PROBLÉMATIQUE DE L'HÉRÉDITÉ ASTRALE, par Guy-Philippe RENOULT

Les questions d'hérédité astrale soulèvent périodiquement les passions. Elles ont été, et sont encore, l'occasion de nombreux démêlés entre astrologues et non-astrologues. Physiques et psychiques, les correspondances planétaires doivent se trouver dans la biologie, et dans la génétique humaine. Peut-on émettre l'hypothèse d'un parallélisme de structure avec une éventuelle génétique astrale, s'il était démontré que des corrélations certaines existent entre les thèmes de personnes apparentées?

Article paru dans les "Cahiers astrologiques", n° 170-171, mai-août 1974

Les études d'hérédité astrale sont nombreuses mais, de Choisnard à Gauquelin, il semble qu’elles aient surtout eu pour but de présenter des preuves de la vérité astrologique. Sans doute, s'il était démontré qu'il y a des corrélations certaines entre les thèmes de personnes apparentées, l'astrologie y gagnerait des motifs de respect et on comprend que les astrologues qui se sont penchés sur le problème aient pu penser essentiellement à ce résultat 

Cependant, il est permis de penser qu'en agissant ainsi ils se sont précipités dans une voie insuffisamment tracée et même, plus grave, qu'ils ont exagérément simplifié les données du problème. C'est le danger qu'offre la recherche de preuves à tout prix, alors que l'intérêt de l'astrologie serait aussi bien servi par une étude exhaustive d'une de ses parties, après une analyse précise des concepts utilisés. 

Les deux  conceptions de l'hérédité astrale 

Que recouvre l'expression "hérédité astrale"?

Si, au temps de Choisnard, qui a l'excuse d'avoir écrit à une époque où là génétique humaine n'existait pratiquement pas, on pouvait se contenter de mettre en évidence des corrélations entre des positions planétaires, il ne peut en être de même maintenant.
En outre, chaque fois que l'on traite de l'astrologie où de l'un de ses aspects, il faut tenir compte des diverses attitudes des astrologues et du rang que l'on tend à assigner à cette discipline. En effet, on peut grossièrement distinguer une astrologie cosmique, remontant à la tradition la plus ancienne, et une astrologie scientifique, cherchant à s'insérer dans le mouvement de la pensée contemporaine.

De cette distinction découlent deux conceptions de l'hérédité astrale :

