ICARE, PERSÉPHONE ET L'ADOLESCENCE : UNE PSYCHÉ EN ÉVOLUTION, par Erin SULLIVAN

L'adolescence est le premier pas vers l'individuation consciente. Après les accès de colère du petit de deux ans et demi, l'intelligence de l'enfant de sept ans et l'assurance et la confiance de l'enfant de dix ans, soudain, une chose mystérieuse émerge. À la première opposition de Saturne à lui-même, un nouvel être se matérialise à travers la psyché. Comme toujours, l'astrologie récapitule l'ontologie et nous découvrons aujourd'hui que biologique, neurologique, psychologique, phénoménologique et toutes les autres "logiques" fonctionnent à une cadence parfaitement synchrone.

Traduit de l'américain par Didier Castille

Récemment, plusieurs importants comptes-rendus de recherche neurologique ont validé le fait que le cerveau de l'adolescent fonctionne de façon différent de celui de l'enfant et d'une façon très différente de celui du jeune l'adulte d'une vingtaine d'années. Nous le savions tous mais, grâce à des avancées technologiques telles que l'imagerie à résonance magnétique, les neuroscientifiques ont découvert que le cerveau de l'adolescent est très loin d'être mature. Sandra Witelson, une neuroscientifique de l'université McMaster (Ontario, Canada) dit "le cerveau adolescent est une œuvre en évolution". C'est une œuvre qui se développe par à-coups.

Remercions le Seigneur pour l'imagerie à résonance magnétique ! Aurions-nous suspecté cela sans elle ? Sérieusement, cette annonce quantifiée donne, aux parents autant qu'aux adolescents, beaucoup plus de crédibilité dans ce monde mécaniste. Ils peuvent maintenant prouver qu'ils n'ont plus tout leur "bon sens", les parents autant que les adolescents.

Mais si, bien entendu, ils ont tout leur bon sens!!! Mais les implications de "bon" changent et fluctuent, et parfois, dans le cerveau adolescent, "bon" n'est pas un concept, et "mauvais" non plus. Jusqu'à récemment, il était supposé qu'un enfant est adulte et prêt à la prise de décisions en propre à la puberté. C'est aussi erroné que de dire qu'à 21 ans on est totalement adulte.

Puisque nous travaillons avec l'astrologie psychologique, nous savons que les cycles astrologiques et les mesures montrent que ces déclarations conventionnelles non seulement induisent en erreur mais sont à la racine des névroses des adultes. En elle-même, la perspective d'être "totalement adulte" est terriblement illusoire, parce que je sais personnellement, comme le savent aussi mes clients les plus âgés, que nous n'avons jamais fini de grandir... Individuation est un mot transitif, il n'est jamais limité. Nous sommes toujours en maturation, nous ne sommes jamais matures, psychiquement...

Construites à partir d'images IRM réalisées sur des enfants sains, ces représentations compressent en quelques secondes 15 années de développement du cerveau (de 5 à 20 ans). Le rouge indique plus de matière grise, le bleu moins de matière grise. La matière grise s'étend en vague de l'arrière vers le front, au fur à mesure du développement du cerveau et de l'augmentation des connexions neuronales. Les zones responsables des fonctions basiques se développent tôt, contrairement aux fonctions d'ordre supérieur (émotion, self-control.)
Le cortex préfrontal, qui se charge du raisonnement et des fonctions exécutives, émerge tardivement dans l'évolution, il est l'un des derniers à se développer.

Source : The adolescent brain : Why teenagers think and act differently - Dynamic Mapping of Human Cortical Development during Childhood through Early Adulthood
Saturne en opposition à sa position natale cause un équilibre fragile entre le Moi intérieur et cet Ego qui change si rapidement (dans le sens de "je suis") et qui peut être fortement menacé. Le principe homéostatique est compromis, et ainsi, il n'y a pas le sentiment de la similitude chez l'adolescent, c'est toujours "différent". Il n'y a pas de véritable sens de l'ordre, ou du centre, et très peu de sens du chaos. Par rapport à cela, tout symbole d'autorité a de la valeur dans la mesure où il représente un réel défi. Parents et enfants participent inconsciemment à une relation en symbiose qui doit se défaire pour devenir une bonne relation parent/enfant.

La difficulté, c'est que l'enfant de 14 ans connaît ses limites mais éprouve du ressentiment à leur égard. Le Moi profond demande à s'exprimer urgemment. L'insupportable désir que le jeune homme et la jeune femme ressentent est la Prima Materia pour l'opus de la vie, littéralement le matériau brut duquel le caractère est façonné.

De 14 ans à 16 ans et demi, les enfants renvoient à ce qu'ils étaient à l'âge de deux ans, réputé "terrible", mais à un niveau plus sophistiqué. L'opposition de Saturne provoque une sensitivité aiguë à l'ambivalence et à l'hypocrisie. Plus une jeune personne expérimente à la maison les messages cachés, les humeurs fluctuantes ou incertaines et les modèles doubles, plus sa réponse à l'autorité sera défensive et hésitante... et plus il sera vulnérable dans une société où seuls ces standards discutables sont en évidence.

Téménos pour le voyageur sacré

Il paraît que notre cerveau n'est jamais plus actif que dans cette jonction critique avec le processus de maturation. Les technologies nouvelles valident ce qu'on soupçonnait, à savoir que les circuits ne sont pas tous installés chez les adolescents, ils ne pas complètement connectés. Ce sont, en effet, des créatures en transition, liminales. Dans les mythes anciens, les individus en transition étaient considérés comme protégés par les dieux parce qu'ils n'étaient pas en sécurité et qu'il n'y avait pas de murs entre le point de départ connu et la destination à atteindre ; ils étaient sacrés.

