À la lecture de son œuvre, et à l’extrême rigueur technique de ses prévisions, basées sur les directions des aspects, on peut penser qu’Ibn Ezra cultivait quelque peu le culte de la fatalité. Cependant, il n’en est rien. Il affirmait lui-même que l’astrologie s’appliquait aux phénomènes physiques, qu’il appartenait à l’être humain d’accepter les transits, favorables aussi bien que défavorables, pour en modifier le cours en les acceptant consciemment. Pour interpréter correctement le "jugement des astres", l’astrologue se devait donc d’être un sage, ne confondant pas le domaine de l’événementiel et celui de l’âme qui seule relève du spirituel. Ce qui était une philosophie couramment répandue parmi les astrologues de l’époque.
Texte traduit de l'anglais par Irène Andrieu
Le texte qui est commenté ici fait partie du huitième chapitre d’un ouvrage d'Abraham Ibn Ezra, "Le commencement de la
Sagesse", datant du XIIe siècle, traduit en anglais par Raphael Levy et
Francisco Cantera en 1939 (Éditions Ascella Publications). On en trouve
également une traduction de Meira Epstein aux Éditions Arhat. Il est considéré
par les experts comme l’un des premiers textes fondateurs de l’astrologie
traditionnelle.
De l'influence de la Lune
Introduction
à l'astrologie Judéo-Arabe
Situons-nous
au 7e siècle après J.C. Les arabes conquièrent les territoires du
Proche-Orient sur lesquelles ont écloses de nombreuses cultures antiques dont
ils recueillent les fruits.
Parmi
les traces de ces dernières se trouvent des textes fondamentaux des croyances
et connaissances antiques, en araméen, en persan, en grec, en syriaque, que
les envahisseurs, devenus à leur tour civilisateurs, sauvent de l’oubli en
les traduisant en arabe et en les intégrant à leur propre culture. À
l’époque, les lettrés arabes n’étaient pas nécessairement musulmans et cette
intégration se fit le plus souvent sans aucune interférence religieuse.
Par
ailleurs, du fait des surnoms qu’adoptaient ces traducteurs et ces
interprètes, il était difficile de reconnaître leur véritable origine
culturelle ou les bases de leurs propres traditions. Il y eut donc un vaste
syncrétisme de toutes ces traditions et, notamment, celles qui concernaient
l’astrologie antique dont les connaissances circulaient librement parmi les
nombreux astrologues qui migraient de ville en ville sur la route des
caravanes et les territoires de l’expansion arabe.
Une
part importante de cette transmission fut assurée en Europe de l’Ouest, par
les juifs d’Espagne, évoluant librement entre musulmans et chrétiens dans
l’accueillante et florissante civilisation d’Andalousie. Chacun traduisant et
enrichissant à son tour dans sa propre langue les ressources généreusement
partagées, ces dernières sont parvenues jusqu’à nous, même si elles n’ont
fait l’objet de traductions (notamment en anglais) et d’études sérieuses que
depuis quelques décennies.
On
peut donc dire que, s’il existe une astrologie "traditionnelle" -
relevant d’anciennes traditions– elle puise ses racines bien au-delà de
l’astrologie revue et corrigée, voire singulièrement appauvrie au XIXe
siècle, par des auteurs qui n’avaient pas nécessairement accès à ces sources
ou ont évincé de leurs références des techniques et des modes d’interprétation
originels dont ils ne comprenaient pas le sens ou l’importance. Ptolémée
lui-même souligne dans sa "Tétrabible" qu’il a éliminé de son
ouvrage magistral des fragments d’antiques connaissances qui ne lui
semblaient pas logiques dans le cadre de son propre raisonnement. Or,
interprétés à la lumière de l’astrologie tibétaine, qui puise une bonne
partie de ses ressources dans l’astrologie antique, ces connaissances
"mises au rebut" sont parfaitement cohérentes.
Nous
n’avons pas à discuter ici le bien fondé de tel ou tel système de références.
Cependant, une chose est certaine : l’astrologie horaire, d’où est issue
l’astrologie mondiale, constitue l’une des racines-maîtresses de l’astrologie
et était pratiquement la seule à être utilisée au Moyen-âge.
Reste
à choisir, parmi les documents les plus caractéristiques qui nous sont
parvenus de cette haute époque de notre art, les auteurs susceptibles
d’éclairer notre lanterne sur ce que représentait alors l’astrologie horaire.
