COMMENT BATTRE LE TEMPS, par John FRAWLEY

Un client entra un jour dans le cabinet, magnifiquement vêtu, un poulet dodu à la main en guise de paiement. "Ce que j'aimerai savoir", demanda-t-il alors que je l’invitai à s’asseoir dans la pièce de consultation, "c'est : vais-je mourir ?" Je me frottai les mains avec enthousiasme et m'apprêtai à monter le thème quand, à ma grande déception, je me réveillai. Car telle est la réalité de l'astrologie horaire : les gens ne veulent pas seulement des prédictions, ils veulent des prédictions datées. Et c'est là, hélas, que réside la difficulté.


Traduit de l'anglais par Michèle Castille

Cet article fait partie d'un dossier spécial "Astrologie horaire" constitué par Irène Andrieu et qui comprend : 
  • "La magie des interrogations célestes", par Denis Labouré
  • "Le commencement de la sagesse, les 120 aphorismes d'Ibn Ezra", synthétisé et commenté par Irène Andrieu
  • "Règles et controverses en astrologie horaire", par Maurice McCann
  • "Technique du thème horaire", par Alexander Ruperti
  • "Comment battre le temps", par John Frawley

Horloge solaire de la cathédrale de Brunswick - Photo D. Castille
Trouver l'événement en lui-même est généralement facile, trouver le temps de la réponse est plus difficile, comme nous le fait comprendre une lecture attentive de William Lilly. Nous l'imaginons, en effet, en train de chercher maladroitement, encore et encore, une réponse plausible à l'aide de ses propres connaissances ou grâce au demandeur assis devant lui, acceptant les suggestions ou les rejetant jusqu'à ce qu'un résultat satisfaisant
finisse par émerger. La réponse spectaculaire, celle où le moment précis s’annonce de lui-même avec une clarté indiscutable, peut exister, mais, la plupart du temps, la date exacte d'un événement particulier ne se révèle qu’après nombre de précautions et d’incertitudes.

C'est à la fois salutaire et inévitable. D'un côté, cela tient en échec l'ego bourgeonnant de certains apprentis astrologues. De l’autre, en scrutant le temps, nous considérons la substance même dont notre astrologie est constituée. Nous n’observons pas tant le cadran de la pendule où les événements qui marquent le temps sont indiqués que la mécanique même de la pendule. La consistance du temps est assurément plus complexe que le simple déroulement des événements.

Concernant la nature du temps, les conclusions vers lesquelles la pratique d'une astrologie précise et contrôlable nous conduit ne représentent pas le moindre des bénéfices que nous tirerons à nous intéresser à la science céleste. Les deux œuvres-clés vers lesquelles nous pourrions diriger le lecteur curieux sont le "Mythe d’Er", de Platon, à la fin de sa "République" et "The anachronisme of time" (L’anachronisme du temps) de Iain Mackenzie (Norwich, 1994) qui, avec une imparable logique, clarifient les concepts sur lesquels il est nécessaire de s’appuyer. Mais nous dirigeons ici notre attention vers l’objectif le plus immédiatement pratique qui consiste à trouver la réponse dans le thème astral.

Nous supposerons que nous avons dressé notre thème horaire et jugé qu’il y aura bien un événement. Ce dernier est représenté par un aspect entre deux planètes, occasionnellement par une planète se dirigeant vers un angle du thème, ou même l'inverse (rarement). On ne doit cependant pas compter sur les aspects de planète à angle pour signifier un événement (cf. note 1). La planète du demandeur (cf. note 2) appliquant à la cuspide du sujet, quoique Lilly puisse dire le contraire, tend à indiquer un désir plutôt qu’un accomplissement et ne donne pas une réponse fiable, excepté lorsque l'événement est plus ou moins certain.
   
  • "obtiendrai-je ce travail?" avec le maître de I appliquant au Milieu du Ciel : désir
  • "quand obtiendrai-je ce travail?" avec le maître de I appliquant au Milieu du Ciel : certitude.
  
"The astrologer", Emblems of Mortality
Parfois, la carte du ciel souligne un événement passé susceptible d’être daté. De telles cartes ne pas très courantes, mais elles sont les bienvenues en présence d’une question sur la date d’un événement à venir. Supposons que la question soit "Quand me remarierai-je?" et que sachions que notre sujet, une femme, a divorcé trois ans auparavant. La carte souligne que le significateur qui la représente s’est séparé de Mars, le maître naturel du divorce. Si la séparation a eu lieu à Y degrés de Mars, nous savons que Y = 3 ans. Si le significateur doit parcourir deux fois Y degrés pour former un aspect appliquant parfait au maître de la septième maison (le significateur de la question), qui représente le futur mari, la conclusion est rapide : vous vous remarierez dans 2 x 3 = 6 ans. C'est comme si nous pouvions découvrir dans le thème sa propre échelle de calibrage, nous permettant de tirer des conclusions très précises et très fiables.