Téménos du mont Juktas (Crète)
Liminalité est un terme que j'utilise pour décrire le statut d'une personne "sur le seuil" du changement. C'est un état d'être provisoire et transitionnel. En lui-même, le mot dérive du latin limen (seuil) et du grec ancien limn (limne), mer, étang, bassin, lac. Psychologiquement, c'est un endroit où l'on n'est plus qui on était mais pas encore ce qui on est sur le point de devenir. Les voyages en mer (Odyssée) sont associés à la liminalité (milieu de la vie), la traversée de grands eaux (Yi king), etc.. L'adolescence est la première grande traversée et, ainsi, c'est un état de sacralité dans lequel il y a beaucoup de sagesse et beaucoup de folie, beaucoup de solitude et d'isolement.

Une chose très importante pour un adolescent, c'est son espace propre. Un Téménos, si vous préférez, un endroit dans lequel aucun étranger ne peut pénétrer, où aucun ennemi de l'âme ne pourrait passer. C'est un "endroit pour quelqu'un en propre", un endroit dans lequel il peut être nécessaire de renforcer les standards de santé mais où on ne peut empiéter sur les valeurs, la propreté et les habitudes. Si le vieux bol à cacao de l'enfant se transforme en furieux vaisseau spatial violet, la mère peut le retirer mais seulement sous invitation. Le Téménos de la chambre d'un adolescent existe pour son équilibre propre et, ainsi, l'équilibre et l'hygiène du foyer.

Comme nous le verrons, il y a une œuvre en développement ici, et l'alambic hermétiquement scellé de la chambre est nécessaire pour ce premier pas sur la voie de l'individuation, une pièce à ressentir, à être et à penser selon ce qu'on est et non comme ce qu'on devrait être. On pourrait imaginer cette chambre comme la pièce d'Hermès, dans laquelle l'opus de la vie se réalise progressivement, en privé, en secret et en sécurité. De la même façon, ils ont besoin d'intimité dans l'esprit, un endroit qui est sacré et sacro-saint, où personne ne met le nez. Une sorte de chambre intérieure pour soi, en propre.

Le Mercure astrologique est la planète de la jeunesse et de l'enfance, mais aussi la planète qui gouverne nos perceptions, nos cinq sens ensemble, et toute notre capacité à intégrer et traiter les données et l'information etc. Mercure fait circuler les messages de certaines parties du cerveau vers d'autres, du cerveau vers le corps et vice versa. Mercure représente ainsi l'une des premières étapes de notre croissance, de notre discrimination et de notre compréhension. Mercure est à la fois nos cinq sens en tant que groupe ainsi que les perceptions extra-sensorielles en tant qu'états de conscience, c'est-à-dire le tempérament mercurien.

L'apparente stabilité du comportement des adolescents est directement liée à son "œuvre en développement" qui consiste en de très fluctuants décharges neuronales, connexions et flux chimiques. L'enfant peut être affectueux à un moment et, une minute après, il peut claquer la porte. Les connexions entre neurones, qui affectent non seulement les apprentissages émotionnels mais aussi les capacités physiques, intellectuelles et mentales, sont encore en train de se forger. Cela signifie qu'il est déraisonnable d'espérer que des adolescents organisent des tâches multiples ou qu'ils regroupent des idées abstraites qui n'ont pas leur origine en eux-mêmes. Ces connexions inachevées conduisent à ce qu'on appelle les syndromes de l'adolescence : agressivité, dépression, blues, égocentrisme et son pendant, isolement. Savoir qu'il y a des effets neurologiques et biologiques associés à ces comportements est utile, cela signifie qu'un peu plus de compréhension peut être offerte aux jeunes voyageurs et à leur parcours.

Cœurs insoumis

Dans le système limbique, où se sont générés des émotions brutes telles que la colère, la passion ou la joie extrême, il y a, au cours de l'adolescence, une période d'hyper-développement qui crée les crises de mauvaise humeur par lesquelles passe l'enfant. Et oui, cher adolescent, car le jeune cerveau adolescent est plus voisin de son cerveau d'enfant que de l'éventuel cerveau d'adulte qu'il aura.

Le système limbique, situé en profondeur dans le cerveau, est associé aux réactions instinctives, à l'urgence primale. C'est la fonction qui nous donne la chair de poule quand soudain nous voyons un gros serpent, ou quand nous rencontrons quelque chose d'effrayant, ou quand nos poils se dressent, expérience littérale des vestiges de fourrure qui se hérissait devant un danger, d'une peur ou, à l'autre extrémité du spectre, d'une surprise, d'un plaisir, d'une excitation ou d'un pressentiment.

Chez les adultes, l'urgence primale, ou les réponses émotionnelles limbiques, sont modulée dans le cortex préfrontal, la partie du cerveau qui est juste derrière le front, et qui agit comme une sorte de garde mental qui surveillerait toutes les parties du cerveau, y compris le sauvage système limbique. Le cortex préfrontal est le siège de la civilisation et nous savons que le comportement civilisé n'est pas encore installé chez l'enfant ou l'adolescent (ni chez les adultes aberrants).