  • La tendance traditionnelle de l'interprétation astrologique laisse la place à une fatalité transcendantale qu'on pourrait qualifier de purement astrale, le caractère du sujet n'ayant qu'une action réduite sur les événements qui surviennent.
    Prenons un exemple dans un ouvrage d'astrologie : la position de Mars à la Balance en maison II aurait la signification suivante : "dans les thèmes d'industriels, fait craindre le sabotage des machines par les ouvriers". (Alexandre Volguine) (1)
    Dans cet exemple, il faudrait une analyse bien subtile pour trouver dans le caractère du sujet la cause particulière du sabotage des machines. Que le sujet soit en partie responsable de la mauvaise humeur de ses ouvriers, de grèves relativement fréquentes, c'est possible, mais le sabotage des machines est un acte de rébellion parmi d'autres possibles et dont la nature précise dépend uniquement de l'organisation matérielle de l'entreprise.
    Dans cette conception, l'étude de l'hérédité astrale n'aura pas à tenir compte de la génétique humaine. Elle peut le faire mais, les astres ayant par définition une action transcendant la condition humaine, elle n'y est aucunement obligée. De ce fait, cette étude ne pose pas de problèmes particuliers. Il s'agit d'établir l'existence de corrélations entre les thèmes d'individus appartenant à une même famille, tout aussi simplement que l'interprétation s'appuie sur des corrélations entre structures astrales et destinées individuelles. Éventuellement, si les cas sont suffisamment nombreux, ils peuvent être traités par le calcul des probabilités.
    Au début du XXe siècle, on pouvait difficilement prendre un autre point de vue. En effet, si quelques savants commençaient à démonter avec vigueur ses mécanismes, l'hérédité n'était encore qu'une connaissance intuitive et le public, même éclairé, se contentait de constater empiriquement que, par exemple, la forte corpulence de la mère se retrouvait chez la fille ou le fils. Tout naturellement, l'astrologue était amené à rechercher, dans cet exemple, la répétition d'une dominante jupitérienne et d'une combinaison Lune-Jupiter de l'une à l'autre..
  • Mais les développements récents de l'interprétation astrologique font une large place à la psychologie et à l'ensemble des sciences humaines. La croyance très générale en la liberté de l'homme nous éloigne beaucoup de la conception astrologique de l'Antiquité où les hommes étaient la proie des dieux et, de plus en plus, le thème astrologique s'exprime en un langage psychologique, mettant en valeur les traits de caractère agissant et réagissant dans un milieu. Nous disons par là que toute indication astrologique a une correspondance, ou une résonance, psychophysique. Ainsi, la position de mars à la Balance en maison I se traduit par "rend plus adroit sur le plan mental que sur le plan physique... très entreprenant, combatif, actif, ardent et démonstratif..." (Alexandre Volguine) (1)
    Dans cette deuxième conception, l'étude de l'hérédité astrale devra tenir compte des découvertes de la génétique humaine. En effet, toute disposition astrale ayant une signification sur le plan psychophysique, structure astrale et structure humaine,  se trouve homologue et toute articulation de l'une doit se retrouver dans l'autre. Autrement dit, si l'astrologie intègre dans son interprétation le physique, le tempérament, le caractère, l'hérédité et le milieu, elle ne peut négliger les acquis des disciplines correspondantes : morphologie, psychologie, génétique et sociologie. De même qu'elle a tenu compte des progrès de la psychologie, elle devra tenir compte des découvertes de la génétique.
    Ce point de vue engage à une analyse plus profonde du problème de l'hérédité astrale, en posant pour principe qu'on ne peut étudier l'hérédité astrale sans se référer à la génétique et en prenant pour hypothèse l'homologie probable les structures de l'une et de l'autre.

Génétique Mendélienne et génétique humaine

À première vue, les découvertes de Mendel apportent un encouragement à la simplification : des gènes indépendants, porteur chacun d'un caractère. Quelle merveille si cette structure discontinue trouvait sa pareille dans la discontinuité des planètes, des signes et des décans! Il n'y avait qu'à faire preuve d'un peu de patience et établir beaucoup de statistique.

En réalité, l'affaire n'est pas aussi simple. Mendel, pour établir ses lois, fut servi par la chance dans le choix de son matériel. Notamment pour la deuxième loi, celle de l'indépendance des caractères, il étudia sept caractères du pois qui, par hasard, appartenaient chacun à un groupe de liaison différente. A priori, il n'y avait qu'une chance sur 163 pour qu'il en fût ainsi (Albert Jacquard.) (2)

Un dieu mathématicien aurait parié contre le succès des recherches de Mendel, mais Mendel avait pour lui le dieu Hasard. Plus prosaïquement, il fut assez naïf, et assez ignorant,  pour biaiser ses enquêtes statistiques en tâtonnant et en choisissant les variétés botaniques qui lui convenaient le mieux.

Mais la génétique humaine est considérablement plus difficile à étudier que la génétique végétale ou animale. La durée de la vie humaine, la fécondité relativement réduite de l'espèce n'autorisent pas l'expérimentation comme sur la drosophile, ni de véritables recherches statistiques. L'étude de l'homme à elle seule, n'a pu apporter de solution aux problèmes d'hérédité et la génétique humaine n'a fait que prendre à son compte les faits établis par la génétique animale.

Même les généalogies les plus nombreuses n'apportent pas un matériel statistique suffisante. En génétique humaine, le chercheur ne peut compter pratiquement que sur l'observation, en s'efforçant de l'interpréter en fonction des lois de la génétique générale.

La méthode peut être ainsi définie : "Pour retrouver les lois de l'hérédité chez l'homme, il faut choisir des caractères bien nets qui apparaissent régulièrement dans certaines lignes, les suivre pendant plusieurs générations et observer si leur fréquence obéit aux lois de Mendel." (Andrée Tétry) (3)

Peut-on appliquer cette méthode en hérédité astrale?

