier et en Taureau, et dans une moindre mesure en Gémeaux. En revanche, les deux derniers sont parmi les dix premiers parmi les thèmes de ceux qui tendent vers l’idéalisme : ce sont des rêveurs de rêves. Chaque classe a ses vertus et ses défauts propres.

Nous devons également noter que plus nous progressons dans le zodiaque, plus la portée du signe-signification s’élargit. Ainsi, le signe des Gémeaux est l’esprit factuel limité. Le Sagittaire est la pensée spéculative exploratoire. Le Lion est l’homme individuel par excellence. Le Verseau est l’homme collectif, la société.

Ainsi, même une considération superficielle d’une nativité révèle beaucoup de choses.

Naturellement, les aspects planétaires affectent la signification des regroupements puissants quand ils se produisent, et lorsqu’un ou plusieurs secteurs du zodiaque s’en retrouvent occupés fortement, ils sont d’une signification fondamentale. Approfondir les aspects et de ne pas prendre un amas en considération, c’est comme oublier la forêt en comptant les arbres.

"Zodiaque", tapisserie de Jean-Picard Le Doux
La division des signes en positif et négatif, en alternance, est bien sûr connue de tout étudiant. Elle répète, en termes de signes, la division planétaire symbolisée avant tout par le Soleil masculin et la Lune féminine. C’est d’une importance capitale.

C’est un lieu commun dans tout enseignement mystique, et c’est un fait facilement confirmé par la pensée et l’observation, que le principe unitaire de l’Être, qui dans sa manifestation est la Vie, s’exprime immédiatement par un double caractère. Ce principe de polarité domine tout le champ du Manifesté.

Il serait superflu de donner un récit exhaustif (si cela était possible) des voies et des formes par lesquelles cette vérité est exprimée dans la littérature mystique. En ce qui concerne la pensée chrétienne et hébraïque, nous la trouvons au tout début dans le jardin d’Éden sous les noms d’Adam et Ève, et même un peu plus tôt, dans le contraste entre les ténèbres originelles et la lumière manifestée. Elle apparaît également dans l’Arbre de la connaissance du bien et du mal.

Dieu et le diable, le bien et le mal, Ormuzd et Ahriman, l’esprit et la matière, la liberté et le destin, l’énergie et la substance, la vie et la mort, la santé et la maladie, l’action et l’inaction, le yang et le yin, Uranus et Gaïa, l’animus et l’anima, ne sont que quelques unes des dyades typiques.

À ceux qui préfèrent des idées plus récentes, nous pouvons citer Freud "J’ai subsumé la conservation de soi et la conservation de l’espèce sous le concept d’Éros et je lui ai opposé le silencieux travail de la pulsion de mort ou de destruction... L’image que la vie nous présente est le résultat de l’action conjuguée et antinomique des deux pulsions originaires, Éros et pulsion de mort."(2).

Il n’est pas dans notre intention de savoir pourquoi cette expression double suit l’unité primale de l’être, sauf pour dire qu’il pourrait être évident après réflexion que ce processus est nécessaire. L’énergie doit avoir ce qui doit être énergétisé, la lumière acquiert une signification en fonction des ténèbres, la vertu en fonction du péché, et de même pour toutes les formes selon lesquelles la polarité apparaît.

Il s’agit ici de parler de la psychologie humaine, de la vie intérieure de l’homme et de son expression extérieure. Le résultat de cette dichotomie, ou clivage en deux parties, dans le déroulement de la vie est une différenciation de type dont le caractère est si profond que, s’il n’était pas superposé dans des cas individuels à la complexité presque infinie de la nature humaine, il ne pourrait pas échapper à l’attention de tout étudiant, même superficiellement.

L’homme, même en ne le considérant que corporellement, est une unité. Ceci est établi par le fait qu’il peut vouloir, sentir et raisonner en tant qu’individu. Si ce fait d’unité s’obscurcit dans certains cas particuliers ou certaines circonstances particulières (comme l’incapacité pour l’ivrogne de coordonner ses mouvements), le résultat est immédiatement reconnu comme pathologique et anormal. Toute vie efficace et intelligente dépend du contrôle qu’exerce ce principe unitaire chez l’homme sur les diverses facultés : les différents membres, les organes du corps, les émotions et les impulsions. La plupart d’entre nous deviennent conscients, si nous nous retirons en nous-mêmes, d’un "habitant au plus profond" qui peut, pour ainsi dire, se tenir à l’écart et regarder, et même juger, les activités de la personnalité qui l’entoure, en restant en soi exempté et transcendant à leur égard. Selon les psychanalystes, ce principe unitaire apparaît dans les rêves comme un monarque, un prince ou un chef, ce qui suggère tout naturellement à l’astrologue le Soleil.

