LA CONJONCTION URANUS-NEPTUNE ET LA MONDIALISATION, par André BARBAULT

Nous ne sommes qu’au départ du cycle Uranus-Neptune, l’élan de sa phase ascendante projetant sa ligne du futur sur la plus grande partie du nouveau siècle. Il y a déjà là une représentation spectaculaire qui est propre à nous informer que nos dernières années tracent un tournant historique capital, au point de penser qu’elles pourraient être plus importantes que l’intérêt que nous leur accordons, faute d’un recul suffisant pour les bien juger. 
 
Communication au 37e Congrès annuel de Astrological Association of Great Britain,
30 septembre 2005, York.

Quand on fait oeuvre d’astrologie mondiale et que l’on traite l’histoire au plus haut niveau, on s’aligne sur l’homogénéité temporelle de répétitives révolutions astrales – ainsi que sont les successives conjonctions Uranus-Neptune de 1136, 1307, 1478, 1649 et 1821 – en relevant, toutefois, que, depuis les découvertes de ces deux planètes, l’histoire de l’Homme sur la Terre a pris une dimension nouvelle dont témoigne la métamorphose radicale de la société mondiale depuis deux siècles, la vie des humains n’ayant jamais tant changé qu’au cours de seulement quelques générations. 

Certes, la référence aux cycles planétaires reste la clé de base d’un temps annelé où, d’une conjonction à l’autre, se succède un retour du semblable qui donne un sens à l’histoire en une continuité enchaînante, les événements étirés dans le temps et dispersés dans l’espace s’y trouvant unis. Ainsi, c’est à la conjonction Uranus-Neptune à l’entrée du Sagittaire en 1479, signe que traverseront également en leur compagnie Jupiter et Saturne de 1485 à 1488, que les grands navigateurs s’emparent des océans, Dias doublant le cap de Bonne Espérance et Christophe Colomb s’apprêtant à poser le pied en Amérique (1492). L’ensemble du globe est embrassé par l’homme qui commence à en sillonner tout l’espace : c’est le début des grandes expéditions qui conduiront les Européens à la colonisation du globe. Nous en verrons la suite aux ultérieurs passages des mêmes planètes en Sagittaire. De même, c’est autour de la conjonction de 1821, à l’entrée du Capricorne, qu’une fantastique révolution industrielle s’incarne, engendrant notre société moderne. 

Avec 1992-1993, nous revoici en conjonction Uranus-Neptune, toujours en Capricorne, conjonction qui a été rejointe par Saturne en 1988-1989, puis par Jupiter en 1997. C’est cette même société qui est en plein renouvellement.

La trame première de ces configurations est l’état de conjonction : le synode ou réunion d’astres, œuf cosmique de retour à l’unité en un centre commun de corps célestes, leur alignement étant le symbole même d’une fin et d’un renouvellement historiques où la tendance basique porte à l’unification. 

Bien entendu, cette manifestation rassemblante n’est pas passée inaperçue avec la disparition, de 1989 à 1991, de l’empire soviétique installé depuis trois quarts de siècle sur la plus grande surface du globe ; c’est-à-dire, au passage d’un monde bipolaire de deux camps adverses à un monde unipolaire gravitant autour d’un seul leadership, la superpuissance des USA. Mais l’effet de concentration, de centralisation et d’unification de ces amas planétaires des quatre géantes est allé bien plus loin en renouvelant les fondements mêmes de notre société, sous le coup d’une globalisation sans précédent, devenue le thème de la mondialisation, plus que jamais à l’ordre du jour. 

Il faut revenir en arrière pour en retracer la progressive avancée, et même suivre le cours d’une longue histoire où l’immensité de l’espace de notre mappemonde se met progressivement à se rapprocher de nous, à s’ajuster à notre mesure jusqu’à en arriver à une saisie humaine, comme aujourd’hui l’internaute qui peut dorénavant, en tout lieu, à tout moment et quasi-immédiatement, se pointer à tous les rendez-vous du globe. 

Pour comprendre la nature de cette évolution historique, revenons à la souche de la configuration au sommet du système solaire, c’est-à-dire la conjonction Neptune-Pluton. Nous ressortissons de la dernière de 1892, située dans les Gémeaux. Or, déjà la précédente de 1399 avait eu lieu dans ce signe. Son pur produit symbolique, inaugurant l’entrée dans la Renaissance, est l’aventure de Gutenberg, né sous cette conjonction, créateur de l’imprimerie, le premier livre, la Bible, étant sorti de sa presse en 1456, alors que Jupiter en Gémeaux est triangulé au sextil évolutif Neptune-Pluton auquel se joint Uranus. Ainsi commence véritablement le règne de la lettre, jusque-là réservée aux clercs, la diffusion inédite du savoir par l’écriture imprimée, destinée aux bibliothèques, devenant le vrai départ de notre culture. 

Les Gémeaux, sur fond planétaire mercurien, sont donc la signature archétypique de notre société, fondée sur les valeurs de ce signe "double" (passage d’une saison à une autre) : étant ainsi, il implique la notion fondamentale de rapport, de contact, de lien, et, du même coup, de communication, d’expression, de diffusion, de mouvement, de circulation. Ce que renforce la correspondance de l’Homme zodiacal qui attribue aux Gémeaux le soufflet de la cage thoracique avec l’inspire-expire aérien des poumons, ainsi que la partie la plus mobile de l’organisme que sont les membres supérieurs, du départ des bras au bout des doigts. 

Le millénaire écoulé de notre civilisation est plus que tout jugé à l’aune du rythme du monde, entraîné dans le tourbillon d’une vie qui s’accélère continuellement. Songeons que, d’Alexandre le Grand à Napoléon, l’on en reste à la traction animale, leur attelage ne dépassant pas les 20 kilomètres à l’heure, la plupart des gens étant demeurés cantonnés toute leur vie dans leur province sans en être sortis. Or, on observe nettement que c’est aux traversées de l’axe Gémeaux-Sagittaire (signe des cuisses) par les planètes lentes que s’anime l’aventure humaine des voyages. 

Après le temps de Christophe Colomb, on retrouve, côte à côte, Uranus et Neptune traversant le Sagittaire de 1807 à 1820 où s’accomplit une nouvelle révolution des transports : la vapeur fait son apparition sur les mers avec la venue de la navigation motrice et la locomotive voit le jour, qui inaugure l’ère des chemins de fer. 