Génétique humaine et génétique astrale

Précisons que notre propos n'est pas d'établir une corrélation entre les gènes et des configurations astrales, mais de tenter de découvrir une structure, celle d'une éventuelle génétique astrale, notre hypothèse inspirée par les tendances modernes de l'astrologie étant que sa structure est probablement homologue de celle de la génétique humaine.

Il est évident que nous devons nous en tenir aux règles les plus simples de cette génétique et aux faits les plus clairs.

  • La génétique a pour fondement la structure discontinue du patrimoine héréditaire, composé d'unités distinctes, les gènes. Mais dans la pratique, cette règle se complique très rapidement en raison de l'interaction de gènes complémentaires, de la polymérie (gènes concourants), de la pléiotropie (gènes commandant des caractères différents), de la pénétrance, etc.
    Dans le cas d'une hérédité astrale, nous devons nous attendre à la même complexité, le plus souvent au point de rendre indiscernable cette hérédité. On peut, toutefois, espérer déceler quelques cases simples, comme l'hérédité d'une position planétaire en signe ou en maison (la seule qui ait fait jusqu'à présent l'objet de travaux), homologues des cas simples de la génétique.
  • Autre point fondamental : les gènes sont portés par les chromosomes sur des places (loci) fixes. D’où une conséquence très importante : à la méiose (division des cellules sexuelles), les chromosomes disposés par paires sont séparés en deux, chaque cellule-fille ne recevant ainsi que la moitié des chromosomes. Cela signifie que le rejeton ne reçoit que la moitié du patrimoine héréditaire de chacun de ses parents.
    Selon notre hypothèse, il devrait en être de même s'il y a hérédité astrale, le patrimoine astral se partageant en deux comme le patrimoine génétique et psychophysique.
  • Un caractère dominant empêche par sa présence l'expression d'un caractère dit récessif. Ainsi, l'œil brun est dominant sur l'œil bleu. Chaque caractère est porté par un gène et son "allèle", désignés par les généticiens par des lettres, par exemple A et a, occupant deux chromosomes homologues.
    La règle générale est la suivante. Si A est un gène dominant, a son allèle récessif, le caractère dominant se manifestera soit sous la forme AA, soit sous la forme Aa, et le caractère récessif sous la forme aa.
    La descendance manifestera le caractère dominant dans la proportion de :
         100% si les deux parents sont AA * aa ou AA * AA ;
           75% si les deux parents sont Aa * Aa ;
            50% si les deux parents sont Aa * aa.
    En sens inverse, le caractère récessif ne se manifestera, selon le cas, qu'une fois sur deux, ou une fois sur quatre, ou pas du tout.
    On voit ainsi combien il était nécessaire de préciser que l'enfant n'hérite que la moitié du patrimoine de chacun de ses parents et, tout en même temps, on voit les limites de cette règle puisqu'en raison de la dominance, la chance de voir se manifester un trait héréditaire varie, en réalité, de 0 à 100%.
    C'est cette variation qu'il faut avoir à l'esprit pour évaluer la probabilité d'hérédité d'un caractère (ou configuration) astrologique en imaginant que dans cette hérédité peut se manifester, comme en génétique humaine, des caractères dominants et des caractères récessifs.
  • Ce n'est qu'une remarque complémentaire de ce qui précède, mai il faut lui faire une place particulière pour lui donner toute l'importance convenable. Les probabilités d'expression d'un caractère héréditaire ne s'appliquent pas à un seul rejeton d'un couple mais à l'ensemble de ses rejetons, tout au moins ceux de la première génération.
  • S'il est vrai que les gènes sont des facteurs distincts, correspondant à des unités héréditaires, dans la réalité le généticien a surtout affaire avec des gènes polymères cumulatifs et des gènes pléiotropes.
    Les gènes cumulatifs intéressent particulièrement les caractères qualitatifs : poids, taille, couleur des cheveux et des yeux. Il serait heureux d'en trouver l'équivalent en hérédité astrale, car ils pourraient assez facilement être assimilés à des traits astrologiques (Saturne longiligne ou la rondeur de Vénus).
    Les gènes pléiotropes sont parfois des gènes majeurs, c'est-à-dire qu'ils orientent et influencent l'action de nombreux autres gènes. Leur détection en hérédité astrale pourrait être facilitée par la notion courante de la dominante astrologique.

