UNE ÉTUDE DE LA RELATION ENTRE LE JOUR DE NAISSANCE ET LE MOMENT DU DÉCÈS, par Ulrich MEES

Cette étude traite de l'éventualité qu'un décès survienne à un moment proche de la date de naissance, ainsi que de la formation d’aspects harmoniques significatifs selon les variables Soleil natal et Soleil en transit, Soleil natal et Lune en transit, Lune natale et Soleil en transit, et Lune natale et Lune en transit. L’hypothèse astrologique selon laquelle il existe une relation entre le jour de la naissance est celui du décès est comparée à une hypothèse sociologique selon laquelle la naissance est perçue comme un évènement social important qui représente, à un certain âge, un objectif de vie. Les deux hypothèses ont été examinées sur la base de 1 574 décès d’hommes et 1 471 décès de femmes. Ni l’une ni l’autre n’ont pu être vérifiées.

Article paru dans la revue « Astro-Psychological Problems », Volume 2 , Numéro 3

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Introduction
 
Les propositions de l’astrologie classique se révèlent plus documentées que confirmées (Dean, 1997 ; Gauquelin, 1969, 1979 ; Eysenck & Nias, 1982). Beaucoup d’entre elles ont été étudiées empiriquement au cours des dernières décennies ; il n’y a toutefois pas eu suffisamment de confrontations avec des théories alternatives pour fournir une explication différente à ces phénomènes. De telles comparaisons rendraient l’astrologie plus acceptable aux yeux des avocats des sciences "reconnues". Une comparaison de ce type est entreprise dans l’étude présentée ici.
 
Le problème suivant relève-t-il des sciences sociales ?...
 
Le point de départ de notre investigation est une trouvaille de Kunz & Summers (1979-1980) qui ont collecté des avis de décès dans des journaux américains, et qui ont observé que 46,3 % de ces décès s’étaient produits dans un délai de 3 mois après le jour de naissance précisé dans l’avis, mais seulement 8 % au cours de trois mois précédant le jour anniversaire. Kunz & Summers expliquaient vivre un anniversaire est un "évènement d’intégration sociale" : les personnes qui sont bien intégrées dans la société aurait tendance à mourir après plutôt qu’avant leur anniversaire (hypothèse faite tout d’abord par Durkheim en 1961 ; voir également Phillips & Feldman, 1973).
 
La raison d’un tel phénomène serait psychologique : faire l’expérience d’un nouvel anniversaire peut devenir, à un certain âge, un but à atteindre et une motivation de vie. Cette supposition serait plausible s’il était démontré qu’une telle relation entre la naissance et le décès est une fonction de l’âge ; plus on est vieux, plus il semble que vivre pour assister à son prochain anniversaire est un but vers lequel on œuvre. Pour aller plus loin, si ce raisonnement est valide, on s’attend à trouver une hausse du taux de mortalité au moment de l’anniversaire, ou juste peu de temps après, pour les personnes ayant atteint un âge relativement élevé au moment du décès.
 
... Ou de l’astrologie ?
 
L’étude comparative de ces hypothèses peut également être menée à partir de suppositions astrologiques, en affinant la durée critique sur une période plus courte. Des intervalles de trois mois, comme dans l’étude de Kunz et Summers, ne sont pas assez différenciés : un décès survenant trois mois après l’anniversaire peut difficilement être relié au jour de naissance, trop de variables pouvant intervenir. L’hypothèse astrologique doit être reformulée avec un maximum de 5 jours avant et après l’anniversaire. Avec cet intervalle de temps, les hypothèses astrologique et sociologique peuvent être reformulées, l’hypothèse astrologique étant qu’une hausse significative de décès proches de l’anniversaire pourrait signifier une hausse significative lors de conjonctions du Soleil en transit sur la position du Soleil de naissance (orbe + ou - 5°).
 
L’hypothèse des harmoniques
 
Une autre question est de savoir si les intervalles entre les positions au jour du décès et au jour de la naissance montrent des structures harmoniques significatives (Addey, 1976). Pour contrôler cette hypothèse, les harmoniques entre le Soleil natal et la Lune en transit, la Lune natale et le Soleil en transit, la Lune natale et la Lune en transit, ont été soumis à investigation. Ce contrôle est un ré-examen partiel des résultats de Karl Ernst Krafft qui, selon Dean (1977, p. 324), avait trouvé de tels harmoniques Soleil-Lune au décès de 855 musiciens.
 