Rares sont cependant les cartes du ciel qui permettent de dater de tels événements passés ou de le faire avec suffisamment de clarté pour être utilisées. Nous avons donc besoin de trouver autre chose et c'est là que cela se complique.

Pour des raisons difficiles à comprendre, les étudiants font invariablement preuve de la plus grande résistance à absorber ce qui suit. Nous suggérons donc que ceux qui souhaitent vraiment travailler sur ce sujet, trouvent le moyen de s’enfoncer le raisonnement suivant dans le crâne.

Nous supposerons que notre carte montre un aspect appliquant. Si ce n'est pas le cas, il n’existe pas d’événement, il n’y a donc pas lieu de le dater. En revanche, si cet aspect existe, nous pouvons décompter le nombre de degrés entre la position actuelle des planètes et leur position au moment de la perfection de l’aspect (cf. note 3). Ce nombre de degrés représente le nombre d'unités de temps existant entre l’instant où la question est posée et celui de la réalisation de l’événement.

Transit ou aspect?

Jusqu’à présent, c’est assez facile, mais le raisonnement n’est pas aussi simple qu’il y paraît. Généralement, nous suivons la réalité astronomique en considérant que la planète appliquée (cf. note 4) ne va pas rester à attendre que l'autre la rattrape. C’est pourtant ce que nous prenons parfois en considération, comme si cette planète appliquée attendait tranquillement que la planète appliquante forme l’aspect souhaité. Mais ce qui est en jeu, dans ce dernier cas n’est pas un aspect, mais un transit.

Détail d'une horloge du Moyen-âge, musée de Louvain, Belgique - Photo D. Castille

Exemple : admettons que notre événement soit signifié par Mercure appliquant en aspect à Mars. Mercure figure maintenant à 8° du signe où il se trouve, Mars à 12° dans le sien. En consultant les éphémérides, nous constatons que l’aspect exact se produira quand ils seront situés à 16° dans leurs signes respectifs. Puisque Mercure doit parcourir 8° pour réaliser l'aspect, notre conclusion sera donc que l'événement se produira dans 8 "quelques choses" : jours, semaines, mois, années, ou autres... Mais, nous pouvons aussi considérer que Mars demeure dans son degré et qu’en prenant la distance existant entre les positions actuelles des planètes, nous trouvons seulement 4° et donc, quatre jours, semaines, mois etc.

"Alors comment savoir s’il faut rechercher un aspect réel ou seulement un transit?"

Je ne sais pas. Je n'ai pas trouvé de recommandations fiables, ni dans les textes, ni dans la pratique. Je suggérerais que le seul guide réside dans le fait que, dans beaucoup de cas, une seule des réponses a du sens dans le contexte de la question tandis que l’autre n’en a pas.

J'estime que c'est ce que Lilly devait faire pour nombre de ses appréciations, en prenant en compte le contexte vécu par le client et sa propre connaissance de la réalité de la situation. Supposons que nous demandions "quand le Roi sera-t-il exécuté?". Le jugement type "transit" nous donne trois jours et celui de type "perfection de l’aspect" nous en donne six. On peut prendre en compte le fait que le procès n'est pas encore terminé, et que, lorsqu'il le sera, cela prendra du temps pour construire l'échafaud et organiser les ventes ambulantes. La réponse qui a le plus de sens est donc six jours.

La règle d'or dans tout ce qui concerne le temps, comme dans tout ce qui concerne l'astrologie, c'est que nous n'avons pas à être parfaits. Nous avons le droit de juger que cela pourrait avoir lieu dans trois jours mais, considérant tous les éléments, il est plus probable que ce sera dans six jours.

Tout se passe comme si nous devions jouer un morceau de musique et nous devons nous permettre de l’interpréter. Nous pouvons le jouer de manière souple ou plus carré, mais nous le jouons, de toutes façons. L'essentiel est que nous apprenions nos gammes, ou alors nous ne pouvons pas jouer du tout.

