DES DIVINITÉS PROTECTRICES DES MOIS, par Antoine COURT de GÉBELIN

Si nous avons commencé l’explication des divinités égyptiennes, protectrices des douze mois, par celle qui présidait au mois de mars, c’est pour suivre l’ordre du calendrier romain qui commençait au même mois. Mais, si nous avions suivi l’ordre de l’année égyptienne, nous aurions commencé à la Lune d’août, par Thot, qui ouvre le calendrier. On aurait ensuite vu Osiris, ou le Soleil du monde. Isis, reine des cieux, avec son nourrisson, Vulcain ou le créateur, le bon principe, Typhon, ou le mauvais principe, appelé aussi Seth, c’est-à-dire ennemi et d’où vint le nom de Satan, Horus, fils d’Isis et vainqueur du mauvais, Pan, ou la nature universelle qui est alors dans toute sa splendeur, Agatho-demon, ou le bon génie, Nephtys, déesse des eaux, Ammon, Athyr ou Vénus, Harpocrate et Horus, ou les Gémeaux, par lesquels se terminait l’année primitive et vague des Égyptiens.


Texte extrait du "Monde primitif, analysé et comparé avec le monde moderne" d'Antoine Court de Gébelin, publié à Paris, en 1776.

Les douze mois de l'année furent naturellement consacrés à la Lune et au Soleil. On en fit un partage entre ces deux astres ; la Lune présida à six mois et le Soleil à six autres. On peignit donc dans le calendrier six Lunes et six Soleils, ou six Femmes et six Hommes, représentés chacun sous des emblèmes différents, relatifs aux travaux et à la nature des mois auxquels ils présidaient. À la longue, on vit dans ces douze figures six dieux et six déesses, ou douze divinités, qu'on appela les grands dieux, les dieux consentes ou harmoniques, parce qu'ils contribuaient tous à la perfection de l'année, au maintien des saisons, au bonheur des hommes.

Noms de ces dieux chez les Romains

Commençons, en ce qui concerne les douze dieux et déesses, par les Romains dont les connaissances sont beaucoup plus familières aux Européens que celles des peuples plus anciens, et servent par-là même à dissiper les ténèbres qui couvrent ceux-ci.
Les six déesses protectrices d'autant de mois chez les Romains furent Junon, Minerve, Vénus, Cérès, Diane et Vesta. Les six dieux furent Apollon, Mercure, lou ou Ju-piter, Vulcain , Mars et Neptune.

Junon, reine des dieux, était la Lune, reine des cieux, et, en particulier, la première Lune de l'année, celle de janvier. Son nom Jun, qu'on prononça également Ion, Ioh, lo, était le nom même de la Lune, femme d’Iou ou du Soleil, qui se renouvelait avec elle. Junon s'appelait en grec HRA, la souveraine, la reine, et elle en portait les attributs.

Minerve était la Lune de mars, où les travaux recommencent, aussi était-elle la protectrice de l'industrie et des arts, et toujours accompagnée de leurs attributs. Elle était également la déesse de la sagesse et des combats parce que les arts ont besoin et de sagesse pour les perfectionner et d'habileté pour défendre les biens qui sont l'effet de l'industrie.

Vénus, ou la beauté, mère de l'amour et des grâces, était la Lune d'avril, où la nature se renouvelle et où la terre se couvre de verdure et de nouvelles générations qui réparent les pertes de l'automne et de l'hiver.

Cérès, ou la déesse des moissons, aux cheveux blonds, est la Lune d'août, représentée avec une faucille et des gerbes pour désigner le temps des moissons.

Diane, déesse de la chasse et de la virginité, était la Lune de novembre où, la terre étant dévêtue, comme on dit dans les campagnes, dépouillée de ses fruits, on s'occupe à faire la guerre aux animaux. C'est donc avec raison que cette déesse était celle de la chasse et de la virginité, ou de la stérilité, puisque, dès le mois où elle préside, la terre ne produit rien, la nature est stérile. Le carquois, l'arc et la flèche succèdent avec raison à la faucille et aux charrues.