Méthode
 
Notre échantillon consiste en 1 574 avis mortuaires d’hommes et de 1 471 avis mortuaires de femmes parus dans le journal quotidien de Oldenburg (Allemagne, 154 000 habitants en 2000). Seuls les avis faisant mention de la date de naissance et de la date de décès ont été repris dans l’échantillon. Aucun décès dû à un accident n’a été retenu dans l’analyse. Selon un représentant officiel du bureau d’état civil, 80 à 90 % des décès survenus à Oldenburg sont relatés dans le journal en question, une proportion similaire à celle observée par Kunz et Summers (1979-1980, p. 283).
La part relativement élevée d’avis mortuaires n’indiquant que les années de naissance et de décès, sans mention du jour exact, est problématique (741 avis de décès de femmes et 781 avis de décès d ‘hommes). Quoiqu’il en soit, aucune différence systématique n’apparait entre les moyennes et les écarts-types des avis « complets » et « incomplets », et les proportions de décès d’hommes et de femmes sont similaires (les cas féminins = 95 % des cas masculins).
 
Résultats
 
La première chose à examiner est la distribution des jours de décès selon les quatre périodes de trois mois de l’année, en relation avec les anniversaires respectifs (voir tableau 1).
 
 
Le test du Khi2 (à trois degrés de liberté) ne produit aucun résultat significatif, pour l’échantillon des femmes comme pour celui des hommes, contredisant ainsi les trouvailles de Kunz et Summers.
 
Pour poursuivre l’analyse harmonique, la distribution en 360 degrés de chaque sous-groupe a été réalisée selon des tranches de 10 degrés de la façon suivante :
première tranche : de 355° à 5°
deuxième tranche : de 5° à 15°
etc.
 
Pour chaque cas testé dans l’échantillon, les positions du Soleil et de la Lune à la naissance et au décès ont été calculées à midi (12:00), la légère erreur occasionnée par l’heure du jour étant annulée en moyenne, du fait de la taille de l’échantillon.
 
Thomas Shanks, directeur de recherche chez Astro-Computing Services, dont l’aide a été grandement appréciée, a fourni le calcul des vingt premiers harmoniques pour les facteurs astrologiques suivants :
  • Soleil au décès transitant le Soleil natal
  • Soleil au décès transitant la Lune natale
  • Lune au décès transitant le Soleil natal
  • Lune au décès transitant la Lune natale
Aucun de ces facteurs n’a montré le moindre résultat significatif, ni dans le sous-groupe des hommes, ni dans celui des femme. Le tableau II illustre cette conclusion avec les résultats de la conjonction du Soleil au décès transitant le Soleil natal dans le sous-groupe des hommes. Les cas de conjonction testés sont au nombre de 36 pour les hommes et 44 pour les femmes, et aucun harmonique n’est significatif pour ces cas.
 
Formule, selon Dean (1977, p. 291)
 
                                    p=nombre d’aspects * (2 * orbe) / 360
 
Pour la conjonction avec une orbe de 5 degrés : 
 
                                    p=1*2*5/360 = 10/360=0,028
 
cas des hommes : p=0,023    non significatif
cas des femmes : p=0,030    non significatif
 
Discussion
 
Ni l’hypothèse astrologique, ni l’hypothèse harmonique n’ont produit des résultats significatifs. Néanmoins, l’hypothèse sociologique pourrait s’appliquer dans le cas des femmes : alors que le jour du décès est dans la position critique (+ / - 5 jours) de l’anniversaire pour 40 cas d’hommes, 54 cas montrent cette conjoncture parmi les femmes de l’échantillon. Cela peut être considéré comme une confirmation significative de l’hypothèse sociologique (test du Khi2 à un degré de liberté = 4,9 ; p=0,037.
 
Il y a cependant une objection à cette conclusion : les dates étant reportées seulement en jours et pas avec le temps exact à la naissance et au décès, certaines différences peuvent s’établir à plus de 5 jours. Considérons une personne née le 1er janvier, à 0h01 (anniversaire le 1er janvier) et décédé, bien des années plus tard, le 6 janvier à 23:59 (décès le 6 janvier). La vraie différence s’élève à au moins 6 jours, et non cinq. Aussi longtemps que les temps exacts ne seront pas utilisés, la différence réelle entre le moment du la naissance et le moment du décès est susceptible d’être mal estimée. Si seulement deux de ces surestimations se produisaient dans le groupe des femmes, il y aurait un décalage au niveau de la signification des résultats, qui pourraient apparaître comme produit du hasard.
 