À l’occasion du renouvellement de la conjonction Neptune-Pluton en Gémeaux en 1892, Neptune franchit le signe de 1888 à 1901, tandis qu’Uranus traverse le Sagittaire de 1898 à 1904. Gutenberg est renouvelé parce que l’accès à la lecture n’est plus l’apanage d’une minorité cultivée : la diffusion de l’enseignement à toutes les couches de la population en Europe occidentale donne naissance à la messagerie, aux journaux et publications, aux cartes postales et à la correspondance. Le phonographe commence à porter le son et le téléphone la voix. Et puis, sur les routes commencent à circuler les premiers engins que sont la bicyclette et derrière elle la motocyclette. Et avec Uranus en Sagittaire, à l’entrée du siècle, une première émission par TSF franchit l’Atlantique, ouvrant l’ère de la radio, les premières automobiles font leur apparition et l’aviation prend son envol. 

C’est ensuite la traversée des Gémeaux par Uranus seul entre 1945 et 1950, où le transistor est créé. Avant la dernière guerre mondiale, seuls les gens aisés avaient leurs quatre roues. Cette fois, c’est la marée automobile qui fait son apparition dans le monde. Le record de production d’autos aux États-Unis est battu en se multipliant par huit de 1945 à 1950. Les autoroutes se construisent partout et le flot des véhicules gagne progressivement les pays d’Europe occidentale. À l’époque, avoir sa voiture personnelle, c’était une ambition, un événement majeur de sa vie ! Parallèlement, le téléphone personnel et le magnétophone passent dans l’usage courant, et la télévision commence à diffuser à domicile sa ration d’images. Aux États-Unis, la fabrication des télévisions est passée de seulement 7000 en 1945 à 6 millions en 1952. Vivre à la manière Gémeaux, ce n’est pas seulement lire, écrire et circuler, c’est aussi être relié à tout, recevoir le monde chez soi par le son et l’image. 

Arrive enfin la double traversée du Sagittaire par Neptune et Uranus de 1970 à 1988. Deux décennies décisives ouvrant l’ère de l’aviation du grand public. Il est loin mon premier baptême du ciel dans un coucou en 1934, et dans nos campagnes, on regardait encore passer les avions dans le ciel comme si c’était une chose formidable... Les chiffres officiels du trafic aérien mondial précisent qu’entre 1969 et 1980 – une seule décennie – ce trafic a presque quadruplé, passant de 350 à 1200 milliards de passagers-kilomètres, celui du fret ayant de son côté sextuplé. Il y a là une échappée sans précédent, un élan irrépressible, une lancée ultime. Il faut se rappeler qu’auparavant, les grands voyages faisaient rêver, n’étant l’apanage que de gens fortunés, et vos parents ou grands-parents, quand ils prenaient le train pour s’évader, n’allaient guère qu’au bord de mer le plus proche. Depuis ces deux décennies, le voyage aérien s’est banalisé : tout le monde, ou presque, s’y est habitué, en voyage privé ou organisé, et pour de plus en plus lointaines randonnées. Bref, l’homme s’est planétarisé, le voyage autour du monde étant devenu enfin une aventure à la portée de tous. Au bain collectif aérien de Neptune se joint la percée technologique uranienne de l’aventure de l’espace. Les premiers vaisseaux spatiaux habités, en station orbitale, font déjà leur apparition avec Saliout en 1971 et Skylab en 1973. Les engins américains et russes font le tour de la Terre en moins de temps qu’il ne faut pour traverser Paris en voiture en heure de circulation de pointe. On est dans la décennie des navettes spatiales qui reviennent sur Terre : Columbia, Challenger, Discovery, Atlantis. C’est la préfiguration du vol charter des futurs touristes de l’espace. Le chef d’œuvre de l’aventure du grand large est la grande épopée du robot Voyager 2, lancé au sommet d’une fusée Titan Centaur le 20 août 1977, qui a survolé les banlieues de Jupiter en juillet 1979, de Saturne en août 1981, d’Uranus en janvier 1986 et de Neptune en août 1989, années pendant lesquelles les quatre géantes ont traversé ce signe du Sagittaire. Mais aussi, cette "sagittarisation" nous vaut un temps fort de la télécommunication : télex, terminaux d’ordinateur, minitel, CB : voix, textes, graphiques, images nous parvenant de toutes parts. 

On constate ainsi que, d’étape en étape, c’est la conquête du monde que nous faisons, un monde qui prend une dimension de plus en plus humanisée. De Christophe Colomb au Concorde Paris-New York, la traversée de l’Atlantique est passée de neuf mois à 3 heures 30 minutes. Et chaque pas en avant rapproche du même coup les populations du globe. La mondialisation est déjà en cours. Les transports aériens ont engendré un tourisme mondial inédit, les gens les plus divers se retrouvant dans les espaces internationaux d’aéroports semblables. Une manière, déjà, de partager des modes de vie communs en consommant les biens des autres. Et hors du trafic aérien, chez soi, la télévision transmet chaque jour en images tout ce qui se passe dans le monde, tandis que les enfants de partout jouent aux mêmes jeux vidéo. Sans parler d’une communauté internationale obligée : écologique, économique, technologique, dont les interdépendances lient de plus en plus chacun de nous au sort de tous. On est donc bien partis pour se retrouver tous ensemble. Sous différents aspects afflue une émergence de vie semblable, y ayant contribué plus que tout la révolution informatique avec ses technologies de la communication. 

Si la révolution industrielle qui a dynamisé la matière dans la première moitié du XIXe siècle relève de la conjonction Uranus-Neptune en Capricorne de 1821, cette révolution informatique, qui est, cette fois, une relève du pouvoir de l’esprit, s’assimile à la conjonction Uranus-Pluton de 1965, qui eut lieu dans le signe mercurien de la Vierge. C’est au long de la décennie 1960-1970 que l’informatique renouvelle l’électroménager (machine à laver programmée, four à micro-ondes...), l’outillage industriel, les biens d’équipement. À l’époque, les ordinateurs sur le marché sont d’énormes machines à usage de traitement de problèmes généraux ou à destination industrielle, pour usines puis pour bureaux. Pour les astrologues français, 1968 est l’année où le gros appareil d’"Astroflash" commence à débiter, aux Champs-Élysées à Paris, des thèmes personnels au grand public. Le microprocesseur, cette "puce" qui va miniaturiser cette mécanique de l’informatique – miniaturisation généralisée relevant de la Vierge, traversée par Uranus et Pluton - n’arrive qu’en 1971, un premier micro-ordinateur, du genre du nôtre, datant de 1973. Et en 1983, nous autres astrologues n’en sommes encore qu’à la calculatrice de poche pour dresser nos thèmes, nos confrères Allemands avec une Casio et nous autres Français avec une Sharp. 