Vesta, déesse du Feu, est la Lune de décembre, mois où l'on n'a plus d'autre occupation que celle de se garantir du froid et des frimas. Aussi cette Lune s'appelle-t-elle Vesta, c'est-à-dire le Feu, et elle en porte les attributs : elle est en fourrure et auprès d'un brasier.

La physionomie des déesses n'était pas moins fixée par leurs fonctions que tout l’ensemble de leurs attributs, chacune avait sa beauté propre qu'on ne pouvait changer sans brouiller tout. Junon avait la noblesse et la fierté d'une souveraine. Minerve, la sérénité d'une personne occupée de choses grandes et utiles. Vénus, la tête de la personne la plus aimable et la plus belle, à la fleur de son âge. Cérès, les grâces champêtres d'une jeune et charmante fermière, qui supporte le hâle du jour. Diane, le négligé d'une beauté mutine occupée de grandes courses et qui n'est pas chargée d'embonpoint. Vesta, l'air d'une mère de famille satisfaite et qui n'a nul souci que d'être au coin de son feu.

Autel des douze dieux - Marbre, 1er siècle après J.-C.
Musée de Louvre, Paris - Photo : D. Castille

Winckelmann s'en était bien aperçu, lui qui dit dans son "Histoire de l'Art" (page 183) : "La forme de chaque déesse est tellement uniforme chez tous les artistes grecs qu'on serait tenté de croire qu'elle était prescrite par quelque loi, telle qu'ils l'ont suivie unanimement. La beauté et la forme de Diane, de Vénus, de Junon, de Pallas, etc. sont telles qu'elles conviennent au caractère de ces déesses et qu'elles seraient déplacées dans les autres." Cette loi, que ce savant sentait si bien mais qu'il ne connaissait pas, était celle de l'imitation : il fallait que chaque déesse fût peinte avec les symboles et le caractère qu'exigeaient les fonctions qui la constituaient : sans cela, cette peinture n'aurait été qu'un effet du caprice, elle n'aurait rien dit aux yeux et à l'esprit.

Ajoutons que Junon, la souveraine des dieux, devient ainsi l'emblème naturel des chefs de la société et des grands propriétaires.
Cérès, déesse de l'agriculture, le symbole de la classe productrice qui fait naître les richesses et les subsistances.
Minerve, déesse des arts et de l’industrie, le symbole de tous ceux qui, n'ayant pas le moyen de faire naître ces subsistances, ont l'art de mettre en œuvre et de façonner les matières premières que leur fournit l'agriculture ou la terre, et au moyen desquelles ils se procurent la part des subsistances dont ils ont besoin.

Eusèbe nous a conservé un morceau de poésie grecque (La préparation évangélique, liv. V. ch. VII), intitulé "Oracle d’Apollon de Didyme" qui contient la peinture de ces six déesses ou Lunes. Minerve, Diane et Cérès y paraissent avec les mêmes attributs, Vénus y est sous le nom d'Isis, Junon y occupe la place de Vesta, moins connue dans les pays chauds, et Rhéa y occupe la place de Junon. C'est la mythologie grecque et égyptienne mêlées avec celle des Romains. Mais écoutons l'oracle :

"Les flûtes, les tambours et les assemblées des femmes seront l'apanage de Rhéa, fille de Titan, mère des Immortels. Les travaux et les fureurs de Bellone seront celui de Pallas, armée du casque. La Vierge, fille de Latone, poursuivra avec ses chiens tachetés, à travers les rochers et les précipices, les animaux qui errent sur les montagnes. Junon versera les douces pluies de la saison humide. Les moissons prospères et abondantes seront les fruits de Cérès. Isis de Pharos, habitante des lieux que fertilise le Nil, n'aura d'autre soin que de chercher la compagnie de son jeune et bel Osiris."

Neptune, Apollon et Cérès - Façade à Bruges, Sint-Salvatorskerkhof - Photo D. Castille

Les six dieux ou six Soleils

Jupiter, Minerve, Apollon et Junon
Photo : D. Castille
Apollon, ou le Soleil de mai, le Soleil par excellence, et dont le nom grec n'est qu'une altération de l'oriental Pol, qui en chaldéen répond au Bel des Phéniciens. Aussi Apollon est-il peint jeune et avec tous les charmes de l'adolescence, vrais symboles du mois de mai.