Les fonctions exécutives ne font pas partie du cerveau adolescent. Prendre des décisions sages n'est tout simplement pas possible au quotidien et cela ne peut ainsi pas être espéré. Au fur et à mesure du développement de leur cerveau, leur capacité à prendre des décisions réfléchies et à fournir des réponses émotionnelles appropriées se développent aussi. Une expérience très documentée sur la fonction du système limbique et du cortex préfrontal chez les adultes et les adolescents à montré une chose plutôt remarquable. Des machines d'imagerie à résonance magnétique prennent des photos de l'activité du cerveau toutes les trois secondes afin de voir quelles parties du cerveau sont à l'œuvre durant certains types de processus. Les scientifiques ont découvert que les cerveaux adultes s'allument à la fois dans le des zones limbiques et dans le cortex préfrontal quand ils sont soumis à des images d'expression faciale de frayeur ou quand ils sont surpris soudainement. Leur système d'alarme est connecté à leur capacité de comprendre le degré de danger en quelques nanosecondes. Chez les adolescents, le cortex préfrontal était presque noir, pendant que le système limbique était allumé! Leur système d'alarme n'est donc pas encore connecté à leur fonction de rationalisation intellectuelle.

Ainsi, les jeunes adolescents ne sont pas encore suffisamment développés pour lire les signaux sociaux, comme les expressions faciales, le langage du corps ou tout autre message implicite que nous émettons inconsciemment.
  
En voyant sa mère froncer les sourcils, un adolescent pourrait lui dire "Qu'est-ce que j'ai fait. Pourquoi es-tu en colère contre moi?" alors que sa mère est en colère au téléphone contre quelqu'un avec qui elle vient d'avoir un désagrément. Ainsi, une fille de 15 ans peut ne pas savoir, en termes de cortex préfrontal, faire la différence d'une manière sensible. Limbiquement parlant, l'adolescente se précipitera hors de sa chambre, claquera la porte et se sentira abusée par sa mère qui a froncé les sourcils au mauvais moment. Pendant ce temps, la mère est exaspérée, pensant, et même disant, "Crois-tu vraiment être la seule personne au monde?" Silence.

Ainsi, au cours de cette période de croissance relativement longue, qui dure environ trois ou quatre ans, les parents sont, d'une certaine façon, plus importants qu'ils ne l'ont été à d'autres étapes du développement. La sagesse populaire dit que les expériences de la petite enfance créé les zones de premiers traumatismes, mais, clairement, ce n'est pas vrai. Les zones de premiers traumatismes sont en accord avec les transits personnels couplés à des événements numineux. Les deux facteurs ont besoin d'être présents ensemble pour que le traumatisme se produise. Et, quand il y a des transits génériques majeurs, des transits personnels natals et des événements, alors nous avons le matériau pour le traumatisme et la croissance.

Les traumatismes associés à des jugements défectifs, abusifs ou injustes provenant d'adultes et des parents sont bien plus douloureux et causent bien plus de dommages qu'à tout autre âge et dans de nombreuses voies de développement social. Parce que le déroulement de l'adolescence est marqué par la première opposition de Saturne à lui-même, cela déclenche une période de sérieuse réorganisation du principe homéostatique physiologique et psychologique (le principe du "reste-le-même").

Le danger des abus d'autorité, de l'hypocrisie et de l'ambivalence sont plus destructeurs à cet âge parce que Saturne lui-même en est la clé. Quand l'adolescent se cogne contre les autorités qui ne sont pas authentiques, alors, de bon droit, il éprouve du ressentiment, ignore les avertissements et les admonestations et se replie sur lui-même à la recherche d'auto-permission pour agir.

Le problème avec cette réaction tient au fait absolu que le cerveau de l'adolescent n'est pas préparé à une résolution de problèmes d'une telle magnitude, et c'est pourquoi il se sent seul, craintif, en colère et certainement menacé. Un renforcement positif de ce besoin de limites et de concentration qu'éprouvent les adolescents les aide à devenir plus capables d'intégrer, éventuellement, les bonnes décisions et les attitudes saines dans leur vie.

Utilise ton cerveau !

Le bon jugement est appris, c'est vrai, mais on ne peut pas l'apprendre si on n'a pas le matériel nécessaire. Ce matériel est installé durant la période au cours de laquelle le cortex préfrontal est en développement. Par exemple, les adolescents semblent incapables, à certains moments, de décider l'ordre selon lequel des tâches doivent être accomplies et trouvent qu'ils sont submergés quand ils ont à faire face à des décisions simples comme définir l'ordre dans lequel ils doivent laver les assiettes, parler à un ami des devoirs à la maison ou lire un livre en vue d'un exposé prévu pour cet après-midi en classe. Ils peuvent s'effondrer devant cette inondation de tâches fonctionnelles.

Le fait que les adolescents sautent avant de regarder quand ils sont dans une situation dangereuse est également normal. Leur mode de calcul paraît illogique. Un adolescent conduira sans ceinture de sécurité, il montra dans une voiture conduite par un compagnon en état d'ivresse, une jeune fille ira avec un homme inconnu sans réfléchir, ils fumeront des cigarettes alors que c'est un danger universellement reconnu etc. On pourra leur crier "Es-tu stupide?". Non, ils ne sont pas stupides mais ils "viennent" d'un endroit différent. Les parents et les adultes doivent être conscients de cela et, dans l'idéal, ils doivent écouter d'abord et guider en conséquence ensuite.

Il y a une attraction pour la nouveauté. La nouveauté est attrayante pour toute personne stimulée intellectuellement mais cette sorte de nouveauté a le frisson du danger. "Sexe, drogue et rock 'n' roll" était le thème médiatique de ma propre adolescence, mais ce n'était qu'une petite partie de l'archétype. En fait, c'était une affirmation collective de révolution politique, spirituelle, philosophique et de conscience, qui s'était nourrie dans la religion, la politique, la conscience du monde, l'économie, la liberté de parole et l'action!