Déterminer l'unité de temps

Donc, disposant du nombre d’unités de temps, nous devons maintenant trouver quelle est l'unité appropriée.

Horloge de la place Gutenberg à Strasbourg- Photo F Perrin
Lilly n'apporte que de la confusion sur le sujet. Par exemple, il prend deux échelles différentes de temps et ensuite les rattache toutes les deux à des unités fixes. Il suggère, par exemple d’accorder aux maisons angulaires la durée d’une année. Ce qui la plupart du temps ne nous aide pas du tout. Imaginez que votre question soit : "quand mon petit ami va-t-il me téléphoner?". Un an? Ce n’est guère pertinent. Alors mettez Lilly de côté et suivez le raisonnement.

N’importe quelle question induit son propre cadre temporel qui peut être court, moyen ou long. Pour l'adolescente amoureuse qui attend l’appel téléphonique, les minutes peuvent être considérées comme courtes, les heures de durée moyenne et les jours longs. Pour la cliente plus âgée qui demande "Quand rencontrerai-je un homme qui me convienne?", les années peuvent correspondre à la durée la plus longue, les mois à la durée moyenne et les semaines à la période la plus courte. Les trois unités se succèderont : nous n'avons pas de minutes, ni de mois et ni d'années.

"Oui, mais ce supposé cadre temporel limite les possibilités
de ce que la carte peut nous indiquer".

Non, pas du tout. Nous pouvons prendre en compte la perfection de l’aspect à moins d’un degré. Décider que les années, les mois ou les semaines représentent l'éventail raisonnable des choix pour répondre à la question de la dame la plus âgée ne coupe pas pour autant les ailes de Cupidon. La perfection à moins d'un degré avec notre option la plus rapide pourra toujours donner "cet après-midi !"

Pour décider quelle unité de temps nous allons choisir, nous n’allons retenir que le signe et la maison dans lesquelles se trouve la planète appliquante. Ignorez le signe et la maison dans lequel se trouve la planète appliquée. Ignorez-les, quoi que vous en pensiez.

Dans notre cadre temporel "raisonnable" de la question, les signes fixes donneront l'unité de temps la plus longue, les cardinaux la plus courte et les mutables la moyenne.

Ça, c'est la partie facile. La difficulté survient quand nous introduisons les maisons car il peut exister une contradiction intrinsèque. De par leur nature, les maisons angulaires s'assimilent aux signes fixes et indiquent ainsi l'unité de temps la plus lente. Les cadentes, telles qu'on pourrait l'attendre d'une maison qui est littéralement " en chute" donne la plus rapide ; les succédentes la durée de temps moyenne. Combiner la maison et le signe nous donnera, par exemple, long + long, ce qui doit indiquer notre plus longue unité. Ou alors court + court, qui est notre plus courte unité. Toute autre combinaison nous donnera notre unité moyenne.

"Mais ce n'est pas équitable, Monsieur l’arbitre."

C’est vrai, ce système de référence penche lourdement en faveur de l'unité moyenne. Cela en dit probablement long sur la nature des choses mais si le thème veut nous indiquer la plus rapide ou la plus lente, il est tout à fait en mesure de le faire.

Maintenant, en ce qui concerne la contradiction : les maisons angulaires sont lentes par nature. Mais une planète en maison angulaire a beaucoup de dignité fortuite. La dignité fortuite augmente le pouvoir d'action de la planète. Si cette planète veut agir, elle est bien capable de le faire, et certainement d’agir vite. Ainsi, les maisons angulaires sont rapides.

La volonté comme facteur déterminant

Horloge de l'hôtel de ville d'Heilbronn - Photo D. Castille
La clé est le mot "veut", la question de la volonté. Si les choses se déploient selon leur nature, tout ce qui se trouve dans une maison angulaire se développera lentement. Si ce quoi que ce soit ou qui que ce soit signifié par une planète est relié au fait d’agir dans le contexte de la question, et si, et seulement si, les réceptions montrent qu’elle veut agir, elle agira rapidement. Cette contraction intrinsèque, en apparence, est la raison pour laquelle Lilly fournit deux tables apparemment contradictoires.

Exemple : je demande "quand arrivera le chèque?" et je trouve que le significateur du chèque est en maison angulaire. Il n'y a rien que le chèque puisse faire pour accélérer sa propre arrivée. La maison angulaire suggèrerait une unité de temps lente.