Du point de vue de ce résident en tout sauf en lui-même, il y a la circonstance. Même les pensées et les instincts, et plus encore les actes, de sa personnalité propre sont dans cet environnement. Et de même le corps, et toutes les associations terrestres de la personnalité avec d’autres personnalités, avec leurs opérations, et avec le monde de la nature.

Il peut distinguer et il fait la distinction entre ses pensées et ses émotions, qu’il peut contrôler jusqu’à un certain degré, et repousser l’environnement sur lequel il a beaucoup moins de maîtrise, et se rapprocher de cette région située bien au-delà de son influence et qui serait le domaine du Destin, d’Adrastée, l’Inéluctable.

Certains trouvent le monde intérieur de la pensée et de l’impulsion plus difficile à contrôler que les domaines extérieurs. Certains hommes peuvent gagner des batailles mais se révéler incapables de dominer leurs propres instincts. Mais fondamentalement, il y a toujours ce résident à l’intérieur et le monde des circonstances à l’extérieur.

Revenons maintenant à nos deux types, positif et négatif.

Nous constatons que l’ego, lorsqu’il est mis en relation avec le monde extérieur, a le choix entre deux réactions. Celles-ci correspondent aux types actif et passif. Il peut tenter de les maîtriser à ses propres fins, il peut aussi s’y soumettre.

Combien de grands penseurs ont lutté avec ce problème!

L’homme de la rue a sa propre philosophie, incarnée par une centaine de proverbes.

Dans l’ensemble, l’homme de science essaie de comprendre et d’utiliser la nature et d’améliorer les conditions de vie, et la plupart des "hommes pratiques" appartiennent à la même école. Par ailleurs, les religieux et les philosophes ont tendance à enseigner la résignation, le renoncement et l’endurance, ou alors ils cherchent l’argument métaphysique pour nous persuader que l’extérieur n’existe pas vraiment, qu’il est une illusion, ou en tout cas quelque chose de très différent de ce qu’il semble être.

L’astrologie, faisant partie intégrante de cette perspective, permet les deux points de vue. Elle applaudit ceux qui cherchent à conquérir la nature, mais elle reconnaît aussi l’existence de l’impossible, du moins à l’heure actuelle et dans des circonstances particulières. Quel futur peut être obtenu par la voie de la réalisation? C’est une autre question. Les signes positifs sont ceux qui combattent, les négatifs ceux qui cèdent, ou plutôt ceux qui mènent les batailles défensives ?

Car nous ne devons pas, en astrologie, tomber dans le piège flagrant de l’identification du positif avec le bien et du négatif avec le mal. Nous avons en effet donné quelques exemples de pensée polarisante qui pourraient sembler justifier cette erreur. Mais en astrologie vraie, cette correspondance ne doit pas être poussée trop loin. Nous reconnaissons les vertus et les défauts distinctifs des deux types. Nous attribuons sa place à chacun. Probablement croyons nous qu’un mélange harmonieux est, sauf pour des tâches spéciales, le meilleur.

L’astrologie, en vérité, admet-elle quelque chose d’essentiellement mauvais ?

La réponse doit dépendre de nos propres conceptions philosophiques. Beaucoup de thèmes astraux indiquent incontestablement des vies difficiles, et ces difficultés peuvent être de nature à faire de la vie non seulement un dur combat avec les circonstances extérieures, mais aussi à produire un conflit avec les usages et les normes morales convenues, c’est-à-dire, dans le langage théologique, une responsabilité face aux graves tentations du péché. Cela, en tant qu’astrologues, nous le savons et cette connaissance devrait en permettre la compréhension. La façon dont nous interprétons les faits est une autre question!