Le sextile d'Uranus à lui-même à l'âge de 14 ans conduit à l'élan révolutionnaire et accélère l'individuation. La prévoyance prométhéenne qu'a l'adolescent est remarquable et doit être écoutée. De toutes façons, ils auront besoin d'auditeurs pour étudier l'affect émotionnel et ses tonalités stridentes afin de vraiment entendre le message du futur. Ils savent qui ils sont sur le point de devenir et ils sont le mégaphone du futur. Cela doit inciter les gens de plus que de 40 ans à les entendre car cela aura un impact sur les conditions de vie des années à venir.

"Les adultes sont obsolètes" 
par Mickey Van Der Stap, sur FlickR
Uranus a aussi à voir avec le témoignage. La personne sage témoigne de son propre comportement, le modère ou l'augmente ; un adolescent témoigne et généralement condamne la faute. Le dieu du ciel, Ouranos, duquel vient l'Uranus astrologique, était un dieu critique et masculin qui détestait l'imperfection. C'est ce que fait aussi l'adolescent, en particulier pour ses propres défauts apparents. Une grande compassion peut venir de cette critique... Elle peut aussi apporter la dépression et la rage.

Une quête pour les parents

Dans l'Odyssée, le poème d'Homère du VIe siècle avant Jésus-Christ, le fils d'Ulysse, Télémaque, part à la recherche de son père. Le poème "Les aventures de Télémaque" est une mise en scène intérieure du conte de la quête du père. C'est une situation archétypique où le fils doit trouver son père. Ce faisant, il doit alors dépasser les faiblesses et les défauts de son père ainsi que les siennes. La recherche du père est une recherche intérieure souvent jouée comme une authentique recherche de sens et de contacts avec le père actuel. Pour les garçons qui n'ont pas de bonnes relations paternelles, qu'il s'agisse de leur père ou d'un homme significatif autour d'eux, leur voyage vers le père est long, difficile et parfois jamais complètement achevé.

Le voyage masculin implique, en partie, une séparation d'avec la mère et, même si cela pourrait paraître sévère, elle est aussi nécessaire que la coupure du cordon ombilical à la naissance. Une mère sait dans son cœur que cela doit arriver et si elle est habile à le faire pour son fils, alors elle aura toujours un champion. Si elle ne renonce pas à ses propres projections sur son fils, alors elle aura toujours un bébé. Pour paraphraser Robert Bly, le poète, "Il pourrait avoir à voler la clé de la cage de l'homme sauvage (sa propre masculinité) de dessous l'oreiller de la mère endormie". Un homme attaché à sa mère après 18 ans aura des moments difficiles avec les femmes dans sa vie adulte.

Les femmes aussi recherchent le père, mais souvent pour l'apaiser, pas pour le renverser. Agamemnon et son frère Ménélas attendaient de naviguer vers Troie avec leurs troupes et un millier de navires. Au milieu de l'assemblée des hommes et des bateaux, un cerf, dédié à l'indépendante déesse Artémis, fut tué dans un moment d'ennui par l'un des hommes qui attendaient. En punition, Artémis calma la mer et ordonna qu'Agamemnon sacrifie ce qu'il avait de plus précieux, c'est-à-dire son adorable jeune enfant Iphigénie.
  
Iphigénie fut envoyée au sacrifice, sous le prétexte d'un mariage avec Achille. Après avoir compris ce que son propre destin serait ensuite, elle supplia son père de la sauver et courut sauvagement à travers la forêt, comme un jeune cerf, et finalement, épuisée, elle revint et s'offrit elle-même en sacrifice.

Nous sommes amenés à croire qu'elle est vraiment allée à l'autel de plein gré, héroïquement. Est-ce l'autel du mariage ou celui du sacrifice ? Ce n'est souvent pas clair dans la vie de certaines adolescentes. Et les pères, bien que n'étant pas toujours aussi coupables qu'Agamemnon, ont souvent sacrifié leur fille adolescente pour moins que la réputation de l'armée grecque.

Il est essentiel qu'une fille adolescente soit autorisée à s'individuer à l'écart de sa mère, en particulier si elle lui ressemble beaucoup. De matrice à matrice, le destin d'une femme est tissé et le destin d'une fille ne doit pas être de porter la douleur de sa mère, ce qu'elle fait souvent volontiers. Ainsi, en étant capable de se définir elle-même comme "pas-mère", elle parvient généralement à une conclusion confortable quant à son propre rôle, ce que sa mère fait aussi. Une jeune fille adolescente a besoin de sentir qu'elle est sa propre femme, plutôt comme Perséphone qui mange la grenade mais retourne aussi à la Terre, et donc à sa mère, pour réaliser sa destinée comme une femme complète et auto identifiée.

Beaucoup d'archétypes féminins sont répandus actuellement, c'est le retour de diverses déesses différentes d'Héra, la femme obéissante, ce qui signifie que des nouveaux modèles sont disponibles pour les femmes. Tout comme les hommes, les femmes ont vu leur centre s'ajuster de façon brutale dans la dernière partie du XXe siècle, et maintenant que nous sommes au début du XXIe siècle, il est trop tôt pour prédire ce qui en ressortira collectivement.