Ce n’est nullement un hasard si une avancée décisive se présente à la plus grande concentration planétaire du siècle, symbolique d’un important renouvellement de société, où se concentrent cinq grandes conjonctions en presque trois années. C’est en 1980 qu’arrive, accompagné de la création du Minitel, le Personal Computer IBM, utilisable par tous à des fins personnelles ou domestiques. Puis, en 1983-1984, Apple commercialise le Macintosh, tandis que Microsoft lance Word et développe Windows. C’est là qu’a lieu la véritable naissance de l’informatique pour tous. À dater de ce point de départ – sous un indice cyclique au plus bas depuis des siècles - s’évalue le "parc" mondial des ordinateurs personnels. C’est ainsi qu’on est passé, en millions d’unités, de 10 en 1980 à 150 en 1990, en une accélération de vente continuelle.

C’est cette poussée gigantesque qui, sous la triple conjonction Saturne-Uranus-Neptune de 1988-1989, va déboucher sur le (sinon un) phénomène suprême de la mondialisation avec la naissance d’Internet ! 

Certes, celui-ci a aussi son passé. Au départ, il est un petit réseau expérimental desservant une douzaine d’instituts de recherche aux États-Unis. Après une longue progression, un millier d’ordinateurs sont déjà interconnectés en 1984. Et c’est en 1990 (France Télécom vient de naître) que cela aboutit à un réseau mondial, limité à la recherche civile. Puis en 1991 que le World Wide Web ("toile" d’Internet) ouvre le réseau au grand public. Les hôtes d’Internet qui n’étaient que 2 300 en 1986 deviennent déjà en 1996 plus de 9 millions, et ils passent de 16 millions en 1997 à 124 millions en 2000, année où 9 500 milliards d’informations auraient été échangées ! On parle maintenant de milliards d’internautes...

Par le courrier électronique, chacun est relié instantanément au monde entier, la consultation de la "toile" ouvrant devant soi un dispositif illimité d’échanges, d’informations, d’acquisitions, d’expériences. Derrière le téléphone, la radio et la télévision, arrive cet ultime outil de communication qui permet d’avoir une présence au monde irradiée à perte de vue, chacun, chez soi ou ailleurs et à tout moment, atteignant son objectif en composant seulement la formule de l’adresse visée : c’est, en somme, l’avènement d’une mondialisation personnelle. 

Si Internet a pris corps à la conjonction Saturne-Uranus-Neptune, c’est à la conjonction Jupiter-Neptune-Uranus de 1997 – temps de l’explosion des téléphones portables – qu’il est devenu l’événement historique de cette mondialisation. En effet, la ruée sur l’ordinateur est foudroyante en ces dernières années du siècle, si bien que le nombre des internautes quadruple de 1997 à 2000. Selon les estimations de l’OCDE 2001, on est passé de 46 à 168 pour 1000 habitants en Amérique du Nord et de 23 à 82 au sein de l’OCDE. C’est un élan décisif qui est pris, la planète se couvrant de myriades de réseaux de communication. Ici, la signature Gémeaux nous revient dans un accomplissement achevé : au régime de l’hyperlien avec le quasi-instantané du Mail, devant le clavier de son ordinateur, c’est le monde entier que l’on a au bout de ses doigts, triomphe du "digital". Une crête de la mondialisation. 

Autre expression du trio planétaire de 1997, la retombée sociale immédiate du phénomène Internet : l’émergence d’une nouvelle société civile mondiale qui se fait entendre dans les grands débats internationaux ; comme si, d’Uranus nous passions à Neptune. Convoquons un instant l’identité de ce duo astral. 

Uranus a valeur symbolique de verticalité, lieu d’unicité, s’incarnant dans le singulier de l’individu, soulignant son particularisme. Il représente une aspiration naturelle de l’homme à étendre sa puissance dans le monde par son pouvoir d’innovation qui a grandement contribué à fonder notre civilisation moderne depuis sa découverte astronomique. Neptune a valeur symbolique d’horizontalité, d’étendue à vertu œcuménique, et exprime une disposition à se laisser habiter par le monde, à en ressentir ou recevoir l’onde, par identification à une cause, collective ou universelle, en se mettant au service de sa foi, d’un idéal, d’une idéologie ou d’une utopie. Entre eux, du Feu à l’Eau, du Sec à l’Humide, de l’étroit au large, règne un rapport d’unité à multiplicité, de noyau à groupe, de force unique à pouvoir de masse ; également de densité à flou, d’évidence frappante à potentialité, état latent, virtualité.

Il n’est pas étonnant que ce soit à quelques années de la découverte d’Uranus que la Révolution française de 1789 ait proclamé la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, instituant la liberté individuelle, permettant de vivre indépendant. Mais la centralité de pouvoir de l’astre conduit au monopole, au monolithique, jusqu’à en être allé au totalitarisme fasciste : "Un peuple, un Reich, un Führer." En face de quoi, au temps de la lutte des classes, le marxisme brandissait son signe de ralliement neptunien : "Prolétaires de tous pays, unissez-vous."

Aujourd’hui, le fait uranien majeur de société, c’est l’ordinateur devenu roi, appelé à être le signe distinctif de la plus grande partie des gens du monde occidental. Et il nous embarque vers l’inconnu de demain. Á travers ses maquettes numériques de toutes espèces, c’est un champ nouveau du virtuel qui se profile devant nous, un monde de réalités subtiles, portant sans doute la signature du Verseau par où vient de passer l’astre. Quant à Neptune, sa dernière carte d’identité a été donnée par une déclaration universelle de l’Unesco du 2 novembre 2001 : "La diversité culturelle est pour le genre humain aussi nécessaire qu’est la biodiversité dans l’ordre du vivant."

Pourquoi cette défensive ? La force concentrée de l’unicité uranienne uniformise en empiétant sur l’espace environnant. Voyez la désolante ressemblance des quartiers commerçants modernes des grandes villes du monde, et jusqu’à quelle platitude ! C’est une force qui s’impose naturellement, comme, par exemple, la suprématie d’Hollywood sur les salles de cinéma de tous les pays du monde, les productions cinématographiques des autres pays, en position neptunienne autour du centre hollywoodien, ayant du mal à émerger, malgré un effort fait en leur faveur. Ce qui nous ramène au cap de la triplice Jupiter-Neptune-Uranus de 1997. Cette année-là se reformule une nouvelle dialectique Uranus-Neptune sur le terrain même de la mondialisation, dressant face à un certain étatisme un climat général de contestation. 