Dans la pratique astrologique, un thème positif contient de nombreux corps en signes positifs, avec l’ascendant également positif, tandis que le Soleil, Mars, Jupiter, Uranus et peut-être Pluton peuvent tous être considérés comme des influences positivantes. Par ailleurs, de nombreux corps dans les signes négatifs et la proéminence de la Lune, de Vénus et de Neptune inclinent à l’attitude passive. Mercure tend au positif, bien qu’il soit adaptable et en ce sens concédant. Saturne, de ce point de vue, est difficile à classer : avec son exaltation dans la Balance, au milieu du zodiaque, peut-être représente-t-il la synthèse des deux types, prudent dans la défense mais actif dans sa lente et patiente manière. C’est la planète sage ; elle voit la nécessité des deux valeurs.

Ainsi, comme nous l’avons dit, le type actif a pour but de soumettre l’extérieur à lui-même et de faire de sa vie ce qu’il veut qu’elle soit. Il est donc enclin à être agressif, dominant, optimiste, ambitieux et plein de désir.

L’homme d’État est le genre d’homme qui veut modeler d’autres êtres humains selon sa volonté. Les scientifiques, les ingénieurs et les agronomes montrent la même tendance mais dirigée vers la nature.

Le type actif est toujours progressiste et plein d’espoir de choses meilleures. Il prend facilement des risques et peut dégénérer en joueur, car l’une de ses faiblesses ordinaires est un manque de patience qui tente d’obtenir des résultats rapides. De plus, son optimisme peut l’amener à ignorer des faits concrets et évidents. Il peut outrepasser les lois sociales et morales et progresser selon les lignes familières de l’orgueil, de l’arrogance obstinée et de la fierté.

Ce sont les caractéristiques de certaines phases du positif-émotif, l’élément Feu.

Mais le type positif-Air est également actif sur des lignes de construction mentale. Il cherche à contrôler l’extérieur par le travail d’étude ou de laboratoire.

Une caractéristique habituelle du type intellectuel positif est la tendance à considérer que les aspects désagréables du monde extérieur sont inexistants. Cette croyance, qui subit tant de secousses dans nos expériences quotidiennes, poursuit parfois un déroulement religieux de l’argument, ceux qui le détiennent affirmant que puisque Dieu est bon et a créé toutes choses, chaque chose et condition créées doivent aussi être parfaitement bonnes, quoi que puissent en témoigner nos sens. Avec ce type, la lutte normale avec ce qui est objectif devient une lutte intérieure entre ce qui est considéré comme Vérité Divine et "l’esprit mortel."

L’heure de naissance de Mme. Mary Baker Eddy n’est pas connue, mais elle est née le 16 juillet 1821 ; nous sommes immédiatement frappés par le caractéristique carré du Soleil à Saturne-Jupiter. Le Verseau à l’ascendant n’est pas improbable étant donnés les domaines qui ont tant marqué ses enseignements, ce qui placerait le Soleil dans la maison VI alors que la conjonction des deux planètes principales tomberait alors dans les maisons II ou III, et plus probablement dans la II. Une telle accentuation, de la VI à la II se traduirait par un sentiment amer de frustration par rapport aux limitations, et en particulier celles des moyens matériels et de la santé physique, et Jupiter, alors qu’il s’efforce de venir en l’aide, serait entravé par le carré et indiquerait des doutes religieux et des difficultés. Des trigones puissants venus d’une autre conjonction, ceux d’Uranus et de Neptune à Saturne-Jupiter, ont amené une solution vraisemblablement satisfaisante pour Mme Eddy, comme cela l’a été pour plusieurs milliers de ses disciples, d’un caractère transcendantal en accord avec la nature des deux planètes aidantes.

Ce n'est pas la peine de s’arrêter pour se demander comment, quand tout est parfait, l’esprit mortel est capable d’imposer ses illusions. Les philosophes plus classiques ont héroïquement cherché à démontrer que tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes, mais ce n’est guère l’endroit pour détailler leurs théories. La plupart des gens conviendront qu’il semble qu’il y ait de la place pour l’amélioration et c’est le travail de l’astrologue que de s’aider lui-même et d’aider les autres vers une compréhension et une jouissance plus complète de la vie.

Le devoir est une attitude fréquente et typiquement saturnienne. Ici, pour ainsi dire, la victime demande de l’aide à l’un des poils du chien qui l’a mordu. Saturne, qui est significatif de tant de nos peines et de nos difficultés, nous invite à faire notre devoir et à nous en contenter, sans spéculations métaphysiques.

L’épicurisme (déprécié), qui nous dit de profiter de tout ce que nous pouvons et de vivre le présent, semble être lié aux planètes bénéfiques, dans leur manifestation la moins noble.

