LES MAISONS D'EAU, par Chris TURNER

Les maisons dont il est question ici sont la maison IV, la maison VIII et la maison XII, parfois appelées maisons d’eau puisqu’elles sont les trois maisons naturellement liées aux signes d’eau, le Cancer, le Scorpion et les Poissons. De toutes les maisons, elles sont peut-être les plus difficiles à comprendre car elles traitent des profondeurs, ce qui n’a rien à voir avec la pensée rationnelle.

    
Traduit de l'anglais par Didier Castille

Elles ont à voir avec les royaumes émotionnels, les interactions psychologiques qui constituent un continuel courant de fond dans chaque partie de la vie. Elles représentent le mystérieux, les secteurs inexpliqués de l'existence. Je préfère les appeler les « maisons psychiques », du nom que leur a donné le remarquable astrologue américain Marc Edmund Jones ; non que leur accentuation signifie nécessairement que l'on a une sensibilité parapsychologique, mais parce qu’elles ont à voir avec la psyché et que cela stimule les autres secteurs de nos vies.
Ces trois maisons sont celles où nous démontrons nos côtés « animaux », ces instincts qui mène toute la vie sur terre.

Signes d'eau, maisons d'eau

Il est intéressant de constater qu’il n’y a que l’Homme, et sa disposition unique à la rationalité, à avoir des problèmes à comprendre les maisons psychiques et à les gérer. Toutes les autres formes de vie mènent leur existence dans un environnement de maison d’eau, avec lequel elles entretiennent un rapport simple. Elles ne le jugent jamais, naturellement,  pas plus qu’elles ne le remettent en question.

Puisqu'il existe diverses segmentations des signes, ces segmentations peuvent être appliquées aux maisons. Personne ne doute de l’orientation personnelle du Bélier, du Taureau et des Gémeaux, de la propension un peu plus sociale du Lion, de la Vierge et de la Balance, ou du détachement collectif du Sagittaire, du Capricorne et du Verseau. Mais le Cancer correspond autant au personnel qu’au social, le Scorpion à la fois au social et au collectif et le signe des Poissons peut être autant personnel que collectif.

On peut en dire autant des maisons, et ici la segmentation devient même plus confuse. Les maisons peuvent être vues comme une « évolution environnementale et de développement ». La première maison a strictement à voir avec le soi, l’environnement immédiat, le soi physique de chacun. La deuxième avec les besoins et les ressources personnels, comment chacun maintient le soi heureux et confortable, la troisième avec les pensées personnelles, la communication et les idées personnelles. Mais la quatrième ? D’un côté, il s’agit de nos humeurs et de nos habitudes personnelles, mais c’est aussi la famille... Il y a ici une connotation sociale.

Maison IV

Quand j’étais enfant, je me souviens que j'envoyais des lettres à mes amis de la façon suivante: Jane Smith, 2 Jones St , Newtown, Sydney, Australie, Terre, Système solaire, Univers. En agissant ainsi, j’exprimais d’une façon maison IV mes doutes infantiles dans la compréhension que mon amie était à un certain moment simplement Jane, et qu’en même temps elle était quelque chose de bien plus grand, qu’elle était une partie du collectif.

 Photo : Irene Müller - galerie "Recent outtakes "en bloc"" sur www.PBase.com 
 
La maison IV est la conscience bourgeonnante de tout cela. Le savoir instinctif que « je ne suis pas seul », que je viens de quelque part. Je ne suis pas aussi individuelle que je le pense. Mon individualité est faite de milliers de générations de gènes transmis de parents aux enfants, et de ces gènes viennent tous les composants qui ME constitue - le physique (je ressemble à ma mère), le mental (je pense comme mon père), le matériel (j’ai suivi la profession de mon père, et lui celle de son père auparavant), et l’émotionnel, le spirituel et le psychologique aussi.
Ainsi, la maison IV a à voir avec la conscience du lien direct et personnel que l'on a avec le collectif, avec le grand tout, qui est avant tout les parents, et bien plus que cela avec ces générations qui vont suivre... C’est pour cela que la Vème maison a tant à voir avec les enfants, c’est le résultat direct de cette sensation de la maison IV.