Nous avons, au total, retenu cinq points dans la science génétique : le patrimoine héréditaire à une structure discontinue, sans qu'il y ait parallélisme absolu entre gènes et traits manifestés (pléiotropie, polymérie) : chaque rejeton d’un couple ne reçoit qu'une moitié du patrimoine héréditaire de ce couple ; en raison de la loi de dominance, la chance de se manifester varie de 0 à 100% selon le héréditaire, cette probabilité s’appréciant sur l'ensemble des rejetons du couple. Ces cinq points doivent logiquement trouver leur place dans une structure de génétique astrale.

En conclusion il convient de rechercher les configurations astrales, homologues des gènes, qui réapparaîtraient de génération en génération selon une fréquence à étudier.

Les moyens et les procédés d'étude

La phrase précédente, qui est transpose celle de la généticienne Andrée Tétry, que nous avons précédemment citée, définit notre objectif. Pour y parvenir, quel est le matériel dont nous disposons, quels sont les facteurs à étudier, quels sont les méthodes à employer ?

  • Le matériel

Le problème peut paraître résolu par les généalogies familiales portant sur plusieurs générations. Mais les généalogies complètes sont rares. La plupart du temps, la filiation constatée est purement agnatique, négligeant totalement l’apport de sang des épouses. Or, nous savons que nous ne connaissons ainsi que la moitié du patrimoine héréditaire.
Par ailleurs, les générations sont rarement complètes. On a noté l'état civil du père, du grand-père, du bisaïeul, mais on a négligé les frères et sœurs de chaque génération. On a ainsi deux, quatre ou six personnages, en comptant les épouses, mais non l'ensemble d'une génération. Or, nous savons que la fréquence d'apparition d'un caractère doit s'apprécier sur l'ensemble des rejetons.

Il n'y a guère que les généalogies de grandes familles aristocratique qui soient bien connue. C’est une catégorie particulière qui ne peut être représentative d'une population, mais son particularisme ne la dispense pas d'obéir aux lois de l'hérédité et, tout autant que d'autres, les généalogies des familles renommées constituent un matériel utilisable pour notre propos, si on parvient à se le procurer. En effet, rares sont les généalogies publiées et ce n'est que par les enquêtes et les démarches personnelles qu'on parviendra à réunir les documents intéressants.

Au total, sauf quelques exceptions, il nous semble que le chercheur devra compter sur lui-même, sa propre famille, ses relations et amis, ce qui est peu et demandera beaucoup de persévérance si, comme il est probable, les généalogies sont à établir. En effet, la reconstitution des ascendances familiales est fort difficile (mobilité des familles, manque de mentions marginales pour les actes antérieurs à 1922) à partir de seuls renseignements donnés par les officiers d'état civil, et il faut soi-même dépouiller les archives

Enfin, si on remonte dans le passé avant 1792, ce qui ne fait guère que quatre ou cinq générations ascendantes pour les individus la première moitié du XXe siècle, on ne connaîtra pratiquement jamais l'heure de naissance, d'où l'impossibilité d'étudier l’hérédité en maisons.

Pour notre part, conscient de toutes les difficultés qui viennent d'être signalées, nous travaillons à l'établissement des généalogies de seize familles, en remontant sur huit à douze générations. Un nombre aussi grand peut paraître inutile, mais il permet de compenser les lacunes inévitables et de constituer dans une même lignée des sous-groupes de trois ou quatre générations.

  • Les facteurs d'hérédité astrale

Le matériel réuni ,les thèmes calculés, la seule observation devra faire connaître des configurations qui pourront être significatives d'hérédité. Dans la structure la plus simple (planète dans un signe ou une maison) comme dans les structures de plus en plus complexes (deux ou plus de deux planètes en aspect, et/ou en signes, et/ou en maison) et sur des positions plus ou moins précises, en décan, en degré, des éléments très divers peuvent sortir comme facteurs d'hérédité.

A priori, tout et n'importe quoi peut jouer ce rôle de facteur d'hérédité astrale. Devant un champ si vaste, il paraît sage de passer en revue des travaux antérieurs, dont les moins élaborés auront au moins valeur d'hypothèse à vérifier, tout en les replaçant dans le cadre que nous avons défini.