 Icare et Perséphone : des adolescents archétypiques en liberté

L'aspect le plus stupéfiant de l'adolescence est sa préoccupation quant à la mort, alors qu'elle n'est pas encore à bord. C'est un temps de la vie où d'indulgence dans l'existentialisme est à son plus intense niveau. Les adolescents sont obsédés par la mort. C'est la première fois dans la vie que les grosses questions sont posées et que les réponses sont attendues. Les adolescents sont fascinés par le domaine noir d'Hadès. Ils craignent la mort et, pourtant, ils vont souvent la chercher, consciemment ou inconsciemment.

"Personal apocalypse" par Victor Perez, sur FlickR
Quand nous achoppons sur notre mortalité (et certains adolescents ont expérimenté la perte d'un grand-père ou d'une grand-mère, d'un parent même, ou d'un membre de la famille), nous sommes soudainement plus sobres. Pourtant, c'est la crainte même de la mort qui catapulte l'adulte en devenir dans des positions de danger extrême! Le paradoxe! Éros et Thanatos sont piégés dans une empoignade passionnée. La force de vie (Éros) et le désir de mort (Thanatos) sont toujours jumelés mais les adolescents ne font que débuter dans cette dialectique.

Et il/elle la travaille énormément. Les actes pour défier la mort, la terre abandonnée de l'adolescence, la nuit noire de l'âme sont toutes les romances de la jeunesse. Donnez du danger aux adolescents, donnez-leur des frissons, des défis et des expériences qui altèrent la pensée, si vous pouvez, de celles qui les connecteront à la perception, à la discrimination, à la survie émotionnelle et au frisson du succès. Ils ont besoin de trouver des moyens pour aligner leur sauvagerie avec leur civilisation, et découvrir que la façon de le faire est un grand défi, à la fois pour les adultes et pour les adolescents.

Les neurones qui relient les centres émotionnels aux nombreuses autres parties du cerveau et qui produisent les sensations de plaisir intense sont les mêmes que les ensembles de neurones qui sont affectés par certaines drogues, la cocaïne, la méthédrine et tous les composants associés qui sont "speed" et stimulants. La recherche du frisson est une part de la croissance. Je l'appelle le "stade de l'immortalité", que l'on avance dans un désespoir existentiel ou que l'on se jette du haut d'un immeuble. Ce phénomène est également présent dans la psyché des puer/puella, dans la psyché d'adultes qui n'en ont jamais assez du frisson des défis à la mort, comme la course, le deltaplane, le saut à l'élastique, la saoulerie ou le plongeon dans des relations multiples. Les actes dionysiaques de l'extase sont une part de la ferveur religieuse de l'adolescent, et, ils étaient, dans le monde antique, des rituels destinés à internaliser les dieux et à "être en dehors de soi", la signification littérale de ex-stase.

La phase d'immortalité va de pair avec cet aspect "recherche du frisson" des jeunes adultes. Pluton, celui qu'on ne voit pas, devient soudainement exotique, érotique et désirable.

La décharge de dopamine, l'un des produits chimiques du cerveau, ou neurotransmetteur, est responsable des expériences action/stimulation. Que les shamans de toutes cultures emploient la méthode extatique pour la guérison et la divination en dit long. L'adolescent recherche la dévotion ou la proximité de la divinité. Ce désir, quand il est dépassé, est appelé vanité. Tristement, les adolescents ne sont pas exempts de vanité et, comme nous allons le voir, il y a des prédécesseurs mythologiques.
Peu de choses ont changé depuis qu'Icare a volé trop près du Soleil et que Perséphone a été séduite par l'exotique Hadès.

Icare et Phaéton aux commandes

"Icarus" par You_Rate, sur FlickR
Icare était le fils d'un architecte éminent dans la Grèce antique. Dédale était un artiste légendaire dont on disait qu'il avait émigré, ou qu'il avait été exilé, d'Athènes vers la Crète, où il avait été imploré de construire une vache en bois pour Pasiphaé, la femme de Minos, le roi de Crète. Pasiphaé avait développé la compulsion obsessionnelle de faire l'amour avec un taureau sacré blanc, un cadeau que Poséidon avait fait à Minos. Le Minotaure est né de cette étrange union et Minos donna pour contrat à Dédale de construire un labyrinthe afin d'héberger et de cacher le Minotaure. Il y a déjà des allusions à la mécréance des adultes dans les origines d'Icare!

Après que Dédale eût terminé la construction du labyrinthe, il fut détenu par Minos qui l'emprisonna en Crète. Dédale conspira pour s'échapper et fabriqua des ailes de cire et de plumes pour lui et pour son fils adolescent Icare. Ils s'enfuirent de la côte crétoise et prirent leur essor haut dans le ciel. La griserie de la nouveauté et de l'aventure qui prit Icare n'était clairement pas régulée par son cortex préfrontal, son limbique était en pleine accélération et il s'éleva, encore et encore. Dédale lui cria "Arrête, arrête mon fils, tu voles trop près du Soleil! tes ailes vont fondre et tu vas tomber et sombrer!" Le reste, c'est le mythe, Icare vola trop près du Soleil, s'exposa vaniteusement à Hélios, ses ailes fondirent et il chuta dans la mer.

Est-ce que Icare pouvait s'aider lui-même? Dédale était-il un père irresponsable?