D'un autre côté, quand les femmes asiatiques posent la question "quand rencontrerai-je l'homme que j'épouserai?", il est courant de trouver leurs significateurs dans les maisons angulaires. Une fois qu'elles ont pris la décision de se marier, elles peuvent faire beaucoup pour activer le processus, au contraire de Bridget Jones qui ne peut rien faire qu'attendre l'irruption de Cupidon dans sa vie. Si ces significateurs angulaires nous renseignent par un aspect appliquant et si (comme le fait qu’elle paye pour poser la question nous le laisse espérer,) leurs réceptions montrent qu’une demanderesse cherche vraiment à se marier, nous pouvons considérer que l'angularité indique une unité de temps rapide, parce qu'elle a le pouvoir de prendre sa décision et qu’elle souhaite l'utiliser.

De façon similaire, si un pseudo-Napoléon demande "quand vais-je conquérir le monde?" et que nous trouvions ses significateurs dans des maisons cadentes, même s'il y existe entre eux un aspect appliquant, nous devons prendre en compte une unité de temps lente car il dispose de bien peu de pouvoir d’action.

Déjà perdu? Jetons encore quelques ingrédients dans le ragoût.

Ce que nous connaissons maintenant est le nombre de degrés requis pour réaliser la perfection de l’aspect, ce qui nous donne le nombre d'unités de temps, et la combinaison signe/maison de la planète appliquante, qui nous indique de quelles unités de temps il s'agit. Cela fonctionne dans bon nombre de thèmes. Je suggérerais d'utiliser cela, à moins que le bon sens ne dise que la réponse n’a pas de signification dans le contexte de la question. Comme c’est le cas dans l’exemple ci-dessus.

Dans certains thèmes, nous considérons seulement le signe de la planète appliquante, et pas sa maison. Quels thèmes? J'aimerais être capable d'établir une règle, mais je n'en ai jamais trouvé. Ils ressemblent simplement à des thèmes qui ne seraient composés que de signes. Quand vous aurez assez d'entraînement, vous exercerez votre œil en direction de ces thèmes. Pour bon nombre d’entre eux, la planète appliquante se trouve en signe fixe, mais, comme avec les "règles" empiriques de Lilly, cette suggestion devra être traitée avec précaution.

Variations du temps trouvé


Musée des Beaux Arts de Rouen - Photo D.  Castille
Le nombre d'unités de temps, tel que le nombre de degrés le définit, est sujet à changements. Si la planète appliquante bouge significativement plus vite ou plus lentement qu'à sa vitesse habituelle, elle prendra plus ou moins de temps pour couvrir le même nombre de degrés. Nous pouvons, si nous le souhaitons, ajuster le nombre. J'ai daté des prédictions avec un degré de précision inutile en calculant attentivement la proportion exacte avec laquelle la planète est plus rapide ou plus lente, mais, bien que de telles démonstrations de virtuosité sont d’amusantes astuces, il y a un petit souci avec elles. "Un peu" est toujours assez précispour un ajustement...

NB : la vitesse de la planète appliquante, dans la mesure où nous somme suffisamment "Vierge" pour la prendre en compte, affectera seulement le nombre d'unités de temps. Elle n'affectera pas notre choix de l'unité de temps. Gentil lecteur, s'il vous plaît, écrivez cela 500 fois pour être sûr de bien le faire pénétrer dans votre tête.

Les signes doubles rendent les choses plus lentes. Nos confrères tournés vers la psychologie nous diront que c'est parce qu'ils sont bien trop occupés à parler, à se faire du souci ou à aller au café pour s'embêter à agir. Ici aussi, cela affectera le nombre d'unités de temps, par leur nature.

En pratique, il n'est généralement pas nécessaire de considérer ces facteurs comme efficaces, même s’ils le sont. S’évertuer à dire à notre cliente quelque rencontrera M. Correct à 10 heures 03 le lundi 28 satisfait seulement notre ego. "Aux environs de la fin du mois" est une précision tout à fait satisfaisante.
  
Si l'aspect se forme à une planète rétrograde, et qu’ainsi les deux planètes appliquent à la perfection de l'aspect, l'événement peut se produire plus vite que le nombre de degrés le suggérerait. Plus vite de combien? Généralement "un peu plus vite". Dans de tels cas, il vaut probablement mieux utiliser le nombre de degrés correspondant à la limite de temps maximale et déclarer "probablement plus vite".