Paul Choisnard fut déconsidéré par l'insuffisance de son outillage mathématique et les critiques ne vinrent pas seulement de la science officielle mais aussi des astrologues statisticiens. Il n'en reste pas moins qu'il eut le mérite d'être le premier à poser le problème et, du point de vue de la génétique (à une époque, nous l'avons dit, où cette science s’ébauchait tout juste), d'une manière relativement judicieuse. En effet, il ne s'est pas contenté d'une comparaison entre parents et enfants, mais a considéré l'ensemble des relations héréditaires d'un groupe familial, père, mère et tous les enfants, chacun par rapport aux autres. Dans quelques cas, il a choisi des familles nombreuses de 6, 12 ou 13 enfants, mais malheureusement ce ne furent que des exemples et non des statistiques complètes, c'est-à-dire assez nombreuses pour être significatives. Tout au moins a-t-il bien vu ce qu'il fallait : considérer au moins l'ensemble d'une génération.
Faisant un effort de systématisation, Paul Choisnard proposa un choix de facteurs astrologiques significatifs et qui lui semblaient être assez facilement soumis aux statistiques, à savoir : les onze positions zodiacales des planètes, de l'ascendant et du milieu du ciel, les neuf planètes en maisons et les cinquante-quatre distances angulaires (4). Il a pressenti l'intérêt de considérer plusieurs facteurs simultanément mettant en parallèle ressemblance physique et ressemblance astrologique. Si on décomposait un visage en multiples éléments, les analogies de détails relevés avec un visage parent ne seraient pas plus probantes que les analogies entre facteurs astrologiques, car c'est l'ensemble qui frappe dans les comparaisons, alors que les détails pris isolément laissent incertain.
Tout n'est pas à rejeter dans Paul Choisnard. Il a eu des intuitions qu’il n'a pas su rationaliser.

Michel Gauquelin, après d'autres, à souligné les faiblesses du raisonnement statistique de Paul Choisnard. Il n'en tire pas argument pour nier la validité du concept d’hérédité astrale, mais il trouve l'occasion de réaffirmer l'absence totale du rôle joué par les signes et les aspects.
Ses travaux personnels le conduisent à une hypothèse d'hérédité planétaire se manifestant seulement lorsque Mars, Jupiter, Saturne, la Lune ou Vénus se place dans un thème aux alentours du lever et de la culmination. Ce n'est pas le lieu ici de discuter des conceptions d'ensemble de l'auteur, mais retenant,quant au problème de l'hérédité astrale, que cet auteur obtient des résultats positifs pour cinq planètes lorsque celles-ci sont proches du milieu du ciel ou de l'ascendant.
Retenons également que cette hypothèse d'hérédité planétaire s'appuie sur des observations ne rentrant que partiellement dans le cadre méthodologique que nous avons proposé. L’auteur, en effet, à considéré essentiellement des couples père-fils ou filles, mère-fils ou fille. Ce n'est que complémentairement qu'il a comparé un enfant avec les deux parents à la fois. L'auteur reconnaît d'ailleurs que "c'est perdre beaucoup d'informations et diminuer indûment la netteté des résultats que de se contenter de comparer séparément le père avec l'enfant d'une part, la mère avec l'enfant d'autre part." (5)
Il est vrai que l'auteur a été plus loin et qu'en utilisant le matériel de ses comparaisons parents-enfants, il a effectué des comparaisons entre tous les enfants d'une même famille et a obtenu des résultats significatifs d’hérédité. Soulignons l'importance du travail en notant que sur un total de 16 000 observations, plus de 6 000 concernent les frères et sœurs et 3 500 les deux parents simultanément.