Au pôle uranien apparaît la concentration de pouvoir économique en place, instaurateur d’un néo-libéralisme par ses institutions : la Banque mondiale (BM), le Fonds monétaire international (FMI), l’Organisation mondiale du commerce (OMC), voire le G-8. Un noyau d’hommes en col blanc, à dominante de même couleur, foyer commun débattant les grands problèmes de cette mondialisation. Et en face, au pôle neptunien, s’est élevé depuis 1997 un mouvement de défense consubstantiel au Réseau, qui n’a ni centre ni lieu, mais qui est partout, dont la seule unité est le lien Internet d’où il vient et qui est son outil de combat. Il s’agit de l’émergence des Organisations non gouvernementales (ONG). Une véritable galaxie-nébuleuse, ce collectif d’associations qu’on compte par centaine de milliers réparties dans le monde entier, essaim que relie entre elles le réseau Internet et qui se veulent un contre-pouvoir de société civile militant pour faire respecter aux hommes du pouvoir de l’argent les valeurs de la civilisation : "L’homme n’est pas une marchandise." Cette voix communautaire a pris le nom de l’altermondialisme. 

Cela débute en 1997 avec une première confrontation entre l’OCDE et une association de défense de consommateurs, protestant contre une suprématie du grand capital sur la souveraineté des nations, la publication du débat sur Internet rencontrant un tel écho de la part des ONG que l’OCDE renonce à son projet. Un mouvement s’organise qui manifeste à la réunion de l’OMC de Seattle en novembre 1999, la présence de 50 000 personnes de 700 organisations faisant échouer les intentions de nos dirigeants. La vague montante de ce courant public en arrive au premier Forum social mondial qui se tient à Porto Alegre, au Brésil, en janvier 2001 (sous conjonction Soleil-Neptune). Depuis, ce mouvement répète ses manifestations pour débattre de scénarios alternatifs respectueux de l’écosystème ainsi que des droits et valeurs de l’être humain, faisant entendre la voix de toute une communauté internationale. 

1997 est d’ailleurs aussi l’année du Protocole de Kyoto où, pour la première fois, la communauté internationale s’assigne des mesures pour la défense du climat de la Terre. Cette même année est également le cap d’une révolution de la génétique avec le clonage d’une brebis, puis d’un veau l’année suivante. Au surplus, on observe qu’entre 1996 et 1998, la surface totale des cultures transgéniques décuple dans le monde, passant de 2,8 à 30 millions d’hectares, début d’une consommation débattue de produits agricoles transgéniques. On n’est pas loin de l’an 2000 qui sera fêté comme l’année du génome, le déchiffrage international de l’ADN étant devenu un prestigieux objectif atteint. 

Pour juger de l’importance de cette triple conjonction de 1997, je m’étais offert une comparaison avec la précédente de 1830-1831, Jupiter ayant fait alors son premier passage sur la conjonction Uranus-Neptune de 1821. Le fait est que ce fut là un tournant historique. Dans le cadre de la révolution européenne de 1830, la société démocratique pointe du nez avec la venue de la bourgeoisie libérale au pouvoir en France cette année-là, et, en Angleterre, avec la réforme électorale de 1832. Mais plus encore aux États-Unis avec, en 1828, la première élection présidentielle d’un self-made man par excellence : le général Jackson, symbole de la démocratisation de la politique américaine. Au surplus, c’est aux alentours de 1830 que l’on situe dans ce pays de la libre entreprise le turning-point de la révolution industrielle. 

Certes, cette révolution industrielle a une origine plus ancienne. Elle remonte au grandiose triangle équilatéral des années 1770, reliant dans la triplicité Terre Uranus, Neptune et Pluton. Suprême figure harmonique du temps des philosophes "des lumières" avec leurs idées nouvelles libératrices, accompagnant l’avènement des progrès techniques dans l’enthousiasme pour les sciences, c’est-à-dire rien moins que l’origine de la maîtrise de l’homme sur la matière. Mais il y a un écart entre la parution de L’Encyclopédie de Diderot et l’installation du machinisme dans la société. C’est, en fait, entre les triples conjonctions Jupiter-Uranus-Neptune de 1817 et de 1830-1831 – encadrant la grande conjonction de 1821 – que cette révolution industrielle devient effective. À ce cap de 1830 est donné le coup d’envoi d’une création et d’une application d’énergies nouvelles sorties du cerveau humain, transcendant la force humaine et animale. La machine à vapeur de James Watt – brevetée en 1781, année de la découverte d’Uranus – est adoptée à l’échelle industrielle et la conquête du rail commence avec l’ouverture de la ligne Manchester-Liverpool. Depuis le milieu du XVIIIe siècle, on commence à s’intéresser au phénomène de l’électricité, mais à la fin du siècle, elle n’est encore qu’une amusette de salon ou une curiosité de laboratoire. Or, en 1831-1832, avec Faraday, Ampère et Pixii, la génératrice électrique fait son apparition : c’est la naissance de la "fée électricité" qui va devenir la reine du monde, notre société d’aujourd’hui étant intégralement sous le signe d’Électra ! Entre-temps, il y aura eu un passage important par la nature terrienne du Taureau, signe traversé par Uranus de 1851 à 1858, par Pluton de 1851 à 1884 et par Neptune de 1875 à 1888. C’est la grande époque où l’homme exploite enfin pleinement les ressources du sol en arrachant des entrailles de la terre son capital de substances énergétiques et minérales. La production mondiale de charbon passe déjà de 90 à 125 millions de tonnes dans la seule décennie 1850-1860, atteignant les 1 000 millions au seuil du siècle suivant. Le cap de 1850 est aussi le temps de la ruée vers l’or, le stock mondial du métal précieux augmentant de moitié en une quinzaine d’années, tandis que commence la carrière géante du pétrole à partir de 1860. Avec le surgissement de l’outillage agricole moderne commence aussi l’agriculture industrielle. La production de blé aux États-Unis double dans la seule décennie 1870-1879, en même temps que s’intensifie l’élevage du bétail et la production fermière. C’est aussi le règne de la propriété foncière et du patrimoine terrien. L’argent circule comme jamais auparavant. L’essor du capitalisme s’étale d’ailleurs aussi avec la venue, au milieu du siècle, des établissements bancaires, des grands magasins, et d’un boom de la construction, les beaux quartiers des villes se peuplant de grands immeubles de pierre de taille, de massifs bâtiments aux façades redondantes. Bref, c’est le triomphe du matérialisme, de la finance, du capital au pouvoir, c’est-à-dire du capitalisme ! Les passages des lentes aux Gémeaux puis en Cancer tournent une page où la société mondiale se découvre moins élémentaire et beaucoup plus complexe. 