À un certain niveau, ces trois maisons ont toutes une association avec la mort, le passage de l’âme. En fait, le grand Livre Juif de la Spiritualité, la Kabbale, nomme ces trois maisons « Les Maisons Terminales ». Dans la quatrième maison, il est question de la façon dont on fait face à la fin de la vie et de la conscience de la poursuite, par nos gènes et notre propre famille, de ce qu’on a porté soi-même par les gènes de nos propres parents et de leurs caractéristiques. La quatrième maison concerne la survivance de qui je suis, pas seulement au niveau physique et matériel, mais dans la totalité, et particulièrement dans la sécurité de la connaissance de là où l’on est venu. Ces trois maisons ensemble sont une sorte de ventre maternel et la quatrième maison est la matrice personnelle, ainsi que la tombe émotionnelle et psychologique. Bien entendu, la même analogie peut être appliquée à une situation ou à un événement. La maison IV est la conscience de la fin de la matière, mais qui continue sous une autre forme.
   
Maison VIII



Elder secret (détail) par Canis Loopus
sur Fantasy Art 3D
Sur le chemin de notre développement, la maison V concerne l’attraction entre nous et les autres, c’est la première prise de conscience qu’il y a les autres au delà du ventre maternel, au delà de notre propre famille, qui, après tout, n’est en fait qu’une extension de soi, de l’individu. On pourrait dire que c’est notre premier contact avec ceux qui sont en dehors de notre groupe génétique. La maison VI concerne les responsabilités que nous avons à l’égard des autres, la façon dont nous nous insérons dans un environnement coopératif, et la maison VII concerne la manière dont nous nous voyons nous-mêmes à travers les autres.

La maison VIII est la culmination de tout cela. En fait, toute relation passe par une évolution de la maison V vers la maison VIII, un développement en maturité et implication selon chaque maison dans laquelle elle passe, jusqu’à la capitulation et l’abandon ultime aux autres, traditionnellement représentés par la maison VIII et sa relation avec le sexe.
En outre, la maison VIII est "l'urgence de fusion", la compulsion d’être un avec une autre personne, le très profond besoin d’accomplissement après la prise de conscience que seul on n’est qu’une demie-personne et que nous avons besoin d’une "moitié complémentaire".
Avec la maturité, la maison VIII montre aussi comment on devient conscient de nos ombres et de nos projections en tant que propre "moitié complémentaire".
  
Par la maison VIII, nous rencontrons tous ces gens qui nous passionnent, positivement ou négativement. Ceux-ci déclenchent des sentiments profondément instinctuels, et souvent irrationnel, auxquels il est souvent difficile de résister. Il s'agit ici de la connotation « sociale » ou relationnelle de la maison VIII, sa connexion avec la V, la VI et la VII.
Mais la maison VIII concerne aussi la conscience de l’ombre instinctive collective, là où nous avons conscience des désirs collectifs, des haines et des luttes pour le pouvoir ; progressivement, nous nous déplaçons vers le domaine collectif de la IX, de la X et de la XI.

L.  C l a r e t sur Fantasy Art 3D
La maison VIII, c’est par elle que nous jugeons les autres, et inévitablement, c’est par elle que l’on passe quand on dit « je ne m’entends pas bien avec les Sagittaire, ou les Japonais... ». Sa connexion avec la mort est bien connue, et ici, dans la maison VIII, c’est le moment de la mort. On pourrait dire que la IV est la conscience de la mort imminente, et que la VIII est la mort elle-même, ou l’achèvement d’une situation. Dans ce sens, c’est aussi là où l’on s'oriente vers le domaine social, tout comme quand, au moment de la mort physique, la vie de quelqu’un devient une affaire publique. Pour certains ce sont leurs cinq minutes de gloire... La mort par elle-même est le moment où nous commençons à laisser aller tous nos attributs personnels et à faire notre première incursion dans le domaine collectif.

À un niveau psychologique et émotionnel, c’est le moment de l’introspection, le moment où on laisse aller l’ego personnel et où on comprend que ce qui se passe n’est qu’une partie d’un tout plus grand, une communauté ou une société, plutôt qu’une chose à laquelle on s’accroche pour des raisons personnelles.
  