 Z. Solim, dans un article des "Cahiers astrologiques" (6), serre de plus près la réalité génétique, distinguant les patrimoines héréditaires paternel et maternel et se référant aux notions de dominance et de récessivité. C'est un excellent article soulignant la complexité des liaisons génétiques et la difficulté de les traiter statistiquement.
Pour Z. Solim, le facteur héréditaire privilégié serait l'aspect sous ses différentes formes. Il propose une loi à soumettre aux statisticiens : "La plupart des combinaisons entre planètes prises deux à deux (aspects) du thème d'un père ou d'une mère se retrouvent dans le thème de l'enfant, mais le plus souvent sous un autre angle." Ce qui est héréditaire est la similitude des couples planétaires, c'est-à-dire un aspect quelconque entre deux planètes données. Nous renvoyons à l'article pour l'argumentation de l'auteur, en notant que c'est le premier, à notre connaissance, qui ait rappelé les principales lois de la génétique humaine et qui donne l'aspect comme facteur héréditaire principal.

Un autre chercheur paraît devoir être cité. Il s'agit de Martin Harvey qui, au 7e congrès international d'astrologie (Paris, 1953), présenta une communication intitulée "Recherche historique sur l’hérédité astrale" (7). L'auteur cru déceler, à l'occasion de cette étude des maisons royales, que les positions des facteurs astrologiques fondamentaux : Soleil, Lune, Ascendant-Descendant, Milieu et Fond du ciel, étaient interchangeables entre personnes parentes et dans un orbe très étroit de 2°. Or, après avoir présenté les nombreux rapports existant sur ces bases entre les thèmes d'Henri IV, de Marie de Médicis et de leurs enfants, la contre-preuve qu'il établit avec des thèmes pris au hasard, constituant des "familles fictives", lui donna des résultats comparables à ceux de la famille d'Henri IV. Son hypothèse était donc à revoir.

Nous avons cité cet auteur pour deux raisons. D'une part, il doit être possible de reprendre ses travaux sur des bases différentes en tenant compte de la remarque de Paul Choisnard que l'hérédité peut se manifester par des modalités différentes selon les familles, et en considérant non pas une mais deux générations successives, enfants et petits-enfants. D'autre part, son exposé, auquel nous renvoyons, montrait combien, dans de nombreux cas, les heures et même les jours de naissance de hauts personnages pouvaient se trouver erronés ou déformés par les historiens les plus sérieux. Or, plus haut, nous avons souligné combien il était difficile de réunir de bonnes généalogies.

  • L'emploi des statistiques 

La génétique a utilisé largement les statistiques pour se développer. C'est grâce à l'observation d'un grand nombre de drosophiles et de générations de drosophiles que Morgan et d'autres ont précisé les lois de la génétique animale. Mais la génétique humaine n'a pas les mêmes facilités d'observation et d'expérimentation et l'éventuelle génétique astrale ne sera pas mieux lotie. Nous avons cité Andrée Tétry qui ne propose comme méthode que l'observation de caractères précis apparaissant selon un rythme à étudier.

On dira peut-être que, génération après génération, si une lignée est assez prolifique, on parviendra à des nombres, quelques centaines, voire un ou deux milliers, suffisamment grands pour être traités par le calcul des probabilités. La démographie génétique, science neuve, s'est récemment développée en utilisant pleinement ce calcul, mais il est vrai qu'elle a pour objet non des individus ni même des familles, mais des populations, éminemment justiciables des statistiques.

En réalité, l'obstacle le plus sérieux à l'étude statistique d'une lignée n'est pas la difficulté de réunir un nombre suffisamment grand d'observations, mais le fait qu'à chaque génération il est est fait appel, sauf dans le cas d'inceste, à un conjoint qui apporte avec lui un capital génotypique nouveau qui bouleverse les données. Il ne paraît pas possible, pour notre propos, de surmonter cet obstacle que la démographie génétique réussit à contourner par la notion d'isolat, impliquant une endogamie quasi absolue, et l'étude de petits isolats. Encore une fois, cette discipline étudie des "populations" et non des "familles".

L'exemple de Michel Gauquelin montre, néanmoins, que certains travaux statistiques peuvent aboutir à des résultats positifs. N'oublions pas, cependant, que les grands membres noient les détails et que constater les corrélations ne veut pas dire les comprendre. C'est, notamment, en tenant compte de la première remarque qu'on peut dire que les résultats négatifs d'une statistique ne peuvent pas être considérés comme définitifs, car on peut toujours penser que l'analyse préalable n'a pas été poussée à un niveau suffisant. C'est-à-dire par la même occasion que l'analyse, donc l'observation, doit précéder, de toutes manières, la statistique.