Tous les systèmes qui mettent l’accent sur l’idée du karma sont saturniens, en impliquant le concept de stricte justice. Ils souffrent du fait qu’ils détruisent presque la possibilité de la bienfaisance désintéressé ; et c’est la même chose pour ces représentations du christianisme qui soulignent la notion de récompenses et de punitions futures.

Cependant, la caractéristique que toutes les formes positives ont en commun est leur simple refus d’accepter le monde extérieur de façon passive. Ils sont profondément conscients de l’existence d’un Non-Soi qui est, au moins en apparence, autre que ce qu’ils souhaitent, et ils cherchent activement une solution au stress, que ce soit par l’action, en pensée ou émotionnellement.

Mais avec le type passif, l’attitude de l’ego envers l’extérieur est une attitude de soumission, d’acquiescement. Il ne cherche pas à modifier ce qui est en dehors de lui-même, mais il prend les choses telles qu’il les trouve et essaie plutôt de s’adapter à leur moule. "Il a une compréhension des choses divines qui s’est noblement accordé avec la nécessité" dit le stoïcien. Mais l’individu passif a tendance à considérer trop de choses comme appartenant au domaine du nécessaire et du pré-ordonné ; il ne dit pas simplement "ce qui ne peut pas être guéri doit être enduré" mais préfère supporter beaucoup des choses qu’un type équilibré réussirait à modifier et à améliorer.

Il "prend les choses comme il les trouve." Il ne veut pas appréhender la nouveauté, mais préserver l’ancien ; il est timide et prudent plutôt qu’aventureux et explorateur, préférant un connu médiocre à un inconnu dangereux mais glorieux. "Les choses sont meilleures telles qu’elles sont" ; il "est tranquille seul", déteste le "dernier cri", et dit que ce qui était assez bon pour la mère est assez bon pour lui.

Pecha Kucha: Positive Negative Patterns, par MJ, sur flickr

Cette catégorie n’est pas nécessairement moins intelligente que les positifs. Il le sera souvent plus, du moins en termes d’érudition et d’apprentissage des livres. Car, en se dérobant à une vie extérieure développée, elle peut faire beaucoup pour développer les facultés intérieures. Ce qui lui manque, c’est l’expérience réelle et les contacts vivants.

Le docteur Richard Garnett, bibliothécaire du British Museum, avait les "Quatre Principales" (Soleil, Lune, Dominante et l’Ascendant) en signes négatifs, ainsi que deux autres astres. En raison de leur tendance à la prudence, les négatifs sont de grands collectionneurs et accumulateurs, et cette propension peut se manifester sur un large éventail d’objets, de la collection de timbres aux certificats d’actions, en passant par l’accumulation de connaissances factuelles. Cela n’est pas seulement indiqué par un nombre important de planètes en signes négatifs ; dans sa forme aiguë, c’est plus souvent désigné par les contacts Lune-Saturne. Mais ceux-ci, essentiellement, ont une signification similaire à celle d’une accentuation négative en termes de signes.

Ces personnes peuvent étudier à la fois l’homme et la nature, mais plus souvent la nature. Il ne la considère pas comme quelque chose à utiliser, mais comme quelque chose à admirer et à aimer pour elle-même, pour ce qu’elle est. Il écoute la voix de la nature ; il ne ne la lit pas en elle-même.

Dans la mesure où il est actif - et évidemment il ne peut pas éviter l’action tant qu’il est vivant, même s’il vit dans une cellule d’ermite - il est actif dans la défense, pas dans l’agression. En ce sens, il luttera avec ténacité, comme le montre l’histoire des nations Cancer, comme les Hollandais, tant sur leur terre natale qu’en Afrique du Sud.

Pour le positif, le Soi est le fait suprême et tout le reste n’est qu’une frange qui l’entoure, mais pour le négatif, l’extérieur est quelque chose qui doit être constamment et anxieusement observé, comparativement à la sécurité de la maison et du foyer.

Il est clair que ce qu’on appelle communément l’évasion, dans ses innombrables formes, appartient aux négatifs ; et en particulier l’évasion de l’actualité dans les royaumes du fantasme - en d’autres termes, rêver - est une habitude négative, particulièrement associée à l’élément Eau en conjonction avec l’Air. De cette façon, les obstacles que présente la vie réelle sont évités et un paradis imaginaire est construit, dans lequel l’ego peut se représenter librement sous n’importe quelle forme lui convenant, comme un saint, un roi, un conquérant, un homme d’État et ainsi de suite. Naturellement, de telles indulgences peuvent conduire à des résultats déplorables, lorsque, par exemple, le fantasme perd tout contact avec l’actualité et se convainc qu’il est un être puissant ou célèbre. Mais qu’une légère tendance est grave pour eux est discutable.