Maison XII

J’aime rassembler la IX, la X et la XI comme maisons “politiques” parce que le séjour dans ces maisons nous apporte la conscience des problèmes sociaux et collectifs et le besoin de faire quelque chose à cet égard. Finalement, la lutte de la maison XI amène à laisser complètement aller les besoins personnels et les désirs, et ne faire qu’un avec le collectif. Mais on ne peut pas le faire avant d’être arrivé à la XII.
  
Photo : Irene Müller - galerie "Water drops"
sur www.PBase.com ; 
La maison XII concerne l’abandon total, et en cela elle est une partie des maisons collectives. En tant que dernière des maisons collectives, puisque la IV est le moment qui précède la mort, puisque la VIII est la mort elle-même, la XII est le moment qui suit la mort. Le moment où l’âme laisse derrière elle le corps terrestre -mais peut-être est-elle encore capable de le voir étendu dans sa forme matérielle. Alors oublions pour un moment les traditionnels mots-clés d’interprétation de la XII, comme le détachement, l’isolement, l’internement, etc., et pensons y dans les termes qui suivent.

La maison XII est l’échappée ultime de toute forme, c’est à dire les conditionnements émotionnels, les schémas de pensée et l’ego personnel lui-même. C’est comme une goutte d’eau tombant dans une piscine. Dès l’instant où elle touche la piscine, elle perd toute identité personnelle pour devenir une partie de la piscine toute entière, indiscernable parmi toutes les autres gouttes qui forment la piscine. Ce n’est pas une coïncidence si la maison XII est la dernière dans le cercle, la dernière du cycle d’évolution, car l’abandon est le plus difficile de tous les challenges auquel nous avons à faire face dans l'existence. La vie, tout au moins la vie terrestre, est construite sur le fait d’être un individu, ou d’être la réunion totale de nos parties en un seul individu, et nous combattrons jusqu’au bout pour conserver cette unicité.

Les maisons d’eau, ou psychiques, qu’importe, sont aussi concernées par la survie aux niveaux les plus fondamentaux et primitifs. Le schéma du "comment" ces maisons instinctives agissent sur le niveau de survie inconscient ou instinctif peut être perçu quand un animal, pourquoi pas un humain, est menacé d’une mort lente, comme cela s'est produit au cours de l’évolution, ou à plus court terme pour un animal dans un zoo mal tenu, ou pour un homme dans un camp de concentration lors de la seconde guerre mondiale. Dans cette situation, il y a une adhésion stricte à ce que la survie commande.

La première des choses qu’on abandonne, c’est la connexion avec la famille ou la communauté. La survie de l’individu est prépondérante, car si on survit, on peut s'y reconnecter plus tard. La seconde voie que l'individu emprunte est l’arrêt du processus de reproduction ; là encore, si l’individu lui-même survit, c’est quelque chose qui peut redémarrer une fois le danger passé et la santé retrouvée. Finalement, le corps physique cesse de combattre. Il se rend à l’inéluctable, qui, en fait, dans certains cas, lui permet de survivre plus longtemps ou de se transformer en une chose mieux adaptée à la survie dans l’environnement en question. Dans tous les cas, la motivation est la survie de l’espèce. Un individu est disponible, tout comme l’est sa capacité à se reproduire, les espèces ne le sont pas.


Et c’est seulement quand on s'est totalement rendu, ce qui est peut-être la chose la plus personnelle et la plus solitaire que chacun de nous ait à faire, c'est quand on a effacé l’ardoise que l'on peut envisager de reconstruire l’ego, de reconstruire une nouvelle individualité. Pour ceux qui s’intéressent à l’astrologie horaire, la maison XII est la maison VIII de la maison V. C’est la mort de l’auto-expression unique, qui permet à une différente forme du soi de naître et de se développer. C’est aussi permettre à la maison V de devenir la maison I, la transmission de ce que nous avons commencé dans notre propre maison I à nos enfants et à ceux qui nous suivront.

C’est cette conscience, le fait d’être autonome en fin de compte, qui fait d’elle la maison la plus personnelle de toutes. Et pour en terminer convenablement avec la maison XII, en une réflexion, la Kabbale définit la maison IV comme la tombe, la maison VIII comme le paradis des âmes et la maison XII comme le paradis de Dieu.

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