Abraham
IBN EZRA
Reconnu
unanimement comme l’un de ses fondateurs, Ibn Ezra se passionna plus
particulièrement pour l’astrologie élective, horaire, médicale et mondiale.
On situe son lieu de naissance à Tudèle dans l’ancien émirat de Saragosse
durant l’année 1092 ou 1093, époque où les Almoravides unifièrent
l’Andalousie sous le régime Shiite.
Issue
d’une riche famille juive andalouse, il passa la majeure partie de son
existence à voyager, manifestant sa philosophie platonicienne dans ses
nombreux poèmes tout en maîtrisant les mathématiques, l’usage de l’astrolabe
et des mouvements planétaires.
Sa
notoriété et notamment sa maîtrise sur l’astrologie des
"jugements", base de l’astrologie horaire, a traversé les siècles,
faisant périodiquement l’objet de traductions de l’hébreu au français (13e
siècle), puis en latin (par l’astrologue Pietro d’Albano), et en anglais au
17e siècle.
À
la lecture de son œuvre, et à l’extrême rigueur technique de ses prévisions,
basées sur les directions des aspects, on peut penser qu’Ibn Ezra cultivait
quelque peu le culte de la fatalité. Cependant, il n’en est rien. Il
affirmait lui-même que l’astrologie s’appliquait aux phénomènes physiques,
qu’il appartenait à l’être humain d’accepter les transits, favorables aussi
bien que défavorables, et d’en modifier éventuellement le cours s’ils en
étaient capables consciemment.
Pour
interpréter correctement le "jugement des astres", l’astrologue se
devait donc d’être un sage, ne confondant pas le domaine de l’événementiel et
celui de l’âme qui, selon Ibn Ezra relève seule du spirituel, ce qui était
une philosophie couramment répandue parmi les astrologues de l’époque.
L’œuvre
dont nous nous inspirons ici "Le commencement de la Sagesse", a été
traduite en 1939 par Raphael Levy et Francisco Cantera, et a fait l’objet
récemment d’une nouvelle traduction aux Éditions Ahrat. Elle est considérée
par les experts comme l’un des premiers textes fondateurs de l’astrologie
traditionnelle.
Source
: La vie et l’œuvre d’Ibn Ezra par David McCann
|
De l'influence de la Lune
"Moons" par Robyn Jay, sur FlickR |
C’est pourquoi les Anciens disaient qu’elle influence toutes les délibérations et le début de n’importe quel type d’interrogation. Durant sa phase ascendante, les circonstances sont favorables (si ces dernières s’y prêtent…) et de même l’interrogation de la personne porte ses fruits. Tout ce qui commence à ce moment-là rencontrera le succès, et à l’inverse… si les circonstances sont défavorables. Ils ajoutaient que pour la personne qui pose la question, vous devez observer l’Ascendant et son maître, ce qui est désiré étant représenté par le septième signe avec son (ses) maître(s), et établir le lien de la Lune avec ce dernier.
Commentaire : Selon Ibn Ezra, le septième signe doit être décompté à partir du signe dans lequel figure l’Ascendant de la question, considéré comme 1. Le signe Ascendant est ici considéré tout entier comme l’origine de la question, et son maître comme le significateur de la question elle-même. Chaque maison suivante de la question est assimilée globalement à un signe, soit trente degrés.
Nombre d’auteurs s’y réfèrent pour déterminer le temps de réalisation de la réponse, en considérant que cette dernière est périmée dès lors que pour Jupiter et Saturne (ces règles étant établies à l’époque dans les limites du septénaire), ou les planètes en cause dans la question et dans la réponse, ont atteint les limites des signes où ces planètes figuraient lors de la formulation de la question.
En ce qui concerne "la maison de ce qui est désiré", Ibn Ezra semble ici réduire sa représentation au 7e signe et à "son ou ses maîtres". Cette signification a été largement étendue par la suite, et chez nombre de praticiens de l’astrologie horaire actuels, qui étudient la configuration des maisons en tant que telle, le "maître de la réponse" (tout comme le maître de la question est celui de l’Ascendant), est considéré comme celui du secteur directement concerné par la nature de la question.
Par exemple :
- Moi, mon intention, mon interrogation, la sincérité et les raisons d’être de ma question, ce qu’il en adviendra pour moi, etc., pour le maître de la maison I
- Les protagonistes directs de la question (en tant que "l’autre", opposé à la maison I), les contrats, les alliés, le mariage, pour la maison VII.
- L’achat d’un logement, les transformations dans le foyer pour la maison IV, les enfants, les amours, les sentiments de l’autre, pour la maison V.