La prise de drogue et l’alcoolisme sont des méthodes pour obtenir un sens illusoire d’adéquation. Le type sur-négatif est conscient de ses défauts, de son incapacité à faire face à la vie réelle ; la boisson lui fait sentir, temporairement, à la hauteur de ses tâches. Car, bien sûr, peu de gens sont en mesure de vivre en isolement permanent. Mais il serait imprudent de dire que tout excès alcoolique relève de cette catégorie.

On retrouve communément le fatalisme parmi les négatifs, car ce point de vue les dispense de la responsabilité de l’action vigoureuse : tout est pré-ordonné, alors pourquoi jeter le trouble?

Les négatifs sont souvent très heureux avec leurs livres, leurs jardins et de leurs loisirs à la maison ; mais la vie est toujours prête à les mettre en contact avec des poussées de circonstances qu’ils éviteraient volontiers.

En règle générale, le négatif est digne de confiance, car il ne ressent aucune nécessité intérieure d’être fantasque ou erratique. La malhonnêteté est une aventure risquée et de tels exploits ne sont pas à son goût. S’il est un criminel, c’est habituellement parce qu’il a été égaré par d’autres types plus entreprenants.

Il y a un fort élément protecteur dans la composition passive. Il est plus patient, plus compréhensif et plus sympathique que la polarité active, bien que, encore une fois, parce qu’il est aussi auto-protecteur, il peut être convaincu de l’adage que la charité commence par soi-même.

Un grand amour des animaux est commun. Car le règne animal, dans son ensemble, occupe une position passive vis-à-vis de l’homme et est en grande partie à sa merci. Mlle Lind-af-Hageby, l’anti-vivisectionniste bien connue, a le Soleil, la Lune et chaque planète en signes négatifs.

positive and negative... par Roger Casado, sur flickr
Le sexe est l’exemple suprême du principe de polarité et l’acte sexuel est la consommation de la fusion des deux pôles, sur le plan physique. Mais beaucoup d’hommes sont nés avec des génitures négatives, et inversement.

Le Docteur Jung, dans "Types psychologiques", fait face aux premiers pères chrétiens Origène et Tertullien d’une manière qui est d’un grand intérêt à cet égard. Le premier s’est émasculé pour faire taire les clameurs de son corps et pour devenir le plus apte à recevoir l’influx divin. Il chercha ainsi, par une opération chirurgicale, à modifier sa polarité. Tertullien, par sa formation d’avocat, s’est efforcé de dépasser les limites imposées par son acuité intellectuelle et le sens logique en déclarant que la résurrection était "certaine parce qu’impossible." Nous pouvons dire, astrologiquement, qu’Origène a essayé d’extirper l’élément Feu de sa nature et Tertullien a cherché à bannir celle de la raison Air-Terre et l’Air et de la Terre-raison et le Christianisme plein de bon sens, religion en grande partie Eau, s’est souvent trouvé en conflit avec les valeurs représentées par le Feu (dans sa forme commune, l’esprit animal) et l’Air (raisonnement philosophique).

Les deux Pères ont estimé qu’une partie de notre nature doit être abandonnée au profit d’une autre. L’astrologie admet les manifestations ordonnées et désorganisées de toutes ses valeurs, mais refuse de juger si aucune d’entre elles est essentiellement mauvaise. Au contraire, un examen minutieux montre qu’elles sont vraiment toutes nécessaires. L’objectif est l’ordre et l’intégration.

Nous remarquons, en passant, que l’autocastration était également pratiquée par les adorateurs païens de la Grande Mère, le symbole du principe passif.

L’agression sur les organes sexuels est une tentative évidente de soumettre la partie active, naturellement dominante, au principe passif, naturellement asservi. Mais un grand nombre de pratiques moins faciles à comprendre tendent au même résultat. Le jeûne religieux, par exemple, qui soumet les esprits animaux et qui est censé rendre le sujet plus réceptif aux illuminations suprêmes.