D'une façon similaire, pour Saturne en transit, je raconte l'histoire de Phaéton, fils d'Hélios lui-même. En bref, Clyméné, la mère de Phaéton, l'écarte de sa quête du père, cette quête propre à l'adolescence, puis ses pairs le narguent en déclarant qu'Hélios n'était pas vraiment son père. Hélios reçoit Phaéton avec joie, empli de gratitude d'avoir un fils demi-dieu si beau, lui demande ce qu'il attend le plus de lui. Phaéton regarde le chariot de son père, impatient de le conduire et demande à propulser le chariot du Soleil dans le ciel pendant une journée. Hélios réalise son erreur instantanément et essaie d'offrir un cadeau moins risqué, mais en vain...

Phaéton saute dans le chariot, bien qu'Hélios essaie de l'en dissuader puisqu'il l'aime beaucoup, en pleurant :

Attention mon fils! Je ne veux pas te donner
Le cadeau de la mort ; il est temps de changer ta prière
Évidemment tu veux la preuve la plus convaincante
Que je suis ton père. Je te la donne assurément,
Par la peur que j'ai. Il est prouvé que je suis père
Par une peur de père. Regarde-moi! Tu vois mon visage;
Verrais-tu mon cœur et toutes les attentions
Que je tiens là pour toi, mon fils.

Phaéton ne peut pas plus voir l'amour sur le visage de son père que ne le verrait n'importe quel adolescent enthousiaste au bord de l'aventure. Phaéton tient bon et Hélios, craignant pour l'univers, tend les rênes du chariot. Phaéton tangue et perd le contrôle à travers les cieux, semant la dévastation et la destruction dans son sillage. La terre se replie, les rivières s'évaporent et les dauphins se cachent car Phaéton ne sait pas dans quelle direction tourner les rênes, ne sait pas où se trouve la route et, même s'il le savait, il ne peut rien faire. Phaéton regrette trop tard son désir effréné, le chariot s'écrase et il est détruit.

Le flux de testostérone des garçons adolescents surpasse leur intellect, et ces contes sur les anciens fils ne sont pas très différents des nôtres.

L'amant fantôme de Perséphone

Le voyage de la femme est, lui aussi, assisté par les hormones. Ses besoins sont exactement les mêmes que ceux des fils, pour défier l'autorité de ses parents, pour être celle qui "fait différemment" et pour suivre son cœur partout où il la mène. Mais plutôt que "haut" dans les cieux, comme dans le cas du voyage du garçon, c'est vers le "bas", dans la terre, comme l'est la place de la femme.

"Asphodèles" par Baptiste Monsionsur FlickR
Perséphone, la fille de la déesse terre Déméter et du dieu du ciel Zeus, vagabondait avec ses amies dans les champs d'asphodèles pendant une pause dans leur travail scolaire. On avait prévenu les filles de ne pas se séparer et de rester ensemble, pour qui sait ce qui rôde et menace la sécurité du groupe des femmes.

Perséphone, déesse elle-même, se sentit peut-être exemptée de telles admonestations, tout comme les intelligents adolescents mortels se sentent exempts les avertissements des maîtresses d'école ennuyeuses et des mères trop zélées.

Inévitablement, elle s'en alla au loin, perdue au milieu d'une de ses rêveries, attirée peut-être par la senteur douce-acre des fleurs de narcisse groupée sur une colline particulière, menant à un petit ravin. Elle s'y attardait, dans un petit vallon plein de narcisses, quand soudain, le sol s'ouvrit, un chariot doré en sortit, conduit par un maître invisible. Elle fut prise.

"Pomegranate2" par Michael Porter,
 sur FlickR
La majeure partie de l'histoire de Perséphone prend place dans le splendide royaume d'Hadès, le monde souterrain des brumes. Et, comme les pères des histoires précédentes, Déméter était folle d'angoisse et de chagrin. Son histoire est l'histoire de toutes les mères qui perdent leur fille dans les mystères de la féminité. Déméter passa une année entière dans un état de deuil violent, cherchant sa fille disparue et combattant pour son retour ; puis un berger, Triptolème, lui dit que Perséphone avait été enlevée par Hadès, son propre frère!

Déméter sut alors exactement ce qui était arrivé et, dans sa maturité de type "cortex frontal", elle en compris les implications. Elle fit venir Zeus, le père de Perséphone, également frère d'Hadès, et demanda son retour. Zeus ne sembla pas penser beaucoup de mal de la défloraison de sa fille, que cela se soit passé en famille, etc.. Il y avait un piège.

Si Perséphone en venait à succomber à la séduction, symbolisée par le fait de manger trois graines du fruit du monde souterrain, la grenade, alors elle serait liée au dieu Hadès pour l'éternité.
Perséphone est facile à manœuvrer, comme le sont beaucoup de jeunes filles devant d'excitants, d'exotiques, de sombres mauvais garçons sur des motos ou des chariots d'or. Ensorcelée, elle se lia elle-même à Hadès et devint Reine du monde souterrain.

Mais Déméter était obstinée, comme le sont les mères. Elle employa Hermès pour qu'il agisse comme messager et un marché fut conclu. Perséphone serait autorisée à revenir à la surface de la terre pour une certaine partie de l'année, et ensuite à retourner vers son mari-amant pour l'autre partie de l'année. Cette histoire est à l'origine de l'école des mystères de Déméter ainsi que du mythe fondateur des saisons sur terre, mais ce qui est le plus important pour nous maintenant, c'est le parallèle mythique entre l'histoire d'amour, la séduction de la fille adolescente et la branche maîtresse de la féminité, aspirant à l'amour dans des endroits sombres et mystérieux.