À propos d'astrologie, c'est remarques rejoignent l'opinion exprimée par R. J. dans un bref article intitulé "Leçon d'une statistique" publiée dans "Les cahiers astrologiques" (8), article qui est un appel à la prudence pour les statisticiens, mêlé d'une pointe de narquoiserie à l'égard des astrologues. Si, en statistique, les termes mis en rapport sont objectivement définis, ils recouvrent, en réalité, de multiples facteurs et, selon les facteurs retenus et la finesse d'analyse, des conclusions fort différentes et, de ce fait, incertaines, peuvent être tirées du résultat des calculs.

  • L'emploi des monographies 

Dans l'état actuel du problème, nous donnons personnellement la préférence à l'étude monographique. Non que son emploi soit aisé, rappelons-nous les recherches de Martin Harvey, mais nous venons de voir qu'un bon travail statistique exige d'être précédé d'une analyse rigoureuse du problème, donc, d'une étude qualitative proche de la de la réalité. C'est-à-dire que c'est sur l'étude systématique de familles (parents, enfants ou grands-parents, enfants, petits-enfants, oncles, neveux) et de lignées ascendantes ou descendantes sur au moins quatre générations qui paraît souhaitable d'orienter la recherche.

Nous avons dit la difficulté de se procurer de bonnes généalogies, mais chacun est capable, s'il le veut vraiment, d'établir la sienne à partir de lui-même ou de ses enfants jusqu'à ses trisaïeux et éventuellement ceux de son épouse. Si seulement un astrologue sur dix voulait se donner cette peine, nous obtiendrions un matériel d'étude force suffisante.

Étudiant ainsi des ensembles de généalogies, les astrologues auraient la possibilité de dégager des caractères astrologiques, les facteurs d'hérédité astrale (s'il en existe) comme les botanistes et les naturalistes ont dégagé, par l'observation, les caractères des races et des variétés végétales et animales. Il s'agit de multiplier systématiquement des observations jusqu'ici trop peu nombreuses et plus intuitives que rationnelles, pour confirmer (ou infirmer) et compléter la liste des facteurs héréditaires mis en avant par ceux que nous avons cités, notamment Michel Gauquelin, Martin Harvey et Z. Solim.

Lors de nos recherches, qui ne font que commencer et qui seront longues puisque notre intention est d'étudier exhaustivement seize familles, donc d'établir seize monographies, nous avons fait quelques observations qui corroborent notamment les hypothèses et remarques de Z. Solim et de Martin Harvey.

Nous allons prendre un exemple qui montre, d'une part, l'intérêt d'élargir l'observation à l'ensemble d'une génération, non seulement celle des enfants mais aussi celle des parents, d'autre part, les limitations apportées par un matériel datant de plusieurs siècles mais qu'il faut bien utiliser.

Cet exemple correspond à l'hypothèse de Martin Harvey, modifiée en raison de la possibilité de connaître l'heure de naissance, car il s'agit de naissances datant du XVIIe siècle. Les facteurs héréditaires interchangeables sont le Soleil, Mercure, Vénus, Mars et non plus Soleil, Lune, Ascendant et Descendant. Si la Lune n'est pas prise en considération, c'est que les positions sont retenues à 2° près, comme l'a fait Harvey, et que son cours trop rapide ne ne permet pas cette exactitude.

Faute de place, nous nous ne donnons qu'un condensé des résultats.

Il s'agit de deux frères : Jean C., né le 10 mars 1636, père de cinq enfants dont Charlotte, née le 6 avril 1667, et Jean, né le mars 1679 ; et de Zacharie C., né le 6 avril 1623, père de six enfants dont Marie, née le 25 avril 1643 et Simon, né le 20 mars 1647.

En comparant l'ensemble des thèmes, nous relevons trois points zodiacaux : A = 18 / 20° Poissons, B = 14 / 16° Bélier, C = 26 / 28° Bélier. En A, on trouve le Soleil de Jean C., le Soleil de son fils Jean, la Vénus de sa nièce Marie et le Mercure de son neveu Simon. En B, on trouve le Soleil et le Mercure de Zacharie C., le Soleil de sa nièce Charlotte et la Vénus de son frère Jean. En C, nous avons la Vénus de Zacharie C., le Mars de sa nièce Charlotte et le Mars de son neveu Simon.