Mercure, dieu des constellations, est le Soleil de juin qui, chez les orientaux, ouvrait l'année. Aussi a-t-il l'équipage d'une personne chargée d'ouvrir et de fermer les cieux.

lou, le père Jou, ou Jupiter, est le Soleil de juillet, le Soleil dans toute sa force, la nature parvenue au plus haut point de perfection, où elle n'a plus qu'à décroître. Aussi ce Soleil est-il surnommé Hercule et est au signe du Lion.

Vulcain, le Soleil de septembre, est le dieu des forgerons. Forgeron lui-même, il est le bras droit du laboureur dont il répare les charrues et les instruments nécessaires pour ses labours et ses semailles, qui sont à la porte. Il est donc aussi le dieu du feu, mais d'un feu de forge et d'enfer, bien différent des feux domestiques de Vesta. Nous verrons au chapitre suivant qu'il eut d'abord une origine fort au-dessus de celle là.

Mars, ou le Soleil d'octobre, Soleil enflammé et terrible pour les plantes et pour les animaux, de même que pour les hommes. Aussi était-il au signe du Scorpion.

Neptune, le Soleil de février et dieu des mers, parce que c'est le temps des neiges et des pluies, d'ailleurs le temps où la pêche est la plus abondante, c'est pourquoi il est au signe des Poissons.

Le caractère propre de chacun de ces dieux était plus aisé à peindre que celui des déesses, par un effet de la nature des fonctions dont ils étaient chargés.
On voit d'ailleurs que dans cette distribution des mois entre les Soleils et les Lunes, on suivit la nature, qu'on consacra au Soleil les mois des travaux les plus rudes et à la Lune ou aux déesses les mois des ouvrages moins fatigants.

Les divinités égyptiennes qui présidaient aux mois

Les Égyptiens avaient également mis les douze mois sous la protection d’autant de divinités qui n’étaient, dans l’origine, que les symboles des travaux successifs de l’année, mois par mois, un calendrier en peinture et à tapisserie.

lou Ammon, ou Jupiter à tête de bélier, présidait à la Lune de mars, sous le signe du Bélier. Sur la table d’Isis, on voit un bélier avec un singe, emblème de l’équinoxe qui suit la Lune de mars. Nous verrons dans le chapitre des horloges antiques le rapport du singe avec l’équinoxe et avec les heures.

Vénus, ou Athyr, peinte sous l’emblème du bœuf Apis, au signe du Taureau, présidait à la Lune d’avril.

Horus et Harpocrate, enfants jumeaux d’Isis, présidaient, comme Castor et Pollux chez les Grecs, à la Lune de mai, au signe des Gémeaux. Nous verrons dans le second livre de ce volume que ces personnages jumeaux étaient constamment l’emblème du Soleil mourant et du Soleil renaissant de chaque année. Harpocrate était représenté comme un être faible et languissant à cause de la douleur que la mort d’Osiris avait causé à sa mère dans le temps qu’elle était enceinte de lui. Horus, au contraire, était représenté plein de force et vengeant sur Typhon les maux qu’il avait causés à sa mère.

Mercure, ou Anubis à tête de chien, présidait également chez les Égyptiens à la Lune de juin, au signe du Cancer. C’est pour cette raison qu’on voit sur des abraxas, espèces de pierres gravées antiques, le Cancer à côté d’Anubis. Nous avons déjà rendu compte, dans l’allégorie de Mercure, des motifs qui le firent peindre avec le symbole d’un chien et comme protecteur de la Lune de juin.

Osiris, le Jupiter des Égyptiens, présidait, comme Jupiter, à la Lune de juillet et au signe du Lion. Mais ce Lion devint en Égypte l’emblème de l’inondation du Nil : aussi voit-on sans cesse sur les monuments des Égyptiens des personnages à tête de lion qui tiennent des vases remplis d’eau du Nil.

Isis, femme d’Osiris et symbole de la nature fécondée, présidait à la Lune d’août, au signe de la Vierge et suivait ainsi son mari. Elle était représentée avec son nourrisson.

Des deux signes du Lion et de la Vierge, les Égyptiens formèrent le Sphinx, moitié femme moitié lion, et emblème de l’inondation du Nil.