L'arrivée de l'âge

Ainsi, on le voit bien, tous ces développements neuronaux et cette discrimination chimique, en parallèle avec l'émergence des hormones sexuelles, défient la stabilité de l'adolescent pour, en gros, quatre ou cinq ans. Des accès de testostérone à la puberté font gonfler l'amygdale, une partie du système limbique en forme d'amande qui génère les sensations de peur et de colère. Le prix à payer pour ces poussées est l'irritation et l'agressivité, à la fois chez les garçons et chez les filles. Les hausses du niveau d'œstrogène à la puberté sont responsables d'une croissance soudaine de l'hippocampe, cette partie du cerveau qui dirige la mémoire. Plus l'hippocampe est grosse, meilleure est la mémoire.

L'hippocampe chez les filles s'accroît proportionnellement plus qu'elle ne le fait chez les garçons. Cela aide à comprendre pourquoi les femmes sont meilleures que les hommes pour se rappeler la complexité des relations sociales, à organiser et à gérer des tâches multiples tout en étant à l'écoute des affects émotionnels de la situation.

On pense que l'une des dernières étapes de la maturation du cerveau est l'enrobage des nerfs avec la matière blanche, la myéline, qui est, en quelque sorte, comme un isolant autour d'un câble électrique. Cet enrobage permet aux impulsions électriques de traverser un nerf plus rapidement et avec une meilleure efficacité. Ainsi, un très jeune enfant est moins coordonné qu'un enfant de 10 ans. Il apparaît maintenant que l'étape finale de la maturation neurologique et psychologique n'est pas terminée avant l'âge d'une vingtaine d'années, aux environs et après le carré décroissant de Saturne à lui-même à l'âge de 21 ans et à proximité du second retour de Jupiter à 24 ans.

"Synaptic Gasp: Cool Cosmic Mountains"
par Maureen Flynn-Burhoe, sur FlickR
Les nerfs qui commencent à être gainés de myéline pendant l'adolescence se connectent à des zones du cerveau qui régulent les émotions. Le jugement et le contrôle de l'impulsivité (ce vieux limbique!) se forment plus tôt chez les filles que chez les garçons. Cela peut aider à expliquer pourquoi les filles adolescentes, bien que toujours insoumises, sont souvent plus mûres émotionnellement que les garçons. Il y a manifestement des croisements et des myriades de combinaisons, mais des filles qui sont essentiellement du type signes de feu ou d'air sont plus impulsives que des garçons qui sont essentiellement du type signe de terre ou d'eau.

Tout cela implique que nous effectuons un câblage de notre cerveau pendant l'adolescence... Et que nous avons donc quelques choix. Instinctivement, beaucoup d'adolescents sont conscients de ces modifications à l'intérieur d'eux-mêmes et ils cherchent des moyens pour développer certains aspects d'eux-mêmes qu'ils réalisent progressivement. Par exemple, est-ce que le jeune homme veut se "câbler" lui-même au sport? à la physique? à une profession d'aide? à des aspirations littéraires? à la musique, à la danse, à l'art? Ou bien se greffe-t-il au crime? aux drogues? à la violence? au désordre? à l'apathie? Tout est là!

Cet important travail de câblage signifie que les enfants sont plus sensibles que les adultes aux effets des drogues, de l'alcool, du tabac et de la marijuana. Ce n'est pas une chose "cool" parce qu'il est possible que cela altère de façon permanente l'équilibre de la chimie du cerveau et qu'ainsi la psyché ne puisse se déployer telle qu'elle a été semée. Les "bourgeons" de la psyché doivent changer de destination pour s'adapter à la stimulation synthétique.

C'est une bonne idée d'autoriser cet équilibre pour le réaliser dans la mesure du possible. C'est pourquoi les adolescents doivent être encouragés à éviter ces genres de choses, et certainement pas parce qu'elles sont illégales (même au Maroc et dans certaines parties de l'Inde, où le haschisch est un style de vie traditionnelle, ce privilège n'est accordé qu'aux personnes les plus âgés. De la même façon, en Asie et en Orient, où pendant un temps l'opium était une drogue autorisée pour les adultes, elle n'était pas tolérée pour les jeunes hommes).

Le cerveau des adolescents ne connaît que les lois naturelles, pas les lois mandatées. Les menaces d'emprisonnement, la séparation de biens, le fouet ou les humiliations publiques ne marchent pas. Souvenons-nous du frisson limbique lors des aventures dangereuses : est-ce qu'Icare à écouté Dédale? Est-ce que Perséphone a pensé "Si je mange les grains de la grenade, je serai unie à Hadès pour l'éternité, ce qui va vraiment perturber ma mère?" Non. Ni l'un ni l'autre ne l'a fait.

Aphrodite Uranie était assistée par Kronos, elle a un rôle dans le développement émotionnel et social, qui est si turbulent durant l'adolescence. Un aspect d'opposition est un aspect de type Balance avec une implication de la maison un à la maison sept. La déesse duale arrive avec son assistant, Éros, avec ses ruses et ses tracas. L'adolescent est élevé à la plus haute place de l'amour platonique de la vérité, de la beauté, de la sagesse et il est complètement plongé dans la jouissance, la sexualité et un monde sensuel qui lui est propre.

De la même façon, c'est le premier moment où une jeune personne expérimente l'amour à un niveau de parité, et qu'elle tombe souvent amoureuse d'une mentor plus âgé ou d'une figure héroïque ou d'un acteur célèbre, en tant que circonstance sécurisée de pratiquer l'amour et de vivre des histoires d'amour. Quand le besoin d'avoir des relations devient plus vif, aux environs de 15 ou 16 ans, la capacité à l'autoanalyse prend de la profondeur. Les adolescents deviennent poètes, philosophes, artistes et tous explorent ardemment l'immensité de l'univers pour la première fois. Alors ils commencent à remarquer celles et ceux de leur âge et tombent amoureux de partenaires plus accessibles, une personne de son propre groupe d'âge.