- La santé pour la maison VI et XII.
- Le travail pour la maison X (maison VI pour les artisans et commerçants), la société, les circonstances sociales, l’amitié, la notoriété publique, la politique, pour la maison XI.
Le transfert de la lumière
"Light of my life" par Wendell, sur FlickR |
Si un astre transfère la lumière du maître de l’Ascendant au maître de la chose désirée, la chose s’accomplira par son intermédiaire.
Les planètes directes favorables sont utiles [à la bonne réalisation de la question] qu’elles reçoivent ou non la lumière et le seront d’autant plus qu’elles reçoivent la lumière [de la Lune].
Les planètes défavorables le sont par nature, mais si elles reçoivent la lumière d’une autre planète, leur influence maléfique sera atténuée et d’autant plus que l’angle formé sera un sextile ou un trigone.
La Lune, porteuse de lumière
Si la Lune évolue en elle-même ["vide de course", sans former d’aspects ou formant des aspects dépassés aux planètes relevant de la question], cela signifie que la question était futile, ou que rien de ce que souhaite le questionneur ne peut arriver.
La Lune séparative indique que les choses sont déjà arrivées. Si elle figure en conjonction séparative ou en aspect séparatif au maître de la question, il y aura un bénéfice si ce dernier est favorable et un dommage s’il induit un traumatisme.
D’un autre côté, si la Lune a déjà dépassé la zone de l’aspect ou évolue en direction séparative par rapport au maître de l’Ascendant, soit la personne n’a pas su tirer parti des circonstances bénéfiques à la réalisation de sa question en temps voulu, soit ces circonstances n’existaient pas, ou n’existent plus.
Commentaire : on appelle "futile" une question qui n’a pas de véritables fondements ou qui a été posée sans conviction ou interrogation réelle de la part du demandeur.
Exemple : la demande portant sur les résultats d’un rendez-vous professionnel, la conjonction séparative, le sextile ou le trigone de la Lune à Jupiter, maître de la question, laisse présager une issue favorable voire un contrat. Un carré séparatif Saturne-Lune, des hésitations, des retards. La lumière s’éloignant du maître de la question, il est vraisemblable que la réponse sera négative ou induira des obligations de peu d’intérêt.
De la même façon, on considérera comme "futile" une question basée sur une hésitation entre deux situations, donc imprécise tout comme l’était l’état d’esprit du questionneur. Ce qui ressortira nettement dans l’analyse horaire.
"One destiny" par ArTeTeTrA, sur FlickR |
Tout l’art de l’astrologue est donc d’étudier les retombées de la question, notamment sur les partenaires éventuels et les circonstances favorables ou défavorables à la réalisation du projet. C’est surtout sur ce plan que l’on trouve nombre d’interprétations divergentes et faisant l’objet de controverses entre les praticiens de cette approche.
Si l’astre reçoit la lumière de la Lune en phase ascendante, les choses se passeront bien, si c’est le contraire, il y aura des difficultés.
S’il existe plusieurs planètes en relation avec la Lune, ces facteurs multiples favoriseront l’accomplissement du projet.
Si plusieurs astres sont en aspects avec la Lune, cela permettra de démultiplier les sources de réalisation. Si aucune planète n’est en aspect avec la Lune, cela indique un manque d’énergie dans la question [apathie, indifférence, absence de réelle motivation ?].
Quand la Lune se trouve dans la zone où figurent des planètes maléfiques, rien ne peut être accompli correctement si l’une de ces planètes figure dans le signe ascendant.
Si la Lune figure sur l’axe du MC dans les mêmes conditions, ce sera pire car cela annonce de la peur ou une maladie ; si elle se trouve dans la maison cadente, elle indiquera de la peur mais non une maladie.
Les significateurs
Le maître de la question
Le Maître de l’Ascendant est dans sa triplicité et si les maîtres de cette triplicité sont en aspect avec lui, ceux qui sont près de lui viendront à son aide.
Si le maître de l’Ascendant est dans une position de faiblesse (exil, chute), il ne peut pas contrôler totalement la chose désirée.
S’il entre en conjonction avec une planète favorable ou défavorable, le résultat dépend de la force respective de chaque planète.
Si le maître de l’Ascendant communique sa force au maître de la maison consultée, la personne désirera fortement la chose, mais si le maître de la chose souhaitée communique sa force au maître du signe ascendant, la chose se réalisera sans aucune difficulté.