Dans le cas où le thème fait apparaître deux aspects indiquant tous deux que l'événement se produira, on peut espérer que ces derniers évoluent vers le même résultat. Dans ce cas, "assez proche" correspond à un assez bon résultat. Par exemple, si l'un des aspects, correspond à 12 unités et l'autre à 3, une corrélation de 12 semaines = 3 mois donne un résultat suffisamment cohérent pour ajouter du crédit à notre prédiction. Nous pourrions, en principe, espérer que les deux périodes soient exactement congruentes, mais une telle attente fait l’impasse sur notre place dans le cosmos. Nous sommes bien conscients que les effets des progressions ou des transits ne se manifestent pas "exactement" comme nous pourrions les estimer dans l’étude du thème. Il en va de même avec le niveau de précision en astrologie horaire. Si les planètes nous envoient un ange, il lui faut du temps pour nous trouver parmi les brumes de ce monde de production et de corruption. Notre corporéité grossière résiste à la réponse immédiate que le thème pourrait suggérer.
  
Le vrai temps de la réponse

Dans le jugement horaire, nous ferions donc mieux de ne pas tenir compte de ce que nous considérons comme le temps réel. Beaucoup d’étudiants se cramponnent aux résultats donnés par les éphémérides, et n’arrivent pas à imaginer que la perfection de l’aspect indiquée pour mardi prochain puisse correspondre à un événement qui ne se produira que jeudi. Mais cela ne se passe pas de cette façon : ce que les éphémérides nous indiquent est le temps que nous percevons, qui est une illusion ; au mieux une approximation que nous pouvons facilement rapporter au temps tel qu’il est. Dans ce contexte, "Mardi prochain" est rarement une réponse convenable à "Quand rencontrerai-je l’homme qui me convient?"

Cadran sur la façade de "Les punxes", Barcelone
Photo D. Castille

En revanche, le temps des éphémérides devient vraiment pertinent quand nos questions concernent des indications générales sur de longues périodes de temps, ou alors quand nous souhaitons aller au-delà des limites immédiates imposées par la question afin de voir ce qui peut se produire sur une plus longue période. Mais c'est souvent pour rassurer le demandeur sur le fait que tout n'est pas perdu.

Exemple : supposez que la question soit "Pouvez-vous me donner des indications générales concernant mon entreprise pour plusieurs mois?" et que nous voyons que l'affaire du demandeur est représentée par Jupiter, qui entre dans son propre signe dans trois mois. Nous pouvons penser que les affaires commenceront à reprendre à ce moment-là. D’expérience, je dirais que le demandeur répondra généralement "Oui, c'est immédiatement après la grande expo commerciale…" ou toute autre chose, et que de telles indications se révéleront exactes.

Supposez également que la question soit "Est-il vraiment l'homme de mes rêves?" et que le thème donne une conclusion évidente signifiant "Êtes-vous folle?". Nous pourrions regarder plus loin, en notant que, dans deux mois, le significateur de la cliente ne sera plus en détriment et qu’il évoluera vers d’intéressantes réceptions mutuelles. Nous ajouterons alors : "Mais à l'automne, vous vous sentirez beaucoup mieux et vous serez ainsi capable d'entrer dans une relation qui vous élèvera, plutôt que de racler les fonds de tiroirs de l'humanité par pur désespoir comme vous le faites actuellement..." Ou quelque chose allant dans ce sens.

Quand on considère la plus longue échéance, un passage de planète à travers un signe entier montre l’une des unités de temps naturelles, généralement un mois ou un an. Donc, si l'affaire du demandeur était représentée par Vénus, placée à 28° du Lion, nous pourrions conclure à une question concernant des projets à long terme : "Vous pouvez ressentir actuellement que vous avez le monde à vos pieds (Vénus sur Regulus) mais vous entrez dans une période plombée (Vierge). L'an prochain (passage à travers la Vierge) paraît être tout à fait propice pour une histoire à potentiel considérable (Vénus en triplicité) mais qui ne révèle pas toute sa dimension (Vénus en chute). Les bas seront plus fréquents que les hauts. Cependant, durant l’année suivante (Vénus en Balance) tout se remet heureusement en place. Alors, serrez les dents et accrochez-vous jusque-là".

Ce serait une erreur d’étendre l’étude au-delà des deux prochains signes, car si nous le faisons, nous trouverons des résultats valables pour tout un chacun. Cette incursion dans le futur demande donc à être faite avec ménagement. Trop d’étudiants investissent beaucoup d'enthousiasme à courir après les planètes autour du thème, comme si c'était un jeu de l’oie : un tel enthousiasme doit être réprimé. Pour la majorité d’entre nous, nous ne sommes concernés que par le prochain aspect d'une planète et rien au-delà.