Les multiples relations relevées entre les thèmes père-fils, oncle-neveu ou nièce, frères et sœurs leur donnent véritablement un air de famille, comme celui qui apparaît sur les visages et dont le support est certainement l'hérédité.

En prenant un orbe de 5°, nous aurions eu des liaisons plus nombreuses faisant jouer les thèmes d'autres enfants, ainsi ceux d'Anne, fille de Zacharie C, née le 22 avril 1751 (Vénus à 16° Poissons), de Zacharie, fils de Zacharie C., né le 1er avril 1654 (Mercure à 18°6 du Bélier) et de Simon, fils de Jean C., né le 24 février 1671 (Mercure à 15° Poissons).

Ce sont des observations répétées qui permettront de choisir telle dimension d'orbe, tel ou tel facteur astrologique. Une difficulté est de se tenir dans un juste milieu entre la monographie si détaillée qu'elle n'est qu'une description et la monographie si générale qu'elle n'est qu'un schéma théorique. On obtiendra, alors et enfin, des collections qui, ayant atteint un nombre calculé en fonction de la probabilité souhaitée, pourront être traitées par les statisticiens.

Conclusion

Les problèmes d'hérédité astrale ont soulevé périodiquement les passions. Ils furent l'occasion de nombreux démêlés entre astrologues et non-astrologues. Nous ne voudrions pas que notre exposé soit l'occasion de malentendus entre les astrologues eux-mêmes. Certains, en effet, peut être impressionnés par les volées de bois verts reçus par Paul Choisnard, ont estimé qu'il ne convenait pas de lier l'hérédité et l'astrologie. Parti de l'espoir de donner des preuves de l'astrologie, le monde astrologique, moins assuré de lui-même, en arriverait à couper tout lien avec la génétique et la biologie.

Les astres représentent-ils un milieu pour l'homme, qui s'ajouterait au milieux familial, social, national, climatique, etc.? Ou bien la carte du ciel d'une naissance, n'étant pas seulement l'expression du milieu astral, doit-elle contenir tout de l'individu et de sa destinée, y compris les milieux avec lesquels il est confronté? À chacun de répondre selon son cœur et sa raison.

Mais nous souhaitons que tous comprennent que notre manière de présenter la problématique de l'hérédité astrale peut être admise par les uns et par les autres, car il est de commun opinion que les planètes portent leurs marques sur l'homme à la fois physiquement et psychiquement. Physique et psychique liées, les correspondances planétaires doivent se trouver dans la biologie, et donc dans la génétique humaine. Ce fut notre idée de départ pour émettre l'hypothèse d'un parallélisme de structure entre cette génétique et l'éventuelle génétique astrale. Nous y revenons, pour conclure, en nous gardant bien de penser que tout serait héréditaire tout autant que rien ne le serait. Il est possible que dans les thèmes s'expriment des rythmes significateurs du milieu spatio-temporel qui ne correspondent pas à une hérédité discernable psychiquement ou physiquement.

Nous avons tenté de tracer une voie à la réflexion. Qu'il nous soit permis de ne pas préjuger des résultats.

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Notes

  1. Alexandre Volguine - "Soyez vous-même votre astrologue", Flammarion, Paris, 1940 ;
  2. Albert Jacquard - "Structure génétique des populations", in Population, Novembre décembre 1969 ;
  3. Andrée Tétry - "L'hérédité", Encyclopédie de la Pléiade, Paris,  1965 ;
  4. Paul Choisnard - 'L'influence astrale et des probabilités", Alcan, Paris, 1924 ;
  5. Michel Gauquelin - "L'hérédité planétaire", Planète, Paris, 1966 ;
  6. Z. Solim - "De l'hérédité astrale des aspect", in "Les cahiers astrologiques", Janvier février 1963 ;
  7. Martin Harvey - "Recherche historique sur l'hérédité astrale", in "7e congrès international d'astrologie", Roulland, Paris 1957 ;
  8. R. J. - "Leçon d'une statistique", in "Les cahiers astrologiques", Janvier février 1963.

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