Les métamorphoses de l’histoire sont si considérables d’une époque à une autre que, cherchant notre avenir dans le passé à travers les mêmes retours cycliques, nous n’avons guère à notre disposition que la programmation d’un calendrier de pages blanches, le saut de la machine à vapeur à l’ordinateur n’apportant pas grand-chose. Tenez : dans le n° spécial XXIe siècle de L'Astrologue n° 92 du 4e trimestre 1990, je formulais ainsi la relation entre nos configurations dernières : "Il faut maintenant attendre la nouvelle interférence des conjonctions jupitériennes de 1997 – prodigieuse année en perspective – pour se sentir sorti du tunnel et voir se dessiner le paysage du nouveau monde à son aurore. Si 1983-1984 a été à 1989 ce qu’est une conception à une naissance, c’est une seconde naissance qu’il faut attendre de ce cap crucial de 1997." Convenons qu’on peut admettre, en effet, une évidente filiation dans l’apparition de l’ordinateur personnel en 1980-1984, Internet qui en résulte en 1990-1991 et la transformation de société qui en est la conséquence depuis 1997, l’identité de cette métamorphose historique ayant néanmoins échappé entièrement à notre investigation. Il est vrai que, de la dernière configuration, je présumais ainsi : "...Nous devons assister à une véritable révolution générale des esprits renouvelant toutes les sphères de la société : ère scientifique et technologique nouvelle, temps artistique neuf..." Pour revenir à la comparaison de la triplice de 1830 et de la nôtre, on peut admettre que la première échéance est à la création de l’électricité entre nos mains ce que la seconde est à un de ses aboutissements, au feu d’artifice d’Internet qui est une culmination de la mondialisation. On peut aussi penser que la démocratie a pris racine à la même configuration du XIXe siècle, ce qui pourrait laisser supposer qu’elle peut être relancée de plus belle avec la dernière triplice de ces dernières années, ce qui n’apparaît pas encore évident, mais nous n’avons pas suffisamment de recul pour en juger.

De toute façon, nous ne sommes qu’au départ du nouveau cycle Uranus-Neptune. Le tableau synoptique que nous avons sous les yeux montre l’élan de sa phase ascendante projetant sa ligne du futur sur la plus grande partie de notre nouveau siècle. Il y a déjà là une représentation spectaculaire qui est propre à nous informer que nos dernières années tracent un tournant historique capital, au point de penser qu’elles pourraient être plus importantes que l’intérêt que nous leur accordons, faute d’un recul suffisant pour les bien juger. Internet, qui vient de nous arriver, n’est pas une fin, mais un commencement, et, sans doute aussi, n’est-il encore qu’un arbre qui cache une forêt.

Et ce n’est pas seulement un simple départ de grand cycle. Il y a davantage encore. Jugez-en avec la figure de l’an 2000, programmée ici dans le cadre du XXIe siècle Ici, les cinq planètes lentes se succèdent sur le même versant de la piste zodiacale, l’une derrière l’autre dans l’ordre même de leurs vitesses respectives de déplacement, Jupiter en tête et Pluton en queue. C’est ainsi que nous sommes en présence de l’état exceptionnel d’un monophasé ascendant des dix grands cycles planétaires, cette phase ascendante du cycle allant de la conjonction à l’opposition. 

Le phénomène n’est pas courant. Il s’est produit en 5 et 4 avant J.-C., temps présumé de la naissance du Christ ; et la dernière fois, c’était en 1489, alors que Christophe Colomb, Diaz et Vasco de Gama se rendaient maîtres de l’océan. Une fois de plus, cette lancée évolutive de tous les cycles, c’est Gaïa entrant dans un nouvel âge de son histoire. Il y a d’ailleurs une analogie évidente entre ces grands navigateurs qui prennent possession du globe et nos internautes d’aujourd’hui qui, devant leur "toile", naviguent partout et étreignent également le monde. 

Le graphique séculaire rend compte que si, au cours de l’an 2000, les 10 grands cycles étaient tous ascendants, ils sont passés à 9 dans la seconde partie de 2001, pour descendre ensuite à 7 en 2003 et à 6 en 2004. Nous avons besoin d’un suffisant recul pour juger historiquement ce plein ascensionnel de l’an 2000. 

La considération de ce phénomène nous fait remonter au thème de la Grande Année, cette immense spéculation d’une unité cosmologique d’un temps dont l’horloge commence à une conjonction de toutes les planètes pour finir à un retour intégral de leurs conjonctions. Il s’agit du grand commencement du ciel, du prototype céleste d’un état premier du monde, puisque cette réunion unique de tous les astres du système solaire est le point d’origine, la source de toutes les unités rythmiques en animation au sein de notre cosmos, bref le départ commun et simultané des 45 cycles du système solaire. 

Cette configuration primordiale n’étant pas à notre portée, c’est au voisinage du rapprochement le plus serré de toutes les planètes auquel on se rabat. Ces segments des plus grandes concentrations planétaires composent le thème d’une micro-grande année qui se reproduit tous les cinq siècles, lorsque les cinq planètes lentes se retrouvent au plus près les unes des autres, leur indice cyclique (addition de leurs inter-distances) passant par un minimum qui tient lieu d’accès d’une unité à l’autre . 

La figure qui suit montre le scénario de la dernière micro-grande année, à laquelle, précisément, notre conjonction Uranus-Neptune met fin. 


Ce parcours est globalement celui que les historiens, avec Arnold Toynbee, appellent la "civilisation de la Chrétienté occidentale". Celle-ci est née dans le triangle des grandes conjonctions de 1399, 1456 et 1479, et il n’est pas étonnant que cette époque porte le nom de Renaissance. À l’autre bout de la chaîne se concentre la grande mutation de notre société moderne, qui s’est opérée dans le quadrilatère encadrant la dernière conjonction Neptune-Pluton de 1892. On remarquera que notre conjonction Uranus-Neptune clôt cette mini-grande année. Elle est le point charnière entre cette finissante et une nouvelle civilisation de cinq siècles qui commence. 