Hercule et ses travaux
Phta, dieu du feu, ou Cneth le Créateur, le bon principe, présidait à la Lune de septembre. C’est qu’on croyait que l’univers avait été formé à l’équinoxe d’automne, où commence cette Lune. Tel était le Vulcain des Égyptiens, la source de toute perfection, feu et lumière, tandis que chez les Grecs et les Romains, il fut réduit à une divinité subalterne, quoique toujours protectrice du même mois. C’est ce même mot de Phta qu’on a cru avoir formé en grec le nom de Vulcain, ou Hé-phaïstos, avec l’article he et la terminaison grecque en os. Ce nom cependant est plus rapproché de l’oriental que de l’égyptien : aist signifie le feu dans l’Orient, en y ajoutant l’article oriental ph et la terminaison grecque, on a phaistos. C’est de là que vint également le nom de Vesta. Les Égyptiens altérèrent ce mot en changeant l’hébreu esh, feu, en et et prononçant pheta, au lieu de phesh ou phesta.

Typhon, ou le mauvais principe, le Mars des Égyptiens, présidait à la Lune d’octobre, au signe du Scorpion. Il n’est donc pas étonnant qu’il fût à la suite du bon principe, dont il tâchait de détruire ou de gâter les ouvrages. D’ailleurs ce temps était, pour plusieurs contrées, un temps de désordre et de maux de toutes espèces. Ajoutons que c’est la saison des longues nuits et des ténèbres, symbole du mauvais principe, dont les œuvres ne sont que ténèbres et l’opposé de tout ce qui est feu et lumière.
  
Horus, ou Hercule, le destructeur des Géants, la grande vertu des dieux, marchait naturellement à la suite de Typhon et présidait à la Lune de novembre, au signe du Sagittaire. Cet archer, ou ce héros, moitié homme moitie cheval, était donc d’une grande consolation pour les orientaux qui voyaient en lui un puissant libérateur. Aussi disaient-ils qu’Horus, avec le secours du cheval, remporta la victoire sur Typhon. Diane ne livrait la guerre qu’aux animaux des forêts et Horus à tous les maux qui accablent l’humanité. Le bon et le mauvais principe, et le fils du bon principe, vainqueur du mauvais, étaient ainsi trois personnages qui appartenaient à la plus profonde théologie philosophique, et ils étaient fort au-dessus des idées que les Grecs et les Romains se formaient de Vulcain, de Diane et de Mars. On voit que ces derniers peuples ne comprenaient plus rien à la sagesse des Orientaux et qu’ils n’en étaient que d’aveugles imitateurs. Il n’est donc pas surprenant que les Européens qui ne voyaient jusque ici que par les yeux de ces derniers, n’aient presque rien compris jusqu’à présent à ces grands objets, qu’ils ne les aient vus qu’à travers un épais brouillard.

Pan, ou Tout, mot qui peut aussi signifier le Seigneur, Pan, dis-je, dieu de la nature et des campagnes, qui étaient tout tandis que les villes n’étaient encore rien, présidait à la Lune de décembre sous le signe du Capricorne. Cette divinité était bien choisie parce que le mois de décembre était pour l’Égypte ce qu’est le mois de mai pour nous : c’est alors que les campagnes de cette contrée sont couvertes de verdure et de biens de toutes espèces. Ce signe du Capricorne fut aussi très bien choisi pour ce mois parce qu’alors, au solstice d’hiver, le Soleil remonte au haut des cieux semblable à la chèvre qui escalade toujours. Pan était d’ailleurs représenté avec des cornes, des pieds et une barbe de bouc, il était le dieu de Mendès, ville Égyptienne dont le nom signifie également bouc.

Agatho-Demon, le bon Génie, désigné par le canope, ou par ce vase que le Verseau tient dans ses mains, présidait à la Lune de janvier. Le 11 de cette Lune, qui répond au 6 de janvier, les prêtres Égyptiens allaient puiser de l’eau à la Mer (bien entendu que c’étaient ceux qui étaient à Alexandrie ou dans des villes voisines de la mer, et que les autres puisaient de l’eau du Nil, etc.) et venaient la verser dans les temples, peut-être même la distribuer aux assistants, avec de grands cris et des signes de réjouissance de ce qu’Osiris était retrouvé.

