Numéro 68-69 |
Pour étudier les résultantes de ces influx dans notre domaine terrestre, il est préférable de suivre l'ordre inverse : les anciens astrologues plaçaient donc au centre la terre supposée fixe, huitième sphère, domaine de la nature naturée, comprenant tout le monde matériel et non pas uniquement notre planète. À l'extérieur, l'Empyrée, fixe également. Entre les deux, les sept cieux mobiles. Un zodiaque forme la limite de chacun de ces mondes.
Entre les 7 cieux et l'Empyrée se trouve la sphère des Étoiles fixes, neuvième sphère, sphère d'Uranie, mobile également, distribuant à travers les 7 cieux les influences de l'Empyrée. Les étoiles, sont gouvernées par les Anges.
Les Anciens les avaient groupées en constellations ; 12 dans la zone zodiacale, 18 dans l'hémisphère boréal, 18 dans l'hémisphère austral [Certains auteurs indiquent 36 constellations dans chaque hémisphère]. On comptait 360 astérismes dans la région zodiacale et 360 dans chaque hémisphère, soit 1080 en tout [c'est le nombre donné par Hipparque]. Parmi ces étoiles, il y en avait 22 principales. Signalons l'importance particulière des 3 étoiles sacerdotales Fomalhaut, Sirius et Arcturus, et des 4 étoiles royales : Fomalhaut, Aldébaran, Régulus, Antarès.
Certains astronomes modernes admettent que notre Soleil fait partie d'un amas comprenant plusieurs centaines d'étoiles. Le grand cercle de cet amas, incliné de 20 à 25 degrés sur la Voie lactée, comprend les étoiles les plus brillantes des constellations Orion, le Grand-Chien, la Colombe, la Poupe, la Carène, la Croix du Sud, le Centaure, le Loup, le Scorpion. Indistinct dans Ophiucus et Hercule, sa direction générale est indiquée par les étoiles les plus brillantes des constellations : la Lyre, le Cygne ou Croix du Nord, Céphée, Cassiopée, Persée et le Taureau. Il coupe la Voie lactée dans la Croix du Sud et Cassiopée. Son pôle boréal est environ à 11 h. d'A. R. et 30° degrés décl. [Les coordonnées de Fomalhaut sont environ 23 h. A. R. et 30° décl. Sud ; le Pôle Nord de la Voie lactée est à 12 h. 40’ A. R. et 28° décl.]
L'Origine de la Voie lactée, Le Tintoret - National gallery, Londres |
Il est cependant un cycle qui a été conservé par les Grecs. C'est la Grande Année et ses fractions, la moitié, le tiers, le quart, le sixième. Cette dernière, de 4 320 ans, était le plus communément employée, ainsi que ses sous-cycles : 4 320 mois ou 360 ans, et 4 320 jours ou 12 ans.
[La semaine de la Grande Année est la période magnétique de Brück.]
Cette période de 4 320 ans était le fondement de la chronologie sacrée de tous les peuples [Dr Sepp, Vie de Jésus]. L'abbé Trithémius et le moine Franciscus Allæus l'ont prise pour base de leurs prophéties. Chaque signe du zodiaque correspond à 360 ans. On commence par le Cancer et Saturne, le Lion et Jupiter, etc. Le degré vaut 12 ans.
Si l'on prend le quart de la précession, soit 6 480 ans, le signe vaut 540 ans et le degré 18 ans. Signalons également les cycles de 60 ans et de 60 mois, ou 5 ans et 60 jours ; le cycle de 1200 ans et ses multiples, et sous-multiples. On employait également des cycles formés par les conjonctions des planètes entre elles ou avec le Soleil, particulièrement au début du Bélier.
Mais les astrologues grecs et leurs successeurs étudiaient tout particulièrement, en astrologie mondiale, les phénomènes célestes visibles. Les uns sont calculables d'avance : les principaux sont les conjonctions de Saturne et de Jupiter, et les éclipses. Les autres sont imprévus ; ce sont les météores; étoiles nouvelles et comètes en particulier.
Données générales
[Voir pour les significations : la Lumière d’Égypte, l'Almanach astrologique de Barlet pour 1910, les Signes du zodiaque, par Wirth et un important article : "L'Astrologie dans l'Histoire", paru dans la Science astrale d’octobre 1904, 491-494].
Si l'on recherche une détermination plus précise par le moyen des maisons, il est bon de s'en tenir à la domification dite de Porphyre, qui est basée sur l'écliptique. Les méthodes inventées par les mathématiciens Campanus, Régiomontanus et Placidus, basées sur l'équateur et le mouvement diurne, sont remarquablement adaptées à l'astrologie individuelle. Je persiste à n'en pas voir l'utilité en astrologie mondiale. La méthode de Porphyre est la plus ancienne et fut la plus répandue, aux Indes aussi bien qu'en Grèce ; plus près de nous, Luc Gauric, qui n'était certes pas le premier venu, l'employait de préférence à tout autre.