Si l’on prend le recul d’embrasser un ensemble séculaire ou multi-séculaire pour s’en donner une vue panoramique, on découvre que cette prise synthétique n’est pas unique. Nos configurations nous font le coup de la même chaîne de montagne qui change de perspective à chaque nouveau point d’observation. Comme l’histoire elle-même qui est multi-dimensionnelle, nous avons une vision qui se pluralise entre différents champs opératoires. 

L’un de ces champs qui se prête le mieux comme cosmogramme séculaire est l’outil de l’indice cyclique. Celui-ci rend compte de l’écart angulaire du système solaire dans l’addition, comptée de 0° à 180°, des distances des planètes entre elles. Pour le siècle ne sont pris en considération que les dix cycles des cinq planètes lentes. 

La lecture de cet indice est simple. Lorsque le système solaire se dilate dans l’expansion d’un ensemble de cycles ascendants (de 0° à 180°), la ligne monte et c’est le temps où la société mondiale est en croissance, en développement, en réalisation. Quand il se rétracte avec le retrait d’une dominante de cycles descendants (de 180° à 0°), la ligne baisse et la société mondiale régresse, en proie à ses problèmes. L’indice minimum au plus bas de la courbe, compagnon des conjonctions, est à la fois creux de vague, pointe ultime de crise, et renversement du courant, contraction qui amorce une remontée. De même que l’indice maximum, pointe la plus haute, a, suivant la qualité de la configuration qui l’accompagne (oppositions ou harmoniques), valeur de pic, de sommet d’expansion, sinon de limite atteinte avec retour de crise. Les zigzags de cette courbe traduisent un phénomène de diastole-systole répondant à l’alternance dilatation-rétraction du champ planétaire, comme un océan avec ses marées successives. 

En confrontant ce diagramme avec l’histoire, on ne tarde pas à constater que ses pesanteurs dramatiques tombent sur les cuvettes des anses inférieures. Mais on aperçoit mieux encore la cohérence de la corrélation dans le fil du mouvement historique qui associe les phases constructives au courant ascendant et les phases destructives au courant descendant. 

Ainsi, en négligeant la première courbe (le premier creux de 1906 situe, dans un climat de grands conflits sociaux, la mise en place de la division européenne – Triple Entente en face de Triple Alliance – qui va conduire à la guerre), on constate d’abord la chute de 1911 à 1918, qui va des premiers coups de canon de la première guerre balkanique à l’armistice de la Première Guerre mondiale, logée au bas de l’anse. Avec la remontée de courbe de 1919 à 1927, nous avons ce qu’on a appelé la reconstruction de l’après-guerre. Nouvelle baisse de 1928 à 1933, encadrant la grande crise économique de 1929 à 1933. La grande chute de 1936 à 1945 va des premières agressions d’Hitler, accompagnées de guerres nouvelles (Éthiopie, Espagne, Mandchourie) à la fin de la Seconde Guerre mondiale, elle aussi localisée en bas de la ligne descendante de l’anse. Nouvelle reconstruction d’après-guerre avec la remontée de courbe de 1945 à 1950. Rechute de courbe commençant en 1950, avec la guerre de Corée qui fait entrer dans le temps fort de la "guerre froide", suivie de la guerre d’Algérie, la chute finissant avec la tragédie de l’intervention soviétique en Hongrie et l’expédition franco-britannique ratée de Suez. Alors que la plus forte hausse d’indice du siècle (1956 à 1964) tombe sur l’euphorie de croissance et d’expansion des années soixante, la redescente de courbe de 1965 accompagne l’engagement militaire américain au Vietnam et son point le plus bas tombe sur 1968 : outre l’intervention soviétique en Tchécoslovaquie, la révolte de la jeunesse mondiale. Nouvelle baisse en 1975, tombant sur l’apparition, à l’automne 1974, de la nouvelle grande crise économique du siècle, accompagnée de retour à la guerre froide. Le creux de vague extrême de 1982-1983 n’est pas seulement le point ultime de la crise : récession généralisée avec 31 millions de chômeurs en Occident, accompagnée de la tension des euromissiles, sur fond de déprime, de délinquance, de drogue et de terrorisme ; c’est aussi la lame de fond d’où surgit le Sida, toujours dévastateur. Avec la remontée de l’indice, de novembre 1982 à juillet 1990, nous avons tout à la fois un retour à l’expansion économique et un rapprochement Est-Ouest aboutissant à une fin de la guerre froide. Le pic de 1990 est tout près de la chute du mur de Berlin – un sommet de l’histoire – qui a libéré l’Europe de l’Est, en même temps que de la guerre du Golfe et des retombées négatives de la disparition du bloc de l’Est. Pour finir, la pointe inférieure de 1997 tombe sur la crise économique asiatique, tandis que l’indice grimpe vers un sommet à l’entrée du nouveau siècle. 


Une autre corrélation vient en renfort de ce premier résultat. En effet, cet indice cyclique se prête à un traitement complémentaire. S’il est un potentiel donné avec ses niveaux propres de variation, son flux lui-même est aussi à prendre en considération, c’est-à-dire sa pulsation rythmique, le tempo de son propre mouvement. Ainsi, l’indice cyclique du 1er janvier 1900 est de 1066°, celui du 1er janvier 1901 de 1069° et celui du 1er janvier 1902 de 1044°. Cela signifie que cet indice a avancé de 3° la première année et a reculé de 25° l’année suivante. Or, il est bon de prendre la mesure de cette variation du cheminement de notre indice au cours du siècle. 

Aussitôt, l’on observe une pointe inférieure qui tombe sur 1914, année de l’éclatement de la Première Guerre mondiale. Cette année-là, l’indice passe de 1001 à 911°, accusant un recul de 90°. Une seconde pointe d’accélération involutive se présente pour 1927 avec un recul de 57° : le boom économique de l’époque tourne à l’orage et préfigure le krach de la grande crise. Nous arrivons au record séculaire avec la pointe négative ultime de 1940, l’indice passant de 828° à 685°, son énorme recul étant de 143°, 1939 ayant déjà fait un score avec un repli de 124° : c’est l’entrée dans la Seconde Guerre mondiale. Puis c’est 1952 (- 150°), temps le plus critique de la guerre de Corée avec la folie nucléaire au cœur de la guerre froide. Ensuite 1966-1967 : la révolution culturelle chinoise que suivent les révoltes estudiantines de 25 pays en 1968. Pour arriver à 1978-1980 : le grand choc pétrolier qui enfonce dans la crise économique, avec un déséquilibre mondial engendré par les affaires d’Afghanistan, de Pologne, d’Irak et d’Iran. Le dernier mouvement de repli de 1990 tombe sur la guerre du Golfe. Ainsi voit-on clairement que l’intensité du repli de l’indice est accélérateur ou déclencheur de crise. Tout ceci est en contraste avec l’accélération positive de l’indice (maximum de croissance), la plus forte du siècle, des années 1959-1962, championnes de la prospérité, de l’essor économique. On remarquera que les toutes dernières années du siècle font prévaloir un sommet d’accélération d’indice, ce qui va de pair avec un indice cyclique qui monte en flèche sous la pression de 9 à 10 cycles ascendants, pour plafonner en 2003. Escalade de 572° (508° - 1080°) du 1er janvier 1997 au 1er janvier 2003, avec une croissance record de 124° en l’an 2000. Ce qui symbolise une lancée grandiose de l’élan vital du monde, un redépart de Gaïa pour une nouvelle aventure, un coup d’envoi magistral du train de l’histoire, chargé d’une intégralité de potentialités. Nous n’avons pas assez de recul pour pouvoir encore rendre compte de cette conjoncture en cours. 