Les chrétiens orientaux ont conservé cet usage d’aller puiser de l’eau à minuit le six janvier en mémoire de ce que Jésus Christ fut baptisé ce jour là et de ce que, par ce baptême, il purifia les eaux. Ces chrétiens conservent cette eau avec soin jusqu’à l’année suivante, ou elle fait place à d’autre.

Nephtys, déesse des frontières maritimes, présidait au mois de février, au signe des Poissons. Ce nom a le plus grand rapport avec celui de Neptune qui était chez les Romains le dieu tutélaire du même mois.

Il en était de même chez les Perses : chacun de leurs mois était consacré à une divinité subalterne et toutes ces divinités étaient chargées de quelque fonction particulière, de veiller sur le froid, le chaud, la pluie, les fruits, les troupeaux, etc.
L’usage de consacrer les mois à autant de génies remontait donc à une haute antiquité et les Romains et les Grecs ne furent en cela que les imitateurs de l’Orient.

Les Égyptiens eux-mêmes avaient imité les Sabéens qui furent les précurseurs du paganisme, dans lequel on tomba dès qu’on eût perdu l’intelligence de leur langage figuré et qu’on prit leurs symboles à la lettre.

Si nous avons commencé l’explication des divinités Égyptiennes, protectrices des douze mois, par celle qui présidait au mois de mars, c’est pour suivre l’ordre du calendrier romain qui commençait au même mois. Mais, si nous avions suivi l’ordre de l’année égyptienne, nous aurions commencé à la Lune d’août, par Thot, qui ouvre le calendrier. On aurait ensuite vu Osiris, ou le Soleil du monde, Isis, reine des cieux, avec son nourrisson, Vulcain ou le créateur, le bon principe, Typhon, ou le mauvais principe, appelé aussi Seth, c’est-à-dire ennemi et d’où vint le nom de Satan, Horus, fils d’Isis et vainqueur du mauvais, Pan, ou la nature universelle qui est alors dans toute sa splendeur, Agatho-demon, ou le bon génie, Nephtys, déesse des eaux, Ammon, Athyr ou Vénus, Harpocrate et Horus, ou les Gémeaux, par lesquels se terminait l’année primitive et vague des Égyptiens. Ainsi, l’année égyptienne était parfaitement correspondante à la plus ancienne année des Romains qui commençait en juin avec Mercure ou Thot, et qui finissait en mai au signe des Gémeaux. En voici la comparaison :

Juin
Thot ou Mercure
Mercure
Juillet
Osiris
Jupiter
Août
Isis
Cérès, la même qu’Isis, sous le signe de la Vierge, ou Moissonneuse
Septembre
Phta, ou Vulcain
Vulcain
Octobre
Typhon le destructeur
Mars
Novembre
Horus, vainqueur des Monstres et des Géants
Diane, la chasseresse
Décembre
Pan
Vesta
Janvier
Agatho-Demon
Junon
Février
Nephtys
Neptune
Mars
Ammon
Minerve
Avril
Athyr, ou Vénus
Vénus
Mai
Harpocrate et Horus,
ou les Gémeaux
Les Gémeaux, sous Apollon

Ces deux séries ne différent qu’en ce que les Égyptiens n’y firent entrer que trois déesses tandis que les Grecs et les Romains voulurent que le nombre des déesses égalât celui des dieux.

Ajoutons que chacune de ces douze divinités étaient les symboles des douze gouvernements primitifs de l’Égypte, à commencer par celui de Thèbes, le plus méridional ou le premier en venant du midi, et dont le Bélier était le Symbole, et finissant par le plus septentrional, ou par les côtes de la mer, désignées par Nephtys et par les Poissons.
Lorsqu’ensuite l’Égypte fut divisée en trente-six Nomes ou Gouvernements, ce fut encore une imitation du ciel divisé également en trente-six divinités secondaires, dont nous allons parler.