Commentaire : Selon divers commentateurs modernes, la force du maitre de l’Ascendant appliquant peut n’exprimer qu’une intention personnelle. Autrement puissante serait la force du maître de la chose souhaitée en position appliquante qui se communique au maître de l’Ascendant, dans la mesure où la réponse dépend d’un facteur extérieur favorable au projet.
En position où son action est freinée, contrariée (chute, exil, planète pérégrine, ou sous l’Ascendant), cette dernière indique l’absence de satisfaction, les obstacles, une position inconfortable, comme s’il se trouvait pas dans un pays qui ne lui convient pas.
En particulier l’astre en aphélie souligne que la situation sera particulièrement difficile (comme un cheval qu’il faut dompter, écrit Ibn Ezra), en périhélie, il évoque un homme déchu de sa grandeur. S’il est en position accidentelle, quelque chose interviendra qui mettra un terme à la consultation.
En outre, si les pronostiqueurs sont en position de réception mutuelle, cela indique que quelque chose se prépare et que le demandeur n’y a pas encore pensé.
Le maître de la réponse
Si la planète de réception [le maître de la réponse ou le signifié], est dans une position défavorable, elle laisse supposer une difficulté.
Si elle est en passe d’inverser son mouvement [rétrogradation], elle annonce l’absence de succès, des difficultés ou une destruction. Si son mouvement devient direct, elle améliorera la chance en la matière, la force de la réalisation, et son ascension. Si la planète est dans un signe fixe, elle annonce que la chose désirée sera sûre et stable. Dans un signe mutable, les résultats seront variables, dans un signe double, qu’une partie de la chose sera constante, qu’une autre sera modifiée.
Négociation de la réponse
Planètes favorables ou défavorables
Résumé : Un astre qui se trouve dans sa dignité signale un événement très important. Il en va ainsi pour une position d’un des significateurs en exaltation, triplicité, domicile, terme, décan compatible, position angulaire ascendante. Cette position "confortable" assure la maîtrise de la situation et un entourage favorable au questionnement.
Une planète favorable pronostique toujours une chance, une défavorable une difficulté. Cependant si la planète défavorable figure dans son lieu d’exaltation, l’effet sera positif même s’il inclut souffrance ou chagrin.
Si les planètes favorables sont dans une position opposée à leurs manifestations, dans la maison de leur exil, de leur chute ou dans une maison cadente et s’il n’existe aucun aspect les reliant à l’Ascendant, elles n’exerceront aucune influence. De même, l’influence d’une planète défavorable dans ces positions en sera réduite.
Si une planète favorable est en position ascendante et si elle est la seule dans cette position, son influence ira croisant.
Une planète ne sera pas considérée comme dommageable lorsque la lumière d’une planète maléfique ne domine pas sa propre force. On considérera seulement qu’il existe quelque frein. Si l’aspect est dépassé d’un degré ou plus, on évoquera une peur qui n’aura pas beaucoup de conséquences. Il en sera de même pour une planète favorable : si cette dernière qui permet de pronostiquer tout ce qui est susceptible d’arriver ne forme pas un angle précis avec le signe Ascendant, on en conclura que les espérances de la personne ne se réaliseront pas. Si les planètes bénéfiques figurent en aspects avec les planètes maléfiques, l’influence de ces dernières sera moins dommageable.
Si Jupiter est en aspect avec la planète favorable, il accroît son effet bénéfique. Vénus ne peut pas modifier la nature maléfique de Saturne sauf si Jupiter lui vient en aide [La lumière de Vénus se transfère dans ce cas à Saturne par le biais de Jupiter], Jupiter annule les "maléfices" de Saturne, mais Vénus annule bien davantage les difficultés induites par Mars que ne le fait Jupiter.
Les planètes défavorables
"Venus transiting the sun" par Jason Marchina, sur FlickR |
Si une planète maléfique se trouve située à l’Est du Soleil dans un signe où elle exerce une influence, et ne reçoit pas d’aspect défavorable d’une autre planète, elle sera néanmoins plus favorable qu’une planète scintillante ou rétrograde.
Si la maléfique contrôle la chose désirée et si le maître de l’Ascendant opère une conjonction avec elle, et si la Lune figure en carré ou en opposition à cette conjonction, même si la réponse est positive, la situation finale se révélera dommageable.
Si la maléfique communique sa force à une dominante, elle apportera dommage sur dommage; si une bénéfique communique sa force à une autre bénéfique, le jugement changera du mal en bien.
