Connues également sous le nom d'astrolabes sphériques, les sphères armillaires sont des représentations de la sphère céleste qui, dans leurs versions les plus élaborées, montrent le mouvement apparent des étoiles autour de la Terre et du Soleil dans l'écliptique. Actuellement reconnues comme symboles de l'univers, elles ont inspiré les artistes et sont souvent utilisées pour décorer les parcs et les jardins.
Mises au point dans la Grèce antique, les sphères armillaires étaient déjà utilisées comme outils didactiques au IIIe siècle avant J.-C. et comme instruments d'observation dans leur version savante, à l'époque de Ptolémée. Elles étaient très populaires à la fin du Moyen Âge et devinrent symbole de sagesse et de connaissance pour les chercheurs de la Renaissance.
|
Le monument que Perpignan,
sa ville natale, a dédié à Arago |
Leur nom vient du latin "armilla" (cercle, bracelet), en raison des anneaux métalliques qui les constituent. Sphères, anneaux mobiles et divers axes orientables figurent généralement les principaux cercles du ciel, l'écliptique, les tropiques du Cancer et du Capricorne, etc. On y repère l'ascension droite du Soleil en degrés et en heures, l'écliptique divisé en signes et mois. On y voit aussi les cercles arctiques et antarctiques, les axes des équinoxes et des solstices. Les sphères armillaires les plus sophistiquées montrent également les nœuds lunaires. Parfois, au centre de la sphère se trouve un petit globe terrestre fiché dans une tige qui représente l'axe des pôles terrestres.
On trouve de nombreuses sphères armillaires, à l'utilisation souvent complexe, dans les musées consacrés à l'astronomie et aux sciences. Les sphères qui sont présentées ici viennent de jardins, de parcs ou de places où elles sont d'authentiques œuvres d'art ou de poétiques objets de décor. Elles renvoient à l'homme dans la nature et dans l'espace, voué aux rythmes des saisons terrestres.
À Perpignan, l'enfant du pays, François Arago, astronome et homme politique français (1786-1853), a sa place et son monument. Il est représenté l'index pointé vers les étoiles, une sphère armillaire à ses pieds. Celui qui pourfendait l'astrologie dans son "Astronomie populaire" côtoie
ainsi, et pour longtemps encore, les figures des douze signes du zodiaque dans la plus astrologique des représentations.
|
Bélier, Taureau, Gémeaux et Cancer sur la sphère armillaire de Perpignan - Photo Didier Castille
|
Au sud du jardin du Luxembourg à Paris, le jardin des grands explorateurs se termine depuis 1874 par une imposante fontaine de bronze conçue par l'architecte Gabriel Davioud. Celui-ci avait fait appel à quatre artistes sculpteurs pour la réaliser. Jean-Baptiste Carpeaux et Pierre Legrain ont réalisé ensemble le groupe des personnages soutenant l'univers. Les quatre femmes sont l'Afrique, l'Amérique, l'Asie et l'Europe. Une bande zodiacale entoure le globe terrestre.
|
La fontaine des Quatre-Parties-du-Monde, à Paris - Photo Didier Castille et Francis Perrin |
|
Le Lion, le Cancer (écrevisse) et les Gémeaux - - Photo Didier Castille et Francis Perrin |
Ci-dessous, la statue en bronze d'Atlas, à New York, juste en face de la cathédrale St Patrick, est célèbre... Elle y est installée depuis 1937. Elle est l'oeuvre de Lee Lawrie, un sculpteur américain connu pour ses créations de style art déco. Le Titan porte la voûte céleste sur ses épaules : sur le pourtour, on y voit les symboles des signes du zodiaque.
|
En haut de l'anneau céleste, le Verseau, les Poissons, le Bélier et le Taureau - "Atlas", par Dirk Knight, sur Flickr |
La sphère ci-dessous se trouve dans le jardin botanique de Brooklyn, à New York (USA). Cette partie du jardin, la Magnolia Plaza, a été plantée en 1932, la sphère installée en 1933. Celle-ci est faite d'anneaux de bronze qui représentent les principaux cercles célestes. En son centre, une fine tige de bronze, le gnomon, pointe le nord et, par son ombre sur l'anneau central, donne l'heure solaire. À la face extérieure de l'anneau, on distingue les signes zodiacaux du Cancer, du Lion et de la Vierge, figurés par leur représentations habituelles et par leurs symboles.
Les signes de l'été, Cancer, Lion et Vierge, à Savannah, en Géorgie (USA). On remarquera les six tortues sur lesquelles repose la sphère, représentations animales qui sont également présentes au pied des sphères de Paul Manship (voir plus loin, la sphère de Genève), ou de la fontaine des Quatre-parties-du-monde. Modèle de la voûte céleste dans la cosmologie chinoise, la tortue est également le support de la terre dans de nombreuses autres cultures.
|
Le Taureau et les Gémeaux, - "Troup square : Savannah, GA", par Dizzy girl, sur Flickr |
Ci-dessous, la sphère armillaire de bronze doré se trouve dans le parc de l'ONU, à Genève (Suisse). Elle est l'œuvre de Paul Manship (1939), à qui l'on doit aussi, entre autres, le Prométhée du Rockefeller centre de New-York. Elle symbolise l'universalité et représente toutes les constellations de la voûte céleste, et, en particulier, celles du zodiaque. Elle est dédiée à Woodrow Wilson.
Elle est très voisine d'une autre sphère de Paul Manship située à Philadelphie, un monument à la mémoire des aviateurs de la première guerre mondiale.
Un vaste programme de restauration de la sphère est en cours : voir le site "Celestial sphere".
|
"Leo", le signe du Lion |
La sphère ci-dessous se trouve dans le jardin de la maison de George Eastman, Park avenue à Rochester (New York, USA)
La sphère ci-dessous, d'un mètre de diamètre, repose sur son socle de pierre à Manhattan (New York, USA), dans le parc de Sutton Place. Sur l'anneau de bronze sont fixés douze signes du zodiaque, en métal doré ; ici, la Vierge, la Balance, le Scorpion et le Sagittaire. La sphèere est l'oeuvre d'Albert Stewart, à qui l'on doit également le cadran solaire du banc Waldo Hutchins de Cebtral Park.
À peu de distance de là
, à Churchill square, on peut voir une sphère très similaire, les dorures en moins... On distingue ici le Taureau et les Gémeaux. Il pourrait être l'oeuvre de George Vellonakis, sans certitude...
Une sphère monumentale (2,50 mètres de diamètre) se trouve à l'académie Phillips à Andover, dans le Massachusetts (USA). On la doit, elle aussi, à Paul Manship. Elle a été réalisée en 1928 par le fondeur pa
risien Alexis Rudier. Elle repose sur douze tortues et en son centre figure une allégorie à la famille.
L'œuvre du sculpteur américain, qui est considéré comme l'un des précurseur de l'art déco, associe la simplification des lignes et les références antiques et archaïques. Paul Manship est né le 24 décembre 1885, un Soleil en Capricorne opposé à Saturne en Cancer et carré à une conjonction Uranus-Jupiter en Balance.
Un décor délicat dans un jardin anglais. Cette sphère est installée dans les fameux "Royal Botanic Gardens" de Kew. Sur l'anneau émaillé, les signes du zodiaque alternent avec des motifs floraux, les plantes astrologiques de chaque mois : ici, entre le Scorpion et la Balance, le Southernwood, une plante proche de l'absinthe. Les jardins de Kew sont agrémentés de nombreuses sphères armillaires.