L’aversion pour la raison est commune à beaucoup de types passifs. Comme, en effet, la raison est un principe essentiellement actif, toute pensée est nécessairement une activité. La raison est également une limitation ; elle obéit à des lois et dépend de la définition exacte de leurs termes. Elle est donc contraire aux caractéristiques de l’homme émotionnel, car les sentiments ne connaissent pas de lois. Par conséquent, le type passif-émotionnel, symbolisé dans l’astrologie par l’élément Eau, est, par dessus tous, opposé à la raison ; mais le Feu revendique également une expression plus libre que ce que la pensée logique permet.

Ainsi nous trouvons William Blake (Ascendant et Lune en Cancer, Soleil en Sagittaire), qui considère la raison comme un principe de mort. Il est vrai qu’une prédominance de formes analytiques et sceptiques dans l’activité mentale mène à une impasse.

Blake écrit :

"Si le Soleil et la Lune se mettaient à douter
Ils s'éteindraient sur-le-champ .
"

Dans les Upanishads, nous lisons que "l’esprit est le meurtrier du réel" et le mystique médiéval écrit "Il peut être obtenu et retenu par l’amour, mais par la pensée jamais." De tels sentiments représentent la révolte contre la tyrannie de l’Air. Notre science leur accorde une certaine justification, car nous avons toujours donné au Feu une certaine priorité parmi les Éléments.

Il est intéressant de noter que les méthodes de survie active et passive se manifestent sous des formes très facilement reconnaissables.

Par exemple, la férocité du carnivore est essentiellement de catégorie positive et nous pouvons relier à cette même classe l’habileté que démontrent à un niveau élevé certains animaux pour la chasse et la recherche de nourriture.

Les méthodes passives typiques sont le vol, le camouflage, l’armure protectrice et la masse pure.

Une autre protection du vivant est la prolifération à l’extrême, dans laquelle les polarités positives et négatives sont impliquées.

C’est par ses pouvoirs mentaux que l’homme a atteint sa domination actuelle sur le globe. Il n’a pas les dents ou les griffes du carnivore, la carapace et la peau épaisse du crocodile et du rhinocéros, il n’est pas prolifique, il n’a pas la vitesse du cerf ou des oiseaux en vol. Mais il a inventé des armes mille fois plus destructrices que les griffes ou les dents, il s’est fait une armure d’acier, et il a fabriqué des machines qui dépassent tout animal dans leur rapidité et leur endurance. Il tente de compenser sa faible prolifération par des cliniques de soins aux enfants. Il recherche la protection artificielle contre les intempéries au moyen de vêtements et de maisons et invente des aliments spéciaux qui sont censés, pour certains, détenir des vertus que les produits naturels n’ont pas.

La résolution du conflit de polarité par rapport au sexe sur le plan corporel est plus ou moins satisfaisante pour la plupart des êtres humains, mais le problème psychologique n’est pas si facile à gérer. Physiquement, tous les êtres humains normaux sont des hommes ou des femmes, mais psychologiquement, il y a toutes sortes de degrés et de variations. Chaque homme a une Lune dans son horoscope ; chaque femme a un Soleil, et ainsi de suite. Si la géniture montre un conflit aigu de polarité, on ne peut pas échapper à la tension. Les mariages peuvent être dissous, mais la lutte intérieure doit être réglée ou se poursuivre jusqu’au triomphe final du principe négatif dans la mort, dans la mesure où c’est là que le corps va. Pour réussir toute une vie, les deux pôles doivent soit fusionner, soit apprendre, pour le moins; à fonctionner en harmonie.

On pourrait se demander si le conflit de polarités est nécessairement mauvais ? Il y a ceux qui croient à la guerre et à la tension. Il semble qu’un échec complet dans la réconciliation les opposés serait mettre la nature en pièces, en folie ou mort ; mais il y a de la vérité dans l’aphorisme d’Héraclite que "le conflit est le parent de toutes choses." Ceci s’applique également aux contraintes des aspects "maléfiques", qui n’indiquent pas toujours une tension de polarité.

La tension engendre l’activité et l’harmonisation complète tend au repos et à la stagnation. Une des premières leçons qu’un étudiant intelligent apprend est qu’il ne peut pas classifier les nativités comme bonnes et mauvaises en additionnant le nombre d’aspects prétendument bénéfiques ou maléfiques.