Dans cet ensemble, le domaine d'Aphrodite continue au fur et à mesure que l'adolescent se développe plus profondément dans cette phase transitionnelle. Aphrodite ne gouverne pas seulement l'amour et le désir, elle symbolise aussi les valeurs, la justice et l'éthique. Tous ces aspects de la psyché humaine sont, en premier lieu, réellement expérimentés au sein de groupes d'adolescents et dans chaque jeune personne elle-même. L'opposition de Saturne à la fin de l'enfance est le temps où toutes les valeurs imposées par l'extérieur sont défiées, où elles font défaut ou sont modérées en fonction de chaque individu et, plus significativement, en fonction de l'époque dans laquelle l'adolescent se trouve. Elle préfigure ainsi la future égide de cette génération. Il y a beaucoup de pleurs, "Ce n'est pas juste!". Un parent sympathique sera d'accord avec cela, il y a plein de choses qui ne sont pas justes. Ils ont besoin de trouver la justice dans le monde telle qu'elle a été semée en eux-mêmes.

Le rassemblement des tribus

 "Eagle Totem, Stanley Park"
par Kris Krüg, sur FlickR
Jupiter est le dieu-planète des croyances organisées, de l'affiliation tribale, des représentations idéologiques, des individus en transition et des dogmes consensuels. L'affiliation à une tribu est tellement importante dans le processus de l'adolescence. Parce que les adolescents sont des êtres en transition, ils sont sacrés à Zeus et à Hermès, guides de leur âme liminale et de la personne en voyage ; et, à propos, à Hécate, la déesse du monde souterrain. L'adolescence, c'est quand nous identifions non seulement nos affiliations philosophiques mais aussi notre individualité en relation avec le collectif.

Dans des cultures indigènes, les tribus sont identifiée par leurs marques : bijoux et ornements, coiffures, vêtements ou, par voie de conséquence, absence de vêtements, tatouages, piercings, scarifications, voitures, motos, skateboards, hiérarchies sociales (hi-tech, gothique, hippy, polard, sport, toxico punks, etc.), idéologies, orthodoxies, hétérodoxies, athéisme, panthéisme, naturalisme, intellectualisme.

À ce moment de la vie où l'individualisme est si important, les enfants semblent être attachés au plus haut point à se labelliser eux-mêmes en accord avec un implicite et troublant "appel de l'aventure" ; même ceux qui se tiennent à l'écart du statu quo des gens rangés ont une aura qui leur est propre, l'outsider, le marginal, l'obsessionnel, le gros garçon, l'idiot, etc. Toutes ces choses que nous n'aimons pas admettre quand nous sommes limbiquement sophistiqués... Tous ces rituels de classement devraient nous aider à réaliser que l'adolescent exprime son Moi le plus profond, pas le Moi raffiné et semi-civilisé de la personne qui émergera au premier retour de Saturne, aux environs de 29 ans.
Franchir le seuil : donner du sens à tout cela

Au cours de la 18e année, Saturne forme un trigone à lui-même qui, puisqu'il s'agit d'un trigone décroissant, a les qualités de Jupiter, de la Maison IX et du Sagittaire. Les expériences de la période qui va de 14 ans à 18 ans sont maintenant appliquées à une philosophie en action. Cet âge coïncide également avec le cycle de Saros, le retour des nœuds lunaires sur leur axe natal. Les nœuds sont associés à l'incarnation et au but de la vie incarnée. Un chemin de vie émerge souvent de cette phase, une structure de travail commence à se développer et les étapes finales de la phase liminale de l'adolescence sont techniquement achevées. C'est le temps de la manifestation créative des essais et des tribulations, des succès et de la sagesse acquise au cours de la transition adolescente.

Très souvent, un appel de la vocation se fait entendre, vers 18 - 19 ans, vocation qui sera révisée et déplacée à un autre niveau au retour nodal suivant, soit à l'âge de 38 ans, au milieu de la vie. C'est ainsi que commence le modèle en action de l'adulte en devenir.
Revenons sur l'esprit jupitérien de cette phase, qui annonce la liberté de penser et d'agir. Le monde de la justice et de l'éthique part à la rencontre de l'esprit du philosophe plein de jeunesse. Comme lors de l'opposition de Saturne, où le sentiment de justice se développe à un niveau interpersonnel (influence de Vénus), cette période voit elle aussi croître le sentiment de justice ; de toutes les façons, il y a une implication dans un collectif plus vaste et un sens puissant de la justice sociale. La maturité apporte à l'esprit une conscience politique, c'est-à-dire des mécanismes complexes et des structures comportementales qui sous-tendent les interactions entre personnes dans la société. Les matières politiques et judiciaires, les conditions dans lesquelles le monde évolue et les idéaux qui créent les sociétés nouvelles sont des centres d'intérêt infinis pour le nouveau citoyen.

Bien que le câblage du cerveau soit encore en train d'achever son circuit, la dernière poussée du limbique et la mise en place, rapide et envahissante, des sensibilités du cortex préfrontal créent le futur, le vôtre et le mien.

Alors, quand vous dites à votre adolescent, apparemment stupide, "Utilise ton cerveau", croyez bien qu'il le fait, et plus activement, plus radicalement, d'une façon plus intéressante et avec plus de défis que vous ne le faites!