Lilly donne pourtant plusieurs exemples dans lesquels un transit " en temps réel" est significatif. Ainsi, si Mercure applique à Jupiter, il ne conclut pas "il y a 4° avant la réalisation, cela se produira dans quatre semaines", mais "Mes éphémérides montrent que cet aspect se produit mardi prochain à 3 heures 56, ça se produira à ce moment-là". Notre conseil à l'étudiant doit être " N'essayez pas de faire ça chez vous, s'il vous plaît".

Nous suggérons que, si vous devez vraiment barboter dans ce type de recherche, il est préférable de mettre les jugements de côté.

Exemple : dans le thème horaire, nous pouvons conclure que ce garçon, notre questionneur, épousera une fille dans une période de six mois, si on en juge par les 6° requis pour réaliser l'aspect entre les deux significateurs. Nous remarquons que les deux planètes qui représentent ces derniers sont dans les dignités majeures du maître de la quatrième maison de la fille (cf. note 5), ce qui montre que son père à un mot important à dire dans cette affaire. Nous notons aussi qu'à 11 heures 52 le vendredi 28, la planète du garçon transite la cuspide de la maison XII, et qu’il y a une réception mutuelle entre le maître de la XII et le significateur du père de la fille. La douzième étant la maison des animaux plus grands que les chèvres, nous conseillons donc qu'à 11 heures 52 le 28 il fréquente le marché où il pourra acheter LE chameau qui orientera l'opinion du père en sa faveur.

Au sujet des transits, voyons ce qu’il en est du fait que si quelque chose dans le thème horaire est conjoint à quelque chose dans le ciel de naissance du demandeur, le thème est "radical" (quoi que cela puisse signifier).

Je pose une question sur l'amour et je trouve dans le thème horaire que Vénus est pile sur mon ascendant natal. Est-ce que cela rend le thème radical? Bien sûr que non. Cette Vénus est sur mon ascendant et, chose déjà assez surprenante, je pense à l’amour. Rien de plus. N'oublions pas que ce avec quoi nous traitons est un système congruent : tout fonctionne ensemble, dans le plus complexe et le plus éternellement remarquable des chemins. Cette Vénus sur mon Ascendant peut indiquer que je pense à l’amour, ce qui peut découler du fait que je me sois rendu chez l’astrologue pour demander : "M'aime-t-elle?", mais ça ne nous dit pas si cet amour est réciproque. De telles considérations servent seulement à brouiller les conclusions. Tous les thèmes sont "radicaux" en eux-mêmes. Nous serions donc bien avisés de garder le thème natal du demandeur bien à part du thème horaire, de peur qu’un tel rapprochement n’engendre un monstre.

Un cas particulier où le mouvement des planètes "en temps réel" peut être significatif se produit cependant dans les questions qui concernent les objets perdus. Pour une telle question, on trouvera souvent dans un thème horaire, que le significateur de l'objet est combuste : on ne peut le voir. En admettant que tout le reste dans le thème indique que l’objet peut-être récupéré, nous pouvons rechercher dans nos éphémérides le moment exact où la planète quitte la combustion et conclure "Vous allez le retrouver à ce moment-là". On peut alors imaginer l'image bizarre de milliers de personnes autour du monde qui lèvent la main joyeusement alors qu'ils retrouvent leurs possessions chéries à exactement 8 heures 22 GMT, mais ça semble fonctionner avec le niveau raisonnable de fiabilité recherché.

Quand une date est spécifiquement mentionnée dans la question, cela a souvent une signification importante. Dans ce cas, cela vaut la peine de rechercher les positions planétaires à cette date comparées aux positions du thème horaire. En règle générale, si nous limitons la question du demandeur à quelques mots, quels que soient ces mots, ces derniers sont généralement importants, et s’ils sont en rapport avec des dates, il faut prendre ces dates en compte dans l’analyse de la conclusion.

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Notes de la rédaction : 

Note 1: les angles pris en compte par les praticiens de l’astrologie horaire sont exclusivement le MC et l’Ascendant.
Note 2: celle du maître de la maison I ou significateur
Note 3: en ce qui concerne la perfection de l’aspect, voir l’article « Le commencement de la Sagesse » dans le même dossier.
Note 4: le maître de la maison VII, ou signifié
Note 5: maison dérivée calculée à partir de la position du significateur de la fille (maître de la maison VII du thème horaire).