Tenir compte, évidemment, de toutes les planètes et se garder d'imiter certains astrologues modernes qui, sous prétexte que les Anciens ne les connaissaient pas, négligent Uranus et Neptune, dont l'action est fort importante. Malheureusement, les deux planètes transneptuniennes, Pluton et Proserpine, n'ont pas encore été découvertes astronomiquement, bien que leur existence soit extrêmement probable. Leurs qualités astrologiques ont été déterminées par Caslant [tout comme la classification périodique des corps simples permit de déterminer a priori les propriétés d'éléments encore inconnus].
Mais il ne faut pas tomber dans l'excès contraire. Parler de l'influence des satellites, des planètes et des astéroïdes prouve simplement qu'on ignore l'astrologie. Quant à Vulcain, la pseudo-planète infra-mercurielle, elle n'existe ni astronomiquement m astrologiquement.
Durée des influences et lieux où elles sont ressenties
Malheureusement, nous ignorons les cycles correspondants. Les Anciens les gardaient soigneusement secrets. D'ailleurs pendant la période d'action d'un phénomène, il s'en produit souvent d'autres, ce qui complique singulièrement les pronostics.
Quoi qu'il en soit, le phénomène doit être dirigé suivant le cycle correspondant. Par exemple, si la durée d'une éclipse est de 60 mois - ou 5 ans- on devra la diriger dans l'écliptique à raison d'un signe par 5 mois. Les événements se produiront lorsque le phénomène dirigé atteindra les planètes par corps, aspect ou parallèle.
Il est également indispensable de préciser le lieu du globe où se produiront les événements prévus.
La tradition antique indiquait la corrélation des 72 anges, des 72 constellations et des 72 peuples issus de Noé. Au-dessus de ces derniers, les 12 tribus d'Israël, en relation avec les 12 constellations zodiacales et 12 grands Anges. Ces données cabalistiques sont à peu près oubliées aujourd’hui.
Voyons ce que les astrologues anciens nous ont transmis.
D'une façon générale, l'Asie est gouvernée par le Soleil, l'Afrique par la Lune, les deux Amériques par Mercure. L'Europe est gouvernée par Mercure, avec prédominance tantôt solaire, tantôt lunaire.
Divers systèmes de chorographie astrologique ont été proposés. Le seul dont il y ait lieu de tenir compte est celui qui nous a été transmis par Ptolémée. Certes je ne suis pas de ceux qui considèrent l'Almageste comme définitif, et n'admettent pas qu'on y ajoute quoi que ce soit. Où en serions-nous en astronomie et en géographie si l'on s'en était tenu à Ptolémée ? Mais il ne faut pas oublier qu'il était un homme très instruit dans toutes les connaissances de son époque, et qu'il avait mérité d'être surnommé Ptolémée le Chaldéen - dont on a fait depuis Claudius Ptolémée.
Je crois donc qu'il est bon de s'en tenir au système de Ptolémée, développé et complété par certains de ses successeurs. Cela en ce qui concerne les peuples. Quant aux gouvernements, aux empires, groupements plus ou moins artificiels et temporaires, la méthode traditionnelle est celle indiquée plus haut en parlant du cycle de 4 320 ans.
Dans les ouvrages modernes, les relations des signes du zodiaque avec les pays et les villes sont indiquées assez empiriquement ; on semble s'être basé surtout sur des considérations sentimentales. Par exemple,la Prusse - à tout Saigneur tout honneur - était placée par les anciens astrologues sous le signe du Cancer. Aujourd'hui, on lui attribue le Verseau. Le Verseau, l'Homme… - rien que cela! En réalité, la Prusse joue en Europe le rôle du bourreau dans la société ; rôle nécessaire, après tout. La Prusse est gouvernée par le deuxième décan du Cancer.
Il est bon, je le répète, de s'en tenir au système chorographique de Ptolémée, qui a été reconnu exact pendant plus de quinze cents ans, ce qui commence à compter.
En ce qui concerne les gouvernements successifs, les Mérovingiens ont commencé sous le signe du Cancer, les Carolingiens sous celui du Lion, les Capétiens sous celui de la Vierge. Le régime républicain s'est établi sous le signe de la Balance, qui gouverne donc la France d'aujourd'hui. Barlet, par des voies différentes, était arrivé aux mêmes conclusions. Le gouvernement des ouvriers et des paysans est venu sous le signe du Scorpion.
On voit par tout ce qui précède qu'il nous reste fort peu de choses sur l’apotélesmatique catholique, alors que la généthlialogie est solidement constituée.
Jadis, c'était tout le contraire ; on ne s’occupait pas des individus, le soin de prédire leur avenir était laissé à des devins inférieurs. L'astrologie se particularise ; on néglige les prédictions générales et on s'occupe surtout des nativités ; on s'attache de plus en plus à l'équateur et au mouvement diurne, pour la partie mathématique, négligeant le point de vue universel.
Les secrets connus des anciens sages pour prévoir la destinée des peuples sont perdus ; nous n'en possédons que des bribes, et on néglige d'appliquer les quelques règles qu'ils nous ont transmises. Au lieu d'étudier les conjonctions de Saturne et de Jupiter, qui sont capitales, on ne s'occupe que de l'entrée du Soleil dans les saisons et des transits des planètes. Il n'est pas surprenant que les prédictions faites dans ces conditions échouent presque toujours. Ce qui surprend, au contraire, c'est qu'on réussisse quelquefois à tomber juste.
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