Des trente-six décans

Les Égyptiens, qui avaient divisé leur pays en trente-six Nomes ou Gouvernements, divisèrent également l’année en trente-six portions égales de dix jours chacune et ils mirent chacune de ces portions sous la protection d’une divinité inférieure, qu’on appelait décan, d’un mot oriental existant encore dans le Syriaque Deikan, qui signifie inspecteur, observateur et dans le verbe Duq, considérer, observer, inspecter.

Chaque mois était ainsi sous la protection de trois décans. On peut voir leurs noms dans Saumaise (Ann. Climact., page 610) et dans les notes de Scaliger  sur Manilius (P. 487 et s., édit. de 1600, in-4°) : ces noms sont si barbares et si défigurés que nous ne pouvons nous résoudre à les rapporter ici. Nous citerons seulement ceux dont la signification est connue.

Les trois décans du signe du Cancer, qui ouvrait l’année égyptienne, ont des noms très remarquables : ils s’appellent Sôthis, Sit et Khnoumis.

Sôthis et Sit, ou Set, sont deux noms de la canicule, qui se levait le premier jour de l’année égyptienne, et qui devinrent également le nom d’Isis. Ils furent aussi l’origine du nom de plusieurs princes égyptiens tels Sethos, Asothis, Aseth, Sesosthis, etc.

Khnoumis est le même nom que Chnoubis qu’on trouve gravé sur un grand nombre d’abraxas. C’est un mot égyptien qui signifie or et dont on a fait Anubis, le chien gardien des portes célestes, ou de l’horizon que dore le Soleil.
Chnoubis est représenté sur ces abraxas avec une tête de lion à grande crinière et environné d’une gloire d’où sortent sept rayons. Son corps est un corps de serpent à queue entortillée, symbole du temps éternel.

Le décan qui suit ces trois, ou le premier décan du signe du Lion, s’appelle Kharkhnoumis, et sur des abraxas Kholknoubis. Il y est représenté par une tête humaine à sept rayons avec une grande queue de scorpion et le signe du Sagittaire sous son menton. Au-dessous de cette tête, le nom de Iaô suivi du mot Anok, qui avec le nom du décan, font cette inscription je suis Iaô (lehovah, ou le dieu) Kholknoubis.

Ce mot doit être composé de Kar, crier, ou de Khol, voix, tonnerre. Ce serait le dieu tonnant.

Le premier décan du signe de la Vierge s’appelle Tôm et ce mot signifie juste, parfait, de là Thémis.

Le dernier décan du signe du Scorpion s’appelle Sieme. Ce mot est composé de si, prendre, recevoir, et emi, science, mot à mot, celui qui a reçu la science, qui est instruit, le savant.

Les deux derniers décans du signe du Capricorne font Srô et Isrô. Leurs noms signifient victoire et victoire qui arrive. C’est la victoire du Soleil sur les ténèbres, il renaît alors et revient à nous plus beau que jamais.

On trouve dans l’ouvrage d’Origène contre Celse les noms des sept derniers décans de l’année : ils se terminent à ph-ouor, le dernier décan du signe des Gémeaux, et qui est sans doute le même nom qu’Horus avec l’article Ph.
Scaliger a rapporté aussi les noms des constellations relatives aux trente-six décans dans les trois sphères persane, indienne et barbare, qu’il emprunta d’Aben-Ezra auquel il donne le nom du plus docte des juifs. La sphère que ce rabbin désigna par l’épithète de barbare est celle des Grecs d’Alexandrie.
C’est à ces trente-six décans que le Roi Necepso attribuait dans ses livres d’astrologie, comme nous l’apprenons de Julius Firmicus, les influences les plus étendues sur les maladies et la santé, omnia vitia, valitudinesque.

Dans les anciens ouvrages d’astrologie, on trouve des carrés magiques calculés d’après les trente-six décans, chaque signe étant subdivisé en trois. M. Senebier, bibliothécaire de la République de Genève et connu par son ouvrage sur l’art de conjecturer, rempli d’érudition et de vues profondes, nous a communiqué un de ces carrés écrit en grec et en encre de deux couleurs, rouge et noire. Il en a découvert un en hébreu, mais en caractères italiens, dans un ancien manuscrit sur l’astrologie qui fut pris sur la côte d’Afrique dans l’expédition de Charles V. en 1550. Ils démontrent l’un et l’autre l’usage des décans dans l’astrologie.

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