Voici le cosmogramme de l’état cyclique du XXIe siècle, accompagné de son indice rythmique : 

 

Il n’est pas question, ici, d’entreprendre une interprétation prévisionnelle de ces diagrammes. Relevons, du moins, le fait primordial que les trois super-cycles du trio Uranus-Neptune-Pluton sont parallèlement en monophasé ascendant au cours de la première moitié du XXIe siècle, ce qui devrait être prometteur de l’ascension d’une nouvelle humanité. On peut encore ajouter ce qu’inspire la phase ascendante du cycle Uranus-Neptune de la conjonction de 1993 à l’opposition de 2080, au regard des cycles précédents. Le règne de l’Europe espagnole des Habsbourg s’encadre dans le cycle de 1479-1650, allant de la fusion de la Castille et de l’Aragon faisant l’unité espagnole (1479) au Traité de Westphalie (1648). La redistribution des cartes se fait au profit de la France au cours du cycle suivant de 1650- 1821, dominante durant sa phase ascendante (1650-1735), et sur le versant descendant délogée par l’Angleterre qui, à son tour, va être surtout dominante sur le versant ascendant du cycle suivant de 1821 à l’opposition tombant à la fin de la Première Guerre mondiale, le relais étant pris, depuis, par les Américains, souverains à leur tour à la conjonction dernière de 1992, leur hégémonie pouvant durer également au long de la phase ascendante du cycle nouveau et être remise en question à partir de l’opposition du cap ultra-critique de 2080. 

Mais revenons à la compréhension de notre histoire. Jusqu’ici, je me suis penché surtout sur l’angle lumineux et créatif du synode, dans la perception de la conjonction comme naissance-renouveau de cycle, le plein de la mondialisation qui s’installe en nos années actuelles se percevant comme un accouchement civilisationnel d’une haute portée. C’est la tendance observée de semi-millénaire en semi-millénaire, aux bornes des circuits des micro-grandes années : engendrement du Christianisme, Renaissance, le Moyen Age qui dure deux unités de micro-grande année étant un cas qui se discute. Mais le synode est un Janus à double face : en ma fin est aussi mon commencement. Son ombre est qu’il est tout autant fin de cycle, la mort de l’ancien accompagnant l’engendrement du nouveau. 

Depuis la triple conjonction Uranus-Neptune-Pluton de l’an – 574, suprême configuration qui tombe sur l’ultime tournant historique de la genèse de notre civilisation : naissance de notre ère judéo-chrétienne, avènement des religions et accouchement du rationalisme grec, les plus grandes épreuves vécues par les hommes ont coïncidé avec les plus grandes concentrations planétaires, les Anciens ayant appréhendé d’ailleurs les doriphories comme fins du monde. De fait, à la coupure de micro-grande année de 449-450, où les cinq planètes lentes sont rassemblées sur un arc de 70°, nous tombons sur l’effondrement de l’Empire romain. Au cours du second millénaire, les deux écarts interplanétaires les plus étroits se présentent en 1347 (concentration de 70°), année où la fameuse "peste noire" décide en une vingtaine de mois un tiers de la population européenne, puis en 1446 (concentration de 80°) où la guerre civile à Constantinople sonne le glas de l’Empire d’Orient. Quant à la borne de la micro-grande année de 1485 (73°) – la conjonction Uranus-Neptune de 1479 forme la génération de Copernic et de Luther – elle rappelle que les marins de Christophe Colomb apportèrent la syphilis en Europe à la grande concentration planétaire suivante.

La chèvre broute là où elle est attachée... Quand on explore un espace inconnu, ce n’est que graduellement qu’on en prend connaissance et l’idée qu’on se fait de son paysage est progressivement révisée par la rencontre de perspectives nouvelles. Au long de ces recherches, j’ai fait personnellement les frais de telles insuffisances, ce qui s’est traduit notamment par une prospective exagérément dramatisée de la conjoncture d’effondrement d’indice cyclique des années quatre-vingt. La main lourde du débutant. Bien sûr, il n’y eut pas de troisième guerre mondiale : je l’avais appréhendée au début, puis j’en avais écarté le danger ; lequel n’en fut pas moins réel avec l’ultime menace de l’affrontement des euromissiles en 1983. Il faut s’accepter avec son savoir révisable et dans les limites d’une palette d’interprétation inachevée. Avec le recul du temps, mon pessimisme avait sa raison d’être, car ce n’en est pas moins une grande dépression que nous avons traversée. 

Dans un texte du n° 28 de L’Astrologue (4e trimestre 1974), jugeant le cours de l’indice cyclique du XXe siècle, et comparant sa chute à celles accompagnant les deux guerres mondiales, je me prononçais ainsi : "1981-1984 risque d’être la troisième tache noire du siècle où la mort triomphera de la vie, quels que soient les aspects sous lesquels elle sévira." À quoi j’avais ajouté : "Mais rien n’autorise l’interprète à spécifier qu’il puisse s’agir nécessairement d’une troisième répétition d’un fait guerrier international. D’autres dangers sont concevables : grande famine, crise écologique..." Et ailleurs encore, cherchant ce qui pouvait bien se produire, en référence au passé, je m’étais approché du centre de la cible, sans y croire, parce qu’à l’époque les autorités médicales étaient assurées que l’ère des pandémies était close : "À défaut d’épidémie et d’invasion barbare..." Or, c’est aux pieds de la triple conjonction Jupiter-Saturne-Pluton de 1981-1982 que le sida a fait son apparition, la participation du Scorpion, où passent ces planètes et où Pluton s’apprête à entrer, spécifiant l’impact sexuel de cette pandémie, comme lors de l’apparition de la syphilis en Europe avec la concentration de conjonctions de 1485. Cette "tache noire" se poursuit encore à raison de 5 millions de contamination annuelle, avec un chiffre estimé en 2004 à 45 millions de victimes ! 