Tout cela est renforcé par la considération suivante : quand nous examinons si le jour du décès des 40 hommes et des 54 femmes est avant ou après les anniversaires, nous trouvons que dans 10 cas l’anniversaire et le décès tombent le même jour, dans 4 cas le jour du décès est avant l’anniversaire et dans 40 cas le jour du décès est après l’anniversaire. Ceci montre que, dans notre échantillon, l’hypothèse sociologique n’est vraiment pas confirmée.
 
On pourrait objecter que cette connexion n’apparaît pas avant un âge relativement avancé. Les groupes d’âges élevés ont donc été observés séparément : 70-75, 75-80, 80-85, 85-90 et au-delà de 90 ans au moment du décès. Il n’y a que dans le groupe d’âge 75-80 que s’est produite une augmentation significative du nombre des décès survenant au moment de l’anniversaire, et ce pour le sous-groupe des femmes seulement (13 cas parmi les 274 du groupe d’âge en question : khi2=4,2, significatif). Mais un résultat significatif seulement parmi dix tests peut aussi être dû au hasard. Tant que ces résultats n’auront pas été vérifiés par réplications, l’hypothèse sociologique ne pourra pas être considérée comme confirmée.
 
Conclusion
 
Le résultat de notre étude est décevant. Il n’a pas pu être prouvé que l’hypothèse sociologique ou que l’hypothèse astrologique ont une réalité dans notre échantillon, ni que les harmoniques sont ressortis significativement, en relation avec les comparaisons Soleil-Soleil, Soleil-Lune ou Lune-Lune.
Les avocats de l’astrologie traditionnelle pourraient peut-être objecter que les textes classiques ne mentionnent pas ces aspects Soleil-Lune en relation avec la mort. Cela dit, les études réalisées par Michel Gauquelin (1955, pp. 34-50) n’ont pas confirmé non plus le sens des aspects négatifs – concernés par la mort – entre Mars et le soleil natal ou entre Saturne et le Soleil natal. À cet égard, la recherche d’hypothèses alternatives semble légitime.
Ainsi, s’agissant d’une possible relation entre l’anniversaire et le jour du décès, les études à venir devraient, si possible,
  •    intégrer l’heure exacte de naissance et de décès
  •    prendre en considération l’âge au moment du décès
  •    inclure des indicateurs indépendants d’adaptation sociale des individus.
De telle données améliorées peuvent aider à établir s’il existe une relation entre le décès et l’anniversaire dans le cas de personne qui sont bien intégrées dans la société. Les études futures devraient également inclure une analyse de la dépendance des relations entre naissance, décès et  liens familiaux.
 
Un remarque pour conclure au sujet de l’hypothèse astrologique : il me semble que ce serait une vision limitée pour la pensée astrologique que de ne pas prendre en considération une possible interaction entre les phénomènes astrologiques et les phénomènes sociaux. Par exemple, il est possible que des configurations astrologiques spécifiques puissent coïncider avec un taux de mortalité plus élevé, mais pas avant un âge relativement avancé. Des hypothèses comme celles-ci pourrait enrichir la structure théorique de l'astrologie classique.
 
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Références
  • Addey J. M. (1976) : Harmonics in astrology. Cambridge circle press, Green bay, Wisconsin & Fowlers, London.
  • Dean G. (1977) : Recent advances in natal astrology. Analogic press, Subiaco, Western Australia.
  • Eysenck, H. J. & Nias, D. K. B. (1982) : Astrology, science or superstition? Temple Smith, London.
  • Gauquelin, M. (1955) : L'influence des astres. Dauphin, Paris.
  • Gauquelin, M. (1969) : Astrology and science. Davies, London.
  •  Kunz P. R. & Summers, J. (1979-1980) : A time to die, study of the relationship of birthdays and time of death. Omega, 10 (4), pp. 281-289.
  • Phillips, D. P. & Feldman, K. A. (1973) : A dip in deaths before ceremonial occasions : some new relatioships berween social integration and mortality. American sociological review, 1973 ; 38, pp. 678-696

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