Si la maléfique se trouve dans un signe ascendant sur laquelle elle n’exerce aucun pouvoir, son influence sera moins destructrice; si elle est rétrograde, elle provoquera ennuis sur ennuis.
Si la planète maléfique est en position de pouvoir et figure à l’un des angles où dans l’une de ses positions de force, cette dernière sera considérée comme équivalente à la force des planètes favorables.
Si elle figure dans un signe étranger à son influence, cette dernière deviendra plus dommageable. De même si elle aspecte la planète [de la question] d’un carré ou d’une opposition et particulièrement si son influence est supérieure à celle du significateur. En revanche, si l’aspect est un sextile ou un trigone, sa mauvaise influence s’en trouvera réduite.
Si la maléfique contrôle la chose souhaitée, elle indique un délai en la matière, et que la chose ne peut pas se réaliser sinon au prix de préoccupations dommageables pour la personne.
Planètes en début et fin de signes
Il s’agit-là d’une constante en astrologie horaire : l’astrologue recherche si la lumière d’un astre ou un changement de sa nature interfère dans les aspects formés entre les significateurs de la question. Si la réponse est négative, son influence ne s’exercera pas dans le cadre de la question.
N’importe quelle planète figurant dans les cinq premiers degrés d’un signe ou d’une maison, est considérée comme faible. Si elle est en position plus avancée, elle sera considérée comme relevant de la force de la maison.
N’importe quel astre figurant entre le début de la maison et le 15e degré possède un grand pouvoir.
Si la planète figure à la fin d’un signe, sa force sera perdue pour ce dernier et passera dans le signe suivant. Cependant, si la planète figure à 29° du signe, sa force demeurera dans le signe, car la planète exerce sa force sur trois degrés : celui où elle se trouve, le degré précédent et le degré suivant.
Ainsi, si une planète est en train d’opérer sa conjonction avec une autre, mais que cette dernière passe dans le signe suivant avant la conjonction totale, et si avant qu’elle la rejoigne, aucune autre planète n’entre en aspect avec la première, la chose s’accomplira tout de même après la période de doute ou de désespoir.
Commentaire : l’aspect dépassé, quelque soit sa nature, n’a donc pas d’effet sur la nature de la réponse. En effet, seul l’aspect en formation, est significatif et permet de déterminer le temps nécessaire pour la réalisation du projet.
Planètes rétrogrades
À l’astérisme 94 et 95, Ibn Ezra revient sur les planètes dont le mouvement est retardé (station en particulier), ou qui commencent à accélérer leur course, en les associant à la possibilité d’exhausser le vœu mais comme si la planète manquait de force pour le réaliser. Elle devra donc se trouver elle-même dans une position valorisant sa propre énergie pour devenir opérationnelle.
En revanche, il accorde une position "royale", donc totalement dominante dans le cadre de la question à tout significateur ou planète associée à la question figurant en conjonction au Soleil.
La planète qui rétrograde indique de la rébellion et la destruction de n’importe quel projet.
La planète qui est dans sa station directe est comme un homme qui ne sait pas ce qu’il doit faire, et les résultats sont mauvais. Dans la station rétrograde, elle est comme un homme qui espère quelque chose et dont l’espérance ne sera pas vaine.
En résumé : la station planétaire retarde les effets de la réponse. Cependant, on constatera ici la différence entre les deux positions d’entrée et de sortie de rétrogradation. Pour Ibn Ezra, le peu d’énergie de la première position souligne l’hésitation, le recul devant la réalisation de la question, la seconde mûrie par la phase de réflexion de la rétrogradation, annonce une réalisation possible lors du retour à la phase directe. Ibn Ezra souligne ainsi dans l’alinéa 34, que le mouvement-retard de cette planète retarde d’autant la réponse positivement ou négativement. Cependant si Jupiter ou Saturne se trouve dans un signe cardinal, ils accéléreront la réalisation de la question.
Positions diverses
Si un astre est dans un signe qui correspond à sa nature, son pouvoir s’accroît. Dans le cas contraire, son pouvoir s’affaiblit.
Si l’astre figure en maison VI ou XII, il n’y aura pas dommage.
Une planète favorable située en maison VIII, n’indique ni bien ni mal, mais annonce un dommage irréparable si elle est défavorable.
Si une planète est située derrière celle qui porte la lumière, elle n’exerce pas d’influence, quelle que soit sa force. En revanche, son influence est très négative si elle rétrograde. Si elle devient directe durant la période en correspondance avec la question (le temps repérable de la réalisation), elle souligne que la chose ne se réalisera qu’en partie.
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