À défaut aussi "d’invasion barbare..." Parce que j’avais relevé également aux mêmes concentrations planétaires la disparition de civilisations agressées, comme celles de Rome, de Byzance, de l’Amérique latine (où, ici, les barbares étaient européens). Il n’y a, certes, rien de barbare à ce que des populations démunies et affamées viennent se réfugier dans nos pays occidentaux prospères, la solidarité humaine devant même prévaloir au profit de tous. Mais leur venue, à la longue, à être ressentie par trop de gens comme un envahissement, ceux-ci n’ayant pas compris que leur assimilation s’ impose. Évoquer la fin de la micro-grande année de la civilisation de la chrétienté occidentale, c’est déjà cela, cette immigration sans précédent que nous devons assumer dans un brassage de populations multi-ethniques lequel, lui aussi, est de l’ordre de la mondialisation. 

Si, du dedans, l’Europe se mondialise laborieusement, accusée d’eurocentrisme et chargée d’euro-pessimisme, du dehors, elle ressent aussi de plus en plus l’exiguïté de son importance, du fait de l’accès des autres populations du monde à leur majorité. Un des phénomènes dominants de ces dernières décennies est la significative résurgence de l’Islam. Ce que pourrait expliquer le fait que l’Hégire, naissance de la religion islamique en 622, soit venue dans l’orbe d’une triple conjonction Saturne-Uranus-Neptune en 625 au milieu de la Vierge, et que cette même triplice ait été reconduite en 1988-1989, et même reformée au trigone de celle de 625. Comme une relève de l’avenir, cela concerne une immense population, de l’ordre de deux milliards d’individus répartis sur une vaste étendue du globe. 

La crainte gagne toute minorité, ce qu’explique aussi le danger que provoque une tension entre la richesse et la pauvreté, la puissance et l’humiliation ressentie. Source évidente d’un fondamentalisme islamique dont, avec notre désordre, nos excès et notre égoïsme, nous portons aussi la responsabilité, la solution ne pouvant revenir qu’à une mondialisation de la solidarité. Le terrorisme en est issu. Hormis l’occasionnel comme l’attentat de Sarajevo en 1914, ce terrorisme est une plaie qui s’est installée dans notre société depuis la conjonction Uranus-Pluton des années 1965 (en Vierge : la violence s’est atomisée) et il s’est exacerbé jusqu’à en arriver au choc de l’attentat du World Trade Center de New York le 11 septembre 2001. La signature plutonienne du terrorisme va de soi et nous en avons eu un plein du fait des oppositions successives de Jupiter et Saturne reçues par l’astre. Effet de vague de haute marée, cette fièvre terroriste devant retomber. 

Mais la liste n’est pas close d’un ensemble de situations qui finissent par donner l’impression générale d’un climat de fin de civilisation. Au programme du chaos ressenti, le moindre n’est pas la menace qui plane sur l’environnement, le danger écologique d’un site terrestre malmené, ni la crainte qu’un homme d’État paranoïaque en vienne à une folie atomique. Sans parler d’un envahissement de la corruption, notamment d’une économie des bas-fonds narcodollarisée, de la prostitution, de la drogue, de la délinquance, de l’art poubelle, dans un retour au sauvage, au primitif, au point qu’un abominable diplodocus dinosaurien soit devenu un jouet des enfants. Naturellement, cette accumulation du noir s’accompagne d’un climat moral endeuillé : désacralisé, le genre humain se dénature et se déshumanise dans un spirituel congédié : faillite des idéologies, nihilisme intellectuel, déroute des âmes...

On comprend que dans un tel chaudron, on puisse avoir du mal à entrevoir l’autre versant du synode actuel, qui, lui, est annonciateur de l’aube d’une nouvelle humanité, d’une civilisation supérieure à la nôtre et plus radieuse que celle que l’on quitte. Au "plafond" de l’indice cyclique de 2003, malgré nos misères, nos années présentes sont en train de l’engendrer sans que nous en apercevions encore la forme ni toute la portée, trop près que nous sommes de cet enfantement. Mais, l’homme, fils de la Terre et du Ciel, est comme un somnambule qui suit sa ligne d’univers. Certes, personne n’est infaillible. Néanmoins, en la circonstance, plus que jamais je tiens l’application des arcanes de l’art royal de l’astrologie mondiale dans une prévision à l’échelle générale de l’humanité et sur le long terme comme le lieu le plus haut de la présence d’Uranie. 

Je ne puis vous quitter sans vous avouer ma conviction profonde et la plus entière que l’astrologie elle-même est concernée par cette grande conjonction. Car les dernières années du XXe siècle nous ont aussi apporté du nouveau, et quelle nouveauté ! C’est sur l’ensemble de la population française des 6,5 millions de mariages conclus entre 1976 et 1996, ainsi que de la quinzaine de millions de naissances survenues entre 1977 et 1997, qu'a été récemment révélée la corrélation la plus énorme qui soit, c’est-à-dire celle qui met en cause le Soleil lui-même (jusqu’ici absent de tout bilan statistique) et, au surplus, un Soleil doublement impliqué aux fondements mêmes de la condition humaine : à savoir dans l’accouplement et l’enfantement, hyménée et génération. Pouvait-on recueillir plus prestigieuse stèle d’Uranie ? 

Nous tenons là – enfin - la pièce maîtresse du fait astrologique, son fait central le plus évident. Au simple plan de l’échange individuel, dorénavant, à quelqu’un qui doute de l’astrologie, vous dispensant de tout discours, vous avez des chances de l’ébranler en l’invitant à comparer son jour de naissance avec ceux de ses proches. Quant à l’échelle générale de l’opinion publique ou du jugement de la culture, sinon du verdict de la science, c’est vers une reconnaissance de l’astrologie que nous allons tout droit. Faudra-t-il attendre le sextil évolutif Uranus-Neptune du cap de 2025-2030, cet aspect étant à la conjonction ce qu’est une naissance à une conception ? La graine n’en est pas moins déjà ensemencée. Et, avouez que, sans l’astrologie, que serait la mondialisation ? 

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