Le problème concerne la philosophie de vie que tout individu peut adopter. En d’autres termes, qu’entend-il par "bon" et "mauvais"? À ce sujet, nous ne pouvons pas répondre pour lui ; mais il semble avéré que la plupart de ceux que la majeure partie de l’humanité acclame en tant que "grandeur", ou même "succès" ont des figures naissance mixtes. Des aspects constructifs qui montrent leurs pouvoirs de réalisation ; des formations obstructives qui montrent les difficultés qu’ils ont dû surmonter pour gagner leur légitimité aux applaudissements. Les nativités très harmonieuses ne cherchent pas à accomplir des actes de bravoure ; elles sont tout à fait heureuses comme elles sont. Les cartes du ciel très discordantes sont généralement trop en désaccord avec les circonstances (et souvent avec elles-mêmes) pour atteindre des résultats réels durables et utiles. Au mieux, leurs réalisations sont temporaires et entachées d’extrémisme.

Néanmoins, il peut être admis que lorsque la structure sociale a dégénéré à un point tel que des mesures violentes sont nécessaires, alors des nativités violentes peuvent aussi être nécessaires pour nettoyer les écuries d’Augias. Ainsi l’horoscope de Lénine (3) est principalement celui d’un stress sévère, mais pas entièrement. Celui de Gandhi montre un mélange de valeurs de tensions et de construction.

Certains lecteurs, probablement de type négatif, considéreront peut-être l’image du stress et de la réconciliation difficile comme déprimante.

C’est peut-être vrai, du moins pour cette classe.

Mais il semble qu’il y ait une tendance dans la nature à établir un certain degré d’équilibre de travail, même lorsque le thème de naissance est difficile. Le même pessimisme peut sembler justifié par le fait que nous avons plus de "mauvais" aspects et de planètes que de "bons". Mais là encore la réponse semble être que le fond de la vie est, pour le moins, raisonnablement profitable.

Pendant la plus grande partie de notre vie, nous ne ressentons pas directement l’impact de nos formations horoscopiques, qu’elles soient harmonieuses ou discordantes. L’intrusion claire et indubitable dans notre conscience de nos " afflictions" est épisodique plutôt que perpétuelle, sauf bien sûr dans les cas de maladie chronique ou d’incapacité. Certains, comme Pope, doivent parler de "cette longue maladie ma vie." Leur sort est pitoyable, mais même Pope a eu ses compensations. La plupart du temps, on constate que, comme le corps qui retrouve un fonctionnement normal après une maladie après avoir reçu de la régularité, nos affaires fonctionnent. Les jeunes pensent que leurs troubles émotionnels sont de la nature des grandes tragédies ; mais avec le temps, ils apprennent mieux.

Le travail de l’astrologue est de guider et de diriger. Il voit quand et où le progrès est possible : quand et où la frustration est à portée de main.

Une autre observation utile est que nous sommes affectés par les naissances de ceux avec qui nous sommes en contact. Nous n’irons pas jusqu’à l’extrême absurde de l’écrivain qui prétendait que la relation sexuelle avait fusionné les deux naissances du couple en question, en conséquence de quoi, pour le reste de leurs vies, chacun avait porté la géniture de l’autre superposée à la sienne propre. Il n’est pas non plus utile de spéculer sur ce que la condition horoscopique de, par exemple, Néron, a dû être à cet égard vers la fin de sa vie. Mais l’homme ou la femme qui manque de "Feu" peut obtenir une compensation dans la compagnie d’un ami d’élément Feu, et ainsi de suite avec tous les types.

On pourrait affirmer qu’il est préférable pour un type particulièrement développé, qu’il soit positif ou négatif, de l’activer et de ne pas essayer de devenir autre chose que ce qu’il est "censé être." Ici encore, il s’agit de perspectives individuelles. Mais on peut dire avec certitude qu’il faut tout au moins rechercher la compréhension des autres types ainsi qu’un certain degré de sympathie et de proximité.
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Notes

  1. "The Zodiac : a Life Epitome" (Le zodiaque, un épitomé de la vie)– Walter H. Sampson
  2. The Problem of Lay analyses (La question de l’analyse profane), 1927, pp. 290, 291.
  3. Toutes les naissances sans heure citées dans cet ouvrage peuvent être retrouvées dans "1001 Notable Nativities" (1001 naissances notables) ou dans les deux livrets complémentaires compilés par Maurice Wemyss et intitulés "More Notable Nativities" (Plus de naissances notables) et "Famous Nativities" (Naissances célèbres). Certaines sont hypothétiques